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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le Nain est l'oeuvre la plus célèbre de Pär Lagerkvist qui obtint le prix Nobel en 1951.
Ce roman est bâtit sous forme d'un récit à la première personne, plus précisément, sous forme d'un journal tenu par le nain d'un prince d'une des grandes cité-états du nord de l'Italie au tournant du moyen âge et de la renaissance, c'est-à-dire entre le XVème et le XVIème siècle.
L'auteur ne précise pas, mais l'on suppose qu'il s'agit de Milan, que le prince en question doit être Ludovic Sforza. Ainsi, nous sommes plongés dans les intrigues de la cour en ces temps mouvementés au travers des yeux malsains d'un obscur émissaire, misanthrope, haineux, ambitieux, impitoyable, volontiers assassin et conspirateur.
Ce nain nous décrit aussi les relations entre son prince est un certain Maître Bernardo, grand savant, peintre, conseiller avisé, bref, Léonard de Vinci.
On y lit le processus de création d'une des fameuses madones de Léonard, ainsi que la description de sa fameuse fresque représentant la Cène.
Cependant, le rôle le plus éminent du nain a lieu pendant l'attaque sournoise orchestrée par son maître contre une cité-état voisine.
Le personnage du condottière est incarné par Boccarossa, chef mercenaire, prêt à vendre ses services tantôt dans un camps tantôt dans l'autre selon le montant des rétributions.
Enfin, ce journal intime nous accoquine avec une autre réalité de l'époque, les épidémies de peste qui ravageaient les villes assiégées à l'hygiène douteuse.
En somme, cette histoire de nain machiavélique peut être lue comme une chronique historique, mais au regard du contexte où elle a été écrite (en pleine seconde guerre mondiale), on ne peut s'empêcher d'y lire entre les lignes des messages beaucoup plus contemporains, notamment sur le sens de la vie, sur le châtiment, sur la justice, sur la folie, la solitude, l'ambition, la perversion, le lien entre Science et Pouvoir et l'utilisation qui en est faite en temps de guerre, en un mot, une réflexion bien plus vaste et profonde que le seul contexte De La Renaissance italienne, mais tout ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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"[...] ce que je fus forcé de voir me remplit à la fois de sombre exaltation et du sentiment de la vanité des choses, de l'écroulement de tout." Ainsi parle le Nain, personnage principal et narrateur du roman phare de Pär Lagerkvist, écrivain suédois récipiendaire du prix Nobel de littérature en 1951.

Quattrocento, quelque part en Italie, dans une puissante cité que l'on peut se risquer à assimiler à Milan ou à Florence. Un Prince y règne, protégeant les arts, stimulant les sciences, glorifiant la foi, portant la guerre chez son voisin, l'ennemi séculaire, et tenant brillamment sa Cour. Au coeur de celle-ci, un homme, ou plutôt un demi-homme, un nain ; quoiqu'à la réflexion on ne puisse pas le considérer comme tel. Parlons donc plutôt d'une créature, lui-même ne souhaitant pas être autre chose.

Le récit du Nain est d'abord une description minutieuse du quotidien de la Cour et l'immersion dans la Renaissance italienne si magnifiée aujourd'hui fait appel à tous nos sens. Toucher, odorat, goût, ouïe, vue, aucun n'est épargné. De l'observation, la narration glisse subrepticement à l'analyse. Le Nain, figure de la servitude et de la fidélité, peu porté au jugement, va développer un esprit de plus en plus critique vis-à-vis de son environnement et de son maître. Son point de vue peut alors se résumer par la citation dont je me suis servie pour introduire cet avis. D'un naturel cruel et misanthrope, il va assister à la chute des grands et témoigner de la vacuité des ambitions humaines. La guerre, la famine, le déshonneur, la maladie, la folie et l'hypocrisie seront de plus de poids que la spiritualité, l'amour, le génie et la philosophie.

Bien qu'il soit dur dans le ton ce récit se lit avec une facilité déconcertante. Le Nain, dans ses notes, est lapidaire et va à l'essentiel. Sa froideur et son indifférence face aux maux de son siècle peuvent déstabiliser le lecteur mais elles ne peuvent gâter le plaisir morbidement fascinant de cet incroyable voyage dans le temps. Si "Le Prince" n'avait pas été un titre déjà pris, nul doute que Lagerkvist l'aurait utilisé pour son machiavélique roman.
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cette oeuvre de l'auteur suédois vaut le coup d'être lue pour deux raisons. D'abord, elle nous emporte en pleine Renaissance: époque de guerres, de floraisons des arts, de luttes de pouvoirs, de réflexion sur l'humanité. Nous sommes à la cour d'Espagne et voyons les événements avec le regard du nain du prince. Ce dernier, qui se sent très au-dessus des autres hommes et injustement considéré, développe sa haine contre les autres. il se réjouit des massacres à la guerre, voit avec mépris l'histoire d'amour illégitime de la princesse, avec horreur sa fille devenir une belle jeune fille amoureuse, et avec froideur l'épidémie de peste décimant la population. Nous sommes amenés à décrypter les choses à l'envers de sa perception. quand il nous dit que la jeune princesse est affreuse avec ses chevaux blonds et son teint clair, nous comprenons tout le contraire... le nain apparait comme un monstre inhumain; pourtant, traité autrement, serait-il devenu aussi méchant? D'abord simple observateur, ce personnage va prendre une part au renversement du prince et de sa famille.
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Magnifique roman du grand écrivain scandinave mettant en scène un personnage fascinant. Pour les lecteurs du "Parfum" ou du Valet de Sade"...
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Quel curieux personnage que ce Piccolino ! En pleine Renaissance italienne, cet homme est le nain du Prince, le seul de la cour après qu'il a convaincu son seigneur de renvoyer les autres et après qu'il a tué son seul « concurrent ». Personnage aigri, haineux, sans pitié, sans amour qui ne semble prendre plaisir que dans le malheur d'autrui et dans la gloire du Prince, doit-elle être due à une guerre dévastatrice.

Ce personnage observe la cour, ses codes, les amours princiers, il fréquente le beau monde, dont le double de Léonardo di Vinci et sa Joconde, bien qu'il ne reconnaisse ni talent à l'un, ni beauté à l'autre. Rien ne trouve grâce à ses yeux, tout est bas, vulgaire et seul son prince et lui-même semblent au-dessus du commun des mortels. Traditionnellement, le nain est un personnage diabolique et Picollino fait honneur à ce topos littéraire.

Le personnage n'est pas sympathique (ou alors, bon, ok, chacun sa morale mais…), néanmoins ce livre se lit sans problème. Non seulement parce que c'est bien écrit, fluide, parfaitement maîtrisé, mais aussi parce que ce personnage exerce une sorte de catharsis sur le lecteur qui découvre la perversion d'un esprit mauvais (oui, rien que ça). Et, parfois, ça fait du bien à lire.
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Le nain de Pär Lagerkvist : Pär Lagerkvist est un écrivain suédois, ayant reçu le Prix Nobel de Littérature en 1951. Fils d'un employé de chemins de fer, il a grandi dans une atmosphère religieuse et en contact avec la vieille paysannerie. Après la Première Guerre Mondiale, il connait une phase de pessimisme traduite dans son oeuvre par un questionnement sur sa foi dans l'homme ainsi qu'une interrogation sur le bien et le mal, le sens de la vie. S'ensuit un cycle sur le Mal avec le Bourreau, le Nain, Barabas, La Sibylle.
Dans ce roman, Piccolino est le nain du prince italien Leone, sous la Renaissance. Sa petite taille l'autorise à occuper une place privilégiée dans la société, puisqu'il est un des serviteurs directs du prince. Mais sa présence est toujours sentie comme incongrue dans la Cour. Il y figure comme dans un cabinet de curiosités. Il ne semble jamais y être à sa place : il joue à la fois une fonction d'exécutant et de bouffon.
Avec un mépris, une haine et un sarcasme aigu, ce nain devient un observateur fasciné de cette comédie du monde, tout en voulant en être un acteur. Il souhaite en effet prendre part à l'histoire, jusqu'à anticiper, par des actes accablants, les volontés du prince. Mais il tombe de haut car il ne peut devenir un héros, même pas de sa propre vie. Il devient donc un monstre de haine et de cruauté envers les autres comme envers lui-même, parce qu'il est ce qu'il est malgré lui.
Avec ce livre magistral, Pär Lagerkvist, maître écrivain de l'angoisse existentielle, ne se contente pas de faire de la présence marginale du nain un questionnement social. Car si le nain est la part maudite du social, que les hommes voudraient bien oublier, c'est aussi qu'il manifeste pour notre modernité d'après la prétendue mort de Dieu le sentiment d'avoir été seul oublié du partage divin – sentiment à la source de l'inquiétude métaphysique que Lagerkvist n'a cessé d'interroger.
Je vous enjoins à découvrir ce roman social, assez différent et qui pose de nombreuses questions sur la place de l'homme, les désirs, la marginalité et le Mal.
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