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sur 1617 notes
C'était "la vache sacrée et décorée" de la Roumanie.

Que dire après tant de critiques...
Nous devons être nombreux à nous souvenir de ce petit phénomène des JO de Montréal. Elle a marqué nos esprits durablement, dans un monde télévisuel moins envahissant qu'actuellement, où tout évènement retransmis regroupait les familles en communion devant l'écran. On la trouvait plutôt timide, la petite Nadia, incapable d'exprimer une joie spontanée, attitude qui collait bien à l'image grisâtre des pays de l'Est.

Statufiée en "ange laïque", inconsciente d'être l'icône du bonheur communiste à la roumaine, elle a été le temps d'une enfance sportive, une poupée mécanique à la gloire de son pays avant d'être avalée dans les bouleversements politiques, sacrifiée sur l'hôtel des gloires déchues pour avoir grandi.

Mêlant habilement enquête et fiction, Lola Lafon revient avec un réel talent et un léger excès de lyrisme sur la période de la guerre froide, où les combats idéologiques s'invitaient sur les podiums à l'heure des hymnes, jusqu'entre pays "frères" du bloc de l'est.

Elle dessine une Roumanie communiste schizophrène, rassemblée derrière son mégalomane dirigeant, fascinant l'Occident. Une vision géopolitique dépassée qui interroge sur les manipulations de l'information, l'hypocrisie du pouvoir, les méthodes de gouvernance et la crédulité des individus.
Elle évoque surtout les excès de la compétition à outrance, qui forgent les caractères mais laminent les individus, les enjeux d'ego, de survie et d'argent, bousculant le mythe d'un sport sain et fédérateur.

Cette analyse "a posteriori" est tempérée par la voix off de Nadia adulte qui dénonce les clichés, nous incitant à prévenir tout manichéisme et refuse la victimisation. Car les choses n'ont pas vraiment changé en matière de communication.
Mais l'adulte n'est-elle pas elle-même piégée par l'image renvoyée par sa réussite planétaire?
Elle reste jusque dans sa fuite vers l'ouest une personnalité enigmatique.

En dépit des analyses et controverses faites avec le recul, il reste à donner un coup de chapeau au courage de l'athlète-enfant qu'elle fut, et à la version littéraire captivante que nous offre Lola Lafon.
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Qui ne se souvient pas, parmi ceux et celles de ma génération, de la merveilleuse petite gymnaste roumaine, Nadia Comaneci, qui a enchanté les Jeux Olympiques de Montréal en 1976?

Cette biographie romancée a le mérite de faire un portrait non seulement de la merveilleuse sportive, mais aussi de l'époque mouvementée des années 70 et des années 80, de montrer un pays livré aux lubies d'un dictateur dangereux, Nicola Ceaucescu, et les souffrances d'une population qui manquait de tout, sans compter les pressions "politiques" exercées sur les femmes pour qu'elles aient au moins 5 enfants, à la gloire d'une nouvelle Roumanie qu'il fallait créer en l'honneur du Génie des Carpates!
Voici donc Nadia, qui vit dans un village de Moldavie roumaine, Onesti, et qui très vite est remarquée par un entraîneur, Bela Károlyi. Un nom d'origine hongroise car le grand entraîneur fait partie de la minorité hongroise vivant en Roumanie.
Alors commence le rythme effréné des entraînements, des régimes draconiens, des ajustements hormonaux, retarder la puberté pour avoir de meilleurs résultats.
Les succès de Nadia sont éblouissants jusqu'à ce que Nadia soit "rattrapée" par la machine biologique.
S'adapter à ce nouveau corps, cela va être difficile, la concurrence avec les autres gymnastes est de plus en plus rude.
A l'extérieur des gymnases, la Révolte gronde. Les Roumains sont excédés du manque de nourriture, de soins, et des discours officiels, à tel point qu'ils regardent la télé bulgare même s'ils ne comprennent pas la langue, pour échapper à l'endoctrinement ambiant.
Nadia va fuir son pays, en décembre 1989, juste avant la destitution des Ceaucescu..
Une très belle biographie, un vrai témoignage historique sur les soubresauts de l'Europe de l'Est juste avant la tombée du "rideau de fer".
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Nadia Comaneci, roumaine, est la première gymnaste a obtenir 10 sur 10 aux JO de Montréal de 1976. Surnommée "La fée des Carpates" cette enfant prodige devient un mythe planétaire, orchestrée et semble t-il robotisée par l'entourage de Ceausescu, admirée par les pays de l'ouest.
Nadia "elle fascine, elle excelle, sérieuse, parfaite, impressionnante" ..... "elle ne transmet pas l'émotion, elle est l'émotion....... une machine poétique, sublime. Elle a tout: la grâce, la précision, l'amplitude des gestes........Elle jette l'apesanteur par-dessus son épaule. " "C'est une robot communiste de 40 kg. On est dans la géométrie. Dans le calcul."
Mais faisons quelques pas en arrière:
A sept ans elle est repérée par son entraîneur et arrachée à ses parents. Elle s'entraîne six heures par jour. Elle a du cran Nadia. Elle est en progrès mais "fragile". Elle doit serrer les dents, tombe, se relève. Un régime alimentaire draconien maintient une légèreté indispensable pour ce corps d'enfant.
"un déguisement d'enfant pour une machinerie rare!".

Lola Lafon en construisant ce texte a orienté sa plume vers un exercice périlleux mais elle n'est pas tombée, elle. S'appuyant sur des faits réels, sur l'actualité foisonnante des années de gloire de Nadia, elle a posé l'histoire de la petite "fée communiste" dans son contexte. Elle a imposé à son récit des doubles salto, balayant sa caméra de la Roumanie des années 69 à 89, à Paris avec des incursions en Russie et aux Etats-Unis. Toutes les facettes ou presque de la Roumanie de l'époque sont évoquées. Les excès, les outrances, les restrictions, les incompréhensions, la propagande, la suspision, la censure.

Et Nadia? Nadia elle parle peu. Son émotion n'est pas palpable. Sa relation intime avec le Roitelet, fils du dictateur, n'a pas été clairement établie. Qu'à cela ne tienne! Lola Lafon imagine la voix, les mots, et sans que l'on s'en aperçoive vraiment, va compléter la réalité d'une fiction à peine suggérée en tous les cas tellement réaliste.

Nadia "cette collectionneuse, de victoires, cette tueuse" ne sait plus décider, tant elle est habituée à obéir". Les choses tournent mal. "L'horizon fait la grimace". Que va t-elle faire de sa vie? Après avoir vécu dans la lumière et au rythme des applaudissements a t-elle pu envisager la pénombre sans être blessée? La fée glacée va t'elle apprivoiser la vie, les gens, les mots? Son parcours Lola le tient bien et moi je n'ai pas lâché son livre.
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Nous sommes en 1976, aux jeux olympiques de Montréal. Nadia Comaneci, vient d'effectué son exercice sur la poutre devant une salle médusée, des spectateurs aux juges en passant par les gymnastes des autres équipes.
En moins d'une minute, tout le monde est sous le charme et on attende la note qui tarde à venir et finit par s'afficher : 1 virgule zéro, zéro ??? Que se passe-t-il ? Nadia a-t-elle fait une grosse bêtise que son entraîneur (Béla Karoly) n'a pas vue ? La foule conspue les jurés. Et le soudain le président du jury fait signe à Nadia : les deux mains en écartant les doigts.
En fait, la petite fée a obtenu la note maximum, mais ceci n'était pas prévu dans l'ordinateur !!! le petit écureuil (c'est ainsi que Béla appelle ses gymnastes) a même détraqué la machine sensée être infaillible.
Ensuite, le livre raconte, la façon dont les petites filles ont été choisies et entraînées par Béla qui a fondé sa propre école, non sans mal, car c'est le règne du génie des Carpates : Ceausescu. On découvre donc les entraînements, la vie de ces petites filles pour arriver au stade de la compétition.
Il y a un va et vient permanent entre la vie de Nadia et celle de la dictacture des Ceausescu et leur évolution réciproque….
Ce que j'en pense :

Ce roman, comme le dit d'emblée son auteure, n'est pas une biographie exhaustive de Nadia Comaneci. Lola Lafon imagine un dialogue entre elle et Nadia pour tenter d'expliquer ce qu'on ne sait pas vraiment et faire la part de la réalité et de ce que la presse a pu écrire. A priori, c'est une bonne idée, mais en fait, cela m'a gênée dans la lecture (ces chapitres là sont écrits en italique) car on ne sait pas s'il y a des choses vraies ou s'il s'agit de ses spéculations.
L'auteure met très bien en évidence le formatage de ces petites filles qui ont six ans en moyenne quand débute l'école. Elles sont affamées, on compte les calories sans arrêt car elles doivent rester menues, peser le moins possible. Sur le plan de la gymnastique, l'entraînement est inhumain, elles s'entraînent pendant des heures, les mains pleines d'ampoules, se lancent dans le vide sans savoir qu'elles risquent leur vie(ou la paralysie) à chaque saut, mais Béla dit qu'elles peuvent le faire et doivent le faire car il leur donne tout !!!
Elles obéissent toutes, Nadia plus que les autres car elle est perfectionniste donc prête à tous les sacrifices pour Béla et pour la Roumanie. Cela va jusqu'aux vomissements tellement elle a peur de peser cent grammes de trop au contrôle et finira par des troubles du comportement alimentaire (alternance anorexie et boulimie). La perversité de cet entraîneur est sans limite et il exerce une emprise terrible sur ses « petits écureuils » comme il les appellent. Nadia le considère probablement comme un père de substitution donc elle obéit pour qu'il l'aime. Seule la mère de Nadia se méfie mais elle ne fait rien.
Un livre dur, qui fait réfléchir sur beaucoup de choses. Je connaissais assez bien la vie de Nadia Comaneci car en Occident on se posait beaucoup de questions sur les conditions de vie de ces athlètes, dopage ? Quel était ce fameux régime spécial ? les pubertés retardées évidentes ???
Ce livre m'a d'autant plus remuée que je lisais en même temps « Je viens de Russie », un autre ouvrage sur les conditions de vie du temps de l'ex URSS et les réflexions sur ce qu'est la liberté.
Note : 7/10
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Biographie romancée de cette extraordinaire gymnaste
*
Une lecture assez mitigée et confuse autant sur le fond que la forme. En fait je suis perplexe quant à mon appréciation.
Je vous explique un petit peu.
La vie de la très célèbre gymnaste roumaine Nadia Comaneci a de quoi remplir un livre. Biographie, mémoires, confessions, récit de vie... Cette femme a vécu énormément de déboires. On parle bien sûr de sa surmédiatisation dans le milieu sportif, sacrifiée sur l'autel de la gloire dans un pays en pleine guerre froide et dictatorial. Course contre la montre biologique, Nadia a été surexploitée puis "mise au rebut". Mais comment peut-elle en sortir indemne ?
*
Sous forme de conversations fictives entre l'auteure et Nadia, le fil se déroule petit à petit , puis se ré-enroule entre digressions et réfutations. J'ai eu beaucoup de mal à suivre la narration. On ne sait jamais ce qui est fait réel de ce qui est imaginaire. Cela m'a déconcerté.
Mais il m'a remué tout de même. Suivre ces petites filles tout au long de leur carrière, pressées de toutes parts, les conditions de vie de ces athlètes sont tout bonnement inhumaines. Pour récolter un peu de gloire, le prix est lourd à payer.
*
L'auteure d'origine roumaine met aussi ce fameux régime dictatorial communiste en lumière à travers la vie de Nadia. Domination, espionnage, régime draconien, asservissement, moqueries, la petite fée communiste en a bavé, là-bas, en Roumanie.
Aujourd'hui c'est une femme accomplie, équilibrée, rayonnante, comblée qui entraîne de jeunes gymnastes dans son pays d'adoption, les Etats-Unis.
A-t-elle fait le deuil de ses années de privation?
On aura du mal à le savoir... elle est si discrète, Nadia....
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Très beau texte, sensible et intelligent, captivant loin au-delà de la gymnastique féminine.

Publié en janvier 2014 chez Actes Sud, ce texte de Lola Lafon est le fruit d'un étonnant travail de construction littéraire à partir d'un contenu historique et journalistique, puisqu'il s'agit ici de décrypter la figure emblématique que fut Nadia Comaneci, qui révolutionna la gymnastique entre ses 14 ans et ses 18 ans, des jeux de Montréal en 1976 à ceux de Moscou en 1980, figure nécessairement choyée et mise en avant par le régime communiste roumain, avant de fuir le pays quelques jours avant la chute de Ceausescu en 1989.

Décrypter le sens et le contenu d'un tel emblème, en acceptant, voire en proposant, les controverses - qui ne manquèrent pas - à l'intéressée elle-même, par courrier électronique ou au cours de nombreuses conversations téléphoniques, une année durant, représentait un défi, que Lola Lafon parvient à mener à bien, en ne cachant rien de ses émotions, de ses admirations, de ses doutes profonds, en acceptant surtout, avec une intelligente humilité et une belle humanité, de prendre à la fois le risque de questionner parfois rudement Nadia Comaneci, et celui de l'écouter, réellement, de prendre en compte le poids de ses mots, aussi réticents fussent-ils par moments, et plus encore le poids de ses silences.

Se replonger ainsi dans le triomphe de Montréal (accompagner la lecture en voyant ou revoyant quelques-unes des nombreuses vidéos d'époque disponibles sur le net n'est d'ailleurs ici pas du tout inutile), mesurer la révolution que représenta le débarquement de ce prodige juvénile tout en fragilité apparente, en prise de risque physique jugée parfois insensée et en détermination proprement hors du commun, rappeler l'appropriation du corps exalté par le pouvoir communiste propagandiste (et écouter absolument Nadia Comaneci lorsque, malgré tout sur la défensive, elle mentionne l'appropriation similaire opérée par le capitalisme publicitaire contemporain), sentir la présence permanente et rayonnante, pour le meilleur et pour le pire, du « coach » Béla Károlyi, percevoir tout le trouble et la gêne des uns et des autres autour de la fuite de 1989 par les champs enneigés de la frontière hongroise, et de l'arrivée spectaculaire et terriblement « ratée » aux États-Unis, avec ses profondes séquelles médiatiques : c'est à un parcours exceptionnel de sensibilité et d'intelligence que nous convie ici Lola Lafon.

On regrettera peut-être, et ce sera l'unique bémol ici, que les réactions de Nadia Comaneci soient parfois laissées en points de suspension, peut-être pour ne pas effaroucher un lectorat que l'on peut soupçonner de ne pas être spécialement virulent vis-à-vis des modèles politique et économique de l'Occident (étendu) contemporain, particulièrement lorsqu'elle défend ou minimise la « récupération » dont elle fut l'objet, ou lorsque l'arrivisme forcené de son coach se dévoile. Un peu plus que pour l'anecdote, le visionnage de « Olympic Gold », le reportage sur et avec Mary Lou Retton, la gymnaste américaine propulsée à l'or de Los Angeles par Béla Károlyi, après sa fuite à l'Ouest en 1981, est particulièrement édifiant, tant le triomphalisme cynique et décomplexé de l'athlète américaine et du coach y apparaissent éloignés de la pudeur et de la gêne quelque peu rageuses ou désespérées exprimées par Nadia Comaneci au long du livre de Lola Lafon.

On saluera en revanche sans aucune réserve la subtilité et le respect de l'auteur lorsque seront abordées les péripéties sentimentales et terriblement humaines qu'affrontera la jeune prodige en Roumanie auprès de l'entourage de Ceaucescu.

On trouvera aussi ici, discrètement menée mais intense, une interrogation sur le sens du dépassement sportif, qui évoque curieusement, quoique d'un tout autre angle, le « Mateo » d'Antoine Bello et son exploration footballistique de la parabole des talents en univers capitaliste occidental.

On y trouvera enfin une magnifique leçon de questionnement des récits, des propagandes et des convictions intimes, dans laquelle l'auteur accepte de se « mettre en danger », en montrant ses propres doutes, ses propres raccourcis ou présupposés : la scène presque finale de l'enquête « sur place », à Bucarest, est un moment particulièrement intense du récit, de ce fait.

Un très beau texte, intelligent, sensible et captivant, y compris et peut-être surtout lorsque l'on n'éprouve pas de passion a priori pour la gymnastique féminine.
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Tout d'abord je tiens à remercier Babelio et les éditions Audiolib pour l'envoie de ce livre en version audio, grâce à la géniale opération de masse critique.

C'est une agréable découverte pour moi puisqu'il s'agit de mon tout premier livre audio.
Je me suis laissée portée par la voix de Chloé Lambert qui lit brillamment cette histoire. Elle utilise toujours les bonnes intonations et sait faire preuve de dynamisme en marquant certains passages avec des rythmes plus soutenus pendant sa lecture. Bref, très agréable à écouter.

J'ai été très touchée par cette histoire puisque c'est une fiction basée sur des faits réels. En effet, l'auteure s'inspire de Nadia Comaneci, la petite gymnaste à la destinée exceptionnelle qui avait gagné les J.O. de Montréal en 1976.
Lola Lafon, nous offre ce beau roman après un travail colossal de recherches sportives, de documentations chronologiques et politiques. C'est assez subtil de sa part puisqu'elle a tenue à garder les faits et les dates exactes, pour ensuite projeter le reste dans la fiction.
La structure du roman est très rythmée puisque l'auteure alterne entre la narration et des échanges entre l'auteure et une Nadia imaginée.

J'ai été assez bouleversée par cette histoire, même si ce n'est pas un portait à l'identique de la gymnaste, mais le fond reste réel. C'est "l'histoire d'un corps féminin" comme l'indique Lola Lafon. Comment ne pas être touchée par cette petite fille qui est jugée en permanence et à qui on trouve toujours quelque chose à reprocher? Au fur et à mesure de l'histoire, l'auteure décrit les transformations du corps de la jeune fille, sa puberté, les moments de difficultés pour s'en tenir à un régime alimentaire très strict pour rester aussi svelte que possible, et aussi plus tard des jugements sur sa sexualité. Difficile de voir une jeune fille acclamée par tous et pris en exemple par les plus jeunes, mais à qui on reproche de grandir et de devenir une femme.
On découvre l'envers du décor d'une Roumanie révoltée où l'endoctrinement fait rage. Mais également les durs entraînements de Béla toujours plus exigent et qui la fait travailler sans relâche.
Adulée par les médias du monde entier, on suit cette figure emblématique qu'est Nadia à travers ses déplacements, sous les subtiles descriptions de l'auteure sur son regard d'adolescente.

Dans cette version audio du roman, j'ai particulièrement aimé la dernière plage qui nous offre un entretien avec l'auteure à Paris au mois d'avril 2014, où elle nous explique notamment les motivations qui l'ont poussées à écrire cette histoire.
D'ailleurs la vraie Nadia avait répondu à ce propos "Je ne comprends pas ce qui a pu autant inspirer cette auteure, je n'ai fait que mon travail".

Une très belle découverte. Un texte percutant, intelligemment écrit et très bien raconté de manière extrêmement captivante.
Un grand bravo à l'auteure ainsi qu'à la lectrice pour cette belle version audio.
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Une jeune fille d'une douzaine d'années
Lourdement sur la poutre s'est lancée
Pour une roulade avant qu'elle a ratée.
Elle recommence, mais a failli se rompre le cou
Nous sommes en 1976, les années Ceaușescu
La gymnaste empotée, c'est moi, je l'avoue !
Pendant ce temps en Roumanie, sylphide,
Un papillon blanc est sorti de sa chrysalide,
Qui s'envole dans les airs, acrobaties fluides
Nadia Comaneci, la grâce absolue
Les médailles, elle les a toutes eues
Au prix d'un régime qui m'était inconnu.

J'ai lu ce livre, eu un peu de mal à le finir malgré mon intérêt pour cette athlète sacrifiée, que petite fille j'admirais à la télé, et qui de la gloire n'a gardé que ses secrets. C'est un ouvrage mi-reconstitution, mi-fiction, entre régime communiste et sport de haut niveau, tant les informations ont pu être déformées, reformées, transformées.
Elle seule détient sa vérité, mais elle nous avait bien fait rêver avant que l'on ne découvre toutes les atrocités.

La fin justifiait-elle les moyens à ce point ?

Ci-joint le lien de la vidéo de ses exploits, 1976
Lien : https://youtu.be/Yi_5xbd5xdE
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Été 1976, une canicule déferle sur une bonne partie de l'Europe, j'ai à peine un an de moins que Nadia Comaneci. Comme des milliers de personnes, je découvre, à la télévision, la performance inédite de cette petite Roumaine. C'est sûrement l'une des premières fois que j'entends parler de la Roumanie, un de ces pays mystérieux et inaccessibles cachés derrière " le rideau de fer". Mais, qui sont-ils, comment vivent-ils ces gens ? C'est pour toutes ces questions restées longtemps sans réponse que j'ai eu envie de lire ce livre : La petite communiste qui ne souriait jamais.

Lola Lafon nous offre un livre fantastique, Avec une écriture limpide, parfois incisive, avec des mots justes, elle nous raconte le parcours étonnant et déroutant de cette petite roumaine.
Deux grandes qualités émergent, à mon sens de cette narration. Lola Lafon, nous parle de Nadia mais aussi surtout de la Roumanie de Ceasecu, la vie de Nadia est indissociable de cette Roumanie-là.
La deuxième chose que j'ai beaucoup apprécié, c'est la possibilité qu'offre Lola Lafon à chaque fin de chapitre de faire parler Nadia. Même si cette parole est inventée par Lola Lafon. Elle permet néanmoins de faire parler Nadia. de dire que si la Roumanie était un pays très dur, rien n'est si rose dans la société capitaliste qu'on opposait au communisme.
" Sacrifier son enfance ? J'ai raté quoi exactement, de si fantastique ? Aller traîner dans les cafés ? Faire du shopping ? Sortir avec des garçons avant d'être prête à le faire ?Les jeux vidéos ? Facebook ? Qu'est-ce qu'on fait entre six et seize ans que j'ai raté ? Si j'avais eu votre vie normale, je serai quoi aujourd'hui ?
Merci Lola Lafon, un très grand moment de lecture, vos autres livres sont sur ma liste, c'est certain..
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« La petite fille s'est muée en femme, verdict : la magie est tombée ». Cette une d'un quotidien français a poussée Lola Lafon à écrire « La petite communiste qui ne souriait jamais » et m'a motivée, à la suite de la lecture de cet ouvrage, à écrire cette critique.

Jeux olympiques de Montréal, 1976 : une petite Roumaine inconnue (bien qu'elle soit déjà championne d'Europe) remporte la note maximale à son enchaînement aux barres asymétriques. C'est la première fois que cela se produit, et en découle un emballement à tous les niveaux pour Nadia : technique - avec l'ordinateur qui affiche un résultat non prévu par ses concepteurs - mais également médiatique, étatique, populaire… La gymnaste devient ne s'appartient plus, son petit corps « elfique » et ce qu'il est capable de faire (défier la gravité et le domaine du possible) déchaîne les passions jusqu'à ce que se produise l'inévitable, bien que retardé le plus possible par voie médicale : la puberté.

Et là, la chute est aussi vertigineuse que l'a été son ascension: la jeune Nadia pubère, bien que toujours douée dans son domaine, fascinera moins, et sera l'objet de critiques incessantes. Sur son physique de femme, sur ses accointances, plus ou moins subies de bonne grâce (la narratrice de l'ouvrage ne tranche pas, et c'est tant mieux, car ce n'est pas forcément le sujet) avec le Roitelet, fils des Ceaucescu, sur sa fuite de la Roumanie et la demande d'asile politique aux Etats-Unis en compagnie de P., un homme pas très recommandable, sur son silence (qui pourtant, à son heure de gloire, suscitant un certain mystère, y avait contribué) à la suite d'interviews plutôt ratées et qui n'ont réussi qu'à attiser la vindicte médiatique, Nadia n'ayant pas donné une très bonne image de sa personne.

Lola Lafon, dans « La petite communiste qui ne souriait jamais », réussit avec brio à établir la biographie imaginaire (elle explique très bien dans son avant-propos avoir « rempli les silences de l'histoire et ceux de l'héroïne ») d'une gamine puis d'une jeune femme qui a dédié sa jeunesse à aller jusqu'au bout d'elle-même dans une discipline exigeante, tout en rendant en parallèle hommage à cette gamine qui « d'un coup de pied à la lune, a ravagé le chemin rétréci qu'on réserve aux petites filles, ces petites filles de l'été 1976 qui, grâce à elle, ont rêvé de s'élancer dans le vide, les abdos serrés et la peau nue », mais au-delà, d'avoir reconstitué la vérité de ce que fut la vie, dans ses bonheurs comme dans les aspects les plus terribles de la dictature (l'horrible décret 770 !) en Europe de l'Est au moment du Rideau de fer, loin des fantasmes et des clichés que le monde occidental a choisi d'en donner.
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