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Critique de isanne


Il existe des livres qui, après la lecture, ne sont jamais délaissés car ils obsèdent le lecteur : autant de petits papiers multicolores marquent les pages à relire, à retrouver et c'est un signe quand, prenant le livre dans les mains, on se surprend à empoigner un arc-en-ciel.
Ce livre est de ceux-là et peut-être le premier de tous et, aussi, le premier d'une longue série qu'il me faudra désormais lire...


Robert Lalonde convie le lecteur à l'accompagner pendant quatre saisons, à méditer sur l'écriture, sur la nature, sur la vie aussi, finalement. Juste un séjour en compagnie de ce guide, de son chien toujours compagnon, de sa chatte toujours capricieuse, des oiseaux toujours symboles d'évasion et de vastitude, de la nature toujours en mouvement, de ses couleurs et de ses concerts.

Vaste programme quand il s'entoure des écrivains qu'ils admirent – Flannery O'Connor, Annie Dillard, Margaret Laurence, Barry Lopez, Pierre Morency, Emily Dickinson, Jean Giono, Colette... et bien d'autres -, introduit le lecteur auprès d'eux, les traduit, le cas échéant, dans une prose personnelle et imagée. Il les fait s'exprimer, converser tentant de faire des échanges une tentative de définition de ce qu'est "écrire", de ce qu'est la littérature...
Toujours regardant la nature, s'il a des yeux de peintre - comme son père - pour l'observer, c'est en poète qu'il devient naturaliste. S'il décortique la vie et les sentiments qui visitent l'Homme, c'est toujours en approfondissant, en allant au delà des perceptions, qu'il ressent.
" Ecrire, voir, c'est pareil ! Cela exige la même vigilance tranquille. (...) cette espèce de fl ânerie circonspecte, libre et exacte, qu'est la vraie chasse, la lecture enchantée, l'écriture qui transcende."

Ainsi, si Robert Lalonde explique son idée de l'écriture, il ne la sépare pas d'une idée de vie : le talent qu'il met à observer, pressentir et transcrire au mieux ses "visions précises", il le met à choisir un rythme de vie qui lui donne l'autorisation de laisser libre-cours à une liberté d'être, seul état autorisant l'adéquation entre éprouver et écrire, entre percevoir et dire.


Le livre refermé - mais il ne le sera jamais, vous l'avez compris ! - laisse le lecteur orphelin. La compagnie de tous ces écrivains lui manque, le voilà perdu, desoeuvré, la tête bouillonnante d'idées, de questions, de phrases, de mots qu'il faut redire et réciter pour avancer plus loin dans la réflexion et tenter de saisir ce qu'est "écrire".


Un livre donné comme un trésor, un livre qui devient comme un refuge, un livre comme un compagnon évident qui enrichit l'autre de son érudition : un livre qui ne se résume pas puisqu'il n'est jamais lu en totalité tant la profondeur de son propos reste vaste. (Reste à espérer ne pas l'avoir trahi en tentant d'en parler.)
Un livre à garder dans la poche, définitivement...


(Mai 2021)
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