Elle observe, commente, brode sur d'autres vies que la sienne. Sur la caissière du Franprix où elle a ses habitudes, sur les autres clients, sur le métro et ses voyageurs.
Rien n'échappe à celle qui raconte, invente ce qu'elle ne peut savoir. Mais ne cherchez pas de caractères remarquables ou particuliers chez ceux qu'elle observe. Sauf peut-être qu'elle leur donne le statut d'étrangers, et les pense dans une grande solitude puisque vivant dans une grande ville ; sans doute parce qu'elle, qui s'appelle Jeanne — un prénom de vieille pense-t-elle — vient de la campagne. On le sait car Jeanne livre aussi son histoire, pas inventée celle-là.
Qui s'intéresse à la vie d'une caissière de supermarché, d'un voyageur dans le métro, ou à celle qui les épie pour bâtir leur histoire ? Mais nous bien sûr, quand c'est Marie-Hélène Lafon qui raconte. Parce que son écriture belle, comme scandée, donne du relief à un sujet qu'on pourrait trouver anodin. Mais pas seulement. À travers ces existences (sûrement très éloignées des nôtres), à bien y regarder, elle parle de nous, de nos vies, de nos joies et nos peines, de l'héroïsme du quotidien qui est celui de vivre.
Commenter  J’apprécie         714