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Marguerite Gay (Traducteur)Gerd de Mautort (Traducteur)Diane de Margerie (Préfacier, etc.)
EAN : 9782234061743
161 pages
Stock (08/10/2008)
3.93/5   105 notes
Résumé :
Barabbas apparaît dans les évangiles comme un personnage trouble du 1er siècle après J.-C. Résistant à l'oppression romaine, ou simple bandit, il sera jugé en même temps que le Christ, et quand Ponce Pilate demande au peuple de choisir entre ces deux hommes, c'est Barabbas que le peuple graciera.

Le roman de Pär Lagerkvist restitue la vie mouvementée et la conscience inquiète de Barabbas après qu'il a vu exécuté celui que les premiers Chrétiens annonc... >Voir plus
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Le vendredi 3 avril 33, veille de la Pâque, à Jérusalem, Ponce Pilate est face à Jésus et les évangiles rappellent :
« Il y avait en prison le nommé Barabbas, arrêté avec les émeutiers qui avaient commis un meurtre dans la sédition.
La foule étant montée se mit à demander la grâce accoutumée.
- Donc Pilate demande : « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »
- Les « grands prêtres » excitent alors « la foule » à demander qu'il relâche plutôt Barabbas.
- Pilate questionne : « Que ferais-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ? »
- La foule » répond à deux reprises « Crucifie-le ! ».
- Pilate alors, voulant contenter la foule, leur relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour être crucifié. »

Mais que devint Barabbas ? Les évangélistes et les historiens sont muets sur son histoire ce qui offre un espace aux romanciers que Pär Lagerkvist, prix Nobel de littérature, occupe en 1950.

Libéré, Barabbas observe dans l'ombre l'exécution de Jésus, puis repart jouer au gendarme et au voleur et retourne à la case prison…

Hanté par le remords, Barabbas se demande pourquoi « le fils de Dieu » s'est laissé supplicier. Interné dans une mine concentrationnaire, il rencontre Sahak, un esclave converti au christianisme. L'enseignement de celui ci dépasse Barabbas mais il est sensible à son comportement charitable. le coeur est touché ; la tête reste obscurcie. Quand Néron accuse les chrétiens de l'incendie de Rome (18 juillet 64) et les condamne au martyre, Barabbas sans hésiter, mais sans vraiment comprendre, se range à leurs cotés.

André Gide, en octobre 1950, écrivait au traducteur (Lucien Maury) «  je ne pouvais qu'entrevoir à quel point le récit des aventures de Barabbas était lié à l'histoire de la crucifixion du Sauveur ; à quel point l'évolution trouble du bandit restait en fonction de ce qu'il avait vu sur le Golgotha, ou cru voir, et de tous les « on-dit » qui suivirent de près cette divine tragédie — dont devait dépendre par la suite le sort de l'humanité presque entière. Et c'est bien là le « tour de force » de Lagerkvist, de s'être maintenu sans défaillance sur cette corde raide tendue à travers les ténèbres, entre le monde réel et le monde de la Foi.

La dernière phrase du livre reste (volontairement sans doute) ambiguë : « Quand il sentit venir la mort dont il avait toujours eu si grand-peur, il dit dans les ténèbres, comme s'il s'adressait à la nuit : A toi je remets mon âme. »

Ce « comme si » laisse douter si ce n'est pas au Christ plutôt, et sans trop s'en rendre compte, qu'il s'adresse ; et si le Galiléen finalement « ne l'a pas eu ». Viciesti Galileus, comme disait Julien l'Apostat. »

Roman bouleversant qui interpelle le lecteur et l'introduit au mystère de la rédemption.

PS : ma lecture des mémoires de Ponce Pilate
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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« Tout le monde sait qu'on le crucifia en même temps que deux autres; on sait quelles personnes se tenaient groupées autour de lui: Marie, sa mère, et Marie de Magdala, Véronique et Simon de Cyrène, qui avait porté la croix, et Joseph d'Arimathie, qui devait l'ensevelir. Mais un peu plus bas sur le versant, à l'écart, un homme observa sans arrêt celui qui était cloué là-haut sur la croix et suivit l'agonie du commencement à la fin. Il s'appelait Barabbas. C'est de lui qu'il s'agit dans ce livre. »
Barabbas, l'homme gracié et libéré par Ponce Pilate à la place de Jésus de Nazaret …

Pär Lagerkvist nous entraîne sur les pas de Barabbas, dans les ruelles de la Jérusalem antique de la porte de David (Porte de Sion) à celle du Fumier (Porte des Maures) jusqu'au Mont Golgotha, lieu du supplice où notre brigand se repaît du spectacle de la crucifixion de Jésus et des prodiges qui en découlent.
Les interrogations de Barabbas sont immédiates : « Dès qu'il l'avait aperçu dans le prétoire du palais, il avait senti qu'il y avait quelque chose d'extraordinaire en lui. Ce que c'était, il n'aurait pu le dire, il le sentait seulement. »
Evénement et incidents qui le marqueront à tout jamais, déchaînant des sentiments profonds et contraires, provoquant des agissements paradoxaux, Barabbas s'aventure dans les perspectives amenées par la foi au contact et à la fréquentation des premiers disciples de la communauté chrétienne.
Mais le doute sera l'expression dominante de son ressenti, lui le brigand des montagnes, sans foi ni loi, lui, l'esclave déporté dans les mines de cuivre de Chypre, n'aura de cesse de comprendre ce dont il a été témoin et ce jusqu'à son dernier soupir sur une énième croix.

« Au crépuscule les spectateurs étaient déjà partis, fatigués de rester là debout. Et d'ailleurs tous les condamnés étaient morts.
Seul Barabbas vivait encore. Quand il sentit venir la mort, dont il avait toujours eu si peur, il dit dans les ténèbres, comme s'il s'adressait à la nuit:
« A toi je remets mon âme. »
Et il rendit l'esprit. »

Entre les premières lignes de l'incipit et les dernières lignes de la fin du récit (recopiés tous deux ici), une plongée plus que réaliste, humaine, dans le coeur, le corps et l'âme de Barabbas.
Dans cette exploration universelle et intemporelle de la pensée humaine, nous sommes ballotés dans les affres existentielles et émotionnelles, les turpitudes physiques et les vicissitudes quotidiennes de Barabbas.
Les méditations de Barabbas semblent le conduire malgré tout vers une ouverture spirituelle, un reveil philosophique.
Une écriture fluide, précise et efficace sert la narration.
Magnifique.
Un très beau moment de lecture et surprise d'avoir été captivée!

Par ailleurs ce récit romancé de la vie de Barabbas, qui reste encore trouble pour les historiens, a aiguisé ma curiosité: en effet Barabbas qui signifie fils du père en araméen aurait désigné Jésus lui – même, ce qui revient à dire que devant Ponce Pilate la foule demandait en vérité la libération de Jésus, fils du père!
Très intéressant, c'est le sujet d'un autre livre, Jésus dit Barabbas de Gérald Messadié que je lirai à l'occasion.
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Il existe plusieurs romans faisant parler les personnages ayant fait partie, de près ou de loin, de l'entourage de Jésus lors de sa mort. « L'évangile selon Pilate » D E.E. Schmitt, par exemple.
En voici un autre, beaucoup plus ancien (1951), écrit par un grand auteur suédois, et qui a reçu le prix Nobel, qui plus est.
Comme tout ce qui concerne les religions m'intéresse énormément, lorsque j'ai découvert ce roman dans la bibliothèque de mon père, je m'en suis réjouie.

Nous sommes donc le jour de la crucifixion de Jésus. Barabbas vient d'être gracié alors que c'était à lui de subir cette torture avant de mourir, on le surnomme d'ailleurs : « Barabbas le libéré ». Il en est encore tout ébahi, et est intrigué fortement par cet homme que la foule s'est empressée d'anéantir sous ses huées de mise à mort, alors que lui, Barabbas, n'en était pas à un crime près.
Il le suit dans son chemin de ronces et de souffrance jusqu'au Golgotha, croise Marie, cette « paysanne au visage rude » ainsi que Pierre, « un gaillard à peine dégrossi, les cheveux roux ébouriffés et drus, le visage large et plein, et les yeux bleus qui avaient quelque chose de singulièrement naïf ».
Il croise beaucoup de gens, d'ailleurs, qui ne font guère attention à lui, ou qui, s'ils échangent quelques mots, se méfient de son aspect rogue et cassant. Des prostituées aux premiers disciples, en passant par des esclaves et des Romains, Barabbas se heurte à la réalité et n'arrive pas à trouver un chemin dans sa vie : qui est-il ? Et qui est cet homme crucifié dont on commence à parler et à cause duquel on commence à être persécuté ?
Nous le suivons jusqu'à sa mort, des années plus tard, après une vie chaotique de liberté et d'esclavage.

Economie de moyens, pudeur, secret.
C'est un roman très curieux parce que nous voyons que Barabbas est tourmenté, mais nous n'entrons pas plus loin dans son coeur. Cela m'a déroutée et un peu éloignée de la description de cette période où un grand bouleversement a eu lieu dans les mentalités.
« Barabbas » : roman de la solitude, de l'incompréhension, du doute, de l'angoisse aussi.
Très humain, finalement.
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L'histoire de Barabbas est si bien contée qu'elle donne l'impression que l'auteur y était physiquement ! Qui est Barabbas ? Pär Lagerkvist le décrit comme un gaillard d'une trentaine d'années, solidement bâti, avec un teint blême, une barbe rousse, des cheveux noirs. Les sourcils de même étaient noirs ; les yeux s'enfonçaient dans les orbites, comme si le regard avait voulu se cacher. Barabbas c'est le brigand gracié par la foule au détriment de Jésus de Nazareth qui se prétend fils de Dieu, un dieu unique sur le ciel et la terre. Au pied de la croix, se tenaient Marie, sa mère, Marie de Magdala, Véronique et Simon de Cyrène, qui avait porté la croix, et Joseph d'Arimathie, qui devait l'ensevelir ; et un homme caché, Barabbas, qui suivit l'agonie du commencement à la fin.
À partir de cet événement, Barabbas épie les disciples du Sauveur, ceux qui se réunissent en secret, ceux qui parlent de Jésus, fils de Dieu, le ressuscité. Il ne sait que penser, son caractère change, mais tel Judas, il niera une quelconque appartenance ou accointance avec les chrétiens. Pär Lagerkvist décrit la vie de Barabbas dès le jugement par Pilate et la crucifixion de Jésus, jusqu'à la fin de sa propre vie. Il évoque avec force les inquiétudes et les tourments qui assaillent Barabbas.
Un très beau et noble moment de lecture !
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Dans ce court roman réédité en 2008 on découvre avec intérêt comment Barabbas, après avoir été libéré à la place de Jésus-Christ, assiste à sa crucifixion, médusé par ce pauvre type que l'on prétend fils de Dieu... Et commence alors pour lui un long cheminement au sein des premières communautés chrétiennes qu'il croise de loin en loin et qui le fascinent sans qu'il puisse le comprendre (lui, Barabbas, un bandit respecté !). Animé par un vague sentiment de culpabilité, mais surtout de curiosité, Barabbas essaie de comprendre ces disciples fervents du soi-disant Dieu qu'il a vu périr sur la croix et qu'il ne cesse de croiser sur la route qui le conduira de Jérusalem à Rome, en passant par Chypre. Sceptique, mais aussi confondu par tant de ferveur jamais il ne redeviendra l'homme qu'il était, tourmenté par les hommes qu'il a rencontrés et la foi qu'il a lue en eux.
Un petit roman court mais saisissant qui m'a fait penser à "L'évangile selon Pilate" d'Eric Emmanuel Schmitt mais aussi à "Catholique anonyme" de Thierry Bizot.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Son regard contempla le paysage désertique qui s'ouvrait devant lui, désolé, sans vie, éclairé par la lueur morte de la lune. Il savait que de tous les côtés c'était la même chose. Il en avait conscience sans avoir besoin de regarder ailleurs.
S'aimer les uns les autres...
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Le surveillant songeait à ce dieu inconnu qui devenait de plus en plus incompréhensible au fur et à mesure qu'il en entendait parler. Pensez donc, si c'était vraiment le seul dieu ? Si c'était lui qu'on devait adorer et aucun autre ? Pensez donc, s'il n'y avait qu'un seul dieu puissant, régnant sur le ciel et sur la terre, prêchant sa doctrine partout, même ici dans le royaume des ombres ? Une doctrine qui était si étrange et si peu claire. "Aimez-vous les uns les autres ... Aimez-vous les uns les autres ..." Non, qui pourrait concevoir cela ?
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Ces gens étaient liés étroitement par leur foi commune et prenaient soin de ne pas laisser pénétrer dans leur groupe qui ne la partageait pas. Ils avaient leur confrérie et leurs agapes, où ils rompaient le pain ensemble comme s'ils avaient formé une grande famille. Cela faisait partie de leur doctrine, de leur "Aimez-vous les uns les autres".
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Tout le monde sait qu'on le crucifia en même temps que deux autres ; on sait quelles personnes se tenaient groupées autour de lui : Marie, sa mère, et Marie de Magdala, Véronique et Simon de Cyrène, qui avait porté la croix, et Joseph d'Arimathie, qui devait l'ensevelir. Mais un peu plus bas sur le versant, à l'écart, un homme observa sans arrêt celui qui était cloué là-haut sur la croix et suivit l'agonie du commencement à la fin. Il s'appelait Barabbas. C'est de lui qu'il s'agit dans ce livre.
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La grosse femme retourna se recroqueviller au fond de la pièce sur un bout de natte qui couvrait le sol, mais elle continua de fixer Barabbas de ses yeux brillants. Puis , elle alla, pieds et oreils nus, chercher de la nouriture pour lui, car la pensée lui était venue qu'il devait mourir de faim ; on ne vous donne pas grand-chose à manger dans ces maudites prisons. Elle plaça devant lui du pain, du sel et un morceau d'agneau séché. Il ne mangea guerre et passa bientôt les aliments au bec-de-lièvre. Elle se jetta dessus et les engloutit à la façon d'un animal, puis se précipita hors de la maison, et disparut dans la nuit.
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