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EAN : 9782842611460
169 pages
Le Serpent à plumes (25/08/1999)
3.57/5   332 notes
Résumé :
Premier livre de Dany Laferrière, satire féroce des stéréotypes et des clichés racistes, Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer se présente comme la joyeuse description d'une vie de bohème, version black.
Deux jeunes noirs oisifs partagent un appartement dans un quartier pauvre de Montréal. L'un d'entre eux, le narrateur, projette d'écrire un roman et, pour s'occuper, connaît diverses aventures féminines en dissertant sur la trilogie Blanc-Blanc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
3,57

sur 332 notes
"Attention, c'est une bombe que vous tenez là!" aurait-dit Dany Laferrière à son éditeur lorsque celui-ci a pris le manuscrit dans ses mains. Comment Faire l'Amour avec un Nègre sans se Fatiguer est le premier roman de Laferrière. le roman de la dernière chance, celui qui devrait enfin lui changer la vie - toujours dixit l'auteur.
Et il y va fort! Ce livre est celui d'un jeune immigré - Ivoirien, Malgache, qu'importe, un Noir quoi, un nègre dans un pays de Blanches et de Blancs! - qui tape son premier livre sur l'ancienne Remington de Chester Himes, et de son ami colocataire, un "bouddha nègre" qui vit sur son sofa et y accueille de pauvres naufragées pour de longues discussions philosophiques rythmées de jazz. Miz Littérature, Miz Suicide, Miz Sophisticated Lady et d'autres Miz encore, toutes blanches, entrent à toute heure du jour et de la nuit dans ce minuscule appartement pourri, alimentent non seulement le désir sexuel omniprésent du narrateur mais également ses réflexions sur les relations Noirs-Blancs, la place des Noirs dans la société montréalaise, le regard qu'on porte sur eux ou qu'il sent posé sur lui, cette image d'un peuple primitif qu'il alimente d'ailleurs lui-même en jouant au bon sauvage!
Salué par la critique comme le premier roman d'un Noir à Montréal, révélant des pans de la ville restés jusque là dans l'obscurité, moi je louerais plutôt le rythme sec et nerveux du récit, son extraordinaire fraîcheur, sa verve outrageuse, tout ce qui fait le talent de Dany Laferrière qui ne s'est pas démenti par la suite, même si on peut facilement reconnaître, ici, qu'il s'agit d'un roman de jeunesse, beaucoup plus impulsif que les derniers.
Enfin j'ai adoré la mise en abyme de l'écriture du roman dans le même roman, et sa publication, son succès fantasmé avant même que le manuscrit soit achevé.
C'est décidé, je ne lâche plus Dany Laferrière.
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Sexe, Coran, jazz et discussions existentielles, voilà le cocktail décoiffant de ce premier roman de Dany Laferrière. On suit les péripéties de deux copains blacks, dans un Montréal qui croule sous la canicule. C’est un roman qui swingue, qui bouscule et qui propose une voie de réparation pour les années d’esclavage …

Et pourtant, sous son propos (souvent très) léger, il dénonce magnifiquement le racisme ordinaire dans les sociétés bien-pensantes de l’Amérique du Nord. Découvrir le Canada francophone avec les yeux de Dany Laferrière est tout bonnement surprenant et bien loin des clichés d’une société ouverte et tolérante.
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Je débarque sur le tarmac de Port-au-Prince. Je croise un type, dans le genre souriant et avenant. Il respire la bonté, la joie de vivre et l'humanité. Tout mon contraire. Je l'avais déjà aperçu avant. Je voulais lui payer un verre, Sex' on the Beach sur la plage de cocotiers. Mais il refuse, toujours avec le sourire, peur de la bombe atomique, et d'autres projets, Sex' on Montreal. Je redécolle aussi sec, ça le fait marrer, d'un sourire il me confie ne pas baiser une blanche à sec.

Un air de jazz trotte dans sa tête, sa Remington ayant appartenu à Chester Himes sur les genoux, il tape frénétiquement les premières pages de son roman. L'histoire, si basique soit-elle, m'envoute déjà : deux nègres, très spirituels qui lisent le Coran et les Boddhisattvas, passent leur temps dans une piaule minable, sombre et cafardée d'un quartier misérable, noire et cafardeux de Montréal, à écouter des disques de jazz et à baiser des femmes blanches. Ainsi soit-il, la spiritualité sent le musc sauvage, elle devient sexe. Un écrivain nègre et un bonze noir.

J'ai bien cru que j'allais me congeler la graine en atterrissant si au Nord moi qui avais prévu le minimum pour mon escale haïtienne. C'est sans compter sur la canicule de l'été indien, la chaleur des filles de McGill, elles sont hot celles-là, même l'ivresse du grain de notre nègre ne les effraie pas. Je comprends mieux pourquoi la banquise fond toujours plus. Ce n'est pas qu'une question d'un majeur qui titille l'intimité de ces Miz mais celle d'un baobab noir qui pénètre le con d'une blanche et l'asperge de son sperme aussi blanc que nègre.

Les Miz se succèdent dans le lit de l'apprenti-écrivain et de l'apprenti-bonze, des bouteilles de vins se vident, des airs de jazz remplissent l'air fétide de cette piaule maculée de sueur mi-blanche mi-noire. Amoureuses de Bouba, de Dany et de Dizzy ou de sa trompette. Hé gus tu connais Charlie Mingus. Parker, j'le connais par coeur. Hé fils le dénommé Davis. Les standards de Duke Ellington, Oscar Peterson, Lionel Hampton, Scott Hamilton, je gicle sur son con, ça c'est pour la rime. Je transpire à grosses gouttes, suées aigres qui s'épanchent entre les seins parfumés d'une nana de McGill. J'aime toucher son coeur. Ça craque en moi.

Miz Littérature revient ce soir. Pour faire la vaisselle, pour faire le ménage. Elle aime quand c'est net, c'est qu'elle a le cul aussi propre qu'une bourgeoise, sentir l'immaculé avant ma giclée. Elle me demande ce que je lis au lit. Parce qu'entre nous, il est aussi beaucoup question de littérature. Ma réponse l'éclaire : j'aime quand on me suce quand je lis Bukowski. Elle descend ma fermeture éclair. Pour Miller, je me sers une bière. Hemingway, elle me sert un whisky tourbé, odeur de fumée. Je ne sais pas à quel moment notre conversation à dévier sur Mishima… Mishima nécessite un certain rituel. Comme le seppuku, il a ses codes et ses honneurs. Avec Mishima, la sodomie s'impose. Elle se retourne je pose mon livre sur son derrière, les reins légèrement cambrés, et la pénètre, façon d'honorer son cul, elle garde la tête fière, lisant la prose nippone, sentant mon sabre la transpercer, de son cul à son âme.

Mais je sens que mon âme dérive sur les écueils de la vie. Mon récit s'écrase sur ses récifs. Mon escale en terre haïtienne à tourner court, pris dans un tourbillon de chaleur, de sueur et de sperme qui colle les dernières pages de mon livre d'un auteur qui a fini son roman sur une vieille Remington ayant appartenu à Chester Himes.
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Arrivée jusqu'à la page 92, j'abandonne... je jette l'éponge.
A 50 % du livre, je ne vois aucun intérêt à continuer ma lecture.
L'histoire de 2 hommes noirs qui passent leur temps à "baiser" des filles blanches, en écoutant du jazz. Pseudo écrivain. Glandeur assuré !!!
Pas d'histoire à proprement parler.
Bref, je n'accroche pas et je n'ai pas envie de perdre mon temps en lisant la suite...
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« Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer », c'est la description joyeuse, colorée et crue de la vie de bohème version black.

L'histoire se déroule dans le Montréal des années 1980, plus précisément dans le quartier de la rue Saint-Denis aux abords du carré Saint-Louis. Bouba et Vieux (le narrateur) sont deux jeunes Noirs qui cohabitent dans un minuscule deux-pièces, assez miteux. le premier passe ses journées sur le canapé à boire, manger, dormir, méditer, faire l'amour, le tout en écoutant le plus souvent du jazz. Vieux, quant à lui, tente péniblement d'écrire un roman basé sur les relations homme/femme, relations surtout sexuelles et surtout reliant un homme noir et une femme blanche. Les deux acolytes passent donc leurs journées ainsi, partagées entre projet d'écriture pour l'un, délectation de jazz pour l'autre, sexe et oisiveté ponctuée de discussions philosophiques assez « olé olé ». de nombreuses filles défilent dans ce petit appartement, toutes blanches et toutes surnommées « Miz quelque chose ». Une de ces Miz d'ailleurs, Miz Littérature, occupe une place particulière dans le coeur de Vieux. Etudiante en littérature à l'université McGill, elle forme avec le narrateur un couple improbable étant donné leurs origines très différentes.

Dany Laferrière, à travers cette satire féroce des stéréotypes et des clichés racistes, propose donc une réflexion sur les relations entre les noirs et les blancs, à travers le sexe notamment, et plus particulièrement entre les hommes noirs et les femmes blanches. Constitué de très courts chapitres aux titres des plus évocateurs, ce roman au style sec et très rythmé nous offre un mélange d'érudition, d'humour, d'observations crues et libidineuses.
Au milieu de l'été chaud et humide de Montréal, préparez-vous à tomber dans une lecture jubilatoire.
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
12 avril 2021
Ce roman jouissif d’un couvert à l’autre parle de Montréal, de littérature, de jazz, de sexe, d’amitié, de liberté, sur un ton unique, original, vivant dans le moindre détail.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeFigaro
24 septembre 2020
Dans ce premier roman, qui reste d’une fraîcheur revigorante, il est question de tout ce qu’on retrouvera dans l’œuvre de l’écrivain, avec ces deux colocataires inoubliables dans un Montréal caniculaire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
L’air est tout grouillant à force d’être chaud. Il n’y aurait qu’une allumette pour faire flamber Montréal. Je marche sans me presser. Un peu en avant de moi, une fille sort de la librairie Hachette avec un Miller sous le bras et presque rien sur le corps. Ma température grimpe aussitôt à 120 degrés. Il fait 90 degrés à l’ombre. Un rien et je flambe. Comme une de ces baraques des favelas de Rio. Je m’étais dit qu’il faut éviter les filles à l’air. A chaque été, je deviens complètement dingue. […] Juste au moment où je vais tomber amoureux de Miz Hachette, j’aperçois une autre fille qui s’avance en sifflant sur une bicyclette radieuse. J’arrête de respirer. Elle freine et s’arrête au carrefour. Lumière rouge : le pied gauche au sol, les reins légèrement cambrés et la nuque dégagée. Les filles veulent un minimum de cheveux en été. Le corps tendu comme un arc. Lumière verte : elle donne un vigoureux coup de pédale du pied droit. Le corps projeté en avant. Dernières images : un dos pur, le mouvement gracieux des hanches, des cuisses graciles de pubère. Emotion : la douleur de voir partir ainsi pour toujours quelqu’un qu’on a aimé éperdument, ne serait-ce que l’espace de douze secondes et trois dixièmes.
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Dazibao, rue Saint-Hubert, au-dessus du café Robutel. Il faut, pour y accéder, grimper un escalier assez raide soudé au Robutel comme une anse à cafetière. Comme prix d’entrée, il faut acheter un lot d’exemplaires de la NBJ, la revue des poètes d’avant-garde. Coût total : 2.50 $. Fini le temps des Maïakovski où la poésie était gratuite. A l’intérieur, tout ce que Montréal compte de laissés-pour-compte de la poésie. Poètes alcooliques, mystiques, bûcherons, camionneurs, poètes tuberculeux, poétesses surdraguées. Nous prenons place, Bouba et moi, dans le fond de la salle. Un grand type, à côté de Bouba, n’arrête pas de hurler à la mort, après chaque strophe. Des caisses de bière à côté de ses pieds. Poésie à l’ivromètre. Une énorme poétesse, ronde comme une barrique de bière, raconte l’histoire de son amant bûcheron jaloux de sa bibliothèque. Un géant doux voudrait nous chanter une berceuse. Une poétesse, complètement soûle, s’assoit entre Bouba et moi. Puis l’énorme poétesse revient à l’avant pour raconter l’histoire d’un amant qui puait des pieds. Ou il faisait l’amour avec ses bottes ou il s’en allait. La plupart du temps, il le faisait sans ses bottes et la maison restait empestée pendant une semaine. Je rentre chez moi. Le roman m’attendait. Je place une dernière bière à côté de ma Remington avant de me faire un sandwich. La nuit sera longue.
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Sans avertissement, j’éjacule – d’un jet puissant, éclaboussant tout le visage de Miz Littérature. Elle rejette, brusquement, la tête en arrière et j’ai le temps de voir une curieuse lumière au fond de ses yeux. Et elle replonge, bouche ouverte, vers mon pénis comme un piranha. Elle suce. Je grandis. Elle me chevauche. Ce n’est plus une de ces baises innocentes, naïves, végétariennes, dont elle a l’habitude. C’est une baise carnivore. Miz Littérature a commencé par pousser deux ou trois cris stridents. Le vase de pivoines, au-dessus de ma tête, menace à tout moment de nous fendre le crâne. Je fais l’amour au bord du gouffre. Miz Littérature s’est accroupie dans une sale position et elle monte et descend lentement le long de mon zob. Un mât suiffé. Son visage est complètement rejeté en arrière. Ses seins quasiment pointés vers le ciel et un sourire douloureux au coin de sa bouche. Je caresse ses hanches, son torse en sueur et la pointe exacerbée de ses seins. Elle se met tout à coup à me lancer de rapides et violentes saccades et un son rauque lui monte à la bouche.
- Baise-moi !
Ah ! merde alors, c’est incroyable !
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- Quand tu bandes, c'est avec ta vision du monde que tu le fais, les phantasmes de ton adolescence, le temps qu'il fait... et la beauté n'a rien à voir avec ça.
- Un beau cul...
- Ça n'existe que dans ta tête, Vieux.
- Tu crois vraiment que c'est simplement dans ma tête qu'un cul existe.
- Sûr, Vieux ; la preuve : quand tu fais l'amour avec une fille et qu'elle est couchée sur le dos, tu ne vois rien de ce fameux cul.
- Nous ne faisons pas ça tous de la même maière, Bouba.
- Ah ! de la poudre aux yeux, on revient toujours à ce bon vieux truc du missionnaire, crois-moi. Bon, prends la bouche. On rencontre une fille dans la rue. Elle a une bouche sensuelle et gourmande, ce que tu veux. Tu lui dis n'importe quoi, elle te répond n'importe quoi et vous vous embrassez deux heures plus tard : eh bien, quand tu l'embrasses, tu ne vois pas sa bouche. En close-up, on ne voit rien de quoi que ce soit.
- On l'embrasse avec son imagination, comme tu disais. En l'embrassant, on conserve l'image de sa bouche dans sa tête. D'ailleurs, c'est ce qui nous a poussé à l'embrasser. Au moment où on l'embrasse, le désir est quasi consommé.
- Alors la bouche que tu as dans ta tête, ta bouche idéale, est supérieure à la bouche réelle, à la bouche de telle fille rencontrée à tel coin de rue, à telle heure. Donc, à la dernière minute, elle pourrait changer de bouche et tu n'y verrais que du feu.
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Longue file d'attente au bureau de poste. On est serré comme des sardines. J'avise une sardine, juste devant moi. Elle lit un bouquin. Je suis une sardine maniaque de bouquins. Dès que je vois quelqu'un en train de lire un livre, il faut que je sache quel est le titre, si elle aime ça et de quoi ça parle.
- Ça parle de quoi ?
- Quoi ?
- Ton bouquin ?
- C'est un roman.
- Quel genre ?
- Science-fiction.
- T'aimes ça ?
- Comme ça.
- C'est pas bon alors ?
- Sais pas.
- T'aimes pas ça ?
Elle relève sa tête rousse. Il y a des regards qui font peur. C'est une surdraguée et elle en a marre.
- Qu'est-ce que tu veux ?
Elle a haussé le ton.
- Excuse-moi.
- Fous-moi la paix, veux-tu ?
- Oublie ça, je balbutie.
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Vidéo de Dany Laferrière
Augustin Trapenard accueille Dany Laferrière, pour "Un certain art de vivre" publié aux éditions Grasset. Sous la forme d'Haïkus et de maximes, l'académicien livre un récit intime et nous donne sa vision d'un certain art de vivre… Des maximes fulgurantes qui en trois lignes tentent de saisir le monde, un pèle mêle de sensations, de réflexions faites de pulsions de vie, d'ouverture aux autres, au monde et au rêve.  Il y a des sociétés dans lesquelles le jeu de l'amour est prédominant, c'est le cas en France. À l'origine de ce livre un chagrin d'amour réel ou imaginaire dont le narrateur essaie de se remettre en partant à Bornéo. Au fond on en revient toujours à l'amour lorsqu'on parle d'art de vivre. Ici le narrateur plongé dans une mélancolie amoureuse s'attarde sur ces petits plaisirs simples qui font la beauté de la vie et le rapport au temps. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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