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EAN : 9782742770380
145 pages
Actes Sud (28/09/2007)
3.78/5   38 notes
Résumé :
Un homme est assassiné dans un ascenseur, et on s'aperçoit bientôt que l'un de ses voisins a disparu... Cette comédie policière et sociale confronte les habitants d’un immeuble romain, exact reflet du patchwork migratoire de l'Italie contemporaine, aux multiples variantes de la peur de l’autre.
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Lu dans le cadre du Club-lecture auquel j'appartiens et qui avait pour thème les "coups de coeur", j'avoue ne pas avoir été emballé autant que la personne qui l'a sélectionné mais cela reste néanmoins une lecture divertissante.

L'histoire se déroule à Rome dans un immeuble situé Piazza Vittorio. Lorenzo Manfredini, surnommé "Le gladiateur", a été retrouvé mort dans l'ascenseur de l'immeuble et les soupçons se portent immédiatement sur le locataire Ahmed Salmi, alias Amadeo car ce dernier disparaît sans explication juste au moment du crime. Mais, faut-il pour autant toujours se fier aux apparences ? Amadeo, que tout le monde aurait très bien pu prendre pour un italien de pure souche tant il connaissait si bien la ville de Rome et son histoire (peut-être même mieux que les italiens eux-mêmes), ne semble pas être exactement ce que tout le monde pense, mais qui est-il alors exactement ? D'où vient-il et quelle est son histoire ?

Au court de cet ouvrage, les témoignages se succèdent, ceux d'immigrés principalement pour lesquels Amadeo a été d'un grand secours mais aussi celui du commissaire de police, celui du propriétaire du bar et enfin ceux des autres résidents de l'immeuble.
S'il devait y avoir deux personnages principaux à retenir dans cette histoire parmi les nombreuses personnes rencontrées ici, je dirais qu'il s'agit d'Amadeo et de l'ascenseur...Mon rapprochement vous paraît étrange ? C'est normal puisqu'il l'est mais je ne vous en dirais pas plus car c'est à vous de découvrir pourquoi ces deux personne /objet sont si primordiales dans le roman.

Une lecture plaisante mais dans laquelle on se perd souvent tant son nombreux les personnages qui font leur apparition, tant diverses sont leur nationalité, au point où l'on on vient à oublier qui est qui.
Une écriture facile cependant et facile à lire. A découvrir !
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Dans l'immeuble d'un quartier populaire de Rome, Piazza Vittorio, rien ne va plus...Le corps, de Lorenzo Manfredini, dit le Gladiateur - un homme détesté de tous car très irrespectueux - est retrouvé poignardé dans la cage d'ascenseur. Mais la disparition inexpliquée d'Amedeo, apprécié de tous dans l'immeuble, éveille les soupons et trouble les habitants. Tour à tour, ce sont leurs voix qui témoignent et qui reconstituent leurs vérités, les voix des petites gens de Rome, mais parmi eux, aucun romain...Il y a Benedetta la concierge, Napolitaine qui ne jure que par les italiens du Sud, Parvis l'Iranien, dépressif car il a laissé femme et enfants au pays et qu'Amedeo a pris sous son aile, Iqbal du Bangladesh qui se bat avec l'administration, qui fait tout pour s'intégrer jusqu'à vouloir nommer un de ses fils Roberto pour lui permettre d'être plus facilement accepté, Elisabeta très paranoïaque qui cherche son chien et se sent menacée par la moindre ombre qu'elle croise, le jeune Johan van Marten qui se rêve cinéaste et trouve dans les habitants de l'immeuble les personnages de l'âge d'or des comédies italiennes avec comme représentante emblématique Anna Magnani, Maria Cristina, péruvienne, aide soignante d'une vieille dame de quatre-vingt ans et qui rêve de devenir actrice.

Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio est un roman court construit comme une enquête policière et recueillant les dépositions qui permet d'entendre les impressions, les ressentis des personnages et les faire parler sur les sujets délicats comme le racisme, les migrants, leur intégration, les clichés et les préjugés permettent de reconstruire une société romaine diversifiée, plus ou moins bien intégrée, plus ou moins tolérante, un microcosme qui donne un éclairage vivant de Rome, face à la diversité de populations et un récit qu'Amara Lakhous arrive à rendre universel.
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N°884– Mars 2015

Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio - Amara Lakhous- Acte Sud
Traduit de l'italien par Elise Gruau.

Lorezzo Manfredini, surnommé « Le gladiateur », a été retrouvé mort, assassiné dans un ascenseur d'une résidence de la Place Vittorio, un quartier de Rome situé non loin de la gare Termini et habité par de immigrés. Cet homme, un jeune italien, était peu recommandable, à la fois violeur et violent, une véritable emmerdeur pour les autres habitants de cet immeuble, mais sa mort déclenche une prise de conscience à propos de la cohabitation entre Italiens et étrangers au sein de ce quartier, comme si le microcosme qu'est cet ascenseur était l'occasion de cette réflexion. Au même moment, un de ses voisins, Amédeo, disparaît sans raison. Il n'en faut pas davantage pour faire peser les soupçons de certains sur ce malheureux mais cela ne fait pour autant pas d'Amédéo un assassin, lui qui est si apprécié dans ce quartier, actif dans l'intégration des étrangers, tolérant et défenseur des plus humbles. Cet événement donne donc l'occasion à chacun, et ils sont nombreux, de donner son avis, « sa vérité » comme aurait dit Luigi Pirandello. Même jusqu'au commissaire de police Bettarini pour qui Amédéo qui a italianisé son nom(Ahmed) et dont l'histoire présente des zones d'ombre, même pour sa compagne, est forcément suspect ! On se demande même s'il est véritablement italien. Heureusement, Amédeo lui-même, par le biais d'écrits (ses « hurlements ») laissés par ses soins, prend la parole, comme pour rectifier et préciser les choses…Comme il se doit c'est ce policier qui, malgré la multiplicité et la complexité des témoignages, apportera la solution. En tout cas ces différentes interventions révèlent le racisme ordinaire, la peur de l'autre… Et puis à Rome comme dans toutes les capitales du monde sans doute, on est toujours l'étranger de l'autre, même entre nationaux. Là aussi il y a un « nord » et un « sud » et les querelles de clochers ne manquent pas. Et d'ailleurs, au cours de leur histoire, les Italiens eux-mêmes ont été des immigrés, victimes de l'intolérance et du rejet des habitants du pays qui les « accueillait ». Ils sont maintenant dans le rôle du pays « accueillant » et c'est pour eux l'occasion de tirer les leçons de leur expérience. La diversité est incarnée par le nombre d'intervenants, pas moins de dix, depuis l'épicier bangladeshi, la bonne sud-américaine, la concierge napolitaine, l'étudiant hollandais, le professeur de faculté et j'en passe. Chacun donne sa version des faits et surtout à la couleur de son esprit ce qui laisse évidemment la place à la mauvaise foi, aux idées reçues, à l'ignorance des cultures, le repli sur soi, au rejet de l'autre...Tel est sans doute le message délivré par l'auteur qui trouve ici un cadre romanesque bienvenu puisque, comme lui, Amédéo est un algérien immigré en Italie. J'y vois personnellement une manière de catharsis

J'ai apprécié l'écriture fraîche, entrecoupée de riches références culturelles, de l'algérien Amara Lakhoust dans cette enquête à la fois policière, sociale mais également satirique et ce d'autant plus qu'il l'a écrite d'abord en arabe pour ensuite la transcrire en italien puis la faire traduire en français. A en croire l'auteur, l'Italie ne serait pas vraiment une terre d'accueil ! Et puis après, je ne suis pas bien sûr qu'en général on aime voir son pays envahi par des étrangers. La France elle-même, dont la réputation est d'être un « melting-pot », fait de tolérance et d'acceptation de l'autre n'a pas toujours, au cours de son histoire, fait montre de cette ouverture qu'on lui prête, l'amnésie étant la propre de l'espèce humaine.

Ce court roman, par ailleurs primé a fait l'objet d'une adaptation cinématographique et je serai volontiers attentif à l'oeuvre de cet auteur.

©Hervé GAUTIER – Mars 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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L'immigration en Italie est un phénomène récent. La littérature migrante italienne (oeuvres littéraires d'immigrés écrites en langue italienne, acquise très souvent depuis la migration) est foisonnante depuis les années 1990; ceci constitue un cas unique en Europe, puisque Ben Jalloun et Rushdie ne peuvent pas être inscrits tout à fait dans le même cadre dans la littérature française et anglaise respectivement.
Ce roman, cependant, constitue une exception à plusieurs égards: son auteur est le premier (sauf l'Albanaise Ornela Vorspi, vivant désormais à Paris) qui est traduit en français par les seuls mécanismes de l'industrie de l'édition (ou par ses seuls mérites); le roman a été le premier best-seller du genre littéraire en question; il a paru en-dehors de toute "pression" médiatico-politico-éditoriale, à l'encontre d'autres cas que cette littérature a déplorés.
Je me permets de citer un extrait d'une communication universitaire, qui concerne cet ouvrage:
"... l'excellent roman d'Amara Lakhous 'Scontro di civiltà per un ascensore a piazza Vittorio' (2006) qui, pour la première fois dans la littérature migrante, a obtenu une acclamation du public outre les reconnaissances de la critique (notamment par le prix Flaiano 2006). Il s'agit d'un polar dont le principal suspect est l'énigmatique héros Amedeo, unanimement aimé par les habitants du quartier et de l'immeuble dans l'ascenseur duquel a eu lieu le meurtre, mais dont l'identité et l'origine étrangère restent douteuses jusqu'aux dernières pages, tout comme la raison de sa soudaine disparition ainsi que l'identité et le mobile du véritable assassin. le suspense se fonde justement sur les multiples méprises et les fausses perceptions d'« étrangéité » par chacun des personnages immigrés et italiens qui, successivement tout au long des 11 chapitres, disent leur « vérité » sur l'ascenseur, dans leur déposition absolutoire d'Amedeo – alias l'Algérien Ahmed. Amedeo-Ahmed intervient après chaque chapitre, afin de rectifier certaines méprises et préjugés réciproques ; mais surtout par un hurlement de loup, un « ululato » qui représente sa tentative de se libérer de sa propre mémoire opprimante, d'un passé de sang, d'une identité refoulée et remplacée par une intégration inconditionnelle à l'italianité, notamment à la langue italienne (son « lait ») et à la ville de Rome (la « louve »). Autant la rationalité de son intégration est verbale, autant l'horreur de son passé pré-migratoire et les contradictions identitaires qui le hantent passent par cette plainte nocturne, insoupçonnée de tout le monde."
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Un très bon livre
L'histoire se passe à Rome, à Piazza Vittorio, un quartier multi ethnique. Un homme est retrouvé mort dans l'ascenseur de son immeuble, objet de discorde pour les habitants de l'immeuble. Les soupçons se portent aussitôt sur Amedeo, qui a mystérieusement disparu.
Un à un, les habitants de l'immeuble livre leur "vérité" sur Amedeo, un jeune homme que tous apprécie. C'est l'occasion pour chacun d'exprimer son opinion et ses préjugés.
L'auteur nous livre également le point de vue d'Amedeo à travers des passages de son journal intime.On découvre alors que ce n'est pas que le sympathique jeune homme que nous décrivent ses voisins, qui est toujours là pour aider les autres et prêter une oreille attentive à leurs plaintes ; mais c'est un homme qui cache en lui une grande souffrance, qui est tourmenté par son passé qu'il tente en vain d'oublier. Il change son nom pour celui d'Amedeo et apprend l'italien jusqu'à le parler parfaitement pour s'oublier lui-même.

Ce livre aborde la question du racisme, de la cohabitation entre différentes cultures et de la peur de l'autre. Il y a racisme de la part des Italiens envers les étrangers bien sûr, mais aussi entre Italien du Sud et du Nord, racisme qui se nourrit de préjugés comme "les étrangers vendent de la drogue" ou "les Italiens du Sud sont fainéants".
Ce roman aborde également le thème de la solitude. Amedeo se sent malgré lui loin de son pays, de sa famille, de sa mère, et surtout pendant les fêtes religieuses. Une de ses voisines, Elisabetta Fabiani, s'attache à son chien pour combler le vide laissé par la mort de son mari et le départ de son fils; Enfin Maria Cristina, la femme de ménage péruvienne, mène une vie des plus solitaires, elle qui tient toute la journée compagnie à une vielle dame et ne sort que pour faire les courses.
Ce roman nous questionne aussi sur qu'est ce que la vérité ? Chaque personnage est amené à livrer ce qu'il pense être la vérité sur Amedeo tandis que ce dernier confie détester la vérité. "Qu'est ce que le silence ? Est-ce utile de parler ? Existe t-il d'autres façons de dire la véité, sans remuer les lèvres ?" s'interroge amedeo quand il voit son ami Perviz se coudre les lèvres suite au refus de sa demande d'asile politique. "Qui détient la vérité ? Ou plutôt, qu'est ce que la vérité ? La vérité se dit-elle avec des mots ? Perviz a dit sa vérité avec la bouche cousue, et son silence a parlé.
Aujourd'hui, ma haine de la vérité a grandi avec ma passion pour le hurlement."
Amedeo hurle la nuit pour se libérer de son passé qui l'oppresse, pour lutter contre cette vérité terrible qui l'écrase.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Ce matin, Iqbal m'a demandé si je connaissais la différence entre une personne tolérante et quelqu'un de raciste. Je lui ai répondu que le raciste est en conflit avec les autres personnes parce qu'il se sent supérieur, alors que celui qui est tolérant se comporte avec respect vis à vis de tout le monde. A ce moment-là, il s'est approché de moi, pour que personne n'entende, comme s'il s'apprêtait à révéler un secret, et il m'a glissé : "le raciste ne sourit pas".
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J'étais si bien...au paradis...à Chiraz, heureux avec ma femme et mes enfants, et là je suis tombé tellement bas...en enfer, je souffre de nostalgie. L'ascenseur est un instrument de méditation. Comme je vous l'ai dit, l'ai l'habitue de pratiquer ce passe-temps : monter et descendre est un exercice mental comme le yoga.
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Je suis une simple concierge, rien de plus. J'y ai passé quarante ans dans cet immeuble, je suis la plus vieille concierge de tout Rome. Je mériterais vraiment un prix, je devrais le recevoir directement des mains du maire. Le problème, c'est qu'on est en Italie : on décore les incapables et on méprise les gens compétents !
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Maintenant je connais Rome comme si j’y étais né et que je ne l’avais jamais quittée. J’ai bien le droit de me demander si je suis un bâtard comme les jumeaux Remus et Romulus ou bien si je suis un fils adoptif ! La question fondamentale est : comment me faire allaiter par la louve sans qu’elle me morde ? A partir de maintenant, je dois perfectionner mon hurlement comme un vrai loup.
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"Le problème du raciste ce ne sont pas les autres, mais c'est lui-même."
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Vidéo de Amara Lakhous

MP 2014-12-09-455-003048BDD2D9.mp4
Payot - Marque Page - Amara Lakhous - Querelle autour d'un petit cochon italianissime à San Salvario.
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