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EAN : 9782841868025
205 pages
Michalon Editions (23/09/2015)
4.22/5   16 notes
Résumé :
Claire Lajeunie est partie en quête ces femmes oubliées, a errée dans les rues, près des gares, des grands magasins, où elles font souvent la manche, afin de comprendre qui elles sont, comment elles ont basculé dans la précarité et dresse des portraits. Des portraits de femmes fragilisées, qui ont fui leur domicile conjugal, la violence d'un compagnon, des femmes atteintes de troubles mentaux, des femmes dépendantes de l'alcool ou de la drogue, des femmes surendetté... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

Je n'ai pas vu le film « Les invisibles ». Claire LAJEUNIE a écrit le livre après, pour le compléter, ce qui est rare, l'inverse étant plutôt la norme.

Des femmes vivent dans la rue, de plus en plus, surtout à Paris où l'enquête a eu lieu. Un destin qui peut basculer très vite : une adolescente chassée de chez elle ; une autre qui part par amour, suit un SDF qui va peu à peu l'entraîner dans l'enfer de la drogue. Une femme battue qui s'enfuit avant d'en mourir, et qui se met à boire pour supporter la difficile vie dans la rue.

Quoi qu'il en soit, quel que soit leur âge, elles vivent toutes dans la terreur. Certaines ne voient plus jamais le jour, n'ont plus de papiers, plus d'argent, ne peuvent survivre que par la manche, dans la noirceur des sous-sols du métro, ayant perdu la notion de temps. Elles se font voler leurs affaires, tout le temps, en sous-sol comme à l'air libre ; plus de téléphone, plus de liens.

D'autres veulent conserver un minimum de dignité, s'accrochent, se rendent durant la journée dans les locaux dédiés, qui permettent de prendre une douche, de boire un café chaud, de dormir un peu. Elles ont du mal lorsqu'elles ont leurs règles : pas de protections, d'où des nouvelles collectes de garnitures mises en place (surtout pas de dispositifs internes pour les risques infectieux).
Mais la nuit, beaucoup préfèrent dormir avec un copain, dans les parkings où les gardiens les tolèrent parfois. Dans les centres d'accueil, comme partout, elles se font agresser, voler et surtout violer. C'est la réalité de la rue.
Alors elles veulent rester invisibles, asexuées, habillées comme des hommes, cheveux attachés, pas maquillées. Certaines ont plus de 50 ans ; comment vivre dans ces conditions ? On ne vit pas, on survit. Alors elles en crèvent d'être invisibles, et nous devons apprendre à les voir si elles le sont aussi pour nous.

Retrouver le chemin de la socialisation, avec les aides requises, certaines y parviennent parfois. Par amour pour un enfant. Mais d'autres avouent que se retrouver seule dans une chambre d'hôtel ou autre, alors qu'elles vivent tout le temps en groupe, est très difficile, voire impossible. La solitude soudaine, le face-à-face avec soi-même, sans artifice, est insurmontable. Certaines fuient et renoncent au dernier moment.

Un livre qui nous rappelle que ces femmes ont toute eu une vie avant la rue qui pouvait ressembler à la nôtre, et qu'elles méritent le respect, comme toutes les femmes.
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Quand j'ai vu ce livre à la médiathèque, je l'ai emprunté sans la moindre hésitation. Il y a quelques temps, j'ai lu un article qui parlait des femmes SDF violées. C'est une dimension à laquelle, étrangement, je n'avais pas songé. J'avais pensé au froid, au manque de nourriture, à la difficulté d'accès l'hygiène, notamment pour les femmes lorsqu'elles ont leurs règles, aux vols, au mépris des gens... mais pas aux agressions sexuelles et aux viols. J'ai été profondément bouleversée en lisant cet article.

Aussi, ce livre était l'occasion pour moi de découvrir une réalité, qu'on a tendance à préférer ignorer. Les personnes sans domicile fixe, et plus particulièrement les femmes. J'ai été très surprise d'apprendre que 40% des SDF étaient des femmes, alors que je vois plutôt des personnes que j'assignerais "hommes" dans la rue. Même lorsque je distribue, une fois par mois, de la nourriture aux personnes qui le souhaitent, avec le collectif Food not Bombs, je vois peu de femmes qui semblent vivre à la rue.

Claire Lajeunie a voulu enquêter sur ces invisibles, qu'on ne voit pas, qu'on entend pas. Qui sont-elles ? Comment en sont-elles arrivées là ? N'ont-elles pas de famille pour les aider ? Comment (sur)vivent-elles dans ce milieu hostile qu'est la rue ?

C'est un reportage glaçant, qui fait froid dans le dos. Il permet de réaliser le quotidien de ces personnes sans domicile fixe, et ce qui les a fait "basculer". Cela part souvent d'un petit événement. Cela pourrait être toi, cela pourrait être moi... Cela peut arriver à n'importe qui.

Ces témoignages sont éloquents, et permettent de prendre conscience de ce problème qui nous concerne tous.tes. Il ne faut pas s'intéresser aux SDF uniquement en période de grand froid : ces personnes n'ont pas de domicile toute l'année, difficilement accès aux soins, à l'hygiène, à la nourriture, et, surtout, à la sécurité.

Nous ne pouvons pas faire grand chose, si ce n'est leur tendre la main. Cela passe par les dons (argent, nourriture, vêtements...), le bénévolat, mais aussi un simple sourire, un bonjour, quelques mots échangés... C'est primordial de garder ce contact humain.

Merci à Claire Lajeunie pour son travail, et à toutes ces femmes qui se sont confiées, qui ont partagé un morceau de leur vie...
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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Ce témoignage m'a rappelé beaucoup de souvenir. ❤️ Sans trop en dire sur le contexte, quand j'avais 16 ans, j'ai rencontré à Angers une jeune femme SDF. Je me suis assise un après-midi sur le trottoir à ses côtés et j'ai beaucoup discuté avec elle. Son parcours, sa vie actuelle...où elle dormait, comment elle survivait dans la rue?... Elle était enceinte et ne savait plus comment faire. 😔 Je l'ai aidé comme j'ai pu, avec les moyens que j'avais. Je n'habitais pas Angers et d'ailleurs j'y suis resté que 2 semaines. Mais j'avais gardé contact avec cette jeune femme, lui demandant régulièrement des nouvelles par SMS. Et puis un jour, plus de nouvelles, plus de réponses. 💔 Je n'ai jamais su ce qu'elle était devenue. Mais tout le long de ce livre, j'ai pensé à elle.
Je me suis toujours intéressé et questionné sur le quotidien des SDF. Après cet épisode avec cette jeune femme, j'ai rencontré un jeune SDF, quelques années plus tard, sur le trottoir au Mans (ma ville natale) qui m'a beaucoup parlé de sa vie. J'ai compris beaucoup de choses. Et surtout, cela m'a toujours donné des leçons de m'assoir, près d'eux. Je n'ai jamais eu honte d'être assise à leur côtés. 😉 Mais j'ai souvent eu honte, après, d'avoir beaucoup de privilèges. Je suis quelqu'un qui a vachement les pieds sur terre. (Trop même!) Et cette réalité qui est la précarité me fend le coeur. N'importe qui peut être concerné un jour. Alors, la prochaine fois que vous croisez la route d'un SDF, svp, ayez au moins un regard pour eux. Ce sont des gens comme nous. 🤍
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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C'est grâce à la promotion du film « Les Invisibles » que j'ai découvert ce livre.
La journaliste-réalisatrice Claire Lajeunie a voulu rencontrer ces « Invisibles », ces femmes sans-domicile fixe qui se cachent pour survivre. Elle a passé cinq mois avec ces oubliées, Julie, Anna, Catherine, Sophie… Elle les a approché dans les gares, sur les trottoirs parisiens, dans le métro, les bus, les parkings souterrains ou dans des associations. Elle voulait essayer de comprendre comment elles ont basculé et comment elles arrivent à survivre. Elles sont très jeunes ou approchent la soixantaine…Ce livre nous raconte la vie quotidienne difficile de ces femmes qui n'ont plus rien et qui tentent de lutter pour garder dignité et espoir de s'en sortir. C'est la réalité et l'on voit également tout le travail de bénévoles et d'associations qui chaque jour, sans se résigner, tentent d'apporter du réconfort à celles et ceux devenus invisibles. Leurs histoires sont très différentes et l'on peut pas ne pas être touché. L'écriture est simple, directe, sans pathos.
Claire Lajeunie donne un visage à celles que l'on voit sans regarder à travers son livre mais également son documentaire diffusé sur France 5 en septembre 2015.
Lien : https://aproposdelivres.word..
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Après avoir vu le reportage sur France 5, j'ai sauté sur le livre, et je ne suis pas déçue !
Tout ce qui à été dit dans le reportage est repris, avec le point de vue et le ressenti de chaque instant de la reporter, Claire Lajeunie.
C'est poignant, troublant et fait sérieusement réfléchir.
Claire Lajeunie lève le voile avec délicatesse et pudeur sur ces femmes, oubliées de la rue.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les professionnels qui accompagnent les SDF expliquent souvent que ces derniers atteignent le seuil critique au bout d'un an passé dans la rue. Il est généralement difficile de s'en sortir ensuite. Un processus de marginalisation, dont il est compliqué de s'extraire, s'enclenche.
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Depuis quinze ans, au fil de nombreux documentaires, je raconte le monde à ma façon : l’adoption, les bébés secoués, la violence routière, la psychiatrie, la maltraitance infantile… Ces sujets me passionnent et me permettent de plonger dans des univers interdits. On me dit souvent que ce sont des thèmes durs et graves, mais je sais qu’ils m’ont aussi beaucoup apporté. J’ai appris à relativiser mes petits problèmes et me suis construite grâce à toutes les personnes que j’ai rencontrées. Je pense souvent à elles. Ce sont leurs paroles et la force de leurs témoignages qui sont ma source d’énergie. J’ai été une des premières à parler du syndrome des bébés secoués. Dix ans après, j’ai retrouvé des enfants qui allaient mieux. Ce premier documentaire, que j’ai réalisé à l’hôpital Necker, a développé chez moi l’envie d’infiltrer des milieux un peu hors normes, d’aborder des sujets tabous, souvent douloureux. Un métier riche en émotions, qui me pousse à chercher toujours un peu plus loin pour raconter des histoires fortes et donner la parole à ceux qui souffrent en silence.
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10 heures du matin, porte de la Villette. J'emboîte le pas d'une jeune femme brune qui s'appelle Anna. Elle tient à me montrer un endroit particulier pour elle. [...] C'est un "no man's land", les anciens rails sont recouverts d'un tas de déchêts : des seringues usagées, de vieux vêtements sales et des bouteilles d'alcool vides jonchent le sol. Mes chaussures sont pleines d'excréments, je me concentre à chaque pas, j'ai des haut-le-cœur et je dois arrêter de respirer. Je me laisse guider. C'est un ancien squat.
Anna a vécu dix ans dans la rue, de squat en squat...
Une vie qui abîme et qui laisse des traces.
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" Et la rue, est-ce que tu as le sentiment que ça t' abîme physiquement ?
- Oui, oui, ça peut abîmer. J'ai perdu des dents car j'ai reçu des coups. Le maquillage, les produits d'hygiène, ça manque, on a la peau sèche.
- C'est facile à dire qu'on est SDF ?
- Non, pas du tout.
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Il y a trois ans, j’ai enquêté sur les familles monoparentales, du côté de ces femmes qui élèvent seules leurs enfants et qui vivent sous le seuil de pauvreté, avec moins de 1 000 euros par mois, des mères courages. J’ai vu des femmes qui étaient sur le «fil», prêtes à basculer à la moindre embûche. Des histoires de vies qui nous parlent.
J’ai eu alors envie d’aller plus loin, de trouver celles qui avaient perdu pied. Avec une obsession : tordre le cou aux idées reçues et montrer qu’on peut vivre dans la rue sans être dans la caricature de l’alcool et de la folie, même si ça existe. On peut «tomber dans la rue» et avoir eu une vie avant, parler plusieurs langues ou avoir fait des études.
Et si un jour, c’était moi ?
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