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EAN : 9782283019658
148 pages
Buchet-Chastel (04/02/2005)
3.62/5   70 notes
Résumé :
"Il ne s'est pas allongé, il a posé son doigt tendu sur la peau nue entre le tissu rouge et le pantalon, et il a suivi la ligne, de chaque côté du nombril, le corps de Maria a bougé, elle a ouvert les bras, il a senti son odeur, il ne s'est pas penché, il l'a regardée, elle a fermé les yeux un moment, ses cheveux brillaient sur le bleu de l'écharpe, il a attendu et il a posé sa main droite sous le nombril de Maria, toute sa main longue, et il a appuyé un peu".
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Mo pour ne pas dire Mohamed, car c'était le prénom du fils aîné, celui qui est mort trop jeune, et dont Mo a récupéré le prénom pour l'état civil, en espérant qu'il pourrait réaliser les promesses de ce frère trop tôt disparu. Or il n'en est rien, Mo à 33 ans vit avec sa mère, dont il s'occupe, et travaille dans une grande surface, un petit emploi subalterne. En apparence, il laisse sa mère lui dicter sa façon de vivre, mais il arrive à se ménager de petits espaces de liberté, dont elle ne sait rien. C'est un rêveur, qui à la fois imagine et invente, et aussi convoque les souvenirs.

Un jour il remarque dans la boulangerie du centre commercial où il travaille, une nouvelle vendeuse, Maria. Il a une sorte de coup de foudre, et Maria s'intéresse aussi à lui très rapidement. Une nouvelle vie semble possible.

Marie-Hélène Lafon s'aventure dans un univers différent, nous ne sommes plus dans le monde paysan, mais dans la vie de petites gens des périphéries urbaines. Mais les êtres humains sont les mêmes partout, et Mo ressemble étrangement aux portraits de personnages ruraux de l'auteur. Comme eux, il ne sembla pas avoir beaucoup le choix, il subit plus qu'il ne maîtrise son destin, le destin familial et social est finalement aussi inéluctable que le mode de vie paysan réglé par les lois de la nature. le monde dans lequel vit Mo n'est pas plus vaste que celui du village ; ici c'est la cité, le trajet jusqu'au centre commercial où il travaille, parfois quelques escapades un peu plus loin, mais pas très souvent, et pas très loin.

Marie-Hélène Lafont donne à Mo les mots qu'il n'a pas, nous laisse deviner les sentiments qu'il n'arrive pas à dire, à sortir de lui, et qui petit à petit l'étouffent. Les souffrances jamais exprimées, les frustrations qui grossissent. Et qui finiront par provoquer une explosion, d'autant plus définitive que rien n'a pas être évacué avant qu'elle ne survienne.

Un très beau portrait, un très beau livre, triste et poignant.
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Mohammed, dit Mo, a 33 ans.
Il vit avec sa mère diminuée et travaille dans un centre commercial.
On croit comprendre que Mo n'est pas tout à fait comme les autres.
Peut-être légèrement autiste.
En effet il aime les choses réglées, les habitudes.
Quelle est la part de ce qu'il rêve et de ce qu'il vit ?
Ses aventures avec des femmes sont-elles réelles ?
Très très énigmatiques ce Mo.
L'écriture est monocorde, tellement parfois que la compréhension en est amoindrie, mais c'est sa force en même temps.
On ressent en malaise en lisant l'histoire de Mo.
Est-ce son malaise à lui ou le fait de ne pas savoir où l'auteure veut nous mener.
Comme dans beaucoup de romans de Marie-Hélène Lafon, il est souvent question de solitude du personnage.
Que ce soit dans le milieu paysan qu'elle affectionne ou dans un milieu citadin comme c'est le cas ici.
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Changement de décor !
Marie Hélène Lafon
nous invite dans l'appartement HLM
d'Avignon où vivent Mo et sa mère
Avant le "pauvre Mo" , il y a eu Mohamed,
mort à 13 ans, inégalable, irremplaçable.
Mo, 33 ans veille sur sa mère qui vieillit,
le rudoie, l'espionne, pour se sentir encore là.
Lui, travaille au "centre",
où on ne se moque pas de lui.
Centre commercial, centre de son monde.
Il est gentil, mais lent et vite perdu.
Les femmes se confient à lui,
il oublie leurs secrets mais, pas leurs peaux.
C'est un portrait inoubliable
que nous livre M.H.Lafon
dans ce très court texte
où les mots coulent d'une source naturelle.



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Marie-Hélène Lafon utilise un style simple à l'image de son personnage "Mo" et c'est tout à fait judicieux puisqu'on adopte sa façon de penser. J'ai beaucoup aimé son économie de mots et son sens de la vie au quotidien. Malheureusement, la dernière phrase m'a profondément déçue, j'en ai lâché mon livre avec un "non !".

"Mo" est un trentenaire né dans une famille d'émigrés qui vit dans une cité de la banlieue De Marseille avec sa mère âgée dont il prend soin. Petit dernier d'une fratrie de cinq garçons il ne veut pas porter le prénom de Mohammed celui du frère aîné, le préféré, mort adolescent. Lui c'est "Mo". Il sait lire et écrire mais n'est pas resté longtemps à l'école, un peu simplet, il est gentil et aime son travail au centre commercial où il fait de la manutention. Il reste distant quand on se moque de lui et a des aventures occasionnelles avec des femmes souvent mariées, plus âgées que lui.
Mais celle qui le fait vibrer c'est Maria qu'il aime regarder dans sa blouse sans manche. Elle est vendeuse à la Ronde des pains et il en rêve toutes les nuits jusqu'au jour où ils prennent un café ensemble. L'homme solitaire va enfin vivre une histoire d'amour qui va lui faire oublier les colères de sa mère et les soucis familiaux.

C'est une histoire qui m'a touchée même si vous avez compris que je n'ai pas aimé la fin. Il y a aussi les chapitres nommés Stations, mais je me suis demandé pourquoi parce qu'il n'y a pas de voyage, on reste dans un milieu fermé voire étriqué, celui de la vie de "Mo".


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N°671– Août 2013.
MO – Marie-Hélène Lafon – Éditions Buchet Chastel.

Mo, c'est le prénom simplifié de ce dernier fils qui s'occupe de « la mère »[elle sera nommée comme cela durant tout le roman comme on parlera « du père » décédé quelques année auparavant]. C'est une abréviation parce qu'un autre fils Mohamed (en entier) est mort à l'âge de 13 ans, renversé par une voiture, mais Mo n'est pas là pour le remplacer. Pourtant il s'occupe seul de sa mère tyrannique, abusive et jalouse qui demeure toute la journée dans l'appartement parce qu'elle a des difficultés pour se déplacer. Il le fait de son mieux, faisant le ménage, en observant un certain rituel de chaque jour [« Le jeudi était le jour des pieds »] parce que c'est un bon fils, soigneux et attentif mais surtout parce que les autres enfants sont partis de la maison et lui ont laissé ce soin. Sa mère ne l'aime guère et ses autres frères profitent un peu de l'argent que Mo rapporte à sa mère, mais finalement tout cela lui est bien égal. Il travaille dans un centre commercial et on le cantonne à une tâche subalterne parce qu'il ne peut pas faire autre chose. Cela l'occupe et il a l'impression de servir à quelque chose. Il vit un peu dans son monde, avec ce travail sans intérêt, cette mère à demi impotente, cet appartement où il s'ennuie. Il voit quand même qu'autour de lui il y la violence, le mensonge, la trahison, la famille qui se délite surtout depuis la mort du père. Il a conscience de cela mais n'y peut rien et vit au jour le jour sans trop se poser de question en écoutant Ali, dit Jo, le vigile, lui parler de Dieu, mais de celui des Chrétiens. de là où il est, il voit Maria, une Portugaise plus jeune que lui qui est vendeuse dans une boulangerie. C'est une fille sérieuse, travailleuse, propre, appliquée et surtout célibataire. Elle est donc l'objet de tous ces fantasmes. C'est que Mo n'en est pas à son coup d'essai avec les femmes de la cité où il habitent. Elles l'aiment bien dans le quartier il a même des aventures avec certaines d'entre elles. Dès l'école où il ne fit pas vraiment des étincelles, il avait déjà du succès. En réalité, il est un peu mythomane, est sensible à la beauté du corps féminin, sans doute comme chacun d'entre nous. En réalité, à la trentaine, il est un véritable séducteur mais quand il rencontre Maria, il n'y a plus qu'elle qui compte à ses yeux. C'est une jeune fille indépendante qui vit sa vie sans entrave, aussi libre qu'il est naïf .

Il la séduit, quitte de plus en plus souvent l'appartement au grand dam de sa mère et de ses frères, finit par vouloir se construire quelque chose avec elle. Ils ont leur vie, leur jardin secret, leurs projets. le lecteur imagine une fin heureuse, mais c'est oublier le titre et la division en quatorze stations comme le Chemin de Croix du Christ. Comme pour lui cela doit mal se terminer. Maria en eut-elle assez de Mo, a-elle choisi de lui faire de la peine en dénonçant ses fautes d'orthographe, elle qui écrivait sans en faire ? A-t-elle prononcé ces quelques mots anodins sans y penser, à cause de la fatigue ou simplement pour le taquiner ? Mo a perdu la tête, a changé de peau, est devenu un autre, abandonnant soudain ce qu'il était, tout ce à quoi il était attaché, et en premier lieu à Maria qui a peut-être fait une simple gaffe innocente en mentionnant les difficultés de son ami en français ? A travers les psalmodies du numéro de téléphone de son frère à qui il pense soudain ou la récitation quasi mécanique des ex-voto qu'il a sous les yeux, Mo pénètre dans un univers peut-être inconnu ou enfoui depuis longtemps en lui et qui va favoriser sinon provoquer son geste fatal, signature d'un retard mental ou d'une obscure maladie psychiatrique que la jeune fille n'a sans doute pas pu déceler, ou une de ces actions qu'on regrette après qu'elle sont perpétrées, une pulsion soudaine, imprévisible et inexplicable. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie de prolonger l'histoire, j'imagine Mo devant la Cour d'Assises, prostré dans le box des accusés, n'osant pas regarder la famille de Maria, incapable d'expliquer son geste qui a brutalement interrompu la vie de cette jeune fille qui ne demandait qu'à vivre !

J'avoue que ce roman m'a étonné. L'écriture tout d'abord est hachée, monocorde, minimaliste, peu facile à lire, simplifiée à l'extrême sans recherche, sans beaucoup d'images. C'est un parti-pris que je respecte même si je le goûte peu. Ce roman met en scène un jeune homme d'origine maghrébine apparemment mécréant mais qu'on s'attendrait, pourquoi pas, à voir se rapprocher d'une mosquée. Au contraire, il multiplie les références catholiques jusque dans son quotidien. Quand il voit Maria servir les clients à la boulangerie, elle lui rappelle une scène de l'Évangile. Son prénom lui-même n'est pas sans rappeler celui de la mère du Christ et Mo, qui a 33 ans comme Jésus à l'âge de sa mort écoute avec admiration Ali qui a choisi Jo, comme Joseph, évoquer pour lui le Dieu des Chrétiens, la passion du Christ, sa résurrection. Mo la met en balance avec la mort d'un de ses frères. La construction du roman lui-même est divisé en quatorze stations comme une Passion christique et c'est en quelque sorte sous l'égide de Notre Dame de la Garde qu'il met un terme définitif à sa liaison amoureuse, d'ailleurs sans beaucoup d'explications. Je choisis d'y voir la marque d'un trouble mental qui habite probablement Mo depuis le début de sa vie et qui éclate ici, un choix surréaliste qu'il fait : la mort plutôt que le bonheur !

Je ne connaissais pas Marie-Hélène Lafon. Je pense que je vais quand même poursuivre la lecture de ses oeuvres.


Hervé GAUTIER - Août 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com

















































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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Maria disait que les mères voulaient faire pitié aux enfants pour les garder avec elles, elles n'avaient pas le droit, les enfants n'avaient rien demandé aux mères, eux.
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Mo avait claqué la porte, il était sorti, il avait marché longtemps dans la cité. Il ne raconterait plus rien à sa mère, elle avait trop de jalousie.
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Les enfants de Mounir n’ont pas aimé la galette que Mo avait achetée au centre. Ils ont poussé leurs assiettes sur le côté. Ils ont voulu un autre dessert, la mère a donné des glaces. Mo a écouté la mère et Mounir qui parlaient en arabe. La mère disait que Mo voyait certainement une femme ; et pas une vieille, ni une femme mariée ; parce que plusieurs fois dans la semaine il avait dormi ailleurs ; elle aurait pu avoir un malaise et mourir seule personne ne serait venu elle n’avait pas confiance. Ses mains étaient posées sur la table et ses doigts bougeaient dans le nœud serré qu’elles faisaient. Mounir a regardé Mo une fois avec le rire dans les yeux, ils ont attendu que la mère se taise, elle a parlé un peu de l’Algérie et elle s’est endormie dans le bruit de la télé. Ils sont allés à la cuisine. Mounir a fermé la porte du couloir où étaient les enfants qui criaient fort.
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Il disait à Mo je te boxe, je te boxe, je t'écrase, je te meurs, ça va fillette ça va, rentre chez ta mère, vous habitez chez vos parents, laissez venir à moi les petits enfants, heureux les simples d'esprit le royaume de Dieu est à eux, allez en paix mon fils, vous avez du feu, va mourir Mo va mourir, et d'autres phrases qui les faisaient rire les deux dans la grande allée du centre. Mo ne savait pas pourquoi il riait.
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Elle n'allait qu'avec des Noirs et des Arabes, quand son père l'avait su il ne lui avait plus parlé, elle avait dix-huit ans, elle était majeure, elle gagnait son argent, la mère avait pleuré. C'était trop usé la vie dans les familles. Maria aimait le neuf, elle changeait les choses, elle jetait ce qui était vieux.
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Vidéo de Marie-Hélène Lafon
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