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sur 1616 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'était "la vache sacrée et décorée" de la Roumanie.

Que dire après tant de critiques...
Nous devons être nombreux à nous souvenir de ce petit phénomène des JO de Montréal. Elle a marqué nos esprits durablement, dans un monde télévisuel moins envahissant qu'actuellement, où tout évènement retransmis regroupait les familles en communion devant l'écran. On la trouvait plutôt timide, la petite Nadia, incapable d'exprimer une joie spontanée, attitude qui collait bien à l'image grisâtre des pays de l'Est.

Statufiée en "ange laïque", inconsciente d'être l'icône du bonheur communiste à la roumaine, elle a été le temps d'une enfance sportive, une poupée mécanique à la gloire de son pays avant d'être avalée dans les bouleversements politiques, sacrifiée sur l'hôtel des gloires déchues pour avoir grandi.

Mêlant habilement enquête et fiction, Lola Lafon revient avec un réel talent et un léger excès de lyrisme sur la période de la guerre froide, où les combats idéologiques s'invitaient sur les podiums à l'heure des hymnes, jusqu'entre pays "frères" du bloc de l'est.

Elle dessine une Roumanie communiste schizophrène, rassemblée derrière son mégalomane dirigeant, fascinant l'Occident. Une vision géopolitique dépassée qui interroge sur les manipulations de l'information, l'hypocrisie du pouvoir, les méthodes de gouvernance et la crédulité des individus.
Elle évoque surtout les excès de la compétition à outrance, qui forgent les caractères mais laminent les individus, les enjeux d'ego, de survie et d'argent, bousculant le mythe d'un sport sain et fédérateur.

Cette analyse "a posteriori" est tempérée par la voix off de Nadia adulte qui dénonce les clichés, nous incitant à prévenir tout manichéisme et refuse la victimisation. Car les choses n'ont pas vraiment changé en matière de communication.
Mais l'adulte n'est-elle pas elle-même piégée par l'image renvoyée par sa réussite planétaire?
Elle reste jusque dans sa fuite vers l'ouest une personnalité enigmatique.

En dépit des analyses et controverses faites avec le recul, il reste à donner un coup de chapeau au courage de l'athlète-enfant qu'elle fut, et à la version littéraire captivante que nous offre Lola Lafon.
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Nadia Comaneci, roumaine, est la première gymnaste a obtenir 10 sur 10 aux JO de Montréal de 1976. Surnommée "La fée des Carpates" cette enfant prodige devient un mythe planétaire, orchestrée et semble t-il robotisée par l'entourage de Ceausescu, admirée par les pays de l'ouest.
Nadia "elle fascine, elle excelle, sérieuse, parfaite, impressionnante" ..... "elle ne transmet pas l'émotion, elle est l'émotion....... une machine poétique, sublime. Elle a tout: la grâce, la précision, l'amplitude des gestes........Elle jette l'apesanteur par-dessus son épaule. " "C'est une robot communiste de 40 kg. On est dans la géométrie. Dans le calcul."
Mais faisons quelques pas en arrière:
A sept ans elle est repérée par son entraîneur et arrachée à ses parents. Elle s'entraîne six heures par jour. Elle a du cran Nadia. Elle est en progrès mais "fragile". Elle doit serrer les dents, tombe, se relève. Un régime alimentaire draconien maintient une légèreté indispensable pour ce corps d'enfant.
"un déguisement d'enfant pour une machinerie rare!".

Lola Lafon en construisant ce texte a orienté sa plume vers un exercice périlleux mais elle n'est pas tombée, elle. S'appuyant sur des faits réels, sur l'actualité foisonnante des années de gloire de Nadia, elle a posé l'histoire de la petite "fée communiste" dans son contexte. Elle a imposé à son récit des doubles salto, balayant sa caméra de la Roumanie des années 69 à 89, à Paris avec des incursions en Russie et aux Etats-Unis. Toutes les facettes ou presque de la Roumanie de l'époque sont évoquées. Les excès, les outrances, les restrictions, les incompréhensions, la propagande, la suspision, la censure.

Et Nadia? Nadia elle parle peu. Son émotion n'est pas palpable. Sa relation intime avec le Roitelet, fils du dictateur, n'a pas été clairement établie. Qu'à cela ne tienne! Lola Lafon imagine la voix, les mots, et sans que l'on s'en aperçoive vraiment, va compléter la réalité d'une fiction à peine suggérée en tous les cas tellement réaliste.

Nadia "cette collectionneuse, de victoires, cette tueuse" ne sait plus décider, tant elle est habituée à obéir". Les choses tournent mal. "L'horizon fait la grimace". Que va t-elle faire de sa vie? Après avoir vécu dans la lumière et au rythme des applaudissements a t-elle pu envisager la pénombre sans être blessée? La fée glacée va t'elle apprivoiser la vie, les gens, les mots? Son parcours Lola le tient bien et moi je n'ai pas lâché son livre.
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Nous sommes en 1976, aux jeux olympiques de Montréal. Nadia Comaneci, vient d'effectué son exercice sur la poutre devant une salle médusée, des spectateurs aux juges en passant par les gymnastes des autres équipes.
En moins d'une minute, tout le monde est sous le charme et on attende la note qui tarde à venir et finit par s'afficher : 1 virgule zéro, zéro ??? Que se passe-t-il ? Nadia a-t-elle fait une grosse bêtise que son entraîneur (Béla Karoly) n'a pas vue ? La foule conspue les jurés. Et le soudain le président du jury fait signe à Nadia : les deux mains en écartant les doigts.
En fait, la petite fée a obtenu la note maximum, mais ceci n'était pas prévu dans l'ordinateur !!! le petit écureuil (c'est ainsi que Béla appelle ses gymnastes) a même détraqué la machine sensée être infaillible.
Ensuite, le livre raconte, la façon dont les petites filles ont été choisies et entraînées par Béla qui a fondé sa propre école, non sans mal, car c'est le règne du génie des Carpates : Ceausescu. On découvre donc les entraînements, la vie de ces petites filles pour arriver au stade de la compétition.
Il y a un va et vient permanent entre la vie de Nadia et celle de la dictacture des Ceausescu et leur évolution réciproque….
Ce que j'en pense :

Ce roman, comme le dit d'emblée son auteure, n'est pas une biographie exhaustive de Nadia Comaneci. Lola Lafon imagine un dialogue entre elle et Nadia pour tenter d'expliquer ce qu'on ne sait pas vraiment et faire la part de la réalité et de ce que la presse a pu écrire. A priori, c'est une bonne idée, mais en fait, cela m'a gênée dans la lecture (ces chapitres là sont écrits en italique) car on ne sait pas s'il y a des choses vraies ou s'il s'agit de ses spéculations.
L'auteure met très bien en évidence le formatage de ces petites filles qui ont six ans en moyenne quand débute l'école. Elles sont affamées, on compte les calories sans arrêt car elles doivent rester menues, peser le moins possible. Sur le plan de la gymnastique, l'entraînement est inhumain, elles s'entraînent pendant des heures, les mains pleines d'ampoules, se lancent dans le vide sans savoir qu'elles risquent leur vie(ou la paralysie) à chaque saut, mais Béla dit qu'elles peuvent le faire et doivent le faire car il leur donne tout !!!
Elles obéissent toutes, Nadia plus que les autres car elle est perfectionniste donc prête à tous les sacrifices pour Béla et pour la Roumanie. Cela va jusqu'aux vomissements tellement elle a peur de peser cent grammes de trop au contrôle et finira par des troubles du comportement alimentaire (alternance anorexie et boulimie). La perversité de cet entraîneur est sans limite et il exerce une emprise terrible sur ses « petits écureuils » comme il les appellent. Nadia le considère probablement comme un père de substitution donc elle obéit pour qu'il l'aime. Seule la mère de Nadia se méfie mais elle ne fait rien.
Un livre dur, qui fait réfléchir sur beaucoup de choses. Je connaissais assez bien la vie de Nadia Comaneci car en Occident on se posait beaucoup de questions sur les conditions de vie de ces athlètes, dopage ? Quel était ce fameux régime spécial ? les pubertés retardées évidentes ???
Ce livre m'a d'autant plus remuée que je lisais en même temps « Je viens de Russie », un autre ouvrage sur les conditions de vie du temps de l'ex URSS et les réflexions sur ce qu'est la liberté.
Note : 7/10
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Très beau texte, sensible et intelligent, captivant loin au-delà de la gymnastique féminine.

Publié en janvier 2014 chez Actes Sud, ce texte de Lola Lafon est le fruit d'un étonnant travail de construction littéraire à partir d'un contenu historique et journalistique, puisqu'il s'agit ici de décrypter la figure emblématique que fut Nadia Comaneci, qui révolutionna la gymnastique entre ses 14 ans et ses 18 ans, des jeux de Montréal en 1976 à ceux de Moscou en 1980, figure nécessairement choyée et mise en avant par le régime communiste roumain, avant de fuir le pays quelques jours avant la chute de Ceausescu en 1989.

Décrypter le sens et le contenu d'un tel emblème, en acceptant, voire en proposant, les controverses - qui ne manquèrent pas - à l'intéressée elle-même, par courrier électronique ou au cours de nombreuses conversations téléphoniques, une année durant, représentait un défi, que Lola Lafon parvient à mener à bien, en ne cachant rien de ses émotions, de ses admirations, de ses doutes profonds, en acceptant surtout, avec une intelligente humilité et une belle humanité, de prendre à la fois le risque de questionner parfois rudement Nadia Comaneci, et celui de l'écouter, réellement, de prendre en compte le poids de ses mots, aussi réticents fussent-ils par moments, et plus encore le poids de ses silences.

Se replonger ainsi dans le triomphe de Montréal (accompagner la lecture en voyant ou revoyant quelques-unes des nombreuses vidéos d'époque disponibles sur le net n'est d'ailleurs ici pas du tout inutile), mesurer la révolution que représenta le débarquement de ce prodige juvénile tout en fragilité apparente, en prise de risque physique jugée parfois insensée et en détermination proprement hors du commun, rappeler l'appropriation du corps exalté par le pouvoir communiste propagandiste (et écouter absolument Nadia Comaneci lorsque, malgré tout sur la défensive, elle mentionne l'appropriation similaire opérée par le capitalisme publicitaire contemporain), sentir la présence permanente et rayonnante, pour le meilleur et pour le pire, du « coach » Béla Károlyi, percevoir tout le trouble et la gêne des uns et des autres autour de la fuite de 1989 par les champs enneigés de la frontière hongroise, et de l'arrivée spectaculaire et terriblement « ratée » aux États-Unis, avec ses profondes séquelles médiatiques : c'est à un parcours exceptionnel de sensibilité et d'intelligence que nous convie ici Lola Lafon.

On regrettera peut-être, et ce sera l'unique bémol ici, que les réactions de Nadia Comaneci soient parfois laissées en points de suspension, peut-être pour ne pas effaroucher un lectorat que l'on peut soupçonner de ne pas être spécialement virulent vis-à-vis des modèles politique et économique de l'Occident (étendu) contemporain, particulièrement lorsqu'elle défend ou minimise la « récupération » dont elle fut l'objet, ou lorsque l'arrivisme forcené de son coach se dévoile. Un peu plus que pour l'anecdote, le visionnage de « Olympic Gold », le reportage sur et avec Mary Lou Retton, la gymnaste américaine propulsée à l'or de Los Angeles par Béla Károlyi, après sa fuite à l'Ouest en 1981, est particulièrement édifiant, tant le triomphalisme cynique et décomplexé de l'athlète américaine et du coach y apparaissent éloignés de la pudeur et de la gêne quelque peu rageuses ou désespérées exprimées par Nadia Comaneci au long du livre de Lola Lafon.

On saluera en revanche sans aucune réserve la subtilité et le respect de l'auteur lorsque seront abordées les péripéties sentimentales et terriblement humaines qu'affrontera la jeune prodige en Roumanie auprès de l'entourage de Ceaucescu.

On trouvera aussi ici, discrètement menée mais intense, une interrogation sur le sens du dépassement sportif, qui évoque curieusement, quoique d'un tout autre angle, le « Mateo » d'Antoine Bello et son exploration footballistique de la parabole des talents en univers capitaliste occidental.

On y trouvera enfin une magnifique leçon de questionnement des récits, des propagandes et des convictions intimes, dans laquelle l'auteur accepte de se « mettre en danger », en montrant ses propres doutes, ses propres raccourcis ou présupposés : la scène presque finale de l'enquête « sur place », à Bucarest, est un moment particulièrement intense du récit, de ce fait.

Un très beau texte, intelligent, sensible et captivant, y compris et peut-être surtout lorsque l'on n'éprouve pas de passion a priori pour la gymnastique féminine.
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Tout d'abord je tiens à remercier Babelio et les éditions Audiolib pour l'envoie de ce livre en version audio, grâce à la géniale opération de masse critique.

C'est une agréable découverte pour moi puisqu'il s'agit de mon tout premier livre audio.
Je me suis laissée portée par la voix de Chloé Lambert qui lit brillamment cette histoire. Elle utilise toujours les bonnes intonations et sait faire preuve de dynamisme en marquant certains passages avec des rythmes plus soutenus pendant sa lecture. Bref, très agréable à écouter.

J'ai été très touchée par cette histoire puisque c'est une fiction basée sur des faits réels. En effet, l'auteure s'inspire de Nadia Comaneci, la petite gymnaste à la destinée exceptionnelle qui avait gagné les J.O. de Montréal en 1976.
Lola Lafon, nous offre ce beau roman après un travail colossal de recherches sportives, de documentations chronologiques et politiques. C'est assez subtil de sa part puisqu'elle a tenue à garder les faits et les dates exactes, pour ensuite projeter le reste dans la fiction.
La structure du roman est très rythmée puisque l'auteure alterne entre la narration et des échanges entre l'auteure et une Nadia imaginée.

J'ai été assez bouleversée par cette histoire, même si ce n'est pas un portait à l'identique de la gymnaste, mais le fond reste réel. C'est "l'histoire d'un corps féminin" comme l'indique Lola Lafon. Comment ne pas être touchée par cette petite fille qui est jugée en permanence et à qui on trouve toujours quelque chose à reprocher? Au fur et à mesure de l'histoire, l'auteure décrit les transformations du corps de la jeune fille, sa puberté, les moments de difficultés pour s'en tenir à un régime alimentaire très strict pour rester aussi svelte que possible, et aussi plus tard des jugements sur sa sexualité. Difficile de voir une jeune fille acclamée par tous et pris en exemple par les plus jeunes, mais à qui on reproche de grandir et de devenir une femme.
On découvre l'envers du décor d'une Roumanie révoltée où l'endoctrinement fait rage. Mais également les durs entraînements de Béla toujours plus exigent et qui la fait travailler sans relâche.
Adulée par les médias du monde entier, on suit cette figure emblématique qu'est Nadia à travers ses déplacements, sous les subtiles descriptions de l'auteure sur son regard d'adolescente.

Dans cette version audio du roman, j'ai particulièrement aimé la dernière plage qui nous offre un entretien avec l'auteure à Paris au mois d'avril 2014, où elle nous explique notamment les motivations qui l'ont poussées à écrire cette histoire.
D'ailleurs la vraie Nadia avait répondu à ce propos "Je ne comprends pas ce qui a pu autant inspirer cette auteure, je n'ai fait que mon travail".

Une très belle découverte. Un texte percutant, intelligemment écrit et très bien raconté de manière extrêmement captivante.
Un grand bravo à l'auteure ainsi qu'à la lectrice pour cette belle version audio.
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Juillet 1976, une jeune Roumaine de 14 ans, Nadia Comaneci, réalise un exploit historique dans l'épreuve de gymnastique aux Jeux Olympiques de Montréal : médaille d'or aux barres asymétriques et à la poutre, médaille d'argent au classement par équipes et médaille de bronze aux exercices au sol.
Lola Lafon nous parle du parcours de cette immense athlète entre 1969 et 1990.

Elle n'a pas la prétention de faire une reconstitution historique, précisant dès son avant-propos : « Si les dates, les lieux et les événements ont été respectés, pour le reste, j'ai choisi de remplir les silences de l'histoire et ceux de l'héroïne »,

Elle imagine notamment un échange de correspondance ou de coups de téléphone entre elle avec Nadia Comaneci lors de l'écriture du livre, elle lui envoie des passages que Nadia approuve ou auxquels elle s'oppose violemment parfois.

Cette astuce de dialogue permet à l'autrice d'apporter de la nuance dans nos jugements sur la situation vécue alors à l'Est de l'Europe, car la fictive Nadia se s'oppose à certaines de nos jugements occidentaux, j'ai trouvé ces différents points de vue très intéressants, j'ai en effet retrouvé certaines de mes réflexions lors de mes nombreux séjours dans la Pologne communiste de l'époque - certes c'étaient des régimes détestables mais tout n'était pas à jeter…

Ces dialogues fictifs jettent d'autre part de l'ombre sur certains événements de la vie de Nadia Comaneci, qui détient la vérité ? Par exemple quel fut le lien de la gymnaste avec le fils Ceausescu, comment s'est déroulée sa fuite du pays ?

Lola Lafon se garde de prendre position.

Par contre, elle nous fait bien ressortir le regard des hommes sur le corps de Nadia Camaneci, on la détaille, elle est si petite, si pure, si gracieuse, elle a « un si petit pouce », puis peu d'années après, se muant en femme, on la dénigre : elle a pris du poids, son corps a dés formes. Un journal français ose même ce titre
« 18 ans. La petite fille s'est muée en femme et la magie est tombée. »
Malaise sur ces changements vécus intensément par l'athlète qui considère cette évolution comme sa « Maladie ».

J'ai aimé le portrait de Nadia, la fée des Carpates, la description des sacrifices que son entraîneur Bêla imposait à ses élèves, exercices incessants, régime alimentaire qui les affamait, prise de poids incessantes, ces filles devaient se comporter dans les épreuves comme des garçons. Nadia a répondu à ses attentes.

J'ai aimé le portrait de l'entraîneur Bêla qui, le premier, a cru que des petites filles pouvaient concurrencer les redoutables gymnastes russes, plus âgées, plus femmes, a ouvert une école réservée aux meilleures, aux plus volontaires, aux plus à même, rejetant celles qui « avaient peur de se décoiffer », il valorise la force, le courage et la rapidité, à l'opposé de ce qui se faisait alors, favoriser chez les filles la grâce et la tenue pour impressionner les juges. Il croit en Nadia, la suit, la façonne alors qu'il n'a aucune connaissance en gymnastique.

Je ne puis oublier de souligner l'image que Lola Lafon donne de la Roumanie à l'époque, de son régime communiste, du rôle de la redoutable Securitate et surtout du Camarade, le « plus aimé de Roumanie », le Conducator Ceausescu apprécié à l'Ouest pour son opposition à Moscou, et son épouse Elena.

le régime se servira d'elle comme étendard, lui décernant le titre d'Héroïne du travail socialiste, Nadia prononcera des discours célébrant Ceausescu, « Nous, toutes les filles de l'équipe, avons senti la chaleur de votre amour parental et nous vous en remercions de toute notre âme, Conducator aimé ».
Elle sera proche du régime avant que celui-ci commence à la surveiller car elle lui fait de l'ombre.

C'est une oeuvre de fiction, une oeuvre très documentée, elle se lit facilement, les premières pages m'ont paru assez éblouissantes, j'ai aimé !
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- Nadia, comprends-tu la déception de ceux qui voyaient en toi l'athlète parfaite, celle que l'on pouvait aimer sans restriction ?
- Peut-être parce que personne n'est parfait, même pas l'enfant que j'étais encore à quatorze ans.

C'est l'histoire de Nadia Comaneci, gymnaste exceptionnelle qui a obtenu la note maximum aux jeux olympiques de Montréal en 1976. Celle que tout un pays a adulée, celle qui a rapproché les deux blocs, mais aussi qui a profité d'un système (d'ailleurs pourquoi pas ?), celle dont on s'est servi pour promouvoir un pays. Et quand le monde entier ou presque lui en veut, ce n'est pas parce qu'elle perd, car elle continue à gagner, mais parce qu'elle a grandi et s'est transformée en adolescente avec des formes et des envies de jeune femme. Devenue encombrante pour tout le monde, aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest, elle connaît le parcours des idoles déchues.

Lola Lafon essaie de comprendre, à travers des échanges avec les proches de Nadia mais aussi avec Nadia elle-même, un mythe, celui d'une jeune fille capable d'accomplir avec son corps des figures impossibles. Aujourd'hui Nadia vit aux Etats-Unis, mais elle ne renie pas le passé : son enfance et de son adolescence dans un pays communiste. Elle voit les bons aspects de ce système qui lui a permis d'émerger : le travail, l'éducation, le logement pour tous, alors qu'aujourd'hui le système libéral lamine les plus faibles.

Dans cette biographie romancée où l'auteur et le sujet sont souvent en opposition, Nadia reprochant à Lola Lafon de citer des sources peu fiables et l'auteur doutant de la véracité des déclarations de l'ancienne championne, apparait le portrait d'un être hors norme qui a vécu dans un contexte historique révolu, celui de la guerre froide. Un sujet difficile dont Lola Lafon réussit à parler sans parti pris et avec intelligence.
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02.09.2015 : Mea culpa du coup de gueule ci-dessous (poussé.. avant d'avoir lu ce livre... Je sais c'est pas bien...)
Bon, finalement, après cet accès de mauvaise humeur et face aux très bonnes critiques de ceux qui, eux, avaient lu ce livre, je viens de le terminer et je ne peux que remercier ceux qui m'avaient conseillé de le faire. Roman-docu-bio, comment nommer cet excellent livre qui fouille au plus près et la vie de cette sportive et la société de consommation (des corps et des objets, corps-objets) et une page de l'histoire. Manipulée/manipulatrice ?, victime/complice ? consciente /inconsciente ?, Nadia Comaneci reste une énigme , un mystère. "Ne me cherchez pas, je suis nulle part", dit-elle...... Quel beau titre finalement que cette phrase !!!

LA MODE DES CELUI QUI !
Après le succès du Vieux Qui ...ne voulait pas fêter son anniversaire suivi de l'Analphabète Qui.... savait compter de J.Jonasson, voici la Petite communiste Qui..... ne souriait jamais de L. Lafon !!!
Bon ! il y a eu aussi le Fakir Qui... était coincé dans une armoire Ikea de R. Puétorfas ..... et le Sumo Qui .... ne pouvait pas grossir de EE Schmitt !
Copie, manque d'imagination , mode ?
Moi en tout cas, je pourrai copier/coller ce billet d'humeur des dizaines de fois .
Je signe la Fille Qui ....en a marre des titres des Celui Qui !
Le dernier paru (même si j'aime beaucoup David Safier qui m'avait fait rire avec Maudit karma : le fabuleux destin d'une vache qui ne voulait pas finir en steak haché ) grrrr (16.01.2014)


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Un roman biographique, celle de la jeune gymnaste qui a ébloui le monde aux Jeux olympiques de Montréal en 1976.

Étonnante, cette petite fille solitaire qui travaillait très fort et dont les performances sont venues modifier les règles de la gymnastique. Il a fallu ajouter la possibilité d'attribuer un 10 à une gymnaste et la discipline est devenue un sport d'enfants, de fillettes minuscules qui pouvaient passer entre les barres asymétriques. Il a même fallu ajuster la réglementation et fixer l'âge minimum à 16 ans pour éviter que des enfants de plus en plus jeunes soient soumis à l'entrainement professionnel d'athlètes olympiques.

Étonnante aussi est la férocité des journalistes qui la dénigrent parce que Nadia a grossi et qu'elle a pris des formes féminines. On avait encensé la grâce de la petite fille, on en pouvait accepter qu'elle grandisse. Elle a dix-huit ou 20 ans et on la traite de grosse matrone. On imagine mal de tels commentaires au sujet d'un homme (quoique peut-être sur Elvis à la fin de sa vie…)

C'est une histoire de grand succès, au prix d'une vie entièrement consacrée au sport. Mais c'est aussi un symbole politique, celui d'un petit pays satellite qui vient battre les championnes russes. Et ce pays, c'est la Roumanie de Ceaușescu, avec la pauvreté et les privations du peuple, avec des idées de grandeur et même une police de la reproduction pour obliger les femmes à avoir davantage d'enfants. Un régime qui dérape et qui s'effondrera comme le mur de Berlin, mais qui se conclura surtout avec l'exécution du tyran.

Une biographie intéressante, qui parle d'un moment du siècle, mais qui s'arrête en 1990. On ne saura pas ce qu'est devenue Nadia, aujourd'hui une femme dans la cinquantaine. On saura cependant que la Roumanie n'est pas devenue un paradis et avec tous les scandales qui ont entouré les sports olympiques, le public ne pourra probablement plus jamais ressentir la même ferveur naïve que devant les exploits de Nadia.
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Moments forts de la gymnaste dans le contexte roumain des années 70, très bien réécrits par Lola Lafon avec son regard anarchiste-féministe. (La puberté, cette injustice!)

Encore plus incroyable aurait été l'histoire de Bêla, le coach sans expérience mais génial, et qui, dans son bled perdu, a su repérer, construire le 'phénomène Nadia' et surtout réussir à l'imposer à la place de l'intouchable Dinamo de Bucarest.

J'ai eu plaisir à retrouver Nadia Comaneci la cinquantaine, sur youtube dans son gymnase de l'Oklahoma.
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