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Critique de le_Bison


Je commence par la saveur d'une bière fraîche, une blonde de 33 cl. 979 pages plus loin et quelques capsules supplémentaires, je me retrouve dans la poussière des vaincus. Même pas eu peur, j'ai fait fi du nombre de pages, passionné par l'histoire de ces deux frères jumeaux à Three Rivers, dans le Connecticut, Dominick et Thomas Birdsey.

La première scène est frappante. Thomas, aux tendances schizophréniques, se tranche la main dans la bibliothèque municipale. Guidé par Dieu, persécuté depuis tous temps par la CIA et les communistes, la voix divine lui a donné sens à son sacrifice, sa manière de protester contre l'absurdité de cette guerre du Golfe orchestré par Bush père.

Et pendant que Thomas se voit interné de force dans un asile psychiatrique plus proche d'une prison que d'un centre de soin, Dominick se démène avec son passé, ses origines, son père... Il a ce besoin de comprendre ses racines, peut-être pour sa rédemption, une façon à lui d'apaiser la culpabilité qui le ronge depuis tant d'années. Triste, sombre, intérieurement colérique, il s'en veut, en veut à tout le monde, son "père", son grand-père, sa mère surtout qui lui a toujours refusé la vérité sur son vrai père, et qui lui a fait promettre à la veille de sa mort de toujours veiller sur son frère. Mission échouée.

Une histoire bouleversante, un pavé intense de la première à la dernière page, un grand moment de littérature américaine. Sans temps morts, bourré de remords. Une histoire contemporaine, une histoire sociale, une nouvelle pinte de bière pour m'accompagner ? La peur du Vietnam, le système de santé, les relations humaines, les délires d'un homme. L'Amérique. Son immigration italienne, "je suis ton père", il s'en passe des choses dans ce long roman, fleuve impétueux de la littérature, qui retracent l'histoire d'une vie, d'une génération, d'un pays. Bien au-delà des maux.

La puissance des vaincus, c'est aussi le souffle de la vita americana. C'est une immersion totale dans la folie, une plongée en apnée dans la vie, une tristesse profonde ancrée dans l'âme d'un frère survivant. C'est surtout le roman de sa solitude.

Maintenant, pour prolonger cet état hypnotique dans lequel le roman m'a plongé pendant des jours et surtout des nuits, bien au-delà des mots, j'ai rendez-vous avec Marc Ruffalo pour deux fois plus de plaisir. I know this much is true.
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