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EAN : 9782330032760
432 pages
Actes Sud (07/05/2014)
3.83/5   141 notes
Résumé :
Emile est morte, Emile est en train de mourir, son corps à 33°, victime de mort subite, dans un café elle est tombée. La narratrice, une danseuse qui ne danse plus, raconte son amie, sa presque soeur dont le coeur s'est arrêté. Liées toutes les deux par une expérience muette, un viol qu'elles ont subi , et une passion silencieuse, la danse classique, voilà deux ans qu'elles vivent au ralenti, endormies de peine et d'impuissance dans un pays grignoté de violence répr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ce récit une fois de plus poignant et sensible, Lola Lafon décrit au moyen d'une plume singulière des sentiments et interrogations qui confinent à la fois à l'universel et à nos quotidiens particuliers. C'est un véritable manifeste qui appelle à la révolte politique, la lutte contre le patriarcat et la résistance poétique sur fond de lucidité, d'amour et de sororité. Un roman de rage, riche et instructif !
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Je n'avais jamais lu Lola LAfon, avais été tentée par la petite communiste puis non, l'occasion ne s'étant pas présentée. C'est ce livre qui m'est venu, de par sa couverture que je trouve touchante et son titre, le tout m'a interpellé. Que pouvait bien cacher ce roman ? Je me doutais bien qu'il était un peu en marge.
Ce fut une lecture étrange, comme un feu d'artifice aux mille couleurs, aux éclats surprenants, des chorégraphies sublimes, redoutant malgré tout le bouquet final.
Trois personnages marqués, blessés, qui portent leur souffrance, leur fardeau, partagent, tentent, aident, s'allègent, se réfugient, mais tous ces verbes ne s'enfilent pas comme des perles. Ça donne un ensemble orignal et à la fois étrange, tout ce mélange de sujets qui s'effleurent sans vraiment se confondre, c'est bien mené, troublant mais captivant, émouvant aussi.
Une très belle découverte
On ne peut pas en dire trop, sans compromettre la délicatesse du sujet, et laisser pénétrer le futur lecteur sans balises, qu'il prenne plaisir à mettre ses propres marques. L'inconnu est plus propice à ce genre de roman.
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Je vais faire court, attendu qu'il s'agit d'un rendez-vous manqué.
C'est exactement le genre de livre qui m'aurait donné des ailes, si je l'avais lu à 20 ans. Ce mélange de poésie, de délicatesse, de révolte et de politique m'aurait em-bal-lée ; j'en aurais fait mon livre de chevet, et aurais annoté chaque page.
Mais voilà, je n'ai plus 20 ans, et cette histoire de filles ("fifilles", comme s'appellent deux d'entre elles) révoltées contre la société, m'a plutôt lassée.
Toutefois, j'ai apprécié le côté "prémonitoire" de ce roman, publié en 2011, qui annonce déjà #Metoo et les Indignés, même si les multiples attaques anti-Sarko (qui n'est jamais nommé, et pour lequel je n'ai toujours aucune sympathie) m'ont agacée (ce que c'est, que de vieillir...).
J'avais adoré "la petite communiste qui ne souriait jamais", et je suis donc déçue par ce roman. Mais il ne m'empêchera pas de poursuivre ma découverte de l'oeuvre de Lola Lafon, dont le style et la profondeur méritent vraiment le détour.
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« Ceci est le journal de ta mort subite. » (p. 11) Emile, la meilleure amie, la presque soeur, de la narratrice s'effondre dans un café. Reliée à des machines, le corps à 33°, Emile est morte. Son coeur s'est arrêté. Une autre machine la ramène, le coeur d'Emile repart. « Quand j'ai commencé à prendre des notes, il me semblait que tant que je t'écrivais tu ne mourrais pas. » (p. 125) Pendant les quelques jours où Emile n'est pas, la narratrice écrit leur histoire, leur amitié fondée sur le viol, leur passion commune pour la danse ique. Et lentement, la narratrice dévoile ses peurs, raconte la danseuse qu'elle n'est plus, la victime qu'on refuse de défendre. Après tout, elle n'est qu'une « petite Roumaine pâle aux vêtements soigneusement choisis le matin pour « faire sérieuse », assise droite sur la chaine d'une institution du pays des droits de l'homme. » (p. 306)

Un soir, la narratrice rencontre la Petite Fille au Bout du Chemin. Qui est-elle, celle-là qui lit et relit une notice de médicaments, qui écrit et recopie des pages entières ? N'est-elle que la copie d'un vieux film ? Non, elle est un des oiseaux de la tempête qui s'annonce. La Petite Fille au Bout du Chemin donne un nom à la danseuse brisée qui devient Voltairine. Ensemble, elles s'engagent sur la voie du Non : non à l'injustice, non au silence complaisant. La Petite Fille lance des questions au monde comme autant de passerelles entre les êtres. Ses banderoles et ses tags sont des devoirs de mémoire et des appels à la contestation.

Le récit s'inscrit dans un paysage où flotte le spectre d'une Élection passée. Est-ce un monde légèrement futuriste ou la mise en scène de ce qui aurait pu être après un certain scrutin ? La répression, le racisme, les violences policières, tout cela nous est connu, mais on ressent un léger décalage, une terreur insidieuse se glisse en toute chose. L'Élection fait référence à une pratique démocratique, mais tout pointe un état policier, un glissement vers la dictature. « Depuis l'Élection, tu peux bien chercher, l'évasion cérébrale, même momentanée, est impossible ! Enfin, c'est plutôt qu'elle nous est vendue comme impensable et dépassée, oui, comme un truc d'un autre siècle de se bagarrer. » (p. 172) Maintenant, il faut rester dans le rang, agir normalement. « Normalement », ce sont les normes du régime bien entendu. La Petite Fille, incarnation lumineuse de la Justice, ne prône pas l'anarchie mais appelle à l'insurrection, seule façon de rester vivant. Toutefois, bien que fortes de leurs idéaux et d'un idéal de liberté, les Petites Filles au Bout du Chemin ne peuvent échapper à l'institution policière qui semble s'installer partout. le moule aveugle du bien-pensant n'en finit pas de vouloir se refermer sur elles. « N'être coupable de rien quand on est griffée de tout rend l'innocence bien pesante. » (p. 245)

La danseuse Sylvie Guillem (Mademoiselle Non) et l'anarchiste Voltairine de Cleyre traversent à l'envi les pages de ce merveilleux roman. Qu'incarnent-elles si ce n'est le mouvement ? Alors que la plus sublime féminité exsude des pages, on entend la voix de toutes les femmes qui ont dit Non, qui l'ont répété et qui, devant l'évidente mauvaise foi du monde, ont décidé qu'elles ne se tairaient plus, au risque d'y perdre toutes leurs plumes.

Au journal initial se mêle les écrits de la Petite Fille au Bout du Chemin. Puis le journal devient mémoire pour répondre à la question : quelle est mon erreur ? Refusant toutes les notices du monde moderne qui emprisonnent le mouvement et la liberté, le roman suit des enchaînements oniriques et invisibles, mais où tout fait sens. Comme dans un merveilleux ballet, chaque geste parfait repose sur une infinité de détentes et d'élans que l'on n'a pas vus. Lola Lafon mesure le rythme de ses phrases, voire de ses mots. Tout est respiration. Il ne s'agit pas de mesurer son souffle, non il faut l'expulser, s'en faire crever les côtes, tout donner dans la course folle et haleter dans l'émotion.

Il y a des textes qui happent dès la première page. Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce est de ceux-là. La quatrième de couverture parle d'un « conte insurrectionnel ». Oui, mais pas seulement. C'est un hymne à la fille présente en chaque femme, c'est une ode à la révolte dans les sociétés grises. Et surtout, c'est un roman comme j'aimerais en lire davantage : impeccablement construit, tendu vers l'au-delà des mots, nourri de musique et de danse, porté par une écriture ciselée, pudique et incroyablement puissante.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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C'est La petite communiste qui ne souriait jamais qui m'a donné envie de découvrir un peu plus Lola Lafon. J'avais tant aimé ce livre que c'est avec une pointe d'appréhension que j'ai ouvert celui-là. « Et si je n'accrochais pas ? Et si Nadia refusait de laisser un peu de place pour quelqu'un d'autre ? »

Mais Nadia a accepté de me partager avec la narratrice, surnommée Voltairine, avec Emile et avec la Petite Fille au Bout du Chemin. Les deux premières, liées par la danse, mais aussi par un événement terrible qui les a tuées pour les faire renaître. La troisième qui les entraîne dans une rébellion qu'elles n'auraient jamais envisagée.
« La Folle. La Morte. La Taularde. Les trois dégueulasses. Les filles de rien du tout. L'Elfe ratée. La Tarée. La Revenante. Les Petites Filles au Bout du Chemin. »
J'ai côtoyé Emile sur un lit d'hôpital alors qu'elle venait de mourir subitement pour renaître ensuite, j'ai découvert l'histoire de Voltairine au fil de ses confidences écrites, j'ai rencontré la Petite Fille au Bout du Chemin à la sortie d'une séance à la Cinémathèque. Trois filles flamboyantes, perdues et fortes, ne recherchant qu'une chose : la liberté. Liberté pour les étrangers, liberté pour les femmes, liberté pour ceux qui ne collent pas à la norme.

Les héroïnes de Lola Lafon sont poignantes car elles semblent chercher quelque chose qui finalement n'arrive jamais. Elles ont férocement envie de vivre, de vivre leur vie et non celle qu'on tente de leur imposer. Cette férocité, elle est dans l'écriture de Lola Lafon. Sauvagement poétique. Au rythme des mots, sur la partition des pages, Mademoiselle Non alias Sylvie Guillem, les Enervés de Jumièges et l'anarchiste Voltairine de Cleyre viennent danser autour de nos trois Petites Filles.
Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce est un manifeste pour la liberté. Déchirez les liens qui vous enserrent ! Ne laissez pas la société vous dicter votre conduite ! Donnez un sens à votre vie ! Levez la tête et cessez de regarder vos pieds ! « Mais qui a coupé vos nerfs ? »

On s'interroge sur nos vies, sur notre quotidien, sur les choses qui importent. Un soupçon de politique et on réfléchit sur les décisions prises chaque jour en haut lieu, sur les discours éternellement répétés. Efficace. Pas de déception, juste un amour renouvelé pour la littérature.

Tourbillonnant et puissant, ce livre est une claque. Un souffle révolté à la fois nerveux et lucide qui secoue et dévaste tout en fortifiant. Une tempête annoncée dès la première page : « Ceci est le journal de ta mort subite. »
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critiques presse (1)
Lhumanite
18 juin 2011
Pour que son amie dans le coma continue à vivre, une jeune femme lui écrit un « journal des jours non vécus ». Un livre sensible et radical, pour hâter la tempête sociale qui vient.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
C'est l'histoire poison qu'on nous raconte et qu'on redemande inlassablement, notre préférée, celle qu'on reconnaît avant même qu'on nous en donne la fin, cette légende indispensable à notre sommeil. Celle à laquelle on croit avec la volonté d'y croire encore encore et sous toutes ses formes. C'est la légende reposante de l'impossible échappée et de ses conséquences, une légende si douce et triste à la fois, qu'on mâchonne depuis l'enfance. Fais attention. Tu vas te faire mal. Tiens un oiseau qui tombe, ne regarde pas. L'histoire de la menace qui guette celles qui s'aventurent là où on leur avait pourtant dit qu'il ne faudrait jamais aller, l'histoire de celles qui entrouvrent les portes et les nuits, enjambent des murs, parcourent les forêts, les rues, les parkings. L'histoire des Thelma et Louise qui trinquent à la belle vitesse de leurs voyages, aussitôt saisies, toujours rattrapées. Et qui, alors, pour se défendre, tuent comme par mégarde. Et elles ont beau continuer à courir encore, les voilà maladroites comme des bêtes décapitées de permission de promenade, sans autre solution que leur mort, une reddition définitive. Voilà ce qui arrive aux évadées.
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Mais voilà que je ne veux pas être réparée. Sauvegardée. Rafistolée pour continuer à avancer. Je ne voudrais pas qu'on colmate ce que je m’acharne à défaire, à découdre. Vois-tu, je travaille à être insauvable, irrécupérable. Aussi fugace, irrattrapable et fragile qu’un moment dans le temps. Pour ne pas offrir de prise, il me faudra rentrer en silence comme on va en résistance. Et à toute interrogation, leur répondre : je ne sais pas, je me demande, je cherche. Je dépose des questions. Je fabrique des doutes.
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De quoi sommes-nous remplies. De quelle histoire. Qu’on se raconte le mieux possible jusqu’au moment où : le cœur lâche, les chevilles se tordent, jusqu’au moment où les vertèbres se raidissent et alors il faut l’emplir de plus en plus vite et encore et encore l’histoire, la fleurir comme une tombe emplie de ce qu’on ne sera plus, la fleurir, la pourrir d’images, sa tombe, de vidéos regardées en boucle toutes les nuits, de Notices et de prescriptions pour continuer à croire encore à cette histoire sans oiseaux nu tempêtes. Se répéter qu’on est en paix et crever de l’être, en paix.
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J'ai traversé la vallée de l'ombre de la mort et mon âme porte encore de blanches cicatrices...À côté de la bataille de ma jeunesse, tous les autres combats que j'ai dû mener ont été faciles, car, quels que soient les circonstances extérieures, je n'obéis désormais plus qu'à ma seule volonté intérieure. Je ne dois prêter allégeance à personne et ne le ferai jamais plus; je me dirige lentement vers un seul but : la connaissance, l'affirmation de ma propre liberté, avec toutes les responsabilités qui en découlent.
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« Je ne veux pas me joindre au troupeau, je ne veux pas me perdre, je ne veux pas m’oublier, je ne veux pas être leur carpette. Je m’aime jeune fille. Je veux être une tombe surplombant la mer. Une vierge d’ébène en moi veille. Je veux être honnête avec elle. », écrit Violette L.
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Videos de Lola Lafon (75) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lola Lafon
En juillet 2021, Lola Lafon passe une nuit dans l'Annexe du Musée Anne Frank, là même où la jeune fille vécut dans la clandestinité de juillet 1942 à août 1944, enfermée avec sept autres personnes et où elle écrira son Journal. Confrontée aux fantômes de sa propre famille victime de la Shoah, Lola Lafon livre dans Quand tu écouteras cette chanson le récit subtil et profond de cette expérience d'heures solitaires passées dans le silence et le vide de l'Annexe. Elle y questionne non seulement sa propre histoire et son rapport à la judéité, mais elle y retrace surtout le destin du Journal et la façon dont l'oeuvre de la jeune Anne Frank a été détournée, spoliée, censurée – réduite à tort à un simple témoignage. Dans la continuité d'autres textes de l'autrice, La petite communiste qui ne souriait jamais en 2014, ou Chavirer en 2020, elle décortique avec justesse les mécanismes d'usurpation de voix d'adolescentes qui ont été confisquées, niées dans leur singularité et leur talent.
Lola Lafon est écrivaine et musicienne, issue d'une famille aux origines franco-russo-polonaises. Elle est l'autrice de plusieurs romans, dont Une fièvre impossible à négocier et de ça je me console (Flammarion, 2003 et 2007), La petite communiste qui ne souriait jamais et Mercy, Mary, Patty (Actes Sud, 2014 et 2017) ou encore Chavirer (Actes Sud, prix France Culture/Télérama 2020). Elle a reçu le prix Décembre et le prix des Inrockuptibles 2022 pour Quand tu écouteras cette chanson (Stock, 2022).
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Le 18 août 2021
Le 28 août 2021

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