AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Catherine Richard-Mas (Traducteur)
EAN : 9782743660420
244 pages
Payot et Rivages (10/05/2023)
3.97/5   77 notes
Résumé :
Des années 30 à la fin des années 50, Clyde « Viper » Morton règne sur Harlem au rythme du jazz et dans la fumée des joints de marijuana. Mais dure sera la chute.. Clyde Morton croit en son destin : il sera un grand trompettiste de jazz. Mais lorsqu’il quitte son Alabama natal pour auditionner dans un club de Harlem, on lui fait comprendre qu’il vaut mieux oublier son rêve. L’oublier dans les fumées de la marijuana… qui lui ouvre des horizons. La « viper », comme el... >Voir plus
Que lire après Viper's dreamVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
3,97

sur 77 notes
5
11 avis
4
24 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Rentrée littéraire 2021 #30

On se croirait au ciné ! Façon Scorcese ! Un jeune afro-américain de 19 ans, Clyde Morton, débarqué à New-York de son Alabama natal, se rêvant trompettiste de jazz, devient un des gangster les plus influents de Harlem. Viper en surnom, dealer de marijuana craint de tous, costume impeccable, cheveux défrisés, fine moustache. Un destin raconté sur un rythme effréné, de 1936 à 1961, dans un récit empli de meurtres, de guerre de la drogue, de flics ripoux, d'avocats véreux et d'une femme fatale, celle que Clyde aimera toute sa vie, très romantiquement, malgré les secousses.

Le très grand plaisir du roman est de faire déambuler le lecteur dans le Harlem des clubs de jazz, du scat à la révolution Bebop, avec la Seconde guerre mondiale comme bascule. On y croise tous les acteurs importants de la culture jazz, Charlie Parker, Thelonious Monk, Dizzie Gillespie, Miles Davis notamment, ainsi que la baronne Pannonica de Koenigswarter qui accueille dans sa villa tout ce petit monde. C'est chez elle que Bird est mort prématurément à 34 ans, épuisé par l'héroïne, l'alcool et les excès en tout genre. L'atmosphère et l'évolution de Harlem sont très bien rendues. le jazz est vraiment au coeur du roman, jusqu'au titre clin d'oeil qui fait référence à un morceau de Django Reinhardt ( lui n'est pas présent dans le récit ). La passion de l'auteur est communicative, même pour une non initiée comme moi.

La construction pivote autour d'une nuit de novembre 1961, chez la baronne Pannonica qui demande à Viper, comme elle le fait avec tous ses hôtes, de consigner pour la postérité dans un carnet ses trois voeux les plus chers. Il vient de tuer quelqu'un, pour la troisième fois dans sa vie. Mais au lieu de fuir, il laisse son esprit s'évader vers son passé et raconte les meurtres qu'il a commis tout en dévoilant ses voeux. le procédé est sans doute un peu artificiel mais d'une grande efficacité. Jusqu'au double rebondissement final, très très réussi, qui révélera dans les ultimes pages l'identité de la troisième personne assassinée, donnant au roman des accents shakespeariens voire de tragédie grecque à la Sophocle.

Ce roman est extrêmement divertissant. Mais sans doute trop court. J'aurais aimé que l'auteur rallonge son récit d'au moins cent pages pour lui apporter la densité et la profondeur qu'il aurait pu avoir en creusant, notamment, la psychologie de son personnage principal qui reste très linéaire. Il y avait matière à encore plus régaler le lecteur. A noter que le roman est né d'un feuilleton radiophonique diffusé sur France Culture en 2019.
Commenter  J’apprécie          1153
Un polar à l'ambiance jazzy avec pour originalité que l'on connaît dès le début le coupable. Ce que l'on ignore, c'est l'identité de la victime, et surtout de la troisième victime. Et il faudra attendre les dernières pages pour découvrir qui elle est, avec un double rebondissement final !

C'est donc à Harlem que débarque Clyde Morton, le futur Viper, un jeune perdreau émerveillé par ce qu'il découvre. Sa rencontre avec Mr O, après avoir abandonné ses rêves de trompettistes, le propulsera parmi les incontournables de la scène musicale mais pas derrière un instrument. C'est le deal de marijuana qui fait sa fortune. Avec un code d'honneur : de l'herbe pas de la poudre, Viper a eu trop souvent l'occasion de constater les dégâts de l'héroïne sur les musiciens accros. Birdy y a laissé la vie, et combien d'autres.

On comprend aussi que dans ce milieu la concurrence est rude et l'occasion de supprimer un concurrent ou un traitre ne peut manquer d'arriver un jour.

L'intrigue est très intéressante et le décor légendaire. Ces années qui ont vu l'explosion de musiques nouvelles ont quelque chose de mythique et les noms qui hantent les pages sont autant d'icônes inoubliables. du squat au be-bop, les génies se révèlent pour enchanter les oreilles des américains sous le charme.

Au coeur de l'intrigue une femme au teint de miel et aux yeux d'émeraude, dont la voix enchante Paris après New-York, avant que ses démons ne la consument.


Une belle réussite que ce roman noir. Excellent idée que de le traduire en français pour notre bonheur de lecture
Commenter  J’apprécie          662
Dans la famille « polar bien troussé que je n'avais pas du tout vu venir », ne cherchez pas trop longtemps la bonne pioche : foncez sur Viper's Dream de Jake Lamar, traduit par Catherine Richard-Mas, qui inaugure de façon prometteuse la nouvelle collection New-York, made in France, de Rivages noir.

Comme Forrest avant lui, Clyde Morton a quitté son Alabama natal, laissant sur place une petite amie éplorée mais persuadé qu'une carrière de trompettiste l'attendait à NY. À la place, ce sera la rencontre rapide de Mary Warner, cette Dame Verte que d'aucuns appellent marijuana, découverte sur un toit de Harlem en 1936 alors qu'elle commence à y faire fureur, dans les milieux du jazz notamment.

Devenant rapidement porte-flingues de Mr O, caïd blanc régnant sur le réseau black, Clyde devenu Viper grimpe les échelons, bien au-delà de ses espérances. Mais arrivé au plus haut, il doit affronter la concurrence de la poudre et la trahison de ses proches alors que l'amour le fuit et que le passé resurgit…

Dans un schéma somme toute assez classique d'ascension mafieuse, Lamar s'en sort brillamment grâce à une construction habile. En partant de la fin et de la réflexion introspective de Viper sur ses remords, il remonte le fil de son drame en mélangeant les époques, sans prendre la peine de les séparer en chapitres, faisant le pari du style simple et direct comme de l'intelligence du lecteur.

Il y ajoute une grande aptitude à donner corps et empathie à ses personnages : Viper bien sûr, mais aussi l'énigmatique Mr O, le trublion Peewee, le costaud Pork Chop ou la belle Yolanda forment une galerie de personnages qui, en quelques lignes seulement, te donnent envie de t'attabler au Peewee's et d'en vider un ou deux avec eux.

Et puis il y a le jazz, omniprésent depuis le titre emprunté à Django, les légendes croisées au fil des pages – Charlie Bird Parker, Dizzie Gillepsie, Miles Davis, Thelonious Monk… - la présence romancée de Pannonica de Koenigswarter, muse et mécène du jazz de l'après-guerre, ou encore la bande son finale qui rappelle fort à propos que Viper's Dream fut un feuilleton radiophonique avant d'être un livre.

Bref une jolie et inattendue réussite à laquelle il convient d'associer le personnage principal du livre : New-York, explorée avec amour et – un peu de nostalgie -, de Harlem à la 52e, le plus souvent de nuit, depuis une cave, un toit ou l'arrière-salle d'un commerce ou d'un club. Un regard qui augure bien pour une collection absolument à suivre !
Commenter  J’apprécie          402
"Herbe, dit MR O, cannabis, chanvre, foin, thé, kif, ganja, dame verte, verdure, Marie Warner, marie-jeanne. Il n'y a que les organes sexuels qui aient plus de surnoms que la marijuana".

Le jeune Clyde n'a qu'un rêve dans la vie : devenir trompettiste. Sur les conseils de son oncle, celui-ci prend un billet aller simple direction New-York, quittant ainsi son Alabama natal. Arrivé sur place, ses illusions s'envolent rapidement. Après avoir passé une audition, on lui fait comprendre qu'il ne pourra jamais devenir un jazzman. Pourtant, on détecte en lui un potentiel insoupçonné jusqu'alors, don qui va lui ouvrir les portes d'un puissant gang du quartier d'Harlem. Après une ascension fulgurante, Clyde Morton devient l'un des plus grands fournisseurs de marijuana du milieu du jazz. Pour y arriver, "Viper" a dû faire certains choix et prendre des décisions difficiles...

Plus qu'un simple dealer, Clyde Morton est l'exemple même du rêve américain dans le milieu du jazz New-Yorkais. Jeune noir subissant le racisme environnant, par sa rigueur, son déterminisme et sa droiture, "Viper" a su se faire une place dans le milieu.
À la lecture de ce livre, tout en écoutant les titres recommandés par l'auteur, je me suis imaginée en train de regarder un vieux film en noir et blanc.
Jake Lamar, sans trop donner de description a réussi à nous proposer un magnifique roman d'ambiance. Qui sait, peut-être qu'un jour un long métrage sera tiré de ce livre ?

#item 68
Commenter  J’apprécie          340
Lors d'un salon, il y a quelques mois, un auteur avec qui j'échangeais sur nos lectures, me conseilla d'aller à la rencontre de Jake Lamar, un auteur de polar américain, installé en France depuis une trentaine d'années.
Bonne idée.
Je me suis régalé avec son Viper's dream.
Un roman noir, polar à l'ancienne, digne des grands maîtres du genre.
Bienvenue à Harlem.
1961, Viper est mal barré, ça sent la fin... il se remémore...
En 1936, c'est là que débarque Clyde Morton, qui vient juste de quitter l'Alabama, la trompette de son père sous le bras et des rêves plein la tête.
Il va devenir un artiste adulé, il le sait.
C'est son oncle Wilton qui lui a dit.
Le voici donc à la conquête des clubs de jazz.
Première audition.
Le rêve s'envole.
Tu ne seras jamais jazzman, tu seras... balayeur...
Tu parles d'une descente.
Plus dure sera la chute.
Pourtant, à peine la blouse enfilée qu'il se retrouve déjà dans un autre costume, celui d'homme de main de l'un des pontes du monde de la nuit new-yorkaise.
Viper est né .
Petit caïd deviendra grand.
Autant aimé que craint.
Mieux vaut rester dans le rang, se faire discret, respecter les règles et c'est valable pour tout le monde, je dis bien...tout le monde.
Parce que, quand il faut remettre de l'ordre, comptez sur Viper et ses sbires, mais ne vous attendez pas à un excès de politesses, ce n'est pas le genre de la maison. C'est assez expéditif comme négociations.
D'ailleurs, qu'est-ce qu'il y a comme suicide dans leur entourage....
Il va vite grimper les échelons, se faire sa place dans le milieu.
Jusqu'à atteindre les sommets ?
J'ai aimé cette balade dans les nuits de Harlem, entre alcools et produits stupéfiants.
Au fil des pages j'ai croisé les artistes de l'époque, Charlie "Bird" Parker, Thelonious Monk, John Coltrane ou Miles Davis, entre autres (A noter que l'auteur, à la fin de son roman, glisse une playlist que les amoureux du jazz se plairont à écouter pendant leur lecture).
Lamar m'a fait entrer dans l'ambiance de ces clubs de jazz.
Je me suis glissé sur la banquette, aux côtés des protagonistes, et pendant qu'eux parlaient boulot, que la fumée libérait une odeur entêtante, que des jeunes femmes à la silhouette troublante proposaient leur charme à un public conquis, j'ai fermé les yeux et écouté le saxo de Bird ou la trompette de Miles...
Quant à Jake, il m'a réservé quelques surprises à la fin... c'est un malin, je ne l'ai pas vu venir.
"Wop bop a loo bop a lop bom bom !" Chantait Little Richard...
Commenter  J’apprécie          271

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Haarlem. Avec deux a. C’était Mr O qui avait appris au jeune Clyde Morton comment s’écrivait initialement ce nom. New York était alors un territoire tribal, avait expliqué Mr O à Clyde avant qu’il acquière sa renommée de Viper.

Les prairies du nord de Manhattan avaient initialement été peuplées par des tribus indigènes algonquines. Au dix-septième siècle, des tribus néerlandaises arrivèrent, s’emparèrent du territoire et donnèrent à la région le nom d’une ville des Pays-Bas.

Elle resta principalement agricole jusqu’au milieu du dix-neuvième siècle, quand des tribus d’aristocrates new-yorkais blancs, d’origine majoritairement britannique et protestante, se mirent à construire des demeures dans la campagne pour échapper au surpeuplement de Lower Manhattan.

Des courses de chevaux se tenaient sur la petite route qu’était alors Harlem Lane. Des messieurs en chapeaux hauts-de-forme et des dames à ombrelles s’assemblaient le dimanche sur les rives de la Harlem River pour regarder les défilés nautiques. Puis vinrent les tribus juives et l’urbanisation galopante, la construction d’enfilades d’immeubles et de maisons jumelles.

Au début du vingtième siècle, les tribus italiennes firent main basse sur Harlem. Little Italy, la « Petite Italie », s’implanta tout au nord avant d’être recréée à Lower Manhattan.

Vint ensuite la grande migration des Noirs fuyant le Sud profond, dont Clyde Morton faisait partie.

Des tribus latino-américaines arrivèrent ensuite et s’installèrent à l’est, dans ce qu’on appellerait alors Spanish Harlem.

Mais Viper Morton, lui, estimait que le vrai cœur de Harlem, le cœur battant du quartier, était noir.
Commenter  J’apprécie          100
Clyde « The Viper » Morton sortait juste de chez Gentleman Jack, un soir, quand un Blanc baraqué en costard miteux piqua droit sur lui. Il avait le teint rougeaud et le visage semé de taches de rousseur. Deux flics en uniforme suivaient dans son sillage. Il exhiba sa plaque.

« Inspecteur Red Carney, police de New York. »

Et sur cette introduction, là, devant tous les Noirs qui se pressaient sur la fière et tapageuse Septième Avenue, Red Carney mit un gnon en pleine face à Viper.

« Les mains contre le mur, négro ! hurla Carney. Vous deux, fouillez-le. Videz-lui les poches.

-Qu’est-ce qui se passe, bordel ? » lança Viper, sentant sa bouche s’emplir du sang de sa lèvre fendue.

« Ferme ta putain de gueule, négro ! » Une foule commença à se former. « Circulez, vous autres, aboya Carney. Circulez.

-Vous me faites pas peur « , dit Viper comme l’un des flics en uniforme commençait à le fouiller.

« Ah non ? Eh ben on va voir à changer ça ! » retorqua Carney, sur quoi il décocha un direct à l’estomac à Viper qui s’effondra aussitôt sur le trottoir, le souffle coupé.

« Je te colle au trou. Mettez-moi ce type dans le véhicule, messieurs. »

Au poste, les flics jetèrent Viper en cellule avec tant de violence qu’il se cogna la tête contre le mur et perdit connaissance. Il revint à lui tôt le lendemain matin. Deux flics le tirèrent de sa couchette, le traînèrent tout le long d’un couloir puis dans un petit bureau quelconque et l’assirent sur une chaise métallique. Il avait les tempes battantes. En face de lui, de l’autre côté du bureau métallique, était assis le jeune flic aux taches de rousseur.

« Bonjour Viper, lança Red Carney d’un ton presque amical. Ouille, tu as la gueule en bouillie. Désolé, mais il fallait ça. Et on était obligés de faire ça en public. Je couvre Mr O dans la petite affaire que vous tenez au salon de coiffure. Tu ne le sais pas encore mais je vais être le meilleur allié que tu auras jamais."
Commenter  J’apprécie          20
Bon sang, j'adore la musique noir. C'est ton peuple qui chante l'histoire du mien. L'histoire de nos deux peuples. Le drame dans ce pays c'est que vous, les noirs, vous n'avez pas accès au capital. C'est pour ça que ça me plaît d'investir à Harlem, d'investir dans les Noirs. Les noirs et les Juifs. Ensemble, on peut faire de grandes choses dans cette ville.
Commenter  J’apprécie          60
Les commerçants blancs te craignent vu les corrections que tu leur a foutues en toute impunité. Les noirs t'adorent pour les mêmes raisons. Et ils te craignent aussi. Tous les dealers, ils sont noirs. Ils se disent que si tu peux cogner sur des blancs sans avoir d'ennuis, tu serais encore plus dur avec ceux du même peuple que toi.
Commenter  J’apprécie          60
Fais pas comme moi, Clyde. Tu pourrais être le prochain Louis Armstrong. Mais il faut que tu ailles à New York. À Harlem. C’est là que ça se passe, le jazz, Clyde.
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Jake Lamar (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jake Lamar
Drogue et trafic se sont infiltrés au coeur de la société américaine jusque dans les provinces les plus reculées. Quoi de mieux que le roman noir pour raconter ces destins qui peuvent basculer du jour au lendemain ? Peut-être qu'avec une plume trempée dans l'encre épaisse, les écrivains tentent de réparer les failles d'un système pénal à deux vitesses ? Jake Lamar, Ryan Gattis et David Heska Wanbli Weiden
autres livres classés : harlemVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (167) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2856 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}