"Je serais née dans une maternité SS : un Lebensborn. Je ne sais pas lequel. Il y en aurait eu trente-quatre pendant la Seconde Guerre mondiale. Dont neuf en Norvège."
Un journal comme une tentative de naître par voie orale. Celui d'une petite fille de SS et de collabo, du ballet vie-mort-vie de celle qui portera cette pancarte femme-sandwich toute sa vie.
Rentrée littéraire 2020 - ovni !
Nous sommes tous nés de quelque part, de quelqu'un. Encore faut-il en avoir l'information.
Certains chercheront toute leur vie, la trace de leur origine. Que ce soit les enfants de la guerre, adoptés, placés en famille d'accueil, déposés en son temps devant une église, actuellement devant un hôpital, abandonnés sous X (oui, cela est encore possible) Rien ne pourra jamais se comparer à ceux nés pendant la guerre dans un Lebensborn
Oui ! Sûrement ! Il est impossible effectivement de pouvoir concevoir qu'une telle folie ait été possible, cet eugénisme auquel tout un peuple a adhéré dressé derrière un seul homme.
@ J'ai été séduite par la couverture - le clin d'oeil visuel qu'elle m'a fait (Jojo Rabbit) et par le résumé.
Une période de l'Histoire qui m'intéresse toujours (va-t-on savoir pourquoi) et puis une histoire qui m'interpelle à chaque fois (je sais pourquoi), cette interrogation sur ses racines, sur le d'où on vient, pourquoi naît-on, portons-nous, porterons-nous toujours en nous le péché originel ? Sommes-nous responsables de ceux qui nous ont mis au monde et oui, nous le sommes dès que nous naissons, nous le portons tous ce poids, chacun à notre manière, parfois difficilement, parfois avec un trajet d'autant plus compliqué que le point de départ est inconnu et le point d'arrivée incertain.
@ Un roman, une histoire qui serait universelle, à tirer de chaudes larmes. Au départ, elle l'a fait, elle m'a envoûtée et par son style aussi et puis ... plus
@ L'écriture très particulière dans son style, sa présentation, ses chapitres courts, les répétitions de mots, d'idées, de faits, de jeux d'initiales, de jeux de mots/maux (poésie orale déclamée) qui se transforme parfois en un récit documentaire pur et dur, hyper fouillé, hyper détaillé pour redevenir plus actuelle par le rapport entre le scribe et la témoin, entre l'écrit et l'oral. Cette écriture m'a détachée d'Hildegard et de tous ces orphelins au bout du compte.
@ Cette valse entre les mots, les répétitions de mots, la grande Histoire, la petite histoire (immense, grandiose, monstrueusement réelle car vraie) interrompue par des renvois à des références littéraires, cinématographiques, des faits historiques interrompant à chaque fois ma lecture m'a lassée, vraiment eu difficile d'achever ce livre. (terme révélateur)
Résumé:
" J'ai longtemps rêvé que l'histoire de ma naissance exhibe ses entrailles. Quelle que soit l'odeur qui en surgisse. La pire des puanteurs, c'est le silence. "
Je m'appelle
Hildegard Müller. Ceci est mon journal.
Je m'appelle
Hildegard Müller. En fait, je crois que je ne m'appelle pas.
J'ai soixante-seize ans. Je sais à peine lire et écrire. Je devais être la gloire de l'humanité. J'en suis la lie.
Qui est
Hildegard Müller ? le jour où il la rencontre, l'homme engagé pour écrire son journal comprend que sa vie est irracontable, mais vraie.
J'ai besoin, avant de mourir, de dire à mes enfants d'où ils viennent, même s'ils viennent de nulle part."
Oscar Lalo poursuit son hommage à la mémoire gênante, ignorée, insultée parfois, toujours inaccessible. Il nous plonge ici dans la solitude et la clandestinité d'un des secrets les mieux gardés de la Seconde Guerre mondiale.
< Extraits: Je ne suis pas la seule à avoir été fabriquée dans un Lebensborn . Nous sommes plusieurs dizaines de milliers dans ce cas. On ne saura jamais combien. Pour se compter, entre orphelins, on se retrouve. Les orphelins sont les seuls sur lesquels je peux vraiment compter. Ceux qui n'ont rien sont souvent généreux. Dans ces réunions, je viens chercher l'écoute que les gens « normaux » me refusent. La compréhension, surtout. La tendresse parfois.
Il fallut attendre 1979 pour que le Parlement allemand reconnaisse enfin le caractère raciste de la persécution tzigane, et 1982 pour que le chancelier Helmut Kohl reconnaisse la réalité de leur génocide.
Steinhöring. La toute première maternité SS. Inaugurée le 15 août 1936 par Himmler en personne. Ce sera aussi la dernière (30 avril 1945). Celle vers laquelle seront évacués tous les bébés de race supérieure. >
255 sources dont 210 références écrites (romans, essais,) et 45 références visuelles (films, documentaires)
Voir les dernières pages d'un roman se devrait d'être indispensable, comment est-ce possible que ce court ovni renvoie à autant de référence qu'il compte de pages ?
CCL: Déception au final à la hauteur de l'attente et du départ si enthousiasmant de cette histoire, quel dommage, certainement raté quelque chose, quelque part et surtout la rencontre avec Hildegard.
- Lecture du 29/08/2020 -
(faute d'orthographe au nom d'une des grandes héroïnes, résistante française bien connue, peut-être en numérique seulement ?)