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Critique de 5Arabella


Ecrite en 1988 et jouée pour la première fois la même année dans une mise en scène de l'auteur, au moment même où il apprend sa séropositivité, qui à l'époque était une condamnation à mort, Music-hall est une des oeuvres emblématique de Jean-Luc Lagarce, et elle a connu depuis sa création, des dizaines de mises en scène, en France comme à l'étranger.

La Fille et ses deux Boys évoquent leur spectacle. Surtout l'entrée en scène, minutieusement pensée, ce premier moment du contact avec le public, dans lequel les choses se mettent en place, se décident, où le lien se noue ou pas. Mais les choses ne sont pas toujours faciles à maîtriser : dans les théâtres de second ordre où le trio semble avoir l'habitude de jouer, les moyens ne sont pas toujours à disposition, et les exigences de la Fille provoquent moquerie et désinvolture de la part des équipes techniques. Elle, elle a toujours été là, dès l'origine du spectacle, les Boys quand à eux se sont succédé, les uns après les autres, et ils portent un regard plus distancié sur le spectacle. Dans un long ressassement, ils évoquent la répétition des représentations, des tournées, des gestes…

Evidemment l'auteur célèbre le spectacle, l'aventure fragile et magique de jouer devant un public, de se mettre en danger, se rendre vulnérable aux regards, jugements, réactions. Tout le rituel, les répétitions, la maîtrise illusoire des gestes, de l'espace, sont là pour tenter de se protéger, de mettre à distance, pour tenter d'être le démiurge tout puissant. Mais la vanité de tout cela suinte à chaque instant, l'imprévisible spectateur a finalement toujours le dernier mot, et déjà le pouvoir de ne pas venir et laisser l'artiste seul en scène, face à lui-même et à ses peurs. Bien sûr qu'au-delà du spectacle de théâtre, Lagarce pense au spectacle que chacun donne ou tente de donner aux autres dans sa vie, la mise en scène permanente des existences humaines, aussi vaine qu'inévitable.

Je dois toutefois avouer que j'ai trouvé le texte un tant soit peu démonstratif, et les ressassements très répétitifs par moments. Mais la pièce a une efficacité certaine, et peut donner l'occasion, à l'actrice jouant la Fille, si elle a beaucoup de talent, à un beau numéro d'actrice.
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