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EAN : 9782283029039
320 pages
Buchet-Chastel (08/10/2015)
3.85/5   97 notes
Résumé :
Le présent volume rassemble la totalité des nouvelles de l'auteur publiées chez Buchet/Chastel (deux recueils : Liturgie 2002, et Organes 2006). Opus suivi de : Bon en émotion, et La Maison Santoire (nouvelles publiées par ailleurs et épuisées). Un livre à offrir pour découvrir, ou redécouvrir, un autre aspect de l'œuvre de Marie-Hélène Lafon. (Les deux recueils publiés chez Buchet n'existent pas au format poche.)
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Vingt histoires dans ce recueil de nouvelles tout simplement appelé "Histoires". Tout autant de personnages, sinon plus, qui les peuplent.
Tout débute en ce dimanche matin, une liturgie laïque mais privée. Un père et ses trois filles qui l'attendent.
L'on termine dans l'enfance de Marie-Hélène Lafon, son apprentissage à la lecture, le rapport qu'elle entretient avec les mots.
Entre les deux, des histoires. D'hommes et de femmes à la vie rude, de gens du pays d'en bas et du pays d'en haut. Innocents, délaissés, taiseux, amers, fragiles, secs. Des histoires de campagne, de terre et de terroir, de vie à la dure dans un Cantal âpre. Des histoires de solitude, de désespoir, d'amour déchu.
Des histoires de robe, de taupes, de baguettes, de mazagrans, de rouge à lèvres, de corset, de tirelire, de télé.
Des histoires noires, rurales, parfois mélancoliques, désenchantées, rugueuses, intenses. À la fois dures et belles pour la plupart. Et ancrées dans cette terre si rude au coeur d'une région austère. Des histoires sépias au doux parfumé suranné...
Des histoires servies par une écriture ciselée, tenue, rêche.
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L'auteure nous livre ici un ensemble de nouvelles situées à la campagne. On retrouve bien le ton et le style de l'auteure.
Cependant, les nouvelles sont souvent rudes comme les gens qui y sont décrits et quand ils ont une sensibilité, bien souvent le destin est cruel avec eux. A tel point, qu'à chaque nouvelle, je me demandais à quelle tragédie nous allions assister mais heureusement, parfois tout se passe bien même si c'est pas toujours jojo.
Autant, j'avais accroché avec "L'annonce", autant les nouvelles m'ont un peu lassée. Il m'a manqué un peu de douceur, un peu de gentillesse,...
A vous de voir, bonne lecture!
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Des nouvelles ou bien des histoires, des nouvelles belles et tristes à la fois, des histoires de vies minuscules qui font notre histoire. Histoires d'hommes, de femmes et d'une région. Une région âpre, dure et austère qui fabrique des hommes et des femmes à son image et malheur aux hommes et aux femmes fragiles et délicats à qui la vie ne fera pas souvent de cadeaux. Longtemps après, ces héros de peu hanteront votre mémoire.

Marie-Hélène Lafon écrit simple, direct et en peu de mots délicatement choisis. Elle écrit les hommes et les femmes et l'Auvergne, cette région qui a forgé des hommes et des femmes durs à la peine, durs à eux-mêmes et durs aux autres. C'est reconnu plus un auteur se régionalise, plus il atteint l'universel.

Photographe littéraire d'une époque, d'un lieu, d'une ruralité, l'écrivaine creuse les âmes et les corps pour nous restituer de formidables portraits. Comme Robert Bresson, cinéaste de l'essentielle : « Mouchette », « Au hasard Balthazar », « Pickpocket »…Marie-Hélène Lafon va droit à l'épure et touche le lecteur droit au coeur. Un très grand moment de littérature à partager. Avant de découvrir « Les Pays » et « Joseph » deux de ses plus beaux romans.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ce livre est composé de 19 courts récits, et d'une sorte de postface dans laquelle Marie-Hélène Lafon explique un peu comment elle conçoit l'écriture, les histoires et personnages qui se mettent en place, comment elle navigue entre nouvelle et roman, comment une nouvelle peut se transformer en roman, parce que le personnage n'a d'une certaine façon pas dit son dernier mot.

Nous sommes essentiellement dans l'univers rural, sans doute en grande partie disparu maintenant, et surtout dans le vécu des personnes qui l'ont habité. Avec des mentalités, un rapport à l'espace, aux autres, au groupe social, qui doit avoir existé depuis des siècles et des siècles. Et dont on voit par certains aspects le délitement, le remplacement par une autre chose que l'on ne fait qu'entrapercevoir, par exemple dans ces figures de tantes qui après des études s'installent à Paris et mènent une autre vie, même si cette dernière reste mystérieuse.

Mais les personnages de Marie-Hélène Lafon sont toujours dans l'espace rural ancestral, dans lequel les rôles des hommes et des femmes sont clairement définis, où la faiblesse ou la différence n'ont pas leur place, dans lequel la lutte pour la survie la plus élémentaire n'est pas oubliée, même si un semblant de confort et de progrès matériel s'est un peu installé. C'est un monde dur, voire impitoyable, l'expression des émotions et sentiments est rare et difficile.

Les récits captent des moments forts, ou des personnages dans leurs destins. Tout est dit en peu de pages. C'est dense, peut-être trop. J'avoue préférer les romans de Marie-Hélène Lafon qui laissent la place aux personnages de s'installer davantage, à l'auteur de ciseler plus leurs figures, dans le quotidien, dans le temps. La condensation de la nouvelle a un côté un peu brutal, impitoyable, car ce ne sont pas des vies heureuses pour la plupart. Mais c'est prenant, et la magnifique écriture de l'auteur donne une dignité, une existence à des personnes qui semblent être le contraire de personnages de roman.
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Vingt nouvelles où l'on retrouve des gens de la campagne pas forcément des gens de la ferme, des villages, la ruralité, des gens du Cantal et ce « pays » avec sa rigueur hivernale mais également sa beauté. Des couples mariés, des personnes seules, des jeunes, des familles : les relations sont décrites avec le mot juste, calibré comme toujours chez Marie-Hélène Lafon. Des vies dures où l'on travaille sans rechigner, où l'on n'a pas le temps de s'apitoyer sur soi, les non-dits également. Apreté des vies où viennent se glisser quelquefois des rêveries, des souvenirs mais aussi quelquefois de la compassion. le quotidien est raconté avec une richesse de la langue.
Le corps également a son importance. Comme dans le première nouvelle Liturgie qui raconte la toilette du père et de ses filles qui à tour de de rôle lui lavent le le dos avec un gant. Pas de dialogues tout est dans les gestes, les regards. Ou encore dans un pensionnat, une religieuse surveille depuis des années les douches des adolescentes, "L'hygiène de la chair n'est rien quand le Verbe est soudé, sali, piétiné". Dans cette nouvelle L'hygiène, les deux dernières pages se lisent presque dans un souffle sur un rythme scandé par les mots de la prière.

Des nouvelles m'ont vrillée le coeur : le suicide de Roland " Peu importe qu'il ait ou non connu l'ardeur des corps, à la sortie d'un bal, sur un chantier, dans une ferme isolée, ou dans son atelier ; peu importe puisqu'il reste de lui qu'une trace de solitude, lisse et infime, à la surface de nos mémoires. ", l'histoire d'Alphonse le simple d'esprit.
D'autres derrière une certaine innocence en apparence comme La communiante révèlent une forme de cruauté. Jeanne l'institutrice, amante d'un prêtre, est d'une beauté à double tranchant.
Une ponctuation qui quelquefois se fait rare pour donner une densité supplémentaire. Et quand l'ironie s'invite, elle précède la noirceur.

La dernière nouvelle Histoires serait à citer entièrement. Marie-Hélène Lafon revient sur son enfance avec l'apprentissage de l'écriture et de la lecture. Mais aussi son rapport à l'écriture : " Il n'est pas plus facile, n'est plus difficile, je le crois aujourd'hui, décrire des nouvelles que des romans ; c'est seulement une autre affaire, en terme de distance et de souffle, d'élan et de tension. (..) Il y a moins de matière, de pâte textuelle à malaxer, à pétrir, à travailler sur un chantier de nouvelles à établi du roman, mais la question de la tension du récit s'y pose en des termes cuisants et cruciaux. En trois pages en dix ou trente, il faut, il faudrait tout donner à voir, à voir et à entendre, à entendre et à attendre, à deviner, humer, sentir, flairer, supposer, espérer, redouter.. Il faut, il faudrait tout ramasser, tout, et tout cracher ; il faut que ça fasse monde, ni plus ni moins qu‘un roman de 1322 pages, que les corps y soient, que la douleur y soit, la couleur, et le temps qui passe, ou ne passe pas, et la joie, et les saisons, et les gestes, le travail, les silences, les cris, la mort, l'amour, et la jubilation d'être, et tous les vertiges, et les arbres, le ciel, le vent. Il faudrait. »"

Un recueil magnifique et l'écriture de Marie-Hélène Lafon est de l'orfèvrerie !

Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Les filles surtout sont désagréables, tout leur est dû il faudrait tout commander sur la catalogue acheter sans fin des tenues nouvelles pour les mettre deux ou trois fois parce que ci parce que ça et elles font les princesses et ça voudrait rester au lit le matin et des heures dans la baignoire et elles sont trop grosses c'est de famille c'est la nourriture et elles veulent s'épiler et ça se maquillerait ça fumerait si on laissait faire ça répond ça vous parle mal elles sont tranquilles pourtant on s'occupe de tout pour elles dans la maison le linge le ménage tout elles aident à peine c'est rare elles ont du travail elles doivent étudier mais ça claque les portes on comprend rien on y connaît rien on a jamais rien vu elles écoutent des musiques en anglais elles lisent des revues de chanteurs elles collent des posters de groupes sur le papier peint neuf qu'elles ont choisi dans les études comment les suivre elles auront le bac. Elles auront des métiers.
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Elles ont parlé des enfants, ils grandissent, ils ne sont plus gentils, ils réclament toujours ce que les autres ont, autour d'eux, dans les écoles où ils vont, où ils voient de tout, et ils ne regardent que ceux qui ont plus, pas ceux qui ont moins, ils n'en parlent pas de ceux-là, il doit bien y en avoir pourtant, on n'est pas les derniers, les enfants ont ce qu'il faut, toujours, on fait le nécessaire, mais ils ne se rendent pas compte, ils ne sont pas contents, ils ne se contentent pas, c'est la maladie des enfants d'aujourd'hui, et ils le disent, et ils rabattent les oreilles des mères, les pères ne s'occupent pas de ça, c'est l'affaire des femmes.
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Les cadeaux sont là , posés sur la table du couloir. Elle les regarde. Le boîtier long de la montre est blanc, [...]. Les autres cadeaux sont un poste de radio gris et rouge, un appareil photo, un album pour ranger les photos, une gourmette en argent avec son prénom double et long gravé en lettres penchées [...]. Les gens lui demande si elle est contente, disent qu'elle est gâtée, que les enfants d'aujourd'hui sont gâtés, elle répond que oui, qu'elle est contente. Elle reçoit aussi un stylo-plume, un livre de messe en veau et un cadre rectangulaire où la Vierge Marie est représentée sans l'Enfant sur un fond de velours bordeaux la tête petite et penchée le coup ployé les yeux mi-clos. Elle dispose les cadeaux les uns à côté des autres sur cette table qui est dans le couloir, tout le monde les verra en montant à l'étage dans la chambre vide où le couvert a été dressé. Les cadeaux doivent être vus. Elle sort la montre du boîtier, elle est ovale et plate, avec des anneaux qui font bracelet, c'est un bijou de femme, froid et lourd au poignet, on lui demande de faire voir, on veut voir, elle soulève la manche longue de sa chemise rouge et blanc, on lui dit que la montre est jolie, très féminine, qu'il ne faudra pas la perdre. Elle répond que oui. Oui.
La communion
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Le pays d'enfance était vieux, rond, rugueux, bosselé de reliefs insensés, inlassablement sollicités cependant parce qu'il faut vivre, il faut s'agripper aux choses qui ne vous veulent pas mais finissent par céder, à force d'insistance obtuse et retorse, cèdent enfin et s'ouvrent, s'écartent, se donnent dans la forte odeur des saisons, des feux de feuilles, des longs soirs de juin.
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Il avait trop aimé le vin qui arrondit les contours des choses, les fait dociles comme jamais le monde ne lui avait été, et encore moins sa femme.
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Videos de Marie-Hélène Lafon (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie-Hélène Lafon
Isabelle, Claire et Gilles vivent dans la vallée de la Santoire, avec leurs parents. Nous sommes dans les années 1960, la ferme dans laquelle le clan habite est isolée de tous. Quand le mariage de leurs parents vacille à cause de la violence du père, un paysan cantalou travailleur mais brutal, c'est tout l'avenir qui se fissure pour les enfants. Quel devenir pour la ferme, le cheptel, les traites ? Après des années de souffrances tues, sa femme se bat pour un divorce qui fait jaser une société encore fermée et inquisitrice. Dans ce court et magnifique roman de Marie-Hélène Lafon, Les Sources, l'autrice s'interroge sur la condition féminine et montre tout le travail du temps, dans un décor à la fois rude et grandiose. Ce grand entretien sera l'occasion de revenir sur les thèmes récurrents de son oeuvre, tels que la solitude, les secrets de famille, le rapport à l'argent, au travail, au vivant, la vie sociale à la campagne.
Professeure agrégée de grammaire, née à Aurillac, Marie-Hélène Lafon est l'autrice de quatorze romans publiés aux éditions Buchet-Chastel. Elle a reçu le prix Renaudot des lycéens en 2001 pour Le Soir des chiens, son premier roman, et le prix Renaudot en 2020 pour Histoire du fils. Elle est également l'autrice de L'Annonce (2009), Les Pays (2012) et Nos vies (2017).
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