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Critique de Gribouille_idf


Avec son dernier livre, Bernard Lahire démontre tout l'intérêt des « sciences du monde social » dont fait partie la sociologie. Alors qu'il avait déjà formulé l'utilité sociale (mais aussi « politique", entendons par là pour le citoyen) de la sociologie dans un ouvrage maintenant déjà ancien, « A quoi sert la sociologie ? » (La Découverte, 2004), il retravaille, dans cet essai, son argumentation de manière plus accessible pour un public de lecteur non familiarisé avec le langage sociologique. Et s'il le fait, c'est principalement parce que, d'une part, son livre est une critique radicale du pamphlet de Philippe Val: « Malaise dans l'inculture » (Grasset, 2015), et d'autre part, parce que la sociologie est accusée des maux qui rongent la société française.
En effet, Philippe Val donne de la sociologie une vision délirante, réductrice, imaginaire, infondée et néfaste à ce citoyen qu'il prétend, lui-même, éclairer grâce aux idées des philosophes des Lumières. Bernard Lahire passe alors au scalpel de son analyse tous les arguments à charge de l'ancien patron de Charlie Hebdo. Pour ce faire, il s'appuie sur ses nombreux travaux (et d'autres) dans le domaine de l'éducation, de l'école et de l'apprentissage des savoirs. Contrairement à Val, Lahire, loin du sociologisme totalitaire, adopte une démarche essentielle à tout sociologue ; « désévidencialiser » les faits sociaux et non les « essentialiser », autrement dit, lutter contre les évidences du sens commun et ainsi procéder à une rupture avec ses présupposés, ses prénotions et ses préjugés quel que soit le sujet. Cette démarche typiquement scientifique, et non idéologique, repose sur une posture compréhensive contrairement au « mythe de l'excuse sociologique » qui suppose un jugement moral. La sociologie n'est donc pas une science morale ni idéologique, même si certains sociologues (Lahire ne dit rien sur ce point) s'y fourvoient et confondent science, politique et journalisme.
Enfin, Bernard Lahire va plus loin. Pour lui, les méthodes et les techniques appliquées en sciences sociales (observation, questionnaire, entretien, description, narration, … ) devraient être enseignées dès l'école primaire. Elles permettraient une connaissance objective, dès l'enfance, du monde dans lequel le citoyen vit et, probablement, une fois adulte, une meilleure appréhension de son destin.
Tout citoyen qui consent à prendre conscience des mécanismes sociaux et économiques, de la réalité des milieux sociaux, ne serait-ce que du sien, aurait intérêt à lire et à méditer l'ouvrage de Bernard Lahire.
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