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Le jeu de l'amour et du hasard

Peut-on vivre une vie qui ne soit qu'intense, passionnée? C'est la question à laquelle tente de répondre Jocelyn Lagarrigue dans un premier roman incandescent qui est aussi une ode au théâtre.

Tout le roman est construit sur ces moments de bascule, sur ce qui rend la vie à la fois difficile, voire insupportable, mais aussi riche et exaltante. Antoine est passé tout près de la mort. Il a plongé dans les abîmes et a failli ne jamais remonter à la surface. Depuis cet accident, il éprouve bien des difficultés à faire l'acteur, à remonter sur les planches. «Jouer la comédie m'indiffère, je suis en retrait, en rejet. J'ai cessé d'amuser la galerie comme je pouvais le faire auparavant lors des répétitions, le plaisir du jeu sur scène m'a quitté. le traumatisme est tel que tout me semble vain: mes camarades, si fades, le décor, les costumes très laids, sans parler de la musique et de la lumière qui frisent la ringardise absolue... ».
Un mal-être qui ne peut que déteindre sur son entourage et sur des relations qui déjà ne brillaient pas par leur stabilité. Car Antoine aime l'intensité, les sentiments forts, la passion. C'est pourquoi il a choisi le théâtre, c'est aussi pourquoi il aime Esther, leur envie d'absolu, leur désir incandescent. Quitte à faire le pas de trop en succombant aux beaux yeux d'Alexia. Sans doute a-t-il laissé volontairement traîner ce message sur son écran pour que son double-jeu soit découvert. «Après trois mois de relation clandestine, j'ai quitté Esther qui venait de lire ce mail sur mon ordinateur, et moi sur mon portable alors que je venais de me disputer avec Alexia deux heures auparavant, dans ce qui deviendrait désormais notre modus vivendi. La technologie a ses petites accélérations, higger than life, comme disent nos cousins d'outre-Atlantique. J'ai tout avoué, je ne pouvais plus reculer, tout allait trop vite, mes actes précédaient ma pensée. J'étais littéralement assujetti à Alexia, à son corps, à son insolence qui promettait une autre vie, moins bourgeoise, plus «artistique», loin du train-train quotidien.»
Mais alors qu'il retrouve le feu sacré et le personnage de Don Juan, il brûle aussi ce nouvel amour avec sa partenaire. Il suffira d'une étincelle, acheter des billets pour Nice sans demander son accord à Alexia, pour que l'incendie prenne une ampleur incontrôlable.
Jocelyn Lagarrigue, qui a notamment travaillé avec Ariane Mnouchkine et à laquelle il rend un hommage appuyé, nourrit son récit de son expérience personnelle et transcende le parcours d'un homme en proie à ses démons en une ode au théâtre. À l'image d'Antoine qui n'est sans doute jamais mieux lui-même que lorsqu'il endosse un rôle, on découvre toute la force de cet art qui permet de partager au plus près les émotions et décortique les sentiments. Soutenu par une écriture chargée de fulgurances, ce premier roman, nouvelle variante du combat entre Eros et Thanatos, est riche de belles promesses.


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Ce que j'ai ressenti:

« …une seule et même question: veux-tu vivre ou mourir? »

Antoine va faire le choix de vivre, hésitant entre autodestruction et la recherche d'ascension fulgurante…C'est sa rupture entre la vie et la mort, qui va recomposer sa façon de vivre. Exit les contraintes, les engagements, les règles de la bienséance, il rêve maintenant de grandeur et d'intensité! Sa passion pour le théâtre est immense, et il le sait le rôle de sa vie, c'est cette pièce de Don Juan. Mais en dépassant la frontière invisible, est-ce que son rôle d'acteur ne va prendre pas le dessus sur sa vie réelle? La Nuit recomposée est une lutte acharnée entre la fuite et l'incarnation, entre la passion et l'engloutissement, entre la souffrance et la consécration…

« Que faisons-nous et pourquoi le faisons-nous encore? »

Tant d'interrogations et de pistes de réflexions dans ce livre…Dans l'errance, voire même la déshérence de cet homme, on est emmené à se questionner, comme lui, sur le sens de la vie, sur les contraintes sociales, morales et religieuses qui pèsent sur nos trajectoires. Il est à mi-chemin de la sagesse et du chaos, il est instable, brillant mais aussi terriblement sombre. On le voit peu à peu sombrer mais s'élever aussi, tant il est tenu par la noblesse de la littérature. C'est un personnage complexe, fascinant, égoïste, pris dans les vagues dévorantes de la Ghoula…Et nous, simples spectateurs, nous observons les fluctuations de ses humeurs…

« L'éclat de ton étoile éclipsera toutes les autres »

J'ai été éblouie par ce texte bouleversant. Éblouie par la force des mots, la puissance de l'envolée, la quête de beauté, la poésie vibratoire dans la chute vertigineuse….Éblouie par cette étoile pas comme les autres, cette étoile filante, intense lumière dans La Nuit Recomposée…Je vais juste faire le voeu que vous découvriez cette petite pépite de la rentrée littéraire! du grand spectacle et de l'émotion à fleur de peau, c'est tout ce que j'espérais, et j'ai été exaucée.


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Antoine, la quarantaine, après avoir subi un grave accident, un coma et une réanimation reprend son métier d'acteur. Marié à Esther, deux enfants, il quitte sa famille pour Alexia une actrice plus jeune que lui avec qui il a une relation tumultueuse. La précarité de la profession se confond avec la précarité de sa vie sociale, incertaine, faite de hauts et de bas donnant l'impression d'un laisser aller permanent. Sa gloire éphémère, l'intermittence de son activité, sa personnalité perturbée l'entraînent dans une chute le conduisant à un séjour en hôpital psychiatrique. Les changements de rythme de l'écriture illustrent parfaitement le cheminement du personnage, mais le lecteur a les neurones qui s'embrouillent un peu, comme ceux d'Antoine vers la fin de l'ouvrage.
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Comédien, Antoine Lepage vient de sortir de quelques mois de coma. Marié à Esther, père de deux jeunes enfants, engagé dans une pièce qui met en scène Don Juan, très sensible aux charmes d'Alexia, sa partenaire, Antoine doit composer avec de nouvelles perspectives, de nouvelles envies, un autre lui-même.

Ce roman explore avec beaucoup de recul les arcanes de la création, du théâtre et du monde des acteurs. Normal, son auteur est lui-même issu de ce monde. Il en connait donc bien les travers et les moments de grâce.
La sortie du coma d'Antoine signe pour lui le début d'une remise en question, aussi bien de son art que de sa vie personnelle. On sent très vite que la faille qui s'est ouverte n'en finira pas de s'élargir jusqu'à un point de non-retour vers lequel l'auteur nous entraîne à la suite de son personnage. Heureusement, un bon nombre de pointes d'humour viennent aussi alléger le récit et montrent que l'auteur, comme son personnage, n'est pas totalement dupe de ce monde parallèle du théâtre.

Le récit nous montre la difficulté de placer des limites entre la scène et la “vraie vie”, le désir omniprésent de séduire, de se voir dans le regard de l'autre qu'il soit partenaire de scène ou spectateur. C'est évidemment finement observé, écrit dans un style qui nous fait ressentir l'urgence d'être mais aussi cette espèce de volonté d'auto-destruction que véhicule le personnage d'Antoine. Engagé dans une relation conflictuelle avec Alexia, renonçant à sa vie avec Esther, perdant pied sur scène, Antoine semble courir à sa perte, quasiment volontairement ou en tous les cas en ayant pleinement conscience de vivre dans une illusion dangereuse.

C'est parfois un brin confus, surtout dans certains passages qui tanguent aux frontières de la réalité et du rêve, et caricatural avec ce personnage d'Alexia qui est une véritable tragédienne et ne semble pouvoir vivre qu'en créant du drame mais l'ensemble interroge sur le sens de la vie, sur le métier d'acteur, sur la frontière ténue entre être et paraître, sur le besoin de reconnaissance.

Un premier roman intéressant qui ouvre sur une interrogation quant à une possible continuité. Jocelyn Lagarrigue peut-il écrire sur une thématique moins proche de lui, moins autofictionnelle ?
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Au théâtre du désespoir, sur la scène des illusions brisées, des amours perdues. Moins qu'un homme en crise, dont il nous rend parfaitement sensations et égarements, La nuit recomposée dépeint avec une grande justesse la puissance du théâtre, du texte et de ses gestes, la difficulté du hors-scène, l'exigence d'intensité. Par un jeu d'emprunts, de citations en italiques, de déports aussi du langage, Jocelyn Lagarrigue parvient à transformer le vécu, sans doute autobiographique, en un lancinant questionnement, en une belle préservation de l'ardeur.
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Allez, je ne tergiverserai pas, je ne jouerai pas avec vos nerfs, je ne suis pas une actrice. Et c'est sur le champ que je vous donne mon point de vue. "La nuit recomposée" de Jocelyn Lagarrigue, pour un premier, est un grand roman et fut un moment de lecture intense.

Ne comptez pas sur moi pour vous raconter la quatrième de couverture, je n'aime pas trop ça. Il convient tout de même de vous donner, par ordre d'entrée en scène, le nom des principaux personnages : Antoine Lepage, acteur de théâtre, dans le coma, Alexia, comédienne elle aussi, "…pommettes saillantes…yeux verts…lèvres pulpeuses…", Jack Mitchell, metteur en scène, Esther, la femme d'Antoine, … Antoine, c'est lui notre héros, victime d'une overdose et que l'on va suivre entre la vie et la mort ou la mort et la vie.

J'ai vu dans ce roman comme une lutte sans fin entre un homme et son double. Il se bat sans cesse contre plusieurs mondes. "L'étalon maître hétéro blanc musclé la quarantaine, c'était moi." Mais en même temps "…si la séance était belle, pourquoi avoir accepté de prendre de l'héroïne dans une salle de bains avec un inconnu ?" Il était presque mort et il renaît, mais renaître n'est pas si simple. Sa vie n'est plus la même, entre nouvelles amours et trahisons, errances et doutes, réalité et hallucinations, la vie comme un spectacle ou le spectacle en guise de vie…

Fascinant est Antoine, personnage confus à la personnalité trouble, tortueuse, compliquée. Fascinant est le récit qui, par l'emploi du "je", nous immerge totalement dans le milieu, le théâtre, les heurs et malheurs de chacun. Car Antoine semble jouer aussi bien sur la scène que dans la vie. Don Juan il l'est certes côté spectacle, mais il garde le costume une fois la représentation terminée. Tromper, séduire, passer d'une femme à une autre, il sait faire, il aime faire.

Fascinante aussi est l'écriture, poétique, effervescente, noire et lumineuse à la fois. Fascinants, encore, la puissance du théâtre ainsi racontée, les questionnements qui se veulent universels et fascinant enfin l'épilogue d'une grande force.

"La nuit recomposée", hymne au théâtre pourvoyeur de vie, est un roman beau et fort.

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Je ne sais pas si j'ai tout compris, ce livre est assez étonnant. Je crois en avoir compris et apprécié les deux premiers tiers et ensuite j'ai perdu pied, comme Antoine Lepage, ce comédien à qui il arrive des tuiles. J'ai aimé l'écriture de Jocelyn Lagarrigue, qui décrit avec beaucoup d'ironie le monde sournois du spectacle à travers Jack le metteur en scène assez peu scrupuleux. J'ai aimé aussi les petites phrases, la scène à la CAF, assez surréaliste et pourtant si plausible m'a beaucoup fait rire. le regard lucide sur la société, ses faux-semblants, la relation amoureuse toxique, beaucoup de thématiques se faufilent le long de ces pages que j'ai vraiment trouvé agréables à lire, l'humour y aidant. Arrivée aux trois quarts, tout bascule et je ne comprends plus rien. Effet sans doute voulu, mais qui m'a fait perdre pied, je me suis demandée où m'entraînait l'auteur. J'ai refermé ce livre avec l'idée d'une réalité subjective où mêler le vrai du faux reste un exercice périlleux.
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" Renaître est un risque."

La narrateur Antoine, la quarantaine, est un comédien cabossé. Il brûle sa vie tant avec les femmes que sur les planches. Seule l'intensité l'intéresse. " La suractivité, une énergie qui n'en était pas une, me donnait l'illusion d'être libre." Jusqu'au jour de trop où, plongé dans le coma, une vague noire menace de l'engloutir.

Deux mois plus tard, après ce qu'il nomme "l'accident" qui l'a fait côtoyer la mort, Antoine ne parvient plus à trouver de sens à son existence "Je revenais du pays des morts, je devais réapprendre à vivre avec les vivants." Lentement, son existence reprend, mais sur une ligne de crête aussi fragile que périlleuse, il ne prend plus plaisir à jouer sur scène.

Un premier roman au style bouillonnant pour décrire l'errance chaotique et les tourments d'un homme de théâtre écorché vif en pleine crise existentielle, "un clochard céleste". L'auteur immerge le lecteur dans le monde du théâtre, où la rivalité entre comédiens, la soumission aux exigences du metteur en scène sont soulignées mais avec des personnages aux comportements parfois caricaturaux.
Dans ce roman que j'ai parfois trouvé un peu confus, on ressent pleinement l'amour profond de l'auteur, lui-même comédien, pour le théâtre, un art où "tout est faux et plus vrai que vrai."
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Jocelyn Lagarrigue nous embarque de page en page, et au gré de ses violents sursauts d'âme, dans la quête chaotique de renaissance de son alter ego, Antoine Lepage. Ce premier roman, qui n'aurait finalement pu être que l'auto-fiction narcissique d'un comédien, pulvérise, sous la plume de l'auteur, la fragile coquille de l'ego d'Antoine pour en faire un soul trip universel et transcendant. Hypersensible et inspirée, «La Nuit recomposée» fait briller ses mots comme autant d'étoiles sur l'encre du firmament.
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« Combien d'hommes dans un homme ? »
Fort comme un café serré, époustouflant de maîtrise, « La nuit recomposée » est d'une profondeur magnifique et implacable.
Antoine c'est lui, le plein de ce récit viril, âpre et lumineux. Comédien côté ville, le théâtre requin le happe et le foudroie. Rideau noir sur ses jours, il sombre dans le coma. le langage du corps qui se retourne à contre-sens.
Antoine est un funambule, toujours sur le fil périlleux, intangible, résurgence. Pousser du pied, un peu, beaucoup, les ombres insistantes.
« Déjà je n'écoute plus, je suis reparti tout au fond de moi, m'interrogeant sur la pertinence de mes choix, sur la consistance même de ma personnalité. »
Une femme Esther, dont la famille est très riche, deux jeunes fils. Lui, en décalage, le bohème rêveur, dans cet antre qui vacille, corbeaux noirs survolants une scène de théâtre, préambule de l'agonie.
Il va se brûler les ailes, fuir, jouer avec les dés avec ses propres démons, se défier et prendre des risques. Il rencontre Alexia artiste comme lui, bien plus jeune, la toxicité d'une relation floutée par les mirages. La quête du sens qui prend son temps, trop.
« Le risque dans le métier, avec l'âge, c'est l'amertume. »
Il va affronter les diktats qui l'étouffent. Antoine est d'épreuves et de souffrances. Un artiste céleste, vagabond, emprisonné dans ses passions.
 « C'était un rituel, devant les vers de William Wordsworth,
...Au lieu de pleurer nous puiserons
Nos forces dans ce qui n'est plus. »
« La nuit recomposée » est un récit initiatique. Antoine est scène de vie, pas après pas, les illusions se font silence. Rédemption et dans la marée-basse de ce texte de renom, « un jour tu es roi, un autre clochard », le souffleur des mots égarés pour oser la voie de traverse.
Dans ce livre fort et triste, douloureux et culte, l'écriture surdouée de Jocelyn Lagarrigue : « Je prie les dieux de m'accorder la délivrance de ma pénible veille. »
 « Le signe du flambeau, l'éclair de feu apportant la nouvelle et l'histoire de la prise de Troie »,
surpasse tous les mythes et tous les rêves et les déambulations intérieures.
On pressent un auteur en communion avec les synopsis des jours à rebâtir pierre après pierre, mots sur les maux. Tel le double d'Antoine, il fait corps avec lui. Tel le Phénix, Antoine va-t-il enfin renaître de ses cendres ?
« Et qu'il faut absolument essayer. »
Magistral et lucide. Publié par les majeures éditions Quidam éditeur.




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