AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782842056384
80 pages
1001 Nuits (22/01/2002)
3.38/5   12 notes
Résumé :
C'est en prison, à Sainte-Pélagie, que Paul Lafargue, dont les activités politiques sont surveillées par la police, rédige La Légende de Victor Hugo.

Alors que la France entière porte le deuil, en juin 1885, et pleure la disparition de l' « immense génie », aussitôt panthéonisé, que Paris est agité de l’une des plus bruyantes cérémonies de la fin du siècle, un seul homme fait entendre une voix discordante dans le concert des pleurs et des regrets loua... >Voir plus
Que lire après La Légende de Victor HugoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Comme je suis heureux d'avoir lu Les Misérables avant ce petit livre de Paul Lafargue. Et comme je suis heureux d'avoir lu Lafargue faire descendre du piédestal sur lequel j'avais tendance à le placer, Victor Hugo. Car ce livre, plus que tous les débats que j'ai pu suivre sur la question, m'aura fait "évoluer". Quelle question ?
J'avais l'esprit du côté de ceux qui pensent que l'on ne peut pas distinguer l'oeuvre de l'auteur. Et pour cause, une oeuvre n'est pas un travail "ordinaire" : Hannah Arendt dans La condition de l'homme moderne (et justement contre la vision marxiste du travail) distingue l'oeuvre (destinée à imprimer le monde de l'empreinte de l'homme), du produit de son travail (destiné à une consommation immédiate, produit de la nécessité de vivre). Et si c'est l'action qui tient la place la plus noble dans sa trilogie (travail, oeuvre, action), seule à même de réellement permettre de créer le lien entre les hommes (un lien qui ne se médiatise pas dans une production, fut-elle "oeuvre"), la réalisation de l'oeuvre, se distingue malgré tout du travail. Elle n'est pas aliénante, mais est libération. Car, pour Arendt, l'oeuvre implique la maitrise, elle symbolise l'homme autonome ; contre le travail qui, précisément, en est la négation (comme l'organisation scientifique du travail en est la plus parfaite illustration). Par l'oeuvre, l'homme s'exprime véritablement et agit sur le monde, le façonne à son image [pour le meilleur et pour le pire d'ailleurs]. Quand pour Marx, non sans une certaine ambiguïté (peut-être liée à celle du concept de travail lui-même), c'est par le travail qu'il y parvient ; tout en critiquant les conditions de sa réalisation dans un monde bourgeois.
Alors, oui sans doute, Lafargue a raison de montrer que le socle d'une de nos plus illustres figures littéraire est bien bancale, que la pierre de cet homme statufié est bien friable pour peu que l'on gratte le vernis... peut-être même vermoulue, rongée par les vers de l'avarice et d'un "hugoïsme" pire que tout égoïsme. Mais outre que tout "grand" homme a ses ambivalences, pour ne pas dire ses vices (le père de l'épouse de Lafargue lui-même, son maître à penser, Karl Marx, n'a-t-il pas vécu au crochet d'Engels, qui tirait sa fortune de la propriété de moyens de production industriels ? Pire : Marx n'a-t-il pas abusé de certaines des femmes qu'il employait comme personnel de maison comme l'aurait fait le pire des bourgeois ?), outre cela donc, on peut, peut-être, considérer que c'est l'oeuvre qu'il laisse qui importe le plus (l'oeuvre de Marx est immense et sans conteste, pour moi, un bien fait pour notre compréhension des rapports sociaux). Et voilà que, lisant la face sombre de Victor Hugo, je me mets à douter plus encore de ce que je croyais : l'homme, sans doute, DOIT ÊTRE, précisément, distingué de son oeuvre, à tout le moins lorsque celle-ci est plus grande que lui, c'est-à-dire lorsqu'elle nous permet, comme le disait si bien Orwell, de devenir plus humains.
Commenter  J’apprécie          116
S'attaquer à une légende nationale est assez périlleux. Pourtant, Paul Lafargue ose le faire. L'auteur du "droit à la paresse" et gendre de Karl Marx ne fait pas partie de ceux qui admire le maître.
Avec "La légende de Victor Hugo" il montre que l'écrivain républicain est un bourgeois arriviste.
Il s'agit d'un pamphlet écrit après l'euphorie des funérailles nationales et la panthéonisation du poète.
Avec humour mais de façon argumentée il critique celui qui a su jouer avec son image. Lafargue décrit avec humour celui qui est devenu royaliste très jeune et poète par intérêt, bourgeois devenu républicain qui a toujours su placer son argent.
Paul Lafargue accuse Hugo de faire une littérature qui met ses idées au service de la bourgeoisie souveraine, maîtresse du pouvoir social. Il dénonce le fait que sa renommée lui importait avant tout et prétend que la mise en scène de ses funérailles est le couronnement de sa carrière de comédien.
Il ne peut quand même pas nier qu'Hugo a oeuvré contre la peine de mort mais il pense que sans la lutte pour la justice sociale, c'est inutile.
Certes il y a une part de vérité car Victor Hugo devait être mégalomane et le fait qu'il soit avide d'argent n'est pas surprenant vu le nombre de maîtresses qu'il devait entretenir. Pour autant, c'est drôle d'égratigner un peu les génies mais cela ne va pas faire tomber de son piédestal celui qui a laissé une oeuvre que beaucoup lui envient.
Commenter  J’apprécie          110
Lafargue, nous dit le texte en quatrième de couverture, est en prison au moment des funérailles de Victor Hugo, et c'est là qu'il écrit ce réjouissant petit livre qui ne laisse plus grand chose debout du Grand Homme, dont il montre les incessantes compromissions avec tous les pouvoirs successifs, même avec celui de Napoléon III qui lui fournit l'occasion de se refaire une virginité révolutionnaire. Une lecture indispensable et revigorante, un livre vraiment insolent, pour une fois.
Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Victor Cousin, le romantique de la philosophie, et Victor Hugo, le philosophe du romantisme, servirent à la bourgeoisie l'espèce de philosophie et de littérature qu'elle demandait. Les Diderot, les Voltaire, les Rousseau, les d'Alembert et les Condillac du XVIII°s l'avaient trop fait penser pour qu'elle ne désirât se reposer et goûter sans cassements de tête une douce philosophie et une sentimentale poésie, qui ne devaient plus mettre en jeu l'intelligence, mais amuser le lecteur, le transporter dans les nuages et le pays des rêves, et charmer ses yeux par la beauté et la hardiesse des images, et ses oreilles par la pompe et l'harmonie des périodes.

p. 62
Commenter  J’apprécie          110
Hugo a été un ami de l'ordre : il n'a jamais conspiré contre aucun gouvernement, celui de Napoléon III excepté, il les a tous acceptés et soutenus de sa plume et de sa parole et ne les a abandonnés que le lendemain de leur chute. sa conduite est celle de tout commerçant sachant son métier : une maison ne prospère, que si son maîtres sacrifie ses préférences politiques et accepte le fait accompli.

p. 33
Commenter  J’apprécie          50
Les bourgeois apprécièrent hautement ces qualités de Hugo, si rares à trouver réunies chez un homme de lettres : l'habileté dans la conduite de la vie et l'économie dans la gestion de la fortune.
Commenter  J’apprécie          50
La fortune lave toutes les tâches et tient lieu de toutes les vertus, Hugo, ainsi que tous les bourgeois, ne peut comprendre l'existence d'une société sans police et sans exploitation ouvrière.
Commenter  J’apprécie          20
Les légitimistes ne pardonnent pas à Victor Hugo, l'ultra-royaliste et l'ardent catholique d'avant 1830 d'être passé au parti républicain.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Paul Lafargue (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Lafargue
Le 5.07.18, Thomas Baumgartner évoquait ?Le Droit à la paresse? de Paul Lafargue dans ?Un été à ne rien faire? sur Radio Nova.
autres livres classés : pamphletsVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (31) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
833 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}