L'Art presque perdu de ne rien faire

En parallèle à un roman ou un essai, j’apprécie toujours d’avoir sous la main un « livre fourre-tout » où réflexions, émotions, coups de gueule ou de tendresse alternent sans structure apparente si ce n’est l’envie de l’auteur de partager sans retenue en dehors du cadre d’une fiction, partager son expérience au fil de sa plume et de son inspiration sur un mode plus personnel.
La lecture peut devenir vagabonde, libérée de l’ordonnancement des pages, et je pioche alors totalement au hasard une bribe de lecture, un extrait de prose, une respiration inattendue, capture un poème au titre prometteur comme dans cet ouvrage l’art du futile, l’art de parler à un inconnu, ou encore plus joyeux l’art de danser sa vie.

« En tout cas, j’essaie de brasser ensemble mes réflexions, mes émotions, mes sensations comme mes rires et mes délires, car je n’ai pas l’impression qu’on arrête de vivre parce qu’on est en train de penser. »
Bien vu Dany Laferrière ! Une chose est sûre : le brassage est réussi, fort bien écrit, pimenté souvent d’une pointe d’ironie et même si je ne partage pas forcément tous ses points de vue, il oxygène les neurones.
Bref, ce livre iconoclaste fait du bien.

Des réflexions sur la vie, sur le temps qui passe, sur la beauté de l'instant et même sur la mort.

Si « ne rien faire » ne prend pas beaucoup de place dans le livre, la série de réflexions n'en est pas moins intéressante. le flux discontinu vole d'un sujet à l'autre, la ville, l'enfance, la guerre ou la politique ou la poésie.

Un recueil accessible, seuls les chapitres qui parlent de ses lectures et des auteurs qui l'ont inspiré semblent un peu plus ardus.

Une lecture qui se consomme bien à petites doses. Même si on n'a pas beaucoup de temps pour lire, on peut parcourir quelques pages avec plaisir et garder quelques idées à ruminer par la suite (comme l'auteur suggère d'ailleurs de le faire pour la poésie).

Ce recueil est une invitation à regarder le monde, à prendre son temps, à vagabonder en même temps que l'auteur au gré de ses pensées, de ses souvenirs, l'écouter parler de ses lectures entre autre.
Il commence chaque chroniques par un art de vivre par exemple l'art de rester immobile, l'art de lire de la poesie, l'art de la sieste, l'art de manger une mangue...ce qui lui permet ensuite de nous parler non sans humour, ironie, roublardise parfois de son expérience tout en y abordant un thème précis.
Un livre apaisant, un livre que l'on garde près de soi pour se replonger selon ses humeurs, tout de suite maintenant j'opte pour l'art de dormir dans un hamac et je vous laisse avec Dany Laferrière : "Il ne suffit pas de s'y glisser pour trouver le sommeil. le corps doit vouloir épouser les formes du hamac. Et l'esprit doit pouvoir se détendre. Dans un hamac : on ne pense pas, on ne médite pas, on reste simplement là. Devenir aussi léger qu'une feuille insouciante qui danse dans l'air. le doigt traçant des signes dans la poussière. Sous nos yeux : les fourmis, les vers de terre, tout ce monde d'en bas. Au-dessus de nos têtes : le vent dans les grandes feuille de bananier, les nuages nomades, le vaste ciel et le soleil qu'il faut éviter de regarder trop longtemps. On entend les voix des enfants jouant dans la rivière de l'autre côté du champ de maïs. Et c'est cette musique dont on ne sait la source qui vous endort plus profondément que ne peut le faire la mort."

Absolument délicieux, mais comme les pâtisseries, l'appréciation dépend du lieu et du moment de la consommation. J'ai sélectionné ce livre pour un court sejours de
vacances en France, quel bon 'timing'. Je vis le récit, et le récit me fait vivre le séjour, à un rythme lent qui contraste avec l'agitation parisienne. Quelle belle prose que nous offre Laferriere. Idéal pour les vacances, nul besoin de lire d'une traite, à chaque idée, chronique, deux à trois pages de lecture, autant de délices. Facile et agréable, avec des histoires d'enfance Dany nous fait voguer dans son univers encore une fois biographique. Je recommande sans aucune retenue.

On ne fait pas rien quand on tourne les pages de ce livre réussi. On entre en conversation avec Dany Laferrière, on pénètre dans les pensées et la philosophie de cet écrivain empli de bon sens. Après la lecture de chaque chapitre, court, on approuve,"mais, oui, c'est vrai, il a raison", on approuve tout ou presque. Et les poésies qui ponctuent régulièrement ce texte humaniste nous emportent aussi dans la nostalgie et la rêverie.

J'ai pris beaucoup de temps pour lire ce roman,poésie plutôt. Il se déguste, fait sourire, fait du bien tout simplement !

C'est un livre qui porte à réfléchir sur nous-mêmes, sur nos choix et qui jette un regard sur le monde, qui brise le silence de certaines situations. C'est un livre qui fait du bien, qui transporte dans un autre univers. Ce sont des chroniques éparses, qui n'ont pas nécessairement de liens entre elles, mais qui nous apprennent sur sa vie, ses lectures, ses choix, ses préoccupations.

Livre qui coule tout seul et mène à la réflexion. du sérieux distillé avec humour, le tout dans son transat entre deux siestes !

Lire Laferrière et se reposer l'esprit, littéralement.

4.25✩
Un livre riche de poésie, de réflexions et d'émotions.
Dans ces pages, Danny Laferrière nous partage son histoire, ses tranches de vie et ses expériences personnelles d'une manière si charmante.

L'auteur nous invite à regarder le monde, notre quotidien, et à prendre le temps de prendre le temps.
On le suit dans ses errances, dans ses discours et ses collections de pensées et de souvenirs qui nous emportent dans un univers nostalgique et de rêverie.

L'art presque perdu de ne rien faire est un ouvrage apaisant, il se savoure tranquillement, nous fait sourire et apporte beaucoup de douceur à l'âme. Un livre à lire et à relire!