- La MORT ? Je la connais mieux que quiconque. D'ailleurs, je n'aurais jamais dû naitre. Ma mère, pendant sa grossesse, avait pris du Distilbène, une hormone de synthèse aujourd'hui interdite aux femmes enceintes. Je suis né avec des malformations osseuses et j'ai du être opéré. Même du sexe, m'a-t-on dit. Depuis, je n'ai jamais cessé de fréquenter la mort.
Dans notre famille, on sait mourir dignement. -
Viré de partout, Guillaume ne trouve pas non plus le ton juste avec sa mère. Il lui en veut d'accepter les absences, les frasques de son père, à qui on prête des aventures multiples, des liaisons vraies ou fausses. Il suffit de lire les journaux. Elle ne les lit pas. Lui, Guillaume, en entend parler ; l'école est une boite à échos et il est à l'affut du moindre chuchotement concernant sa famille.
Prend-il pour argent comptant tout ce que la presse raconte sur son père, depuis ses démêles d'adolescent avec la police jusqu'à; l'amalgame que les journalistes entretiennent entre sa vie privée et les rôles qu'il incarne ?
À la maison, c'est devenu pour lui irrespirable. Il ne voit pas de solution. - Dans ma tête, écrira-t-il plus tard, les idées, les sensations s'entrechoquaient. -
Adolescent, néanmoins, pendant les tournages de Jean de Florette _1986 _et Cyrano de Bergerac - 1990 -sur lesquels il est figurant, il voit surtout les fastidieuses attentes entre les scènes et les ordres stricts que reçoivent les acteurs. Il s'ennuie. Jamais il ne choisira le métier de son père ! - Quand j'ai vu ce qu'était la profession de comédien, je me suis tourné vers la musique. Pour moi, être comédien, c'était être asservi à des incapables. Être à la merci de l'inefficacité, au service de l'incompétence. - D'ailleurs, le destin de star - ce que Depardieu est devenu - ne l'attire pas. Et pour cause !
Élève intelligent, il aime l'histoire et la géographie, la biologie, fait ce qu'il faut pour rester dans la moyenne, mais pas plus. Il n'aime pas apprendre en classe ; il préfère regarder des documentaires, parcourir les journaux. Sa scolarité est on ne peut plus chaotique.
Il évoquera aussi les apports compliqués avec Julie, sa cadette, qui se sent sans doute plus proche que lui de leur mère, et lui ferme la porte au nez quand il tente d'entrer dans sa chambre - rien de bien diffèrent des relations traditionnelles au sein d'une fratrie ! En fait , il teste en permanence : sa résistance, celles des autres, l'amour qu'on lui porte. - Je crois que j'étais prêt à tout pour avoir un regard de l'amour dedans -, confiera-t-il à un journaliste des Inrockuptibles. Il veut plus, toujours plus. De tout.