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Critique de Gerard17200


C'est une surprise, c'est aussi une sacrée gifle. La jeunesse de l'auteur lui autorise un ton très décapant. C'est crû, c'est violent, il n'y a pas de vernis littéraire. Une écriture et un style d'écorché vif, qui n'a pas peur de bousculer les codes. Violent, indécent, poétique, dramatique, choquant, Querelle de Roberval n'est pas un roman à mettre dans toutes les mains. Il fera fuir ceux qui sont à la recherche d'une écriture propre et distinguée.

Querelle de Roberval a été adapté pour les lecteurs français !Probablement pour élargir le nombre de lecteurs potentiels. Personnellement, je trouve que c'est une hérésie. Certes, le lecteur français risque d'être largué par les expressions québécoises, par son argot ainsi que par les nombreux anglicismes qui parsèment le roman. Néanmoins, c'est tel quel qu'il faut le lire. Je l'ai donc lu dans son édition originale. Et j'ai d'ailleurs été surpris des nombreuses passerelles linguistiques entre mon patois régional (le charentais) et le dialecte québécois. La côte atlantique a des liens forts avec les premiers colons canadiens français.

Kevin Lambert raconte l'histoire d'une grève qui va mal tourner. Nous sommes dans un petit village (Roberval), près d'un lac. Tout le monde se connaît. Querelle est un jeune homme fraîchement arrivé. Il a trouvé du travail dans la scierie du coin. Pour obtenir de meilleures conditions de travail, le personnel se met en grève afin de faire pression sur le directeur. Mais celui-ci ne va rien vouloir entendre et va laisser la grève s'enliser.

C'est l'occasion pour l'auteur de nous décrire ce village et nous parler de ses habitants, des grévistes, du patron et de sa famille, de la jeunesse désoeuvrée qui n'a guère d'avenir. Sans compter les problèmes et les tares des uns et des autres : Querelle est un beau gosse, un jeune homme séduisant mais il n'est pas hétéro. Il vit son homosexualité sans contrainte ni tabou. Et ça en agace plus d'un dans le village. Et puis il y a les jalousies, les haines. L'histoire sombre inexorablement dans le drame.

Kevin Lambert nomme chaque partie de son roman en se référant à la tragédie grecque et en utilisant des mots sibyllins: Prologue, Parodos, Stasimon, Kommos, Exodos, Epilogue. Ses chapitres ont des titres qui ont tous un rapport avec la vie de l'entreprise et de ses travailleurs même si le rapport est parfois ténu. Il y a du second degré chez ce jeune auteur !

En résumé, un livre à recommander, mais pas à n'importe qui!
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