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Citations sur Histoire du fils (224)

Pâles et cravatés, altiers, encadrant leur mère en grand deuil, escortés par leur tante non moins endeuillée, Paul et George Lachalme se sont tenus devant le caveau orgueilleux, dans le froid bleu et mordant du pays haut. Ils ont serré des mains, embrassé des joues, balbutié les formules d'usage, reconnu des visages vieillis, ravalé des sourires et masqué des perplexités dont ils se feraient plus tard l'aveu, entre frères, dans l'intimité de la maison douce et chaude.
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La tante dit, en détachant bien chaque mot, on ne mélange pas les torchons avec les serviettes ; ou qui va à la chasse perd sa place, ou qui dort dine, ou qui sème le vent récolte la tempête, ou les chiens ne font pas les chats. Il sait par cœur toutes les phrases de la tante, surtout celles qu'il ne comprend pas, et les récite parfois, en silence, mot à mot, pour s'endormir, ou pour se calmer, pour se refroidir, comme maintenant, quand il sent qu'il voudrait sauter d'un seul bond les six marches de l'escalier et se poser sur l'épaule d'Antoinette, comme une hirondelle. La tante dit aussi, une hirondelle ne fait pas le printemps.
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Antoinette est rousse comme le renard qu'ils ont vu l'hiver dernier, sa mère et lui, en traversant le grand pré du haut, un soir de neige. Sa mère a serré sa main qu'elle tenait dans la sienne, ils se sont arrêtés, le renard aussi, saisis, les trois ; ensuite, le bois a avalé la bête, il n'est plus resté que ses traces à peine visibles sur la neige bleue et dure. Antoinette est un miracle, comme le renard.
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Antoinette et Amélie craignent le père, tout le monde le craint, même Paul, les colères du père sont comme l’orage et le tonnerre, la maison tremble, la terre tremble, c’est la nuit en plein jour ; quand ça s’arrête, quand le père s’en va, on recommence à respirer.
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Il préfère que Gabrielle soit loin, mais il se tait. Il l'a embrassée à la gare, il a senti son parfum de Paris, le parfum des arrivées et des départs, qu'il garde dans le nez et la gorge, il le respire encore, le mâche, l'avale et le déglutit. A Figeac, l'été, sa mère ne se parfume pas ;

page 60
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"il s'était avancé vers elle, en pyjama bleu (...) Elle avait enfoncé en lui l'éclat cru de ses yeux clairs, elle avait dit, d'une voix presque rieuse, recouchez-vous jeune homme on est presque toujours bancal sur trois jambes."
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Il avait aussi appris ça, avec elle ; que les fastes affaires des corps et cette confiance muette qu'elles supposent n'empêchent pas d'être seuls.
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Il devint attentif à la voix grave voilée chaude moirée veloutée. Il épuisa ses adjectifs. Il s'appliquait, les yeux fermés, divagant et ramassé dans sa peau. Granuleuse, peut-être, la voix de Mademoiselle Léoty, mais pas rocailleuse, ni éraillée ; caressante ; non, pas caressante, le contraire, presque le contraire, ça vous passait dessus, vous passait au travers, vous rentrait dedans, vous touchait à l'intérieur, sous la peau. Le troisième jour, le mercredi, il s'arrêta sur chaude et granuleuse, et sut exactement à quel point c'était aussi sexuel.
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Paul aime ses rivières, il les connaît par cœur et par corps, la Santoire surtout, qui porte le nom de sa lignée maternelle, à moins que ça ne soit l’inverse, une vraie rivière à truites, têtue alerte drue charnue. Un frisson le parcourt entre les draps lourds et frais ; la pêche, la chasse, il en a toujours eu le goût forcené, à l’égal de celui des femmes. D’ailleurs, il l’a senti très tôt, c’est la même chose, le même jeu, semblable traque et semblable ivresse.
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Il envierait presque à son frère la rutilante origine grecque de son prénom, Georgos, le laboureur ; mais il donnerait bien davantage encore pour s’appeler André depuis que le Père Michon leur en a jeté en pâture la mâle étymologie. André, c’est l’homme qui bande ...
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