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EAN : 9782268107783
232 pages
Les Editions du Rocher (24/08/2022)
3.47/5   58 notes
Résumé :
Margot, 17 ans, souffre depuis plusieurs mois de malaises fréquents et peine à se rendre en classe. Divers médecins ont échoué à la guérir. Jusqu'au jour où elle atterrit chez un psychiatre, le docteur Donnelheur. Face à lui, chaque semaine, pendant quarante-cinq minutes, Margot se heurte au silence des mots qu'elle ne trouve pas. Heureusement, le docteur Donnelheur se révèle être un très bon psy. Libérée de son secret, Margot reprend pied. Donnelheur devient un sau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
3,47

sur 58 notes
Margot va mal. Son corps exprime une souffrance que rien ne parvient à apaiser. A dix-sept ans, elle a la chance de rencontrer un médecin de l'âme qui peu à peu parvient à faire parler la jeune fille et mettre au jour les indicibles souvenirs douloureux de son enfance. Avec les mots, s'envolent les maux. La thérapie se prolongera longtemps, jusqu'à une autonomie relative de la patiente.

Cependant, des années plus tard, une rechute, des choix contestables amèneront Margot à revoir celui qui l'avait sauvée. Curieusement, l'homme semble différent, et l'empathie évolue en agressivité, tandis que les conventions strictes de la thérapie se perdent dans d'étranges comportements.

Analyse minutieuse du processus de la prise en charge psychologique, dans ses différentes modalités, tout y est : les résistances, le rejet, le transfert, la dépendance, la distance à respecter…Toutes les règles qui gouvernent la pratique sont présentes, du moins au départ.
Mais ce qui pourrait être un simple témoignage dérape. Après la bonne conduite, les écarts, inacceptables et délétères.

Traumatismes enfouis, pathologies de la personnalité, on retrouve dans ce roman un ensemble de données relatives au champ de la psychiatrie, présenté avec une excellence dans l'art de la narration. Tout y est et fort bien dit. L'évolution parallèle des deux personnages principaux est intéressante et originale.

Premier roman malin et maitrisé, autrice à suivre

232 pages Rocher 24 Août 2022
#nousenresteronslà #NetGalleyFrance
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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A 17 ans, Margot est mal dans son corps abusé et dans sa tête, c'est le fatras. Une famille dépassée par les évènements, une grand-mère qui ne se démonte pas face aux révélations de sa petite fille.

Le décor est planté, mais mal installé.

Après avoir consulté plusieurs médecins, qui ne parviennent à la comprendre et la soulager, elle échoue, -car son paquetage est bien lourd-, dans un cabinet d'un psychiatre Achille Donnelheur.

Ses mots sont des silences, corsetée, elle a du mal à parler, face à cet imposant thérapeute, la pipe au bec.

Grâce à sa grande éloquence, il va l'aider à démêler les noeuds qui l'enserrent et une relation de confiance s'installe. Alors, elle se déverse, mais évite le sujet de la sexualité, qui pourtant intéresserait bien d'aborder Achille….

Margot prend des notes sur un petit carnet pour garder en dépôt les mots de cet homme prolixe, qui se réfère souvent à la littérature pour confirmer ses propos dans ses joutes verbales, car il ne fait pas dans la dentelle. Il la remet en cause, la triture, l'entraîne dans les tréfonds de son âme, mais pourtant Donnelheur devient un mentor pour elle, un sauveur, elle lui doit presque tout, elle va mieux.

Il a su trouver les mots pour apaiser ses maux, ses bleus invisibles, pour changer dans sa tête d'autoroute.

Les contours de la relation semblent posés, mais ce confident va s'avérer délétère, énervé, colérique quand elle reviendra vers lui après s'être empêtrée à nouveau dans un mauvais terreau.

Parviendra-t-elle à s'affranchir de cet homme de plus en plus pressant, comme un ogre qui cherche à la dévorer ?
Parfois, on ne sait pas à qui on parle…

Nous en resterons là
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« Nous en resterons là » est une phrase bien connue de nombreuses personnes qui fréquentent un psy. C'est le signal allant souvent de pair avec la frustration de devoir s'arrêter dans le déroulé de ses névroses, du soulagement que le professionnel est censé apporter à son patient. C'est dans cette optique que la jeune Margot vient consulter Achille Donnelheur, car elle souffre d'une difficulté à s'alimenter proche de l'anorexie, sans en comprendre les raisons. Si ce psy va l'aider à aller mieux dans un premier temps, la menant à arrêter pour un temps sa thérapie, quand elle la reprend, les consultations vont prendre une tournure différente, le professionnel passant d'une approche bienveillante à une nettement plus incisive, faisant se remettre en cause la jeune Margot, prise dans une mécanique qu'elle ne comprend pas et dont elle va être la victime…

Le roman est divisé en trois parties, narrées par Margot, qui sont autant d'étapes dans le parcours de cette dernière, dans ce schéma d'emprise qui se met lentement en place. Jeune fille fragile, Margot va en effet se placer d'emblée sous la coupe de ce psy qu'elle va se mettre à idéaliser. Banale histoire de transfert me direz-vous. Mais le malaise du lecteur – en tout cas celui que j'ai rapidement ressenti – va s'intensifier quand une à une les règles de l'éthique psychanalytique vont être transgressées par le professionnel, qui va briser la distance entre un patient et son psy en se mettant à parler à Margot de sa vie, à lui donner des conseils de lecture, jusqu'à régenter sa vie amoureuse ou la résolution du traumatisme qui l'ont poussée à venir chez lui. du transfert, on passe donc au contre-transfert, me faisant assister au lent délitement d'une personne qui cherchait de l'aide jusqu'à son meurtre psychologique par celui dans lequel elle a placé tout son espoir…

Si vous pensez entamer un travail psychanalytique, peut-être que « Nous en resterons là » ne sera pas le roman à lire de suite… Je l'ai trouvée d'une violence inouïe – il faut dire aussi que c'est remarquablement bien écrit –, j'ai été mal à l'aise et outrée, tout au long de ma lecture, par ce parcours d'une jeune fille mise systématiquement à terre bien que traversée par un instinct de survie formidable, même si je n'ai pas réussi à m'attacher à elle, qui semble rester presque en permanence dans la sidération. Il m'a fait une impression si forte que je ne saurais dire si je l'ai aimé, et que je ne sais pas le noter (c'est bien la première fois que ça m'arrive). Je conseille cet ouvrage à tous ceux qui pensent que le travail psychanalytique ne relève que de la charlatanerie, ce roman montrant au contraire la puissance du jeu qui se joue sur un divan. Une belle maîtrise de l'écriture pour un premier roman.
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Voilà un livre très intéressant, j'allais écrire très intelligent. La narratrice va voir un psychanalyste pour des raisons de santé quand la médecine ne suffit plus. Elle va devoir sortir d'elle son secret. Mais là n'est pas le sujet, enfin si, mais non, mais si, mais non ! Là, où l'autrice nous emmène est tellement plus subtil : l'héroïne veut comprendre les rouages de l'analyse en particulier, et de la psychanalyse plus largement. le rôle de l'analysant (le patient), le rôle des questions, des silences (ah ! les silences !), de la durée, du confort, du protocole. Et surtout le rôle du psychanalyste : père, sauveur, docteur ? Tout le long j'aurai presque aimé discuter de telle phrase ou telle pensée avec un psy pour avoir son point de vue. Très bien fait. Ça donnerait presque envie d'aller en analyse pour voir.
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Margot est une jeune fille de dix sept ans à peine quand elle croise la route du docteur Donnelheur : elle souffre de troubles variés, étiquetés psychosomatiques. Un jour elle se confie davantage à un des médecins qu'elle rencontre au hasard des symptômes du moment et celle-ci l'envoie chez ce psychiatre qu'elle connaît, en faisant comprendre au passage aux parents de Margot qu'ils sont déficients sinon aveugles…

Dans la famille de son père, les problèmes psychiques sont passés sous silence, on ne peut parler en fait que de la pluie et du beau temps pendant les repas. du côté maternel, tout s'explique de manière rationnelle : mauvaise alimentation, manque de magnésium… Donc même dialogue de sourds.

Les séances commencent, mais elle a du mal à entrer dans le cabinet, à trouver les mots, devant cet homme impassible qui fume la pipe sans vergogne. (Mimétisme de Freud : son divan, sa pipe…)

Peu à peu, elle évoque l'inceste dont elle a été victime de la part de son oncle, qu'elle aimait beaucoup, dès l'âge de 14 ans, et la complicité des grands-parents, notamment la grand-mère : son fils ne peut pas être coupable, c'est forcément Margot qui l'a aguiché !

Peu à peu, le psy sort de ce qui devrait être la neutralité bienveillante (a-t-il jamais été neutre d'ailleurs ?) commence à parler de lui, de ses lectures, qu'elle prend pour des conseils au départ, se permet d'arriver en retard sans s'excuser,

Quand le « bon docteur » de vient un peu trop lourd en sexualisant beaucoup en termes fleuris, Margot lui trouve des excuses, ne sent pas l'attitude limite. « Il faut bien qu'il ait quelques défauts, ce grand homme » pense-t-elle.

L'auteure décrit très bien les séances, leur déroulement, la manière dont Margot idéalise le psychiatre, lui trouvant toujours une excuse. Il se réfugie derrière les notions de transferts, contre-transferts, vocabulaire psychanalytique pour établir son emprise. Il lui propose de changer de méthode, en plein milieu du travail : on ne passe pas la psychothérapie en face à face au divan avec le même analyste… mais il n'est pas à une manipulation près.

L'inceste est plutôt bien évoqué, même si j'aurais aimé une réaction de type « Festen » film que j'adore, quand Margot profite d'une réunion familiale pour le révéler enfin.

J'ai bien aimé ce livre, même si j'ai senti très vite que la thérapie dérapait, j'ai adoré détester le docteur Donnelheur, mais j'ai fini par retenir tout ce que je considérais comme des « fautes », c'est-à-dire, réquisitoire à charge, me transformant en procureur… Freud a dû se retourner dans sa tombe ! donc exercice réussi pour Chloé Lambert car le lecteur s'investit, participe.

Un grand merci à NetGalley et à Elidia, éditions du Rocher qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure

#nousenresteronslà #NetGalleyFrance !
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Il ramasse, trie, nettoie la poubelle que je finis de vider devant lui. Je crache cette histoire inutile par petite séquences désordonnées, à la manière d'un puzzle dont les morceaux éparpillés dans ma mémoire émergent au gré de marées changeantes ; marées qui déposent sur le sable de ma conscience, indice après indice, les motifs décousus. Manquants.
"se souvenir" a un coût dont il faut pouvoir se remettre
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Donnelheur affirme que la culture est le seul moyen de transformer ou de supporter la barbarie humaine. La connaissance qu’il recommande, dont il connaît les vertus, n’est pourtant pas préétablie. Elle n’a pas d’autre origine que la quête d’une âme tourmentée ou réjouie. Grâce à elle, se déploient des manières infinies devoir le monde, de survivre, de créer de partager.
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Si le métier de psychanalyste consistait à avoir raison, les cures psychanalytiques seraient rapides et le métier d’analyste moins difficile.
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p. 151 :
Dieu existe-t-il ? Je ne crois pas. Achille Donnelheur a-t-il deviné à travers mon silence le petit soliloque intérieur que je poursuis ? Mystère et boule de gomme. Je sors de son immeuble avec la sensation d’avoir été battue. Mon reflet dans le miroir me souffle et me fait des grimaces… Un pied marche sur ma tête. Les couleurs n’en sont plus. Ni fait, ni à faire comme image. Je me laisse tomber sur le banc… 
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De ce jour, je crus qu'il existait une vérité alors que (et cette étude en est la preuve), il est impossible d'être dans la vérité, seule existe la quête de la vérité que personne ne détient.
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Vidéo de Chloé Lambert
Un échange exclusif, réalisé dans les magnifiques locaux de l'Hôtel littéraire le Swann que nous remercions encore une fois pour leur accueil.
Le roman :
Margot, 17 ans, souffre depuis plusieurs mois de malaises fréquents et peine à se rendre en classe. Divers médecins ont échoué à la guérir. Jusqu'au jour où elle atterrit chez un psychiatre, le docteur Donnelheur. Face à lui, chaque semaine, pendant quarante-cinq minutes, Margot se heurte au silence des mots qu'elle ne trouve pas. Heureusement, le docteur Donnelheur se révèle être un très bon psy. Libérée de son secret, Margot reprend pied. Donnelheur devient un sauveur, un père, un maître à penser… Cependant, au fil des séances, le sorcier bienveillant et malicieux se mue en recteur insatisfait et colérique. le sauveur serait-il devenu dangereux ? Jusqu'où les règles du cadre analytique seront-elles enfreintes ? Margot parviendra-t-elle à se libérer du piège qui se referme ? À moins que le sujet d'étude ne soit pas celui que l'on croit…
Chloé Lambert est actrice et auteur dramatique, lauréate du prix Suzanne Bianchetti, La Veillée, sa première pièce, se joue en 2012. Quatre ans plus tard, La Médiation, qu'elle a créée, est deux fois nommée aux Molières. En 2019, elle a mis en scène le Misanthrope.
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