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Critique de Piatka


Depuis le dernier salon du livre à Paris où j'ai assisté à une intervention intéressante de Cécile Ladjali, j'avais l'intention de découvrir une de ses oeuvres.
Au hasard : Les vies d'Emily Pearl, édité en 2008 chez Actes Sud.
Résultat : bonne pioche ! Emballée par ce court roman, prenant et plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord, je ne l'ai quasiment pas lâché une fois entamé.

Tout, de la couverture à la quatrième laisse penser à un roman de facture classique se déroulant dans un manoir anglais à la fin du XIXème siècle. On découvre rapidement qu'il s'agit du journal d'Emily, préceptrice du jeune fils malade d'un lord, séduisant veuf…évidemment. Elle s'y confie bien sûr, mais toute l'originalité ici vient d'un permanent chassé-croisé entre le quotidien confiné de la narratrice au coeur de la campagne anglaise et la vie de sa soeur Virginia, partie vivre en Amérique, relatée ( ou fantasmée, who knows ? ) grâce à des bribes de sa correspondance.

Emily rêve de liberté et de reconnaissance à une époque et dans un cadre qui ne sont pas précisément les plus propices pour une jeune femme de sa condition. Alors, progressivement, pour donner consistance à ses rêves et aider un peu le destin, elle devient manipulatrice, utilisant entre autre le pouvoir de son journal, intentionnellement laissé à la lecture de son amant…le veuf séduisant, évidemment. Les conséquences prennent une tournure de plus en plus tragiques, jusqu'à l'impardonnable.

Cécile Ladjali a selon moi un réel talent de conteuse, un style à la fois efficace et poétique, alternant phrases courtes et ciselées avec des descriptions plus fouillées, délicatement évocatrices.
La double construction de l'intrigue entre réalité et aspirations fantasmées d'une jeune anglaise et entre Angleterre et Amérique me semble être le point fort et particulièrement réussi de ce récit. Elle permet de pointer à la fois les entraves et convenances qui verrouillent alors la société anglaise, et tout particulièrement la condition des femmes en cette fin de XIXème et d'apercevoir les prémisses d'un nouveau monde en mouvement, tout en surfant en permanence entre "les vies d'Emily Pearl".
Je ne suis pas sûre finalement d'avoir réellement démêlé le vrai du faux dans cette pure fiction qui captive presque comme… une histoire vraie. Qu'importe, j'ai passé un très bon moment de lecture.
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