— Il y aura toujours des gens pour nous insulter, volontairement ou pas. Nous n'avons aucun contrôle sur ces gens-là. Seulement sur nous-mêmes.
Mon défi le plus pressant consiste à la discipliner sans briser sa volonté. Je dois exiger d'elle, un minimum d'obéissance, mais je ne dois pas la contrôler uniquement par la force.
J'ai besoin de gagner son amour.
Helen a une volonté de fer et elle n'a pas l'habitude de recevoir des ordres. Heureusement pour nous tous, je peux aussi me montrer très têtue, si nécessaire.
(p. 13)
Depuis que j'ai renoncé aux leçons régulières, je trouve qu'Hélène apprend beaucoup plus vite. J'ai le sentiment qu'un professeur dans une classe passe beaucoup de temps à faire régurgiter à l'enfant le savoir qu'il lui a inculqué.
Pour moi, c'est de la complaisance et une perte de temps.
Que ce soit vrai ou non, tu dois apprendre à maîtriser ton caractère.
Il y a aura toujours des gens pour nous insulter, volontairement ou pas. Nous n'avons aucun contrôle sur ces gens-là. Seulement sur nous-mêmes.
MADAME KELLER : Que se passe-t-il, Helen va bien ?
MONSIEUR KELLER : Non, elle ne va pas bien !
MONSIEUR KELLER : Elle est encore... Il est dix heures, et cette pauvre petite Helen n'a pas encore eu l'autorisation de petit-déjeuner. Elle est toujours en CHEMISE DE NUIT.
MONSIEUR KELLER : Miss Sullivan refuse de la laisser manger tant qu'elle ne s'est pas habillée. Elle va trop loin. Je la renvoie chez elle.
Vous ne voulez pas les punir pour leur faux pas, mais parce qu'elles ne se conforment pas à l'image que vous avez forgée pour elles. (p.87)
J'ai décidé de ne pas lui donné de leçons régulières pour l'instant. Au lieu de quoi, je traite Helen exactement comme une enfant de deux ans. Partant du principe qu'elle a une capacité normale d'assimilation et d'imitation, je parle dans sa main comme on parlerais dans l'oreille d'un bébé qui entend. Je fais des phrases entières quand je lui parle, même si elle ne comprend qu'un seul mot. La phrase entière, répétée de nombreuses fois, va s'imprimer dans son cerveau. Peu à peu, elle l'emploiera elle-même.
Un mari sourd et une femme aveugle ont rarement à partager.
Nous faisons chaque jour de longues promenades. Le parfum des fraises des bois embaume l'air. Notre but est le débarcadère au bord du Tennessee. On ne sait jamais comment on y arrive, et on se perd souvent en chemin, mais cela ne fait qu'ajouter à notre plaisir. Surtout que tout est nouveau, étrange. A vrai dire, j'ai l'impression de tout découvrir moi aussi. Helen m'interroge si souvent le long du chemin. Chaque mot nouveau semble en appeler de nombreux autres, qui deviennent nécessaires.