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EAN : 9782848051178
273 pages
Sabine Wespieser (11/09/2014)
  Existe en édition audio
3.51/5   233 notes
Résumé :
Après trois jours de tempête, un pêcheur découvre, échouée sur la grève, une jeune fille qui semble avoir réchappé à une grande violence. La voix de la naufragée s’élève, qui en appelle à tous les dieux du vaudou et à ses ancêtres, pour tenter de comprendre comment et pourquoi elle s’est retrouvée là. Cette voix expirante viendra scander l’ample roman familial que déploie Yanick Lahens, convoquant les trois générations qui ont précédé la jeune femme afin d’élucider ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (68) Voir plus Ajouter une critique
3,51

sur 233 notes
Un pêcheur découvre, échouée sur la grève, après trois jours de tempête, une jeune fille qui semble avoir réchappé à une grande violence. La voix de la naufragée s'élève, qui en appelle à tous les dieux du Vaudou et à ses ancêtres, pour tenter de comprendre comment et pourquoi elle s'est retrouvée là.

Ce que j'en pense :
Deux récits s'entremêlent, un écrit en italique, celui de la jeune fille échouée sur la plage et l'autre en caractères normaux, consacré à la saga familiale. D'emblée, j'ai été séduite par la langue de Yanick Lahens qui nous parle d'Haïti, toute en couleurs, ses paysages, ses coutumes, les Dieux vaudous, les rituels…
Elle raconte la dureté de la vie des pauvres à Anse bleue, Orvil qui ne ramène presque plus de poissons alors que la pêche se fait dans des conditions de plus en plus pénibles sur son bateau vétuste.
On retrouve les divinités vaudous, les croyances, le respect des Ancêtres qu'on se doit d'honorer régulièrement, les offrandes de nourritures aux divinités…
Ce pays souffre et on souffre avec lui, mais il y a toujours de la dignité. On sent la présence violente des Duvallier père et fils, et des tontons macoutes. La dictature qui resserre son étau, un des fils d'Orvil s'enfuit alors que l'autre s'engage chez les militaires pour le prestige de l'uniforme, le pouvoir d'écraser les autres, les exactions, les massacres…
Au début, j'ai fait de nombreux va-et-vient entre la lecture du livre et la consultation de l'arbre ou du glossaire, mais peu à peu on s'habitue…
Les prénoms sont beaux : Philogène, Fleurimor, Faustin, Cilianise, Ilménèse, Altagrâce….
Yanick Lahens nous livre un plaidoyer pour cette terre d'Haïti qu'elle aime et dont nous avons trop tendance à abandonner à son sort, pour les Haïtiens qui se battent pour vivre, survivre, sans s'avoués vaincus, qui ne mangent pas à leur faims et sont meurtris par les éléments autant que par les politiques politiciennes.
Donc, un bon roman bien écrit, mais qui nécessite une attention permanente, (ce qui a été difficile pour moi, vu l'état de fatigue dans lequel j'étais) pour ne pas perdre le fil et qui m'a donné envie de lire un autre roman de Yanick Lahens et de mieux connaître Haïti et sa culture.
Note : 8/10

Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Bain de lune nous plonge dans le monde poétique, magique et terrible des Haïtiens. Sur cette île, des générations de paysans démunis ont lutté pour survivre. Des hommes confrontés aux éléments naturels et aux puissants. Des hommes qui invoquent les dieux et les divinités vaudous et dansent après la messe, rassemblés autour du poteau mitan.

Quelquefois leur souffrance semble infinie, leur résignation aussi, une sorte de fatalisme leur fait considérer la vie comme la mort mais ne les empêche pas d'aimer et d'espérer.
Un livre à l'écriture belle et audacieuse qui résonne longtemps après sa lecture.
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Un roman à deux voix.
Celle d'une femme qui se réveille sur la plage, nous ne savons pas trop ce qui l'a amené là mais elle est fortement cabossée. Un homme se penche sur elle.
Et l'histoire de deux familles sur trois générations qui se croisent et se recroisent : les Lafleur et les Mésidor.
Les seconds avides de bonnes terres, ont ruinés les premiers, qui sont devenus des petites gens du peuple, vendant leur production et leur maigre pêche sur les marchés.
Les Mésidors sont riches et puissants et ont l'habitude que l'on s'incline sur leur passage. du haut de leurs chevaux ils toisent la populace avec un air de dédain.
Mais aujourd'hui, en plein marché, Tertulien Mésidor, la cinquantaine bien tassée, tombe en arrêt devant une jeune beauté de seize ans : Olmène Lafleur. Sa beauté est en pleine éclosion et son vêtement que le vent plaque sur son corps révèlent des trésors en pleine construction. L'homme tressaille : il l'a lui faut !
Un roman riche de descriptions, pour ce pays ravagé qu'est Haïti, pour la servitude des femmes, pour les pauvres face aux riches. Un ton au-delà du poétique qui nous plonge dans un roman empreint de souffrance. Un bouquin ou il convient d'être vigilant pour ne pas en perdre le fil : l'histoire est sur trois générations et beaucoup de protagonistes y sont décrits. Fort heureusement il y a un arbre généalogique à la fin pour s'y retrouver.
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Deux familles haïtiennes dont le destin se croise. L'une est puissante, l'autre pauvre.
Le dépaysement est garanti. Entre la misère paysanne, les abus politiques, les pratiques vaudou, les ouragans, les marchés…. on est bien à Haïti, et toutes les expressions créoles rajoutent au charme de cette lecture.
L'auteur aime son pays et souffre avec lui. Elle le traduit fort bien.
le départ est bien confus. Malgré l'arbre généalogique, il n'est pas aisé de s'y retrouver. D'autant que tous les chapitres écrits en italique sont bien énigmatiques. Il faut vraiment attendre la fin du livre pour savoir de qui ils parlent.
Mais c'est un beau livre, écrit avec âme et passion. J'aime ces auteurs qui nous font découvrir d'autres vies, d'autres moeurs, d'autres sociétés.
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La terre natale reste toujours accrochée aux souliers des écrivains. Cela semble un cliché mais n'est-ce pas encore plus vrai pour un pays parmi les plus déshérités du monde : Haïti, lequel possède une tradition littéraire très riche (Laferrière, Trouillot, Danticat, ...) y compris dans l'exil ? Yanick Lahens est une voix singulière que l'on avait appréciée dans le très beau Guillaume et Nathalie. Bain de lune est plus ambitieux encore et se déroule sur une trentaine d'années (jusqu'à la fin des années 80), dans un petit village "Anse bleue" à travers le destin de deux familles, l'une nantie, l'autre pas, et que les événements climatiques (sécheresses, ouragans) et politiques (dictatures, soulèvements) n'épargnent pas. Bain de lune est un roman fulgurant, capricieux et poétique qui demande un grand effort pour ne pas se perdre dans les méandres de ses intrigues et le foisonnement de ses personnages (l'arbre généalogique placé à la fin du livre est une bonne idée). Comme l'écrit Yanick Lahens : "Dans toute cette histoire, il faudra tenir compte du vent, du sel, de l'eau, et pas seulement des hommes et des femmes." Et si "Vivre et souffrir sont une même chose", Bain de lune est un nouvel hommage à cette capacité des haïtiens à ne jamais se résoudre au malheur et à se battre pour que s'améliore leur sort misérable.
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critiques presse (5)
LaLibreBelgique
18 novembre 2014
Ce livre nous plonge dans l’histoire d’Haïti. A travers quatre générations et un style admirable.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Liberation
07 novembre 2014
La récompense est méritée pour ce quatrième roman, écrit de main de maître. Ce qui faisait déjà la qualité des livres précédents se révèle ici dans toute sa splendeur : le réalisme des personnages, la puissance poétique des images, la finesse des descriptions, l’audace de la composition…
Lire la critique sur le site : Liberation
LesEchos
05 novembre 2014
Un joli nom pour un livre épique, qui raconte une saga familiale tourmentée sur fond de tumultes politiques.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LePoint
04 novembre 2014
Dans la tradition haïtienne du roman paysan, marquée par le classique de Jacques Roumain Gouverneurs de la rosée et plus récemment par La Belle Amour humaineoù Lyonel Trouillot faisait entendre les voix du village d'Anse-à-Foleur, ce Bain de lune de Yanick Lahens s'impose par sa grande beauté lucide.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
29 septembre 2014
En 280 pages, trois générations de paysans et une multitude de tableaux impressionnistes défilent sous la plume de l'élégante diplômée de la Sorbonne. Qui nous fait comprendre, mieux qu'une foule de traités, l'incroyable ressort du peuple haïtien face aux colères de la nature et à la folie des hommes.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Elles se relayèrent sans faiblir, enchaînant une histoire après l’autre… Les frasques des concubins, l’impertinence des matelotes*, les soucis des enfants. Celles des jardins, où elles s’esquintaient à faire pousser légumes, petit mil et maïs. Celles du jardin le plus précieux, qu’elles, les femmes, gardaient là, lové entre leurs hanches, et qui n’appartenait qu’à elles. Et des hommes qui y avaient fait une halte pour raviver des sources et allumer des feux. P 51
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En septembre de l'année 1963, le malheur allait creuser des entailles profondes dans la vie de milliers d'hommes et de femmes. Des silhouettes furtives rasaient les murs dans la nuit de Port-au-Prince pour éviter les phares des DKW. Avec leurs casques, leurs fusils, les ombres bleues des miliciens avançaient dans les DKW, fouillant les entrailles de la ville. Ils défilaient dans les ténèbres, formant la horde de la haine, pourchassant les ombres fiévreuses, tremblantes, qui se glissaient entre les arbres, se précipitaient dans des corridors obscurs, tentant de se confondre avec les portes, les palissades, les fenêtres. C'étaient la cadence de leur propre coeur et le souffle de leur propre voix qui maintenaient encore debout ces frêles silhouettes et les faisaient avancer, aveugles, affolées. Et tous ces chuchotements, ces souffles, ces cris, ces crissements de pneus éveillaient les esprits cruels de la nuit. Alors, les ombres tremblantes guettaient les pas sur l'asphalte, le sang figé d'effroi dans leurs veines, jusqu'à ce qu'ils fussent fusillés par les phares des DKW, comme un prélude à leur deuxième mort, la vraie. Jusqu'à ce qu'un cri, longue lame aiguisée, ne tailladât la nuit.
En septembre 1963, l'homme à chapeau noir et lunettes épaisses recouvrit la ville d'un grand voile noir, Port-au-Prince aveugle, affaissée, à genoux, ne vit même pas son malheur et baissa la nuque qu milieu des hurlements de chiens fous. La mort saigna aux portes et le crépitement de la mitraille fit de grands yeux dans les murs. Jamais ces événements ne firent la une des journaux.
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« Au tout début du mois de septembre 1962, Dorcélien était passé de village en village annoncer que des camions viendraient chercher des hommes et les emmèneraient à Port-au-Prince. Pour des rassemblements en l'honneur de l'homme à chapeau noir et à lunettes épaisses. » [...]notre vie n'allait pas tarder elle aussi à se flétrir, le sol se fissurer à nos pieds, et les robes claires de femmes se noircir de la teinte du deuil. Nous n'avons vu que plus tard la mort se déployer au-dessus de nous comme un affreux soleil. »

« Le prophète avait transformé des crève-la-faim, pauvres et maléré comme nous, en bandes organisées armées jusqu'aux dents auxquelles il ne faisait pas bon se frotter. Des Blancs venaient les voir, ils les prenaient pour des héros de western, des guerriers, et raffolaient de leurs noms de nuit : Jojo-mort-aux-rats, Hervé-piment-piké ou Chuck Norris. Des noms qui donnaient froid dans le dos. Des noms qui suggéraient que ces hommes pourraient faire d'eux leur prochain repas. Mais ces Blancs aimaient les sensations fortes. Alors ils écrivaient des articles pour les journaux et les filmaient pour faire peur à d'autres Blancs très loin qui les regarderaient à la télévision. »



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Les mots puissants, magiques, firent fondre notre épaisse carapace de doutes. Quand ils nous annoncèrent que des événements étaient en marche et que bientôt la douleur ne disparaîtrait pas seulement, mais ferait place au levain de l'espoir, nous y avons cru. Quelques secondes. Des semaines, voire des mois. Nous y avons cru. Allez savoir pourquoi, mais nous y avons cru. Surtout que, pendant des jours, des semaines et des mois, Fanol et Ezéchiel nous avaient répété, répété, qu'avec le parti des Démunis nous pouvions enfin choisir notre destin. Emportés comme eux sur une route dont nous croyions prévoir les virages et les détours, nous n'avons pourtant avancé qu'à reculons. Le tracé ne nous apparaîtrait qu'après. Une fois les dés jetés. Bien après.
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Je suis Cétoute Olmène Thérèse, la benjamine de Philomène Florival et Dieudonné Dorival.
Olmène parce que Dieudonné, mon père, voulait que sa mère revive en moi....
Thérèse parce que ma mère, Philomène, n'avait jamais oublié l'histoire de la vie de Thérèse d'Avila, folle de Dieu, qu'on lui avait lue au catéchisme. Elle ne me voulait pas folle mais traversée des lueurs vives qu'elle avait éteintes en échouant à Anse Bleue.
Cétoute parce que ma mère Philomène voulait aussi par-dessus tout que je sois la toute dernière. Pour ne plus tenir la promesse des dix ou quinze enfants qui se niche au fond du ventre des femmes d'ici.
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Quel roman, récemment couronné par le prix Fémina, raconte de façon saisissante l'histoire d'Haïti, première colonie à conquérir l'indépendance et pays le plus déshérité des Amériques ?
« Bain de lune », de Yanick Lahens, c'est à lire en poche chez Points.
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