Avec une écriture majestueuse, avec une aisance assez particulière, Selma Lagerlöf nous concocte dans ce recueil, des contes et légendes auxquels elle prête sa sensibilité, sa foi en un Dieu miséricordieux et encore mieux un Dieu qui est Amour, d'un amour qui, une fois saisit par le cœur de l'homme, rend celui-ci incroyablement invincible, comme quoi l'amour a le pouvoir de repousser tout mal, et Lagerlöf le fait vivre autour du personnage du roi Olaf qu'on retrouve dans la plupart des légendes, et qui n'avait que l'amour comme arme de défense contre le mal, contre le mauvais cœur ou contre toute forme de conspiration. En faisant intervenir des personnages de toutes les couches de la société, ces contes relatent, entre autres, Les liens invisibles qui mettent en ébullition les relations entre les personnages, si ce n'est pas entre les hommes que ça se passe, ça sera entre l'homme et Dieu. Sur une vingtaine de contes, aussi variés que les uns les autres, j'ai beaucoup aimé le premier conte, celui d'Astrid, dont le personnage m'a autant fasciné par son courage et par cette déchéance intérieure que va lui couter ce courage!
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Un univers doux et poétique.
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Elle dut y retourner pour assister à la vente de sa maison natale. L'heure cruelle ! « Plus d'un a détourné la tête, quand sa maison d'enfance le regardait avec le regard d'une bête blessée. Plus d'un sur ces champs abandonnés qui lui criaient leur abandon se fût volontiers jeté à genoux et les eût conjurés de ne pas le croire coupable d'un pareil crime. »
On vendit tout, sauf ce qui ne pouvait se vendre et qui était encore plus précieux que les murs, les arbres, le jardin, le bétail. On vendit tout, sauf ce qui avait été dit, conté, espéré, aimé, sur ce coin de terre.
Mais cela même, cela qui ne se vendait pas, allait se disperser et s'évanouir et serait bientôt comme s'il n'avait jamais existé.
Qu'importaient la gloire et les écoles littéraires ? Elle jeta ses vers au feu. Il s'agissait bien de vers ! L'important, c'était d'empêcher cela de mourir. Elle le garderait pour elle ; elle se le raconterait pour elle ; elle y emploierait ses longues veillées d'hiver, pendant que le vent hurle et que les lauriers-roses fouettent le pilier du balcon de leurs feuilles dures. C'était son bien, son inaliénable trésor. Elle ne se demanderait pas si elle faisait du réalisme ou du romantisme. Elle sauverait son héritage, tout simplement.
L’image de la princesse était si belle qu’elle eût voulu se jeter à genoux pour l’adorer. Elle voyait le roi, haut et couronné, assis sur son trône. Un manteau rouge, brodé d’or, descendait de ses épaules jusqu’à ses pieds. Il n’avait pas d’épée dans sa main, mais de Saintes Écritures ; et son trône était soutenu par un Troll dompté. Blanc comme de la cire, son visage luisait vers elle, encadré de longues boucles. La paix et la piété resplendissaient dans ses yeux. Elle se sentait presque effrayée devant l’éclat surhumain qui rayonnait de ce visage pâle. Elle comprenait que le roi Olaf n’était pas seulement un roi, mais qu’il était un saint et l’égal des anges.
Entre les basses dépendances des vieilles demeures royales d’Upsal s’élevait la Tour des Vierges. Elle était bâtie sur pilotis comme un colombier. On y accédait par un escalier qui ressemblait à une échelle, et on y entrait par une porte qui ressemblait à une trappe. Les murs couverts de runes parlaient d’amour et de langueur passionnée. Sur le rebord des étroites lucarnes l’usure du bois avait formé de petits creux ronds, car les suivantes s’y tenaient souvent et y appuyaient leurs coudes pour regarder dans la cour.
Astrid, la blonde esclave, qui avait éprouvé le froid et la faim et supporté bien des peines, et qui pourtant remplissait la maison de son rire et de sa gaieté, s’imaginait le roi tout autrement. Elle n’y pouvait rien. Chaque fois qu’on parlait de lui, elle croyait voir le fils du bûcheron qui, le soir, sortait de la forêt, la hache sur l’épaule.
Le vieux poète eut honte de lui-même : « Elle est trop bonne, se dit-il, pour qu’on essaie de la surprendre par ruse. Il faut marcher contre elle à visage découvert. »
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Les Jeux olympiques de littérature
Louis Chevaillier
Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. »
Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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