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EAN : 9782915018837
196 pages
Quidam (06/03/2015)
3.4/5   10 notes
Résumé :
« J'ai toujours pensé que ce monde-ci est trop petit, ou plutôt que ce que l'on nous donne pour réalité ne constitue qu'une infime partie de l'infinité du monde. Nos rêves, la force et l'inventivité de notre imaginaire le déploient déjà dans des directions inattendues, mais il y a davantage. Il m'arrive de prendre des décisions incongrues alors que je souhaitais faire le contraire. Au dernier moment, j'opère un revirement incompréhensible à mes yeux, j'accepte de vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le quatrième roman de Jérôme Lafargue, publié début mars 2015 par Quidam éditeur, évoque l'histoire singulière d'une famille, l'histoire d'une lignée d'hommes solitaires qui trouve ses racines dans un drame survenu le 20 octobre 1854, évoquée cent soixante ans plus tard lors d'une traque en forêt.

Apres le brutal décès de son père, le petit Aupwean, graine de surfer légendaire âgé de seulement dix ans, s'est enfui de chez lui et le passé de sa famille a resurgi par la porte de la mémoire, des récits et des rêves.

«Plusieurs rêves ainsi qu'un acte de désobéissance et de renoncement d'un garçonnet de dix ans, mon neveu Aupwean, commis la semaine passée, nous ont conduit ici, dans cet univers immense et flamboyant, aux trousses du fugitif le plus recherché depuis des lustres. Mais les raisons qui justifient ce que nous faisons sont bien plus ancestrales, elles puisent dans un temps qui se dérobe à nous.»

Cette traque mystérieuse dans la forêt landaise est menée par l'oncle d'Aupwean, surfeur et solitaire comme tous les hommes de sa lignée, et par son vieil ami La Serpe, un franco-colombien à l'allure d'un indien taiseux et infatigable, qui veulent à tout prix atteindre le fugitif avant la police et les autres poursuivants.

«Nous savons pourtant au fond de nous que nous ne dormirons pas, nous marcherons et courrons jusqu'à être sur ses talons, jusqu'à sentir sa peur. Je n'éprouve nul plaisir à cette traque. le temps presse, il nous faut arriver avant les gendarmes, faire ce que nous avons à faire et disparaître.»

Au coeur de la nature, non loin du littoral sauvage et fragile, dans cet univers inquiétant de la forêt, les origines énigmatiques d'une famille, de leur attachement à ce territoire, et les haines locales recuites depuis des décennies se dévoilent peu à peu, dans un récit dont les ramifications se déploient comme les branches d'un arbre au feuillage trop fourni - peut-être ce liquidambar fétiche qu'on croise souvent dans les romans de Jérôme Lafargue.

«Quelque chose nous rattache à ce lieu, quelque chose de plus grand que les mesquineries de ces petites gens, quelque chose de plus grand que nous. Et j'ai le sentiment que, là, sur les talons du fugitif, nous en apprendrons bientôt beaucoup plus.»

L'auteur brouille les pistes avec l'habileté d'un illusionniste, rendant troubles les frontières entre visions, fiction et expérience vécue, entre fable merveilleuse et poids de l'héritage de combats sanglants, à la lisière d'un monde fantastique. Beaucoup de pistes resteront ouvertes en refermant ce livre, appelant une ou même plusieurs suites...

«J'ai toujours pensé que ce monde-ci est trop petit, ou plutôt que ce que l'on nous donne pour réalité ne constitue qu'une infime partie de l'infinité du monde. Nos rêves, la force et l'inventivité de notre imaginaire le déploient déjà dans des directions inattendues mais il y a davantage.»
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Début de la deuxième moitié du XIXème siècle, un village des côtes marocaines...
Un homme recueille sur un bateau le seul survivant du massacre qui y a été perpétré, un nouveau-né. L'homme a reconnu parmi les victimes l'explorateur français avec lequel il avait noué une courte mais sincère relation lors de sa venue quinze ans auparavant.

Les Landes, aujourd'hui...
Deux hommes -le narrateur et son ami La Serpe- traque dans la forêt on ne sait qui ou quoi, leur but étant d'attraper leur proie avant que les autres chasseurs qui parcourent, en nombre, la pinède, n'y parviennent.

La progression de cette poursuite est entrecoupée de flash-backs par lesquels le narrateur revient sur les événements qui ont suivi la mort de son frère Andoni, impliquant son neveu Aupwean, dix ans, surfeur surdoué, dont la personnalité confirme son ascendance avec une lignée d'hommes droits et solitaires, et dont les rêves très prégnants se nourrissent de l'intervention des morts et d'une intuition surnaturelle.

"En territoire Auriaba" est une histoire de transmission. Transmission de l'amour pour une terre, pour la nature, des inimités aussi, qui opposent aux membres d'autres lignées. Transmission enfin d'un héritage moins tangible, plus mystérieux, composé d'obsessions et de secrets, d'énigmes qui livrent parcimonieusement, d'une génération à l'autre, quelques bribes d'indices.

Autant Jérôme Lafargue m'avait enchanté avec "L'ami Butler", autant il a eu du mal à me convaincre avec son dernier titre. Malgré une écriture soignée, agréablement poétique, au rythme régulier, plusieurs points m'ont gênée.
Cela a commencé avec le narrateur, que les efforts de l'auteur pour en faire un personnage parfaitement intègre, humble... bref sans défauts, en se faisant par moments trop visibles, finissent par desservir. Ses longues diatribes sur les travers des hommes sont souvent à la limite du jugement d'un donneur de leçons, et j'ai un peu de mal avec les humbles qui revendiquent leur humilité, et passent beaucoup de temps à parler d'eux-mêmes...

J'aurais pu m'accommoder de ce bémol qui, après tout, s'oublie assez vite, lorsque l'on est plongé dans l'intrigue. Sauf que, en parlant d'intrigue... j'ai eu davantage le sentiment de baigner dans la confusion que d'être happée par le récit. L'auteur donne l'impression de ne pouvoir s'empêcher de vagabonder, de se perdre dans des digressions dont on ne comprend pas toujours le lien avec l'ensemble du texte. du coup, on ne sait pas trop où on va, on suit des chemins de traverse qui ne mènent nulle part, ce qui ne serait pas gênant si l'auteur ne nous avait pas appâtés par ailleurs avec des mystères dont il laisse sous entendre que nous finirons par trouver la clé...

Et le comble, ce qui, véritablement, m'a mise en colère, a été, parvenue à la dernière page, d'y lire la mention suivante : "Ce roman appelle une suite qui devrait elle-même en appeler une autre"... !
La moindre des choses est d'avertir le lecteur qu'il s'engage pour plusieurs tomes, non ?
Du coup, je n'ai même pas envie de lire la suite... Dommage, il y a dans ce roman de nombreux éléments qui auraient pu en faire une très belle histoire.

Vous, en tous cas, vous serez prévenus !
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Jérôme Lafargue est devenu pour moi une valeur sûre (ici pour ses autres livres). En le lisant, je sais que je vais me sentir happée par une ambiance et par la nature (la forêt, la mer). Et puis, il y a ce regard désenchanté sur le monde et l'humain qui me parle tant (est-ce dû à mon passé de sociologue ?).

Mais surtout, j'aime cette confusion qu'il entretient entre le réel et l'imaginaire et la place si essentielle qu'il donne à la seconde, espoir face au désenchantement :

Dans ce roman, nous suivons un oncle et son neveu, tous deux à part, portés par leur imaginaire et leurs rêves. Tant que ceux-ci deviennent réalité, à moins que ce ne soit la réalité qui ne devienne rêve ? Dans ce monde onirique, c'est l'histoire de leur famille (les Auriaba) qui se fait jour, petit à petit, d'un rêve ou d'un évènement à l'autre, histoire de nous tenir en haleine.
Lien : https://etsisite.wordpress.c..
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Creuser merveilleusement l'énigme des loups solitaires.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/03/19/note-de-lecture-bis-en-territoire-auriaba-jerome-lafargue/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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critiques presse (1)
Chro
31 mars 2015
Un livre qui est peut-être son meilleur, du moins le plus travaillé, le plus abouti, le plus envoûtant.
Lire la critique sur le site : Chro
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L’une de mes anciennes compagnes prétendit lors d’une fin d’après-midi cotonneuse au bord de l’eau que nos âmes cheminaient seules, qu’il fallait accepter ce que la vie nous envoyait et poursuivre sa route vaille que vaille. J’ironisai alors sur la tristesse de cette remarque, et ne manquai pas de brocarder sa solennité. Mais, à l’accoutumée, je finis par succomber à la profondeur de ses yeux noirs, presque inquiétants à la lueur rougeoyante du soleil qui partait à la rencontre de l’océan, et je renonçai à toute argumentation pour me rouler dans le sable avec cette fille aussi étrange que voluptueuse. Elle me quitta quelques semaines plus tard, et lorsque je pense à elle, c’est une forme diaphane flottant à quelques centimètres du sol qui se matérialise loin là-bas, très loin vers le couchant, ses lourds cheveux blonds emportés par le vent. Je sais ce que cette image a d’emprunté ou de puéril, pourtant je n’en trouve pas d’autre pour me souvenir d’elle. Cela vaut mieux que de garder en tête ses poses alanguies ou ses exigences baroques.
Elle touchait souvent au but cependant. Qu’on le veuille ou non, on reste seul avec soi-même, et on doit accepter que sa propre compagnie puisse s’avérer pénible. Longtemps j’ai cru à l’âme sœur, cela comblait mon angoisse d’être abandonné dans ce monde absurde. Je me suis persuadé l’avoir rencontrée très tôt, et de cet amour si peu adulte une petite fille est née, élevée avec l’aide de nos parents respectifs, d’abord dans la concorde et la nonchalance, puis dans l’acceptation de l’impasse dans laquelle nous nous étions engagés. Jusqu’à ce jour il me faut ainsi admettre que mon âme sœur ne s’est pas encore manifestée, ou alors je l’ai manquée. Le lien indéfectible qui m’unit à La Serpe compense la perte probable de cette illusion.
Voilà deux heures au moins que La Serpe et moi sillonnons la forêt à une vingtaine de mètres de distance l’un de l’autre sur une ligne à peu près horizontale. Seules quelques gouttes de crachin parviennent à nous atteindre à travers le couvert. Ralenties par les branches, les feuilles et l’atmosphère lourde et humide, elles tombent en tournoyant, glissent sur mes joues, se faufilent de temps à autre entre mon cou et le col de ma parka.
Plusieurs rêves ainsi qu’un acte de désobéissance et de renoncement d’un garçonnet de dix ans, mon neveu Aupwean, commis la semaine passée, nous ont conduits ici, dans cet univers immense et flamboyant, aux trousses du fugitif le plus recherché depuis des lustres. Mais les raisons qui justifient ce que nous faisons sont bien plus ancestrales, elles puisent dans un temps qui se dérobe à nous.
La silhouette de La Serpe disparaît par instants, pour fureter, écarter des arbustes, déceler une trace. Il connaît l’endroit encore mieux que je ne le saurais, pourtant le premier je découvre les empreintes, sur un sentier qui n’a pas encore absorbé toutes les pluies de la semaine passée.
Elles se découpent franchement, difficile de les rater.
Dans la précipitation, il n’a pas dû se rendre compte qu’il franchissait une piste. Sans doute courait-il à l’oblique, à grande vitesse, les genêts et les fougères ne sont même pas écrasés, à peine courbés par endroits. J’appelle La Serpe et lui montre la scène.
– Il va vers le sud-est, me dit-il. C’est ce que j’aurais fait.
Je réajuste la bandoulière du fusil pour qu’il me tienne mieux à l’épaule.
– Allons-y, ne perdons pas de temps.
La Serpe hoche la tête. Nous repartons, le sourire aux lèvres et l’effroi accroché aux tripes. Il ne doit pas nous échapper.
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Je pense très souvent à cette matinée où Aupwean et moi avons planté le liquidambar, son application à délimiter le périmètre du trou qu’il m’avait aidé à creuser torse nu sous la bruine, son sourire satisfait après qu’il eut achevé de tapoter la terre autour du jeune tronc, pour l’aplanir, la préparer à recevoir l’eau qui aiderait l’arbre à croître au fil des années. C’était quelques mois avant la disparition d’Andoni. Une période d’insouciance et de rectitude du temps. Il suffit de si peu pour que des vies soient à jamais chamboulées. Mais à moins d’être touché soi-même, on n’accorde généralement pas de crédit à ce type de lieu commun.
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Au début, ils ne communiquaient guère ces deux-là, à peine un salut à la dérobée une fois dans l’eau. Qui pouvait bien se soucier d’un gosse nanti d’une planche encore trop grande pour lui ? Mais si Aupwean avait rencontré La Serpe de façon furtive à deux reprises chez moi, et ne connaissait de lui que des racontars que je jugeais encore trop tôt de démêler pour préserver son innocence, mon vieux compagnon savait plus que tout autre qui était Aupwean, et il ne se trouvait jamais là par hasard. Il veillait sur mon neveu et ce faisant, assistait à l’éclosion d’un talent hors norme.
Aupwean est une merveille à contempler. Patient, intuitif, et nageur exceptionnel, il franchit des barres qui effraieraient des types aguerris. Il lance son corps gracile et sec à l’assaut de rouleaux dépassant parfois les deux mètres. Sa science innée du placement sur la planche lui permet d’accompagner la vague dans une danse harmonieuse et consentante. Aupwean a hérité des aptitudes de son père, aussi à l’aise dans des vaguelettes de cinquante centimètres que calé dans le tube d’un monstre de plus de trois mètres, mais il les a transcendées pour en faire une ode à la beauté et l’abandon. Il caracole sur le longboard ultra léger qu’Andoni a fait shaper sur mesure pour lui. D’un gris nuancé avec deux bandes bleu roi qui courent sur la longueur, sa sobriété s’adapte parfaitement à son tempérament sombre. Une fois leurs sessions respectives terminées, La Serpe ne se lasse jamais de le voir longer le bord des flots, les mains derrière le dos, et son chien virevoltant autour de lui. Il examine l’océan, l’apprend, et c’est parfois à regret que La Serpe quitte ce spectacle silencieux. Le petit monde des surfeurs locaux a fini par connaître Aupwean, chacun gardant un œil sur lui sans s’inquiéter outre mesure des dangers qu’il encourt dans l’océan.
Son destin est tout tracé : un féroce compétiteur promis à la gloire, entrant avec panache et élégance dans le cénacle des plus grands watermen, bousculant hiérarchies et records. Des surfeurs aussi souples, inventifs et téméraires, on en a peu vus comme lui dans le coin, sans doute même est-il l’un des premiers spécimens d’un nouveau genre. Son entêtement à surfer sur une longue planche alors qu’il est déjà à son aise sur une plus courte en dit long sur son tempérament. Il entrera dans la légende.
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puissant et envoûtant, ce roman vous emporte aux frontières du rêve, à l'heure où l'on devrait se réveiller, entre chien et loup; comme une course en forêt, entrecoupée de souvenirs, qui ne sont peut être pas les vôtres. Un enfant est le lien entre deux adultes qui se cherchent, et cachent des blessures profondes. Une quête bien sûr pour connaître ses origines, ou simplement, l'origine de ce rêve qui nous emporte.
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Comme s’il fallait que quelques-uns aient trouvé le véritable sens de la vie. La vie est orchestrée par le chaos. Et lorsqu’un mouvement chaotique vient la troubler encore davantage et sans raison apparente, pour le coup ça devient intéressant.
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Video de Jérôme Lafargue (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jérôme Lafargue
Jérôme Lafargue vous présente son ouvrage "L'année de l'hippocampe" aux éditions Quidam. http://www.mollat.com/livres/jerome-l... Notes de musique : Sonothèque - 1 Vagues
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