AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782283036600
128 pages
Buchet-Chastel (05/01/2023)
  Existe en édition audio
3.96/5   1138 notes
Résumé :
La cour est vide. La maison est fermée. Claire sait où est la clef, sous une ardoise, derrière l'érable, mais elle n'entre pas dans la maison. Elle n'y entrera plus. Elle serait venue même sous la pluie, même si l'après-midi avait été battue de vent froid et mouillé comme c'est parfois le cas aux approches de la Toussaint, mais elle a de la chance ; elle pense exactement ça, qu'elle a de la chance avec la lumière d'octobre, la cour de la maison, l'érable, la balanço... >Voir plus
Que lire après Les SourcesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (246) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 1138 notes
Les sources…polymorphes…Lorsqu'une union est à la fois source de vie et source de tragédie…lait et poison…eau chaude et eau glacée.


« Elle préfère le mot source au mot racine »…Oui, le titre du livre est bien trouvé, il y a sans doute dans le mot « source » une fluidité, un espoir de changement et de déviation, une promesse de vie, d'ondulation et d'irisation moins paralysantes et oppressantes, moins sombres, que le terme de racine qui maintient et rigidifie, sous terre…


La source…Source de vie, berceau de l'enfance, nouvelle racine qui permet à l'arbre familial d'avoir de nouvelles branches, terre natale là où tout commence pour les enfants et où éclosent les premiers souvenirs…Cette source, ondoyante, vivante, frétillante, celle-là même, ce premier lait, peut pour certains parents constituer le premier poison, la source ineffaçable du mal, du chagrin, de la douleur, là où tout se casse et se termine. Racines mortifères, asphyxiantes tenant à distance la joie et le printemps…
Comment est-il possible de vivre à la fois ce bonheur d'être parents et ce malheur de devenir moins que rien, juste un tas, un tas malaimé, humilié ? En donnant la vie avec quelqu'un de tyrannique et d'odieux qui transforme le bonheur primaire en drame viscéral. Qui rabaisse l'épouse la faisant passer du statut sublime de mère à celui pathétique de chose inutile, non aimable car laide et plus désirable du fait d'un corps déformé par trois césariennes successives, par les coups, par les mots aussi, surtout, qui font « autant de dégâts que les coups, peut-être même davantage parce qu'ils ne la lâchent pas et lui tombent dessus au moment où elle s'y attend le moins, quand elle pourrait être à peu près tranquille et penser à autre chose ». Un corps tel un morceau de viande. Une vache qui ne cesse de ruminer.

Telle est l'histoire de violence conjugale racontée avec pudeur par Marie-Hélène Lafon, une écriture au cordeau, précise et simple, allant à l'essentiel, sans circonvolutions ni fioritures, à l'image de sa terre natale du Cantal. Une écriture du terroir, âpre et fertile à la fois, sincère et dure, sans pathos ni grandiloquence.

Le premier chapitre s'ouvre en 1967 sur deux journées qui vont tout faire basculer. Nous sommes dans la tête d'une mère de trois enfants encore jeunes qui, tout en vaquant à ses occupations de femme au foyer - ménage, repas, bain des enfants, repassage – au sein de sa vaste ferme en pleine campagne ne cesse de penser à sa situation, à ses peurs permanentes, aux humiliations subies et ses quelques moments de respiration…lorsqu'il n'est pas là. Lui, son mari. Comment a-t-elle pu en arriver là, comment a-t-elle pu signer devant le maire puis devant le notaire, alors que des signes précurseurs auraient dû l'alerter, son propre père lui avait fait la remarque d'ailleurs, la veille de son mariage, certes elle allait vivre dans une belle ferme mais décidément il n'aimait pas la façon dont son futur mari portait le regard sur elle. Pourquoi n'a-t-elle pas écouté son instinct ? Comment peut-elle à présent accepter cela et tenir, sauver les apparences ?
Pourtant, malgré le milieu, malgré l'époque, malgré les rumeurs, malgré l'image de mollesse et d'incapable qu'elle finit par porter comme une seconde peau enveloppant son corps devenu gros à force d'y cacher ses craintes, elle va avoir le courage de dévier la source, de rompre les racines.

Le second chapitre se situe en 1974 et plonge cette fois dans les pensées du mari désormais seul dans la ferme. Ruminations paralysantes sur ses incompréhensions, sources d'insomnies, qui gonflent l'homme de violence larvée. La satisfaction d'avoir gagné du fait de cette notion qui jette l'opprobre sur son ex-femme : le fameux abandon du domicile conjugal. Même si il y les coups, c'est vrai, mais elle l'énervait tant, après tout, toujours à être molle et inerte, à ne rien savoir faire. Il aime les femmes à personnalité pas les chiffes molles. Oui, il a eu des faiblesses, il le reconnait, mais tant de travail, tant de fatigue…Ces pensées du père apporte beaucoup au récit et évite notamment tout pathos, tout manichéisme, même si d'excuse le lecteur ne lui en donnera pas.

Enfin, le livre se termine en 2021, par le retour à la ferme familiale de l'une des filles, Claire, désormais quinquagénaire, qui fait le tour de la bâtisse avant sa vente et dont les souvenirs affluent.

Un récit en trois actes à l'écriture tranchante qui sait brillamment instiller les pensées dans l'action, la suspendant quelques instants, les laissant venir pénétrer, perturber, tout envahir jusqu'à la pétrification. Soliloque incessant, vagues tempétueuses, entre et pendant les gestes, mécaniques. C'est un procédé que j'aime tout particulièrement, friande de ces soliloques comme le manie avec génie un auteur tel que Lobo Antunes (je sais, encore lui…).

« La corbeille à linge est presque pleine. Elle se tient dans l'allée du jardin et secoue la tête pour ne pas penser à ces six premiers mois de son mariage, de janvier à juin 1960, où elle habitait Soulages. Elle se souvient et ça cogne de tous les côtés. Elle a été enceinte tout de suite, Isabelle est née le 30 novembre 1960, onze mois jour pour jour après leur mariage. Les deux combinaisons, le chemisier, la jupe ; elle les dépose sur le dessus de la corbeille ; elle ne reconnait pas son corps que les trois enfants ont traversé ; elle ne sait pas ce qu'elle est devenue, elle est perdue dans les replis de son ventre couturé, haché par les cicatrices des trois césariennes. Ses bras, ses cuisses, ses mollets, et le reste. Saccagé ; son premier corps, le vrai, celui d'avant, est caché là-dedans, terré, tapi. Il dit, tu ressembles plus à rien. Il dit, tu pues, ça pue. Et il s'enfonce ».

Un roman court mais d'une puissance incroyable sur les violences conjugales, une lecture en apnée, témoin d'une époque où la résignation le disputait à la révolte et au changement, et pourtant, une violence, hélas, encore d'actualité.

Commenter  J’apprécie          16248
Ce court roman d'une petite centaine de pages plonge le lecteur dans le décor champêtre du Cantal, au début des années 60. C'est là, dans une belle ferme, moderne pour l'époque, que vivent une mère, son mari et leurs trois enfants. Au fil des pages, Marie-Hélène Lafon dresse le portrait d'une famille d'agriculteurs en trois actes, où chacun va recevoir la parole sur une période allant de 1963 à 2021.

Une chronique familiale narrée à trois voix qui débute pourtant dans le silence. Sieste du mari oblige, tout le monde se tient à carreaux, surtout la mère, qui profite de ce petit moment de répit, avant que reprennent les brimades et les coups. C'est elle qui reçoit en premier la parole, elle qui subit quotidiennement la violence du mari, elle qui s'est retrouvée piégée dès son premier jour de mariage.

Lors du second chapitre, plus court, Marie-Hélène Lafon nous plonge en 1974, au coeur des pensées de ce mari qui fait vivre sa ferme tout en détruisant sa famille. Un point de vue qui n'excusera rien, mais qui contribue également à dresser le portrait de cette France rurale de l'époque.

Le roman se termine en 2021, en compagnie de l'une des filles, devenue adulte, qui vient refermer les grilles de cette bâtisse que la fratrie s'apprête à vendre. Une dernière page qui se tourne sur tant de souvenirs et sur cette histoire familiale qu'il est grand temps de laisser derrière soi.

Derrière ce titre qui évoque les racines tout en y insufflant immédiatement une promesse de liberté, se dissimule le journal d'une femme battue, prisonnière d'un contexte social, menottée par l'orgueil et la nécessité de sauver les apparences. Un texte (trop) court, finement ciselé, qui dépeint avec grande justesse la dureté de ce monde agricole, ainsi que la condition féminine dans cette France rurale de l'époque.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
Commenter  J’apprécie          16910
Oeuvre après oeuvre, Marie-Hélène Lafon creuse son sillon et poursuit sa chronique d'une famille du Cantal, vallée de la Santoire. Avec un texte encore plus condensé et concis que les précédents, avec une économie de mots encore plus précise pour renforcer l'intensité d'une histoire au demeurant banale : une femme battue, humiliée, maltraitée par son mari, trois enfants encore jeunes, une décision à prendre, fuir le naufrage ou « tenir son rang ».

Trois voix, trois flux de conscience, trois temporalités, trois actes : 1967 la mère, 1974 le père, 2021 la fille du milieu en clausule.

Evidemment, la thématique des violences conjugales est un terrain périlleux qui peut sembler opportuniste en surfant sur la vague MeToo. Ce n'est absolument pas le cas tant on sent la sincérité de l'autrice. Jamais elle ne force les traits, jamais elle n'en fait des tonnes. Elle dissémine juste quelques informations parcellaires, restant sur le fil sans se vautrer dans l'exhibitionnisme pour dire le tragique que vit cette femme sans prénom, trop démolie pour en avoir un alors que tous les autres personnages en ont un, jusqu'aux animaux.

« Elle ne reconnait pas son corps que les trois enfants ont traversé ; elle ne sait pas ce qu'elle est devenue, elle est perdue dans les replis de son ventre couturé, haché par les cicatrices des trois césariennes. Ses bras, ses cuisses, ses mollets, et le reste. Saccagé ; son premier corps, le vrai, celui d'avant, est caché là-dedans, terré, tapi. Il dit, tu ressembles plus à rien. Il dit, tu pues, ça pue. Et il s'enfonce. »

Marie-Hélène Lafon est sans doute l'écrivain français actuel dont j'apprécie le plus l'écriture, sa précision grammaticale, l'exigence du vocabulaire, la justesse de sa ponctuation, le placement de ses verbes. Chaque mot est pesé, à sa place, forant progressivement à coup de roulis l'essence de ce qu'elle raconte. La fluidité de sa troisième personne du pluriel permet de s'adapter aux différents personnages tout en permettant une finesse d'analyse sans surplomb compassionnel de pitié. Ce livre est une aventure de la langue, une magnifique occasion de célébrer avec ferveur la langue française.

A la précision stylistique répond la précision temporelle. La mère parle depuis 1967, mai 68 et son vent de liberté ne sont pas encore advenus, encore moins dans les campagnes. Ses ruminations du premier acte forment un soliloque qui tranche avec le silence autour du drame qu'elle vit, son « orgueil » social qui la fait adhérer aux valeurs de son époque et être fière d'être propriétaire d'une ferme qui tourne au point de sa taire et subir. Lorsque le père a la parole, c'est en 1974, c'est le début du mandat de Valery Giscard d'Estaing qui voit en 1975 une loi instaurée le divorce avec consentement mutuel ( en plus de la loi Veil plus connue ). Il ne comprend rien à ce qu'il se joue et s'est joué dans son couple.

Quand le texte est si court, une centaine de pages petit format grosse police, la question se pose de savoir si l'auteur aurait pu aller plus loin et si cela aurait été mieux. Lorsque j'ai refermé le livre, j'étais un peu frustrée de la brièveté de la dernière partie centrée sur la fille, seulement quatre pages. J'avais envie d'en savoir plus, notamment sur le devenir de la mère.

J'ai lu une deuxième fois. Et non, finalement, il ne m'a pas manqué de pages. J'aime la douceur instantanée de ce dernier acte qui donne ampleur et perspective à la tension du premier et l'incompréhension du deuxième. J'aime les silences que Marie-Hélène Lafon ne cherche pas à combler, j'aime les béances du texte qui conservent ces mystères en remontant aux sources de Claire. A l'instar de cette surprenante citation en exergue ( Giono, Les Collines ) qui nous parle d'un sanglier qui « mord la source ».

Commenter  J’apprécie          13927
« …trois enfants, trois prénoms,trente-trois hectares, trente ans. »,
« Il dit , tu ressembles plus à rien. Il dit , tu pues, ça pue. Et il enfonce ».
«  Elle va avoir trente ans et sa vie est un saccage, elle le sait, elle est coincée , visée avec les trois enfants…. »,
Il , c'est l'animal, celui qui tourne autour d'elle et que malgré qu'il cogne et ses insultes, il faut qu'elle serve et laisse faire. Il , c'est le seul qui parle, le seul qui s'octroie le droit de parler et de la cogner. Elle, elle doit se taire par honte et convention sociale. Pourtant elle l'a su dès le début, quand il s'est déchaîné 15 jours après le mariage, elle s'est sauvée…elle n'aurait jamais dû revenir…..Nous sommes en 1967, dans un milieu rural, dans une ferme dans le Cantal, la région d'origine de l'écrivaine.Une de mes écrivaines françaises préférées , Lafon avec son dernier livre tape fort avec un sujet pourtant banal, la violence conjugale. Eh oui comme je me répète la forme est primordiale en littérature et le style de Lafon me plait à mourir. Avec une économie de mots tout est exprimé avec réflexions et émotions ou non émotions. En trois parties , cinq jours répartis sur trois années 1967, 1974, 2021, et trois narrateur en style indirecte, tout est dit en cent vingt pages. Aucune tendresse, amour encore moins, l'âpreté d'une liaison conjugale , d'une famille, des hommes, un frisson nous traverse tout le long de la lecture. On y entrevoie après mai 68, l'évolution de la femme au sein de la société et le triste compte rendu du déclin de l'activité agricole, qui signera aussi la fin d'une ère et d'un monde paysan attaché à sa terre qui disparaîtra à jamais . Quand à la source, les sources, l'oublie-t-on ? Les oublie-t-on ? C'est la dernière partie. J'aime beaucoup le style et les livres de Lafon, elle est vraiment unique avec ses sujets et ses personnages.
Commenter  J’apprécie          13120
Avec Les Sources, je retrouve Marie-Hélène Lafon dont je n'ai pas lu tous les livres… loin de là ! Pourtant, Les Pays, Joseph, Nos vies et Histoire du Fils, ces quatre romans parfaitement ciselés m'avaient convaincu du talent de cette autrice que j'avais eu la chance de rencontrer aux Correspondances de Manosque, en 2017, grâce à Dominique Sudre et à Lecteurs.com.
Avec Les Sources, me revoici plongé dans la vie quotidienne d'une ferme du Cantal, près de cette fameuse rivière, la Santoire, près de laquelle Marie-Hélène Lafon a grandi.
Dans cette ferme de trente-trois hectares pour vingt-sept vaches avec un tracteur, plus un vacher, un commis, une bonne et une voiture, vit un couple et ses trois enfants : Isabelle (7 ans), Claire (6 ans) et Gilles (4 ans). Les parents se sont mariés le 30 décembre 1959. Cela fait donc huit ans mais seulement quatre dans cette ferme achetée un peu loin de leur lieu d'origine. Elle est située à 1000 mètres d'altitude et le lait produit par les vaches permet de fabriquer un excellent Saint-Nectaire, un fromage qu' « elle » n'aime pas.
Tout pourrait aller bien mais je sens assez vite un malaise. Celle que l'autrice appelle le plus souvent « Elle », n'est pas vraiment à l'aise. Si elle se félicite d'avoir le permis de conduire, je ressens qu'elle peine à suivre le rythme de cette ferme du bout du monde, située à 90 km de leur lieu d'origine, près d'Aurillac, à une heure et demie de voiture.
Après trois grossesses très rapprochées, elle a dû se faire ligaturer les trompes mais elle prend du poids, se trouve trop grosse. de plus, elle se sent dépassée par le travail et redoute son mari qui impose sa violence.
La lecture est fluide avec des réflexions, des remarques, des pensées glissées au travers du déroulé d'une journée. Avec ça, il faut connaître un peu cet homme qui a passé vingt-sept mois au Maroc pour son service militaire. À Casablanca, il était jardinier d'un colonel, son chauffeur occasionnel aussi et elle sait qu'il avait, là-bas, une femme.
Le dimanche 19 mai 1974, la famille se rend chez parents et beaux-parents. Elle a un bleu au mollet plus d'autres blessures cachées par ses vêtements. Il a commencé à la battre quinze jours après leur mariage. Elle s'est enfuie mais est revenue. Pourtant, ce dimanche d'élection présidentielle, elle prend une grande décision !
Ensuite, Marie-Hélène Lafon laisse s'exprimer le mari qui donne son point de vue et détaille surtout les années qui ont suivi sans oublier de se plaindre de cette femme, « un boulet », qui a eu le courage de le quitter.
Marie-Hélène Lafon maîtrise parfaitement son récit, ne noie pas son lecteur sous des détails, détails que j'aurais bien aimé connaître. Elle laisse des zones d'ombre, s'attache au devenir des trois enfants, à leurs études, à ce qui va advenir de la ferme. le mari déplore de ne pas voir un de ses enfants prendre la suite comme cela est de plus en plus fréquent dans le monde rural.
Les Sources, ces sources où Claire (59 ans) aime revenir, près de cette Santoire récurrente dans l'oeuvre de Marie-Hélène Lafon ; ces sources sont importantes bien qu'elle n'y ait vécu que cinq ans et demi. Les violences conjugales qui ont brisé cette famille sont bien présentes, sont bien réelles mais l'autrice, sans développer davantage, en dit suffisamment pour que chacun prenne conscience de leur gravité et de la lutte qu'il faut mener pour qu'elles cessent définitivement.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1292


critiques presse (11)
Culturebox
02 janvier 2024
Un grand roman percutant sur la condition féminine.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
07 mars 2023
Avec ce dernier roman, Marie-Hélène Lafon plonge aux sources de son œuvre à travers l'histoire intime d'une famille.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeDevoir
07 mars 2023
À trente ans, elle est mariée depuis huit ans avec lui. Ils ont trois enfants — trois césariennes —, une grande maison, une ferme laitière de trente-trois hectares dans la vallée de la Santoire où ils font du saint-nectaire. Ils auraient pu être...
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Culturebox
10 février 2023
Le dernier roman de Marie-Hélène Lafon plonge aux sources de son œuvre à travers l'histoire intime d'une famille installée dans une ferme isolée du Cantal, sous le joug d'un mari et père violent.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaLibreBelgique
06 février 2023
Une remarquable observation des humiliations d’une femme piégée par un mari violent.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
MadmoizellePresse
03 février 2023
Avec Les Sources, Marie-Hélène Lafon signe une sublime et subtile chronique familiale, courant de 1963 à 2021. Un récit implanté dans le Cantal – théâtre de nombreux romans de l’écrivaine qui y est elle-même née – et raconté à trois voix qui se succèdent pour dessiner l’histoire d’une famille d’agriculteurs marquée par la violence du père.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
LeSoir
31 janvier 2023
Dans ce roman, Marie-Hélène Lafon équilibre les chances entre le père, la mère et les enfants.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LesEchos
19 janvier 2023
Dans un bref récit d'une intensité folle, Marie-Hélène Lafon raconte la vie quotidienne d'une femme victime des violences conjugales comme des représentations sociales dans la France rurale des années 1960.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeMonde
16 janvier 2023
Toute l’œuvre de l’écrivaine est enracinée dans le substrat des monts du Cantal. D’un livre au suivant s’y déploie, sans ordre, la chronique d’une famille, ses vivants et ses morts. Ses silences et sa violence, aussi, comme dans « Les Sources ».
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
09 janvier 2023
"Les Sources" de Marie-Hélène Lafon, un récit dense et étouffant sur la vie d'une femme et sur la violence de son mari, dans une ferme des années 60, isolée de tous, dans la vallée de la Santoire.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
06 janvier 2023
Un jeune couple, trois enfants, une belle ferme, mais quelque chose ne tourne pas rond.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (115) Voir plus Ajouter une citation
Elle tourne et retourne les mots qui font autant de dégâts que les coups, peut-être même davantage parce qu’ils ne la lâchent pas et lui tombent dessus au moment où elle s’y attend le moins.
Commenter  J’apprécie          170
La source serait là, une source. Elle préfère le mot source au mot racine. Elle a beaucoup retourné ces questions quand elle avait trente ou quarante ans. Elle sait que sa sœur et son frère s'arrangent aussi comme ils le peuvent avec cette maison des petites années, la cour et l'érable, Fridières et le reste. Elle les retrouvera dans une heure, avec les nouveaux propriétaires, chez le notaire de Murat pour signer la vente de la maison. Elle pense que c'est le dernier acte et s'en voudrait presque de ne pas pouvoir remplacer ce terme un peu grandiloquent, qui lui tombe dessus dans la cour vide, par un autre, plus neutre, plus dégagé ; la dernière étape, la dernière démarche, la dernière formalité. Ils liquident, ils liquident l'héritage, ils ont été les trois héritiers du père. Claire respire l'odeur tiède et sucrées des feuilles alanguies. Alangui est ridicule, elle le sait, mais elle laisse ce mot monter et la déborder. Personne n'a jamais vraiment été alangui dans cette cour, en tout cas personne qu'elle connaisse. Elle se prend à espérer que quelqu'un l'ait été avant eux et à souhaiter que quelqu'un puisse l'être après eux, les cinq, vissés là pendant une poignée d'années, et le père ensuite, fort peu alangui et seul en son fief, quasiment jusqu'à la mort.
Commenter  J’apprécie          202
Il se souvient qu’il avait été vexé de ne pas l’avoir senti, qu’elle pourrait partir comme ça, avec les trois gosses, sans affaires, sans rien, alors qu’il croyait la tenir, surtout par l’orgueil ; elle aimait faire la patronne, et se promener en voiture dans le bourg pour aller à la messe ou aux courses avec les gamins bien habillés. Il ne la pensait pas capable d’un coup pareil, elle avait de la gueule, elle était bonne pour bramer et se plaindre toute la journée, mais décider, partir et ne pas remonter, non, il n’y croyait pas, surtout quand on avait commencé à parler d’argent avec les avocats.
Commenter  J’apprécie          370
La cour est vide ; à cette heure les poules sont dans le pré, derrière la maison, et les chiens sont descendus à l’étable avec lui ; ils le suivent quand il se lève de sa sieste, ils lui obéissent, ils filent. Quand elle voit revenir les chiens, qui restent dans la cour et n’entrent pas dans la maison, quand les chiens passent devant le portail du jardin où se couchent derrière l’érable, elle sait qu’il n’est pas loin.
(pages 23-24)
Commenter  J’apprécie          480
Fabrique de pauvre type ; il a déjà gueulé ça plusieurs fois ; au début elle n'a pas compris, et ensuite elle a pensé aux paroles de sa belle-mère. Elle ne sait pas comment on peut inventer, et dire, et vomir des choses pareilles, aussi sauvages, aussi dures. Fabrique de pauvre type, pauvre type, un enfant de quatre ans, son propre fils ; elle tourne et retourne les mots qui font autant de dégâts que les coups, peut-être même davantage parce qu'ils ne la lâchent pas ils lui tombent dessus au moment où elle s'y attend le moins, quand elle pourrait être à peu près tranquille et penser à autre chose, pendant la messe par exemple ou quand elle fait les courses à l'épicerie. (p.69-70)
Commenter  J’apprécie          300

Videos de Marie-Hélène Lafon (65) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie-Hélène Lafon
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque samedi à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • Mémoires de Raymond Aron, Nicolas Baverez aux éditions Bouquins 9782221114025 • Patience dans l'azur : L'évolution cosmique de Hubert Reeves aux éditions Points 9782757841105 • Poussières d'étoiles de Hubert Reeves aux éditions Points https://www.lagriffenoire.com/poussieres-d-etoiles-reedition.html • Car un jour de vengeance de Alexandra Julhiet aux éditions Calmann-Lévy https://www.lagriffenoire.com/car-un-jour-de-vengeance-1.html • Une Fille de Province de Johanne Rigoulot aux éditions Les Avrils https://www.lagriffenoire.com/une-fille-de-province.html • Nous traverserons des orages de Anne-Laure Bondoux et Coline Peyrony aux éditions Gallimard Jeunesse https://www.lagriffenoire.com/nous-traverserons-des-orages.html • La Vie selon Chaval - Dessins choisis et présentés par Philippe Geluck de Chaval et Philippe Geluck aux éditions du Cherche Midi https://www.lagriffenoire.com/la-vie-selon-chaval.html • Les Gardiens du phare de Emma Stonex aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/les-gardiens-du-phare-1.html • Autobiographie d'une Courgette de Gilles Paris, Marie-Luce Raillard aux éditions Flammarion https://www.lagriffenoire.com/autobiographie-d-une-courgette-2.html • Les 7 vies de Mlle Belle Kaplan de Gilles Paris aux éditions Plon https://www.lagriffenoire.com/les-7-vies-de-mlle-belle-kaplan.html • La boîte à Berk de Julien Béziat aux éditions École des Loisirs https://www.lagriffenoire.com/la-boite-a-berk.html • Les crayons fêtent Halloween de Drew Daywalt, Oliver Jeffers aux éditions Kaléidoscope https://www.lagriffenoire.com/les-crayons-fetent-halloween.html • Gare aux fantômes, Palomino de Michaël Escoffier et Matthieu Maudet aux éditions École des Loisirs https://www.lagriffenoire.com/gare-aux-fantomes-palomino.html • À pied d'oeuvre de Franck Courtès aux éditions Gallimard https://www.lagriffenoire.com/a-pied-d-oeuvre.html • Harry Potter - le Guide Ultime de Collectif, Jean-François Ménard aux éditions Gallimard Jeunesse https://www.lagriffenoire.com/harry-potter-le-gu
+ Lire la suite
autres livres classés : violences conjugalesVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (2151) Voir plus



Quiz Voir plus

Les sources (Marie-hélène Lafon)

De combien de parties se compose le roman ?

1
2
3
4

11 questions
36 lecteurs ont répondu
Thème : Les Sources de Créer un quiz sur ce livre

{* *} .._..