Je connaissais Gaston Fébus à travers la rediffusion de la série télévisée Gaston Phébus : le lion des Pyrénées, qui m'avait beaucoup marquée, enfant. Aussi, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai sélectionné cet ouvrage lors de la Masse critique organisée par Babelio, en espérant en apprendre davantage sur ce seigneur féodal aussi fougueux que tourmenté.
Et franchement, j'ai été enchantée de ma découverte !
Non seulement, d'un point de vue purement esthétique, le livre est une pure merveille avec de magnifiques illustrations de nature très variée (photos, cartes, enluminures, sceaux, partitions de musique, parchemins parafés...), mais sur le fonds, c'est également une mine d'informations extrêmement intéressantes et enrichissantes. Une vingtaine d'historiens et d'archivistes-paléographes ont uni leurs efforts ainsi que leurs connaissances pour faire parler les archives sur la politique menée par ce prince et les moyens qu'il a employés pour diffuser sa propre gloire.
Si la 1ère partie, axée sur la biographie de Gaston Fébus, est accessible aux néophytes, la 2ème portant sur l'héraldique, la numismatique et l'enluminure est moins abordable et plutôt réservée aux connaisseurs de ces disciplines.
Pour en revenir au comte de Foix, Gaston a hérité à 12 ans de territoires non seulement morcelés dans le sud-ouest de la France dans le contexte chaotique de la Guerre de Cent Ans, mais également aux traditions et obédiences différentes (il devait l'hommage féodal au roi de France pour le comté de Foix et au roi d'Angleterre pour le Béarn). En outre, toute sa vie, il a été en concurrence dans cette région avec les puissants Armagnac, alliés du roi de France.
Seigneur très ambitieux, ambivalent et remuant, il a pratiqué le jeu dangereux de la bascule politique, soutenant successivement, au gré de ses intérêts, les Français et les Anglais. Sa relative neutralité lui permet de rester autonome, et d'épargner ses territoires des désastres consécutifs à la Guerre de Cent Ans.
"Gaston était sourcilleux sur les hommages qu'on lui devait (davantage que sur ceux qu'il devait)."
(page 54)
Autoritaire, il accorde pourtant à ses sujets des chartes d'affranchissement ; profondément lié à son peuple, il le protégea de la fiscalité épiscopale ou royale, tout comme il protégea les hérétiques de l'Inquisition.
Seigneur jusqu'au bout des ongles, il pratique le mécénat, s'entoure de musiciens et d'écrivains. Il remporta même adolescent un concours de poésie.
Attaché à sa renommée et à sa diffusion, il n'hésite pas à copier l'usage récent des rois de France de la signature, qui est à la fois acte de gouvernement et volonté d'afficher son niveau de culture ; mais comme il aime se singulariser, Gaston signe de son surnom seul et non de son prénom comme il est alors d'usage.
Comme sa 1ère signature, son surnom est attesté pour la 1ère fois en 1360 ; sa référence au dieu grec Apollon rompt avec la tradition médiévale de se réclamer des héros arthuriens.
Comme on le voit, Gaston participe à la naissance de sa légende, relayée par les écrivains de son temps. Ainsi, le chroniqueur Froissart trace de lui dans ses chroniques un portrait assez marquant "qui fonde la légende, noire et dorée, de ce prince" (page 64). le poète
Eustache Deschamps fait allusion dans son Miroir de mariage à l'épisode selon lequel Gaston et ses compagnons au cri de Fébus avant ! délivre la dauphine Jeanne de Bourbon et d'autres princesses de menaces à Meaux !
Un épisode beaucoup plus sombre entache cette propagande mythographique : la mort de son unique héritier légitime, tué de ses propres mains, mais jusqu'à aujourd'hui, aucun acte officiel n'a été mis au jour pour en effacer les zones d'ombre.
Ainsi, Gaston a non seulement fasciné ses contemporains, mais également les générations suivantes jusqu'à aujourd'hui. Dumas lui a même consacré un roman !
Je remercie Babelio et Somogy éditions d'Art pour ce somptueux ouvrage ! D'ailleurs, en compulsant leur catalogue sur leur site, je me suis rendu compte qu'il comportait "Au royaume d'Alexandre le Grand. La Macédoine antique", faisant suite à l'exposition éponyme qui s'était tenue au Louvre et que j'avais visitée début 2012, mais sans pouvoir prendre de photos hélas... Je sais quel livre va rejoindre ma liste de Noël, moi !!!
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