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Citations sur Giono, furioso (47)

C'est au collège que nous avons lu, pour la première fois, Jean Giono. Nous n'y avons strictement rien compris.
Je me souviens du -Chant du Monde-, de ses longues phrases et d'une réalité qui m'était parfaitement, hermétiquement étrangère. La montagne. Les radeaux. Les paysans. Tout cela était loin dans l'espace et dans le temps, le livre charriait des mots, des métiers et des lieux disparus ou inventés. Nous n'étions pas coutumiers d'une langue si vivace. (...) Disons-le : à la première lecture, tout cela m'a beaucoup ennuyée. (p. 98)
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La guerre profite au capital. Pas à la vie, pas à l'avenir. Et dans "Recherche de la pureté", une fois qu'il a compris que la chair tendre des enfants jouant au soleil n'est que "viande bouchère", une seule chose lui reste à faire : "pleurer".

Son pacifisme n'a rien d'une philosophie de planqué, comme il serait aisé de le croire depuis aujourd'hui, tant il est simple de crier à l'irresponsabilité d'autrui quand on n'a jamais eu à risquer sa peau. C'est le cri de désespoir de celui qui dit ce que la guerre fait : rien, sinon déshumaniser les humains, et engraissent les industriels. (p. 152)
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On peut sans trop s'avancer dire qu'en termes de chaleur maternelle, de protection, de fusion, on a vu mieux. Si ces qualités, culturellement attendues chez les mères, sont déniées à Pauline, c'est aussi parce qu'elles sont attribuées à Jean-Antoine. C'est lui qui remplit la fonction éternelle de soin: il lave, soigne, rassure et veille. (...)
Sur les photos de sa famille, il a ainsi souvent un bébé ou l'autre dans les bras. Ses petites filles, il les touche, les soulève, les embrasse, quant tant d'hommes de sa génération ne s'intéressaient aux enfants qu'une fois doués de langage et d'autonomie. C'est un père charnel. (p. 118)
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Dans ma bibliothèque, on trouve, au premier rang, au moins deux poètes autodidactes et merveilleux façonnés par leurs lectures grandioses. Leur langue est une chose si personnelle qu'on ne peut les rapprocher d'aucun de leurs contemporains.Littérairement, Ils sont sans famille.
il y a vous, Giono, et votre cadet de quinze ans, Jean Genet. (...)
Si vos oeuvres n'ont rien à voir, votre rapport à la langue et à la culture est le même : il est strictement, rigoureusement intime. vous vous foutez tous deux des passages obligés. On ne vous commandera pas.

Vous avez d'ailleurs atterri dans la même prison militaire, à Marseille, à un an d'écart. Aujourd'hui, vous avez tous deux des manuscrits dans les archives de la Bibliothèque nationale et un dossier dans celles de la justice militaire. Tous les deux, vous n'êtes pas bien commodes. (p. 59)
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La lecture, cette réaction chimique née du frottement de deux imaginations, celle du lecteur et celle de l'auteur, est en effet affaire de tâtonnement, d'hésitation, parfois de joie ou de colère, et même de déception. C'est une lutte dans le corps, entre la sensibilité et l'intelligence et parfois un emportement d'enfant. C'est toujours un peu brouillon, parce que vivant. On lit, notre coeur s'emballe, bêtement, on veut que l'auteur qu'on aime devienne le nôtre, on se trouve des affinités avec ceux qui l'aiment à leur tour. On pourra même dans un moment de faiblesse légèrement honteuse souhaiter l'avoir découvert avant les autres.
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["Les âmes fortes" ] Giono expose l'une des choses les plus importantes pour comprendre combien la bonté et la générosité sont chez lui des notions complexes sinon troubles. Il explique qu'il y a une fureur de la générosité, qu'elle revient à une forme de prédation de l'autre, toujours plus recouvert par les bienfaits qu'on lui dispense. La générosité, pour lui, c'est la faim de l'autre. (...)
Giono, vous êtes impossible, vous dit-on, et là vous exagérez : si vous nous enlevez le don, la bonté, alors que nous reste-il , qu'est-ce que vous nous faites à la fin ? (p. 131)
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Ce n'est pas qu'il s'ennuie. Giono est doté d'une faculté d'émerveillement à la fois épuisante et salvatrice. (...)
mais l'entrave du corps est plus forte que l'émerveillement. Il écrira plus tard qu'alors il était "enfermé entre deux plaques de schiste" où il devait "peu à peu devenir fossile". [*Giono était employé de banque]
Heureusement pour lui, il y a les livres. Il les accumule et les dévore en autodidacte. Le "Bleu" de Jean le Bleu est à la fois la couleur de son uniforme, et cette part de lui-même absolument personnelle, rêveuse, inaccessible à la contrainte. (p. 54)
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Mais lorsqu'on revient au seul endroit où il est dans son élément, c'est-à-dire dans la fiction, on y lit constamment la lutte à mort. Des premiers livres aux derniers, elle est engagée entre l'homme et la nature, entre l'homme et l'argent, et de plus en plus resserrée vers le coeur du problème : entre l'homme et l'homme. (p. 108)
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Je ne prends pas beaucoup de risques en avançant, péremptoire que votre livre le plus offert aujourd'hui est certainement - L'homme qui plantait des arbres. Car il y a les livres qu'on lit seul dans le noir et ceux qu'on fait circuler, heureux de donner un bout de notre âme aux gens qu'on aime - évidemment, il est plus aisé d'offrir des livres qui font du bien. Celui-ci, ce rejeton bizarre, a toutes les qualités requises. (...)
Ravi, -L'Homme qui plantait des arbres- a poussé sur les terres de votre oeuvre comme surgit parfois, dans une fratrie difficile, un enfant qui voit toujours le verre à moitié plein. Il rayonne d'une chose qui me paraît si loin de vous que c'en est curieux : l'optimisme. (p. 103)
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J'étais loin de savoir, alors, que ce serait là mon premier contact avec Giono, que les immenses films de Pagnol, -Angèle-, - La femme du boulanger-, venaient de ses livres à qui ils devaient une part de leur grandeur. Et que, dans leur beauté et leur théâtre, ils avaient sans doute contribué à installer ce qu'il faut bien appeler le malentendu provençal, détesté par Giono et qui aujourd'hui lui colle encore à la peau. Comme il était las qu'on lui entonne toujours la même chanson, Giono a dit qu'il " n'avait mis aucune cigale dans ses livres." (p. 32)
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