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EAN : 9782330037048
194 pages
Actes Sud (01/10/2014)
3.56/5   17 notes
Résumé :
Enzo Laganà, journaliste turinois de racines calabraises, goûte la douceur de la cité phocéenne lorsqu'il reçoit un appel affolé de son rédacteur en chef : quatre Albanais ont été assassinés la nuit précédente à Turin, probablement victimes d'un règlement de comptes. Le monde médiatique local est sur la brèche. Mais lui où est-il ? "À Ma... à Marconi". Acculé, il prétend être sur une piste, cours Marconi, à Turin, alors même qu'il se trouve face au Vieux-Port. Enzo,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Amara Lakhous a beau être né sous le soleil algérien, il a écrit un roman profondément enraciné dans la culture italienne. Une histoire insolite qui ravive la mémoire saturée de guerres entre mafias, le goût de la théâtralisation et du rebondissement en embuscade, un rythme volubile et endiablé, le lecteur n'a pas d'autre choix que de courir derrière ce récit féroce et léger.
Querelle autour d'un petit cochon italianissime a San Salvario braque l'objectif sur un journaliste calabrais, Enzo Laganà, installé à Turin et enquêtant sur une série de meurtres dans un quartier populaire de la ville. S'il se révèle cynique, retors, malhonnête lorsqu'il orchestre une machination médiatique dans le cadre de ses "investigations", il se montre beaucoup plus raisonnable et intègre lorsqu'il est amené à trancher un conflit cacophonique opposant ses voisins.
Il n'est pourtant pas question de schizophrénie dans ce roman, mais de deux faces de notre époque. L'une criarde et hystérique qui se cristallise sur ce qui est visible, l'autre beaucoup plus mesurée et magnanime détachée de tout dogmatisme. Deux faces que l'auteur mélange allègrement avec une verve pulsative et des personnages caricaturaux voire grotesques pour signifier la fragilité de la ligne de faille entre ces deux postures. Surtout lorsque l'auteur touche du doigt les questions d'identité culturelle, le multiculturalisme et la frontière invisible entre les italiens du Nord et ceux du Sud toujours très vivace.

Il n'y a pas de nuance, ni de récit édifiant, Amara Lakhous nous offre un roman décapant, tout en rudesse et dérision. Ce n'est pas le roman de l'année mais il est parfois bon de lâcher les fictions ambitieuses et de se laisser séduire par des ouvrages plus légers dans lesquels la farce fleurit sur la ligne dramatique.
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N°940– Juillet 2015

Querelle autour d'un petit cochon itilianissime à San Salvario – Amara LakhousActes Sud.
Traduit de l'italien par Élise Gruau.

C'est l'histoire d'un journaliste italien, Enzo, qui devrait être à Turin en train de faire son métier mais qui est à Marseille avec une jeune et jolie finlandaise, Taïna, avec qui il espère bien coucher. Il reçoit un appel téléphonique de son rédacteur en chef l'informant que quatre albanais ont été assassinés selon le même « modus operandi ». Pour ne pas lui avouer son escapade marseillaise il invente toute une histoire abracadabrante selon laquelle ces meurtres ne seraient qu'un début dans la lutte à mort que se livrent les clans roumains et albanais et bien sûr ce scoop se retrouve en « une » du journal. Sauf que, quand on commence à mentir d'une façon aussi grossière, c'est rare si cela en se retourne pas contre le menteur. L'histoire s'emballe donc et pour faire bonne mesure on évoque une (ou plusieurs) « gorge profonde » et le « Watergate », le tout sur fond d'immigration, de fantasmes médiatiques. C'est l'occasion pour l'auteur de se livrer à une critique du journalisme autant que de la société italienne qui s'est constituée avant tout d'immigration intérieure, les Italiens du Sud remontant vers le nord pour y chercher du travail.

Et le cochon dans tout cela ? Il se prénomme Gino, il est supporter de la Juventus (eh oui) et c'est l'animal de compagnie de Joseph, un immigré nigérian du quartier populaire de San Salvario où habite Enzo et qui attend de recevoir sa famille au titre du rapprochement. Jusque là rien à redire, sauf qu'une main anonyme a décidé de lâcher le goret dans la mosquée du quartier et de filmer la scène, histoire d'y mettre un peu d'animation. Tout le monde s'y met pour protester mais Joseph qui jure n'y être pour rien, reste cloîtré dans son appartement avec Gino et ne fait confiance qu'à Enzo, rebaptisé « conciliateur », pour débrouiller tout cela. Mais voila, nous sommes en Italie et dans ce pays, il y a un personnage incontournable, « la Mamma » et Enzo en a une lui aussi, évidemment, qui l'appelle quotidiennement au téléphone depuis la Calabre où elle vit, autant dire du bout du monde ! Objectif de tout cela : marier enfin son fils de 37 ans. Et pour faciliter son projet, elle a des espionnes qui lui rendent des comptes précis au quotidien, jusque dans les moindres détails.

Ces trois moments semblent étrangers les uns par rapport aux autres Que nenni ! Nous sommes en Italie, je crois l'avoir précisé déjà, et que serait ce pays sans le foot-bal, la cuisine, la chanson, la mafia et ses « repentis » et bien entendu l'amour. Quant au quartier de San Salvario, il est le carrefour de pas mal d'ethnies et de religions et cette histoire de cochons va miner la paix sociale.

C'est aussi pour l'auteur, d'origine algérienne mais Italien d'adoption, de critiquer cette société italienne qui s'est faite elle-même d'apport de différentes provinces de ce pays sur lequel lorgnent, maintenant les immigrés de toutes nationalités.

C'est ironique, plaisant à lire [la traduction y a sans doute sa part], parfois même cynique, il y a dans ce texte toute la comédie italienne contemporaine que nous aimons. Je trouve cependant l'épilogue un peu décevant.


Hervé GAUTIER – Juillet 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
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3ème livre de l'auteur du "choc de civilisation ...". le titre est toujours à ralonge, mais cette fois-ci les intrigues et les thèmes sont multiples. Il se lit sans ennui et d'une traite, mais il pêche par son ambition de vouloir traiter trop de sujets : émigration italienne vers l'Europe, immigration interne du Sud vers le Nord, immigration actuelle, le poids des traditions familiales du Mezzogiorno, l'emprise de la Mafia, les comités de soutien de la cause animale, de l'Italie éternelle ou des musulmans, la rénovation urbaine et la presse et sa recherche du scoop. Bref il charge trop la barque, ma peut-être est-ce volontaire pour montrer la superficialité de notre quotidien qui préfère les clichés à la complexité de la vrai vie.
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Je vais vous parler d'Amara Lakhous en frottant les mains

Comme je l'avais mentionné dans une de mes vidéos , cet auteur figure dans mon TOP5 écrivains de 2016. Pourquoi? Tout simplement parce que j'ai été rapidement séduite par son écriture légère et agréable à lire.


On parle de la couverture ou pas? Hein? J'aime beaucoup le travail de l'illustratrice Chiara Carrer , les postures et les regards sont expressifs surtout ceux de la mamma et de tante Quiz.

Tout commence par un mensonge. le genre de mensonge qui enchaîne un autre et nous voilà plonger dans une histoire de meurtres et de conflits avec un avant-goût humoristique.

Le livre s'étend sur deux moments:

D'un côté, nous avons Enzo Laganà, un journaliste qui va mentir à son rédacteur en chef quand il l'appelle afin de se joindre à l'équipe en urgence. Ils se réunissent autour de l'affaire "assassinat de quatre albanais" dont tout le monde parle. Enzo qui se trouvait à Marseille pour roucouler avec une de ses conquêtes ment: il fait croire à son partron qu'il est sur le coup et ne peut rien révéler avant d'aller voir ses sources. Il élucubre une histoire qui fera la UNE de son journal : faux témoignages, enquête factice, sources imaginaires...


D'un autre côté, à San Salvario, il y a l'histoire de Gino, le cochon de Joseph, le voisin nigérian d'Enzo. le cochon a été lâché et filmé dans une mosquée. Je vous laisse imaginer cette scène hilarante.

San Salvario est un quartier en effervescence, rassemblant la communauté musulmane, les autres habitants du quartier et quelques protecteurs des animaux. Ils s'affrontent tous suite à ce "scandale"

Nous sommes en Italie : on parle fort et avec les mains. J'imagine tout ce monde parlait en même temps essayant d'expliquer les faits. Joseph apeuré s'enferme chez lui avec son Gino et on désigne Enzo Laganà comme médiateur ou négociateur. le côté enfant tarabusté par sa "mama" (prononcez à l'italiene por favor), l'image même de l'Italie a consolidé mon attachement au personnage. Une maman qui veut à tout pris caser son fils approchant la quarantaine: des moments cocasses pendant ma lecture.


Le but du livre n'est pas de nous raconter une querelle à cause d'un cochon mais l'énorme conflit idéologique qui se cache derrière et que vous découvrirez avec le comportement de chaque personnage. Il y aussi la dénonciation du travail bâclé de certains journalistes qui ne respectant plus l'éthique, se jouent de l'opinion publique et abuse de la confiance des lecteurs.

En suivant les égarements burlesques d'Enzo, nous avons envie de le détester. Cependant, son côté bon voisin, tolérant, altruiste aussi le rendent sympathique et nous aimons ce personnage conciliant qui tend la main à son voisin africain pour le protéger des accusations des autres.


La société contemporaine est pointée du doigt. Qu'elle soit en Italie ou ailleurs, le fléau est le même. Amara Lakhous a juste su le transmettre avec une écriture accessible et divertissant.

J'ai vraiment été délicieusement surprise par cette découverte. Cent quatre-vingt-cinq pages dévorées en un éclair.


Un roman que je vous recommande les amis. Une écriture intelligente et recherchée qui fait passer des messages importants sur des sujets sérieux.


P.S: tous les chapitres ont un titre sous formes de proverbes ou juste des expressions captivantes.




Lien : https://monboudoirdelivres.b..
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Encore un chef d'oeuvre signé Amara Lakhous !
Dans ce superbe roman, nous suivons les aventures particulières du journaliste Enzo Laganà. La ville de Turin est en proie à des règlements de comptes entre albanais et roumains alors il doit mener l'enquête et son rédacteur en chef se voit déjà en un héro d'un watergate turinois. Cependant, dans le quartier du journaliste, San Salvario, une autre embrouille éclate après qu'un cochon à été introduit dans une mosquée, alors soudain cet acte de profanation devient une affaire politique qui tient en haleine toutes les communautés du quartier et c'est au pauvre Enzo de mener les négociations pour éviter l'embrasement.
Une histoire insolite qui se lit d'une traite car les intrigues sont multiples que ce soit la guerre entre mafias ou la querelle du quartier, l'auteur nous entraîne dans une joyeuse comédie des temps modernes afin de mettre en pièce une société dans laquelle l'étranger sert d'ambitions politiques aux personnes avides de pouvoir.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il n’avait pas tort, ce sympathique génie d’Albert Einstein : il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé.
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En étant journaliste, j’ai compris que la réalité à laquelle nous nous confrontons n’a ni valeur ni poids. C’est l’imaginaire qui commande nos actions, ou plutôt nos réactions. Nous sommes de plus en plus incertains, apeurés, vulnérables, irrationnels.
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Alors que les enseignants recommandaient de ne parler qu' italien aux enfants, ma mere s'y est toujours refusé et a continué à me parler aussi en dialecte calabrais. Une fois, après le énième avertissement, elle a répondu "Chez moi je parle comme je veux!" Mon père disait toujours que les êtres humains ont la même destinée que les arbres: sans leurs racines, ils meurent. Et il n'y a pas de racine plus solide que la langue. Je pense qu'il avait raison. Quiconque quitte sa terre est comme un arbre transplanté ailleurs, gare à ne pas le priver de ses racines.
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La main qui empoisonne est la même que celle qui guérit.
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"Il n’avait pas tort, ce sympathique génie d’Albert Einstein : il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé."
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MP 2014-12-09-455-003048BDD2D9.mp4
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