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Critique de michfred


J'ai une petite tendresse pour Lola Laffon, son air de punkette mi-farouche, mi-bravache. J'aime ses luttes, ses colères, sa plume pointue et ses traits qui blessent comme un caillou.

J'avais aimé le très rimbaldien Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce- tout noir de poésie rebelle, et j'avais adoré La petite communiste qui ne souriait jamais, plus abouti, serré comme un poing vengeur,  précis comme un trait d'arbalète,  à l'os, pas un mot de trop, taillé à vif comme un silex.

 Puis j'ai lu Mercy, Mary, Patty, et j'ai trouvé qu'elle se perdait.

Dans des afféteries de construction, dans un jeu d'emboîtements de récits qu'elle maitrisait mal, l'essentiel était brouillé,  la fraîcheur fanée, le tranchant émoussé. Mauvaise pioche ou vraie fausse route?

Chavirer semble, hélas,  confirmer la deuxième hypothèse.

Chavirer, c'est l'histoire de Cléo,  petite danseuse de banlieue prise au piège d'un réseau pédophile,  (masqué derrière une fondation fantôme qui fait miroiter une bourse- à- réaliser -les- rêves à des petites nymphettes de treize ans),  Cléo qui , de victime, devient recruteuse pour cette fondation fantoche, plaisamment appelée Galatée...

Doublement victime et doublement honteuse.

Il y avait là un sujet non pas original -c'est vraiment dans l'air du temps, hélas!- mais où Lola Laffon, danseuse, féministe, rebelle, pouvait retrouver sa force frondeuse, son art de la frappe.

Eh bien non : le récit se noie dans de courts chapitres superficiels où on suit,   à travers les yeux de personnages secondaires,  tous très  proches du cliché ( le meilleur copain du collège, juif et intello,  la petite amie,  lesbienne et anar, la vieille habilleuse de revue,  maternelle et effacée, et j'en passe...), ce que l'héroïne, rongée par la culpabilité,  semble avoir éprouvé des décennies durant, après cette manipulation destructrice....

En réalité, on ne sonde rien, ni ces personnages terriblement convenus, ni cette héroïne murée dans le silence et une sorte de déni. Ça dure, ça dure,  l'émotion disparaît très vite et  même l' intérêt se lasse et se perd. Reste une belle langue, mais qui ne suffit pas à masquer le vide créé par cette structure,  aussi artificielle que creuse.

Reviens nous, Lola! Retrouve ta poésie noire, ta fronde de David, ton mordant. Et arrête de courir derrière les recettes des romans à la mode! A force de Chavirer, on se noie,  même avec ton talent!
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