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EAN : 9791028511883
208 pages
Leduc (18/09/2018)
4/5   5 notes
Résumé :
Les expériences de mort imminente nous fascinent tant ce sujet est entouré de mystère et fait peur. Les EMI sont-elles une preuve de vie après la mort ? Comment expliquer de façon scientifique ces phénomènes extraordinaires ? Qu'est-ce qu'une mort provisoire, une EMI partagée ?

Le Dr Lallier est l'un des rares scientifiques à avoir osé réaliser une thèse sur ce thème. Dans un ouvrage passionnant et richement documenté, il répond à ces questions en se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est la synthèse d'une recherche menée par un jeune médecin entre 2023 et 2024 sur la base de dossiers existants établis pour des personnes ayant connu un malaise cardiaque dans la région de Reims. Il a alors contacté et interrogé les survivants pour leur demander si elles avaient faire une expérience particulière lors de cet arrêt cardiaque. Si la réponse était positive, il leur a fait passer un test de "Greyson", afin d'établir si oui ou non, il s'agissait d'une EMI. le formulaire de Greyson comporte des questions à trois réponses. Chacun est pondérée. le nombre maximum de points est de 32. Si la somme des points est supérieur à 7, l'expérience vécue est qualifiée d'EMI. Ensuite, il s'est intéressé aux antécédents médicaux de ces patients afin d'identifier des facteurs influençant la survenue des EMI.

Les EMI sont des expériences singulières dont témoignent certaines personnes avec trouble et qui comportent des thèmes communs : impression de sortir du corps, présence d'une lumière blanche, éventuellement bleutée ou rougie, rencontre avec des défunts, "revue de vie" (voir sa vie défiler devant soi comme devant un écran), vision d'en haut (se voir d'au-dessus, parfois se déplacer dans d'autres pièces, d'autres lieux de la ville), impression pénible de "regagner son corps", etc. Ces thèmes ne suivent aucun séquençage commun, il y en a d'autres (accélération ou ralentissement du temps, etc...) et ne sont pas tous vécus par les patients. Les témoignages sont produits au réveil et sont parfois oubliés par la suite. Dans d'autres cas, plus nombreux, les expériences vécues laissent un souvenir puissant qui influencent la spiritualité. Plus rarement, mais plus spectaculairement, des effets physiologiques sont observées (guérison, amélioration de l'état physique, etc.). Certaines personnes disent avoir acquis des capacités médiumniques qu'elles mettent au service des autres (communication avec l'au-delà, etc).

Les conditions dans lesquelles ces expériences sont faites sont inconnues. Les témoignages semblent produits de manière inopinées. On peut seulement évoquer les données statistiques : souvent, il s'agit d'un arrêt cardiaque. Parfois, de "mort" cérébrale (électroencéphalogramme plat). Dans d'autres cas, d'un simple état méditatif. Bref, on n'en sait trop rien. La raison est un manque d'approche systématique de ces phénomènes : l'urgence est à la guérison du patient (faire repartir le coeur et, si l'arrêt cardiaque survient durant une opération ou à la suite de complications diverses, soins d'urgence pour soigner la complication), et non à la mise en place d'un protocole d'étude (qui peut-être ne servira à rien si la personne décède). On n'a donc pas d'autres informations que le témoignage des personnes et les conditions médicales, de la part des équipes soignantes, si l'événement a lieu à l'hôpital, sur les paramètres physiologiques de la personne et son état médical.

Les EMI, expérience de mort immidente, ou NDE, near death experience, sont donc très mal nommées, comportant un "petit effet marketing" : d'abord tous les patients ne sont pas en danger de mort (cas de la méditation) ; ensuite, par évidence, ils ne sont pas morts (puisqu'ils ont témoigné) ; et la mort n'était pas non plus imminente (puisqu'elle n'a pas eu lieu). Peut-être ces témoignages seraient-ils moins intrigants s'ils étaient évoqués sous des expressions telles que "expérience singulière de sortie du corps" ou "expérience de dissociation de l'esprit du corps" ou tout autre expression générique qui permettrait de catégoriser de manière plus pragmatique ce dont il est question. (Il est vrai que ce serait également moins vendeur !)

C'est pour aborder la question d'une manière scientifique que cette étude a été menée. Les premiers chapitres définissent l'EMI et présentent les raisons pour lesquelles l'auteur en est venu à s'y intéresser jusqu'à vouloir en faire une thèse médicale (sous la direction d'un jury professionnels, donc). Il explique aussi sa méthode (indiquée ci-dessus), qui reste donc très sommaire (pour des raisons pratiques : il n'a que deux ans, mène sa recherche seul, n'a accès qu'aux archives de Reims et n'a pas les moyens de déployer des dispositifs complexes de mesure physiologiques). Sa quête initiale était d'identifier un facteur objectif causant les EMI (une substance, un état du patient, etc). Ne pouvant donc réaliser par manque de moyens pratiques cet objectif, il se replie sur une lacune qu'il a identifiée : aucun théoricien ne s'est intéressé aux antécédents médicaux des patients. Pourtant, l'expérience ayant un rapport avec la spiritualité, sinon, peut-être, la psychologie, et, sinon, dans tous les autres cas, la médecine, aborder cet historique médical du patient pourrait permettre de canaliser un peu les recherches à venir.

Le résultat est donc précieux, puisque pionnier, mais reste décevant : il faut bien dans un premier temps "défricher large" - aussi ces antécédents sont-ils généraux (endocrinologie, fréquentation d'un psychologue, précédents arrêts cardiaques...). Avec une telle étude élargie à l'échelle du pays, on pourrait peut-être en savoir plus ?...

Ce que j'ai trouvé décevant, bien davantage, c'est que le comportement général du patient n'a pas été étudié. Par exemple, il est relaté des EMI "négatives" (angoissantes). Mais le médecin ne mentionne pas l'état d'anxiété habituel du patient (il l'a peut-être fait dans sa thèse mais n'en mentionne rien ici, ce qui laisse supposer que ce point n'a pas été significatif ou a été éludé). de même, la "culpabilité" du patient n'est pas non plus mentionné. On pourrait pourtant penser qu'un.e patient.e généralement anxieux.se, ou bien qui "aurait des choses à se reprocher" dans sa vie, pourrait développer plus favorablement une expérience négative ? On pense à la remémoration de ses crimes par Richard III à la fin de la pièce de Shakespeare, qui voit défiler ses victimes devant ses yeux en rêve ("mon royaume pour un cheval"...) ! Mais peut-être ces éléments se trouvent-ils dans les dossiers médicaux et qu'une recherche approfondie saurait les révéler, sans invalider la première étape établie par cette expérience.

Autre chose du même ordre : puisque les EMI sont souvent rapportées après un épisode de stress intense, souvent de menace, il serait intéressant de s'intéresser aux cas d'hypnose et de rêve : pourrait-on différencer avec assurance les témoignages d'EMI de ceux d'état d'hypnose et de rêve ? (sachant que l'hypnose est, comme l'EMI, un état de conscience indéterminée, et que le rêve est un état de conscience beaucoup mieux catégorisé, pouvant faire office de "référence objective") ?

De plus, l'hypnose intervient dans des cas de "soumission" de la conscience à une plus forte autorité ("mise en esclavage du patient" disait Freud) : sans qu'il y ait de menace physique, on trouve bien une menace psychologique : ce serait alors un point commun à toutes les EMI, sous méditation ou médicale (la seule mention de la "méditation" n'indique pas que le patient ne se conditionne pas à une expérience de "soumission" psychologique) ? hypothèse...

Une autre chose "étonnante" sur les cas d'EMI : les témoignages insistent tous tellement sur des perceptions visuelles... et l'on sait l'importance de ce sens chez l'être humain... Or si ces expériences sont "paranormales", "spirituelles", concernent l'âme, etc : pourquoi un lien si fort est-il maintenu avec ce qui reste un sens "perceptif" - ou pourquoi les témoignages ne parviennent-ils pas à se priver d'une expérience visuelle ?... l'expérience visuelle n'interdit certes pas une expérience qui serait par ailleurs "extra-perceptive", mais, à l'inverse, si le cerveau est saturé de signaux et que les neurones, "en train de s'éteindre", sont activés tous en même temps et en désordre, on comprendrait bien que "la conscience" soit en particulier influencée par le sens le plus important, qui doit comporter de larges volumes dans le cerveau : la vue... et donc que la spontanéité à parler de "paranormal", d'"âme" ou d'"outre-monde", serait à modérer fortement...

Ce facteur "objectif" que recherche le médecin pourrait alors peut-être être abordé depuis les cas plus simples à mettre en oeuvre d'hypnose : par un protocole de mesures physiologiques qui expliquerait cet état de conscience encore indéterminé, si l'on pouvait identifier des données physiologiques objectifs, il se pourrait bien que l'on ait des pistes pour les mesurer dans les cas d'EMI. Si elles ne se retrouvent pas... mais si elles sont les mêmes ?...

Amusant à ce sujet les mentions des premiers rapport d'EMI : chez Platon en littérature et sur le tableau de Jérôme Bosch en peinture (L'ascension vers l'empyrée). La religion est vite abordée ici, dans une perspective de distanciation de nature à pouvoir convaincre plus de médecins et de scientifiques à s'intéresser à l'EMI. (petite remarque tout de même : toutes choses égales par ailleurs, on a l'impression qu'un petit écart à la rigueur a fait mentionner par l'auteur le cas de cette patiente qui a guéri d'un cancer suite à une EMI dont il est précisé qu'il n'a à sa connaissance jamais été rapporté par le corps médical.. ben oui, justement, c'est bien cela qui est gênant ! on est prêt à tout croire, comme tout scientifique d'ailleurs, puisque, par principe, il cherche, mais, précisément, si c'est encadré par une approche rigoureuse et des méthodes éprouvées, sinon... dommage pour ces deux ou trois paragraphes qui surprennent...)

De même, un long passage intéressant porte sur les hypothèses que la physique quantique et les particules imbriquées seraient des pistes explicatives des phénomènes étudiées - sans remettre en cause l'envergure "paranormale" des témoignages ni les résorber dans du matérialisme primaire. Mais à ce stade, ces explications ne paraissent ne valoir, là encore, que pour réduire, voire éliminer, les réticences de ses homologues à s'intéresser au sujet, car, bien sûr, aucun protocole expérimental n'a été mis en oeuvre (ni ne semble pouvoir l'être) pour étudier les EMI au travers d'expériences "quantiques". Il reste que les autres hypothèses sur un "facteur commun" tombent : aucune substance, ni aucune explication "matérialiste" (disons "causale" ?) n'explique par sa présence les EMI. Il faut donc poursuivre les recherches...

C'est donc un livre très abordable, mais sérieux, qui participe à insinuer l'intérêt de ces recherches sur les EMI. L'avantage est double : il y aura forcément une connaissance à tirer d'une étude approfondie du phénomène jusqu'à le comprendre ; et dans tous les cas, cela fait baisser la pression affabulatrice sur ce genre de phénomènes...


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Une enquête rigoureuse et passionnante sur les expériences de mort imminente. Loin des élucubrations de certains "experts" reconnus en la matière, le Dr Lallier s'interroge de façon méthodique, scientifique, sur la diversité des EMI et de leurs explications possibles.
Je recommande fortement.
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Un livre très technique, très documenté d un point de vue statistique. Ce n'est pas ce que je cherchais.
Toutefois, les apports scientifiques et les liens avec la physique quantique ouvrent des voies de réflexion. le livre reste intéressant quoique très technique.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Plus étonnant encore, il existe des témoignages d’aveugles de naissance : ces derniers n’ayant jamais vu, ils ne rêvent habituellement que de sensations qu’ils connaissent (sensations physiques, sons, odeurs…). Or, pour la première fois de leur vie. Ils affirment voir lors d’une OBE [Out of Body Experience]. [Ils] sont très surpris de se voir pour la première fois, ainsi que le monde qui les entoure.
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… il convient de toujours garder un esprit critique et scientifique car, dans ce domaine, les impostures peuvent être nombreuses.
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Après une EMI, il n’est pas rate que les personnes rapportent avoir développé certaines capacités qu’elles n’avaient pas auparavant. À l’occasion de mes recherches, j’ai rencontré un expérienceur qui a ainsi développé des dons de mediumnité.
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Dès son réveil, il voulut communiquer sur ce qui lui était arrivé, mais le respirateur était encore en fonctionnement, il ne put qu’épeler (via une feuille de papier) et de manière succincte : « Je suis mort et j’ai tout vu d’en haut ».
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La définition qui fait actuellement consensus dans la communauté scientifique est celle du Dr Bruce Greyson, psychiatre américain, formulée dans les années 2000 : « Les EMI sont des événements psychologiques profonds comportant des éléments transcendantaux et mystiques et survenant généralement chez des individus proches de la mort ou dans des situation de danger physique ou émotionnel intense. »
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