Il faut aussi rappeler que la fortune accumulée par la charogne alias Malatesta a été engendrée par une guerre nucléaire aux conséquences dévastatrices pour les peuples du pacifique ; c'est par conséquent sur une terre dévisagée par une atmosphère post apocalyptique que se déroule les événements. Un décor et un peuple ravagé à cause de ce nom lourd à porter.
Celui qui est à l'origine de ces lignes jubilatoires serait-il un Nonpareil ?
Ses idées débordantes d'imagination l'approchent fortement de cet état d'esprit logique, lucide, pratique, cultivé des jeunes formés à Nonpareil. La quête du Nouveau Monde, du savoir universel (avec « Make », une encyclopédie collaborative renfermant en quelque sorte le savoir absolu. de là vient Cosplay par exemple. Et Wikipedia en est-il une partie ?) n'est pas insignifiant et est un des thèmes majeurs de l'oeuvre ; d'ailleurs,
Laurent Ladouari en parle très bien dans sa présentation vidéo publiée sur Babelio.
On sent une évolution de notre présent vers un bouleversement inévitable et très proche, avant une possible renaissance. Cela doit passer par la maîtrise de la connaissance et donc de son bon usage. Il y a ce message d'espoir et de confiance qui conforte cet idéal cité dans le livre :
« - Crois-tu que le bonheur des hommes se déduise seulement des lois et des institutions ? » (page 255)
Il y a aussi des antagonistes comme le contraste marquant entre une vente chez l'antiquaire Mme Fujiwara et les enchères à l'opéra. de la simple gratuité à la richissime extravagance. Un écart monstrueux dans la répartition des richesses et une question : Et si quelqu'un avait la richesse nécessaire pour transformer le monde, pour le rendre meilleur.
*** Message flash du commentateur : Je suis bien conscient que ça part dans tous les sens, c'est normal, c'est à cause de ces ingérables sensations positives qui sont en train de pogoter à l'étage supérieur. ***
C'est un réel plaisir de retrouver l'univers de Cosplay, en fond cette fois, quelque part ; en avant, c'est plutôt le système politique animé par les complots, la mise en lumière d'interconnexions douteuses.
L'auteur a eu l'intelligence de provoquer une pluie de questions pour pousser une lecture jusqu'au-boutiste. Une lecture qui va au-delà de l'histoire et qui pousse à trier une multitude d'images qui jaillissent à mesure que l'on s'imprègne de ce monde hostile et à bon escient enfantin. C'est un roman pop comme le dit si bien l'auteur dans son interview sur Babelio.
Le régime qui est présenté est un mélange de ceux existant à l'heure actuelle à travers le monde tous genres confondus. On peut y retrouver la gestion de l'État syrien avec ses multiples mouvances et rébellions, comme celui d'un État républicain français en mal de popularité en 2016, comme celui d'une feinte démocratie turque… ou russe… depuis la fin du communisme, etc. ; dans un monde où les murs s'érigent de plus en plus (voir cartographie France culture).
L'auteur met en relief le paradoxe qu'il reste encore à affronter, c'est-à-dire la récurrente et évidente manipulation des masses. Tancrède s'en amuse avec une facilite presque insultante. Nous sommes toujours à l'aube de notre intelligence. Cela ressort fortement de l'aventure proposée.
Pour finir, il est impossible de ne pas être marqué par la relation entre les deux frères, la densité émotionnelle qu'implique l'adoption, la relation au père, l'amitié, la valeur morale puissante de la fidélité et enfin de la vengeance. le déchirement entre deux frères sous forme d'une tragédie racinienne.
L. Ladouari est un véritable dramaturge nous ressortant la cigüe tel Socrate se la voyant imposée à ces dernières heures. le récit transpire le conflit d'intérêts bafouant les principes respectables, ranime la tragédie de l'amour presque impossible, clame de la littérature dans la cohue de la livresque malle bouffe… une création aussi méticuleuse qu'une mythique pièce de
théâtre, et pourquoi pas «
le mariage de Figaro »*.
*« Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. » est l'une des répliques célèbres de cette pièce, critique acerbe des privilèges accordés à la noblesse. Cette pièce de
Beaumarchais, jouée pour la première fois en 1784, semble être le précurseur de ce que sera la Révolution française.
Imaginez Tancrède, c'est Socrate au coeur gros comme celui de Tristan… un peu plus excentrique.
Renaître nécessite des sacrifices. C'est beau et triste à la fois.
En conclusion, l'impatience naîtra de la fin…
Voici d'une certaine manière l'apologie de Tancrède Malatesta.
P.S :
Proposer une cartographie avec explication de base dans la légende. Genre géopolitique simplifié.