I/Du profond de soi 4
bien sûr les vergers
sont assiégés de friches rancunières
bien sûr le jardin est au fond d’escaliers
tranchants comme des lames
mais ta parole
un jour a valu d’être dite
et tu veux qu’elle reste vive
comme un vin avide d’air et de lumière.
I/Du profond de soi 2
À l’aube
une peur s’empare du sang
le dernier rêve s’enfuit
comme l’oiseau de la ruine noire, que l’angoisse continue
de vriller son cristal de glace
de percer les volets
d’entrouvrir la mémoire
sur la lumière opaque.
II/Une brassée de chemins 1
chercher ton chemin
à la lumière de lampes frêles
tâtonner vers le son de l’âme
en attendant que le bleu d’avril se reforme.
II/Une brassée de chemins 2
si le malheur
pose un pied large devant toi
de regarder vers la fenêtre, d’ouvrir toutes les fenêtres
dans le profond et le lointain,
et d’imaginer
un instant
les poignées du blé céleste
crissant de sauvegarde aux angles de la nuit.
IV/Des mots dans les mains
Poème pressenti
par l’émotion à goût de fer
un soir si plein de tous les morts enfin réconciliés
(…)
si souvent tu t’es cru déserté de parole
de la sonorité tout à part soi
que tu tressailles à la nouveauté
un instant vierge de mots.