Il y a quelques jours de cela, j'ai lu le recueil de nouvelles «
L'anneau du pêcheur », de
Selma Lagerlöf, et je l'avais jugé plutôt sévèrement : si l'écriture et le style de l'auteur étaient évidemment impeccables, les nouvelles en elles-mêmes me paraissaient peu mémorables. La lecture de ce présent recueil, «
le livre de Noël », me laisse une impression semblable mais elle m'amène toutefois à nuancer mon propos. J'en suis sorti charmé et je le recommande vivement.
Oui, la plume de Lagerlöf est toujours aussi belle – on ne devient pas un prix Nobel de littérature sans raison – mais ses histoires sont encore une fois plutôt ordinaires. Là où mon opinion a changé un peu, c'est que ces nouvelles sont précieuses justement parce qu'elles abordent de tels sujets, qui se cantonnent dans le famillier, pour ne pas dire le traditionnel. Pas besoin de hauts faits d'armes, d'actions héroïques ni de mélodrames à n'en plus finir. Non. Les petites gens aux moeurs sincères et les aléas du quotidien suffisent amplement. Avec des thèmes réalistes « bien de chez nous », l'auteure tend à l'universalité. Qui peut ne pas se laisser attendrir par cette jeune fille – Lagelöf elle-même ? – qui, la soirée de Noël, déballe ses cadeaux les uns après les autres, déballant toujours des accessoires de couture qu'elle abhorre et espérant jusqu'au bout un roman qu'elle pourra lire et relire ! Sans prétention mais tellement vrai et touchant. Comment ne pas aimer ?
C'est la nouvelle qui m'a le plus plu. Mais il y en a d'autres. Des légendes avec des animaux qui parlent : « le rouge-gorge », dans laquelle ce petit animal explique comment, bien longtemps après la création, il a finalement obtenu son plumage rouge. Joli et mémorable. Des intrigues historiques comme « Légende de la fête de la Sainte-Lucie » et des récits anecdotiques tel « le piège à rats ». Beaucoup racontent son petit coin de pays. Dans chacune, une petite morale (très judéo-chrétienne : partage, amour, pardon, rédemption…). Parfois évidente, d'autres fois, moins mais jamais dérangeante ni trop envahissante. Dans tous les cas, il s'en dégageait quelque chose de plaisant. Pendant ma lecture, je m'imaginais dans une petite maison du centre de la Suède, bien au chaud sous une jetée, près d'un foyer. Quand j'ai refermé ce livre, je n'avais qu'une idée en tête : visiter la Scandinavie. Plus probablement, je m'immerserai dans d'autres récits de
Selma Lagerlöf.