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sur 172 notes
Je referme ce livre en ne sachant toujours pas si je l'ai trouvé original ou si je l'ai abhorré. Ou, pire, si je n'ai rien compris. Sans doute un peu de tout ça, alternativement. Quand un roman s'ouvre sur des exergues de Jean Basile et de Britney Spears, le lecteur comprend qu'il s'engage dans une expérience littéraire hors du commun. C'est exactement ce qu'est Querelle de Roberval, librement inspiré de l'autre, celui de Brest, écrit par Jean Genêt.

Au premier chapitre, le lecteur se fait servir la description des habitudes sexuelles de Querelle. Cette description est très, très crue. « Querelle en question aime les petits garçons », comprendre ici les grands adolescents, les jeunes hommes, qu'ils aiment se faire dominer, bander, se sentir uniques. Je vous épargne les détails. Ce court chapitre, ces quelques pages, elles donnent le ton. Ceci dit, Querelle n'est pas un roman trash non plus. La plume de Kevin Lambert est imaginative, presque poétique par moment. D'où mon trouble à classer ce roman.

Si Querelle est un personnage important, il n'est pas le seul dans ce roman foisonnant. C'est que, à Roberval, dans le nord du Québec, les ouvriers d'une scierie sont en grève. Ils exigent un meilleur salaire, un fond de pension respectable, des conditions de travail plus humaines, etc. L'habituel, quoi ! En face d'eux se trouve un employeur implaccable et machiavélique, Brian Ferland. Et les coups bas volent de tous les côtés.

Querelle de Roberval alterne entre un éditorial sur les conflits de travail et une chronique de la vie en région. Là-bas, la société est conservatrice (et virile) et les moeurs sexuelles du jeune homme détonnent, sont si différentes du modèle mis de l'avant que ça ne peut que créer des frictions. C'est comme s'il y avait deux conflits. Toutefois, au-delà du conflit et de l'histoire, il y a la plume de Kevin Lambert. L'auteur n'a pas peur des mots, encore moins de provoquer, à l'instar de ses personnages. Et tant pis pour ceux que ça choque ! Ceci dit, je me demande s'il décrit vraiment la réalité car le type d'homosexualité raconté semble plus se rapporter à la déviance et je trouve ça dommage. Surtout, je ne vois pas l'utilité, le lien avec le lock-out. Ça me semble un peu voyeuriste.

Et le parti pris de l'auteur contre le syndicalisme (à moins que ce ne soit une apparté ironique et sarcastique à laquelle je n'ai rien compris) me fait frissoner. Dans tout conflit employés-employeur, il y a des fautes des deux côtés. du moins, c'est mon expérience. Ni l'un ni l'autre n'est blanc comme neige. Lancer la pierre au syndicalisme, à une époque où la compétition fait rage mais où les propriétaires continuent à engrenger des profits faramineux, me semble injuste. Ceci dit, je dois admettre que l'industrie du bois ne m'est pas vraiment connue.

Vers la moitié du roman, je commençais à m'ennuyer un peu. On plonge un peu plus dans la vie de quelques uns des employés, Jézabel, Jacques Fauteux, Pierre Larouche, etc. Puis, la mort d'un d'entre eux donne un nouveau souffle à l'intrigue, un souffle extrêmement dramatique. Trop, peut-être. Les ouvriers perdent la tête et la raison avec. La fin, magistrale et horrible à la fois, ramasse tout : le conflit syndical trouve une résolution et les moeurs dépravées de jeunes homosexuels. Certains aimeront, d'autres pas. Je suis très ambivalent. Cette fin, elle est à l'image du roman : troublante, déboussolante, provoquante ? Une sorte de fin du monde où tout le monde s'envoie chier.
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Crisse ! Après avoir refermé ce livre, je ne sais pas de qui je suis le plus amoureuse : Kevin Lambert ou Querelle de Roberval, son héros flamboyant qui fait écho au "Querelle de Brest" de Genet.
Ca se passe donc à Roberval, commune du Québec en bordure du lac Saint Jean, où les ouvriers de la scierie se mettent en grève pour obtenir de meilleures conditions de travail. Parmi eux, Querelle, 27 ans, beau comme un dieu, et amant magnifique qui fait rêver des kyrielles de jeunes hommes.
Ce court roman se lit comme on traverse un rêve, il est parcouru de phrases comme des diamants qui fondent dans la bouche. J'ai rarement lu quelque chose d'aussi poétique et cru -mais tellement beau ! L'auteur précise que "Querelle fascine ou choque les gars de l'usine tant la déviance, dans sa bouche, semble honnête et naturelle", mais cela vaut aussi pour lui et pour moi : j'ai été fascinée par ses propos d'un caractère déconcertant, et j'y ai rapidement succombé. D'aucuns pourront trouver son récit vulgaire, mais Kevin Lambert n'avilit son écriture que lorsqu'il raconte la laideur des pensées et des comportements. En outre, il dresse un constat juste de la lutte des classes actuelle et de la gentrification en cours.
Je sors donc étourdie et amourachée de cette lecture, saisie par la beauté d'une langue ponctuée d'expressions québécoises qui claquent et d'images héroïques oniriques, et bouleversée par la magnificence de Querelle. Ce livre est une expérience fabuleuse, écrit par un gamin de 26 ans ( ! ). Je ne peux que le recommander à tous ceux qui ont besoin de héros (les vrais, ceux qui font rêver, vibrer et aimer), qui n'ont pas peur d'être bousculés dans leurs certitudes, et qui se pâment devant un style qui fait décoller direct vers les étoiles.
Un roman intense et fiévreux, qui réchauffe le corps et l'âme en cet été monotone ; n'hésitez pas à céder à la tentation, et rappelez-vous : on ne vit qu'une fois.
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Un roman étrange, mélange de sexe, d'horreur et de discours sur la société.

Un début choc, un roman qui commence pas une séance de baise homosexuelle. Et par la suite, ici et là, on remet ça. Comme dans un film porno, ça prend des scènes de sexe pour ponctuer le récit, sans qu'on sache vraiment si le récit n'est qu'un prétexte pour ces ébats.

Querelle, ce n'est pas le conflit syndical, c'est le surnom d'un personnage (le héros?) du roman. C'est un jeune homme, athlétique et beau gosse, homosexuel et bête de sexe. Il travaille dans une scierie de Roberval depuis peu. Il est solidaire des autres grévistes, mais n'a pas vraiment d'idée à lui.

À côté des aventures des figurants, on a droit à des descriptions de la misère sociale et des discours syndicaux ou antisyndicaux. L'auteur intervient lui-même au milieu du roman pour affirmer qu'il n'est pas anti-entrepreneur, une rupture du récit plutôt malvenue à mon avis.

Le côté noir du roman, c'est l'escalade des moyens de pression qui dégénère jusqu'aux meurtres. (On basculera même dans la mythologie avec un choeur de pleureuses pour saluer le mort au combat.)

D'autres critiques ont relevé une parenté avec un Querelle de Jean Genest. Je ne connais pas cette oeuvre et probablement que d'autres clins d'oeil littéraires m'ont échappé qui m'auraient permis d'apprécier davantage le roman.

Je reconnais l'audace et l'imagination de l'auteur, mais je n'ai pas accroché à ses personnages et son histoire. Une lecture que j'ai peiné à poursuivre.
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Sur un fond de « fiction syndicale » dépeignant un piquet de grève qui dure des mois et des mois, Kevin Lambert dresse le portrait de Querelle, un homosexuel à la personnalité complexe. Une lecture qui sort de l'ordinaire et qui vaut la peine d'être découverte, à condition toutefois de ne pas être rebuté par une langue souvent crue et de passer un des derniers chapitres qui, à mon avis, gâche tout le reste.

L'envie m'a un jour pris de partir à la découverte des écrivains dont le patronyme est Lambert, simplement parce que j'avais été amusé d'en voir quelques uns alignés sur une étagère de bibliothèque. Je vous ai déjà livré mes impressions sur Karine, Gernot, Christophe et Stéphane, voici maintenant Kevin.

Kevin Lambert est canadien. Diplômé de l'université de Montréal, il y poursuit un doctorat en création littéraire. « Querelle » est son deuxième roman, initialement paru sous le titre « Querelle de Roberval ». Querelle n'est pas ici un nom commun mais un nom propre, comme dans le « Querelle de Brest » de Jean Genet. Et tout comme dans le roman de Genet, le Querelle de Kevin Lambert est homosexuel.

L'auteur qualifie son récit de « fiction syndicale ». En effet, la trame en est une longue grève dans une scierie canadienne. On suit au fil des mois les « piqueteurs » qui stationnent devant l'entreprise. Des hommes, des femmes, des jeunes, des anciens, des meneurs, des suiveurs, les portraits sont finement brossés. Un bon roman social que l'on croirait écrit par un homme de gauche, mais par conviction ou par facétie, allez savoir, l'auteur prend le lecteur en aparté au chapitre « Optimisation des installations » et déclare « Je voudrais que la lectrice ou le lecteur […] garde en tête que les péripéties prochaines sont narrées afin d'illustrer toutes les perversions des organisations syndicales, qui travaillent activement contre la création de richesses dans un Québec qui en a grandement besoin. […] Oublient-ils que nos programmes sociaux ne seraient rien sans la création de richesses et l'apport des entreprises ? ». Perturbant, ce chapitre. Une pincée d'inattendu qui pimente le plaisir de lecture.

On se trouve là à la fin de la partie intitulée « Parodos ». L'auteur a en effet structuré son texte comme une tragédie grecque: prologue, parodos, stasimon, kommos, exodos, épilogue. Naguère, j'ai appris l'alphabet grec dans un cours de physique théorique, mais ma culture antique s'arrête là, malheureusement. Je n'ai donc pas pu apprécier ces allusions ni d'autres sans doute, que je devine parsemées par l'auteur tout au long du texte.

La « fiction sociale » n'est que l'arrière plan du tableau qui dépeint Querelle. Querelle aime les jeunes garçons, qui défilent dans son lit en le considérant comme leur héros. Mais Querelle n'est pas un pervers. Il a un côté pathétique. On pourrait le voir comme un alcoolique qui boit en ne sachant plus pourquoi il boit, à qui chaque gorgée fait du bien, sans que la boisson soit un réel plaisir. Querelle a ce côté de jouissance immédiate mais sans émotion. Avec ses collègues de travail, on le voit discret, attentionné, apprécié. Kevin Lambert a réussi à créer un personnage complexe; la finesse psychologique du portrait est assurément à saluer !

Bon, je me dis que vous commencez à avoir envie de lire ce livre au style fluide et vivant, rempli d'expressions de français canadien, un exotisme charmant pour les lecteurs du reste de la francophonie. Mais voici la toute première phrase du récit: « Ils sont beaux tous les garçons qui entrent dans la chambre de Querelle, qui font la queue pour se faire enculer, il les enfile sur un collier, le beau collier de jeunes garçons qu'il porte à son cou comme nos prêtres portent leur chapelets ou nos patronnes leurs colliers de perles. » Il ne faut donc pas être rebuté par de nombreux paragraphes crûs, plus crûs que celui-là. Clairement, ils ne plairont pas à tous les lecteurs.

Je les ai acceptés sans trop m'offusquer, je pense qu'ils contribuent à la justesse du portrait de Querelle. Par contre, si vous entamez la lecture de ce roman, je vous conseille de passer un des derniers chapitres, « Premiers soins ». Je l'ai trouvé vulgaire, laid, choquant, et je n'ai pas compris ce qu'il pouvait apporter. le précédent, « Vox populi », est assez noir, mais je peux en comprendre l'intérêt. Par contre, « Premiers soins », c'est le cheveu dans la soupe, le vers dans la salade, le genre de chose qui parvient à dévaloriser tout le reste une fois que vous l'avez vu. Dommage.

À part ce bémol dissonnant, je recommanderais aux intrépides d'essayer ce texte qui sort des sentiers battus et qui, je pense, comporte plus de finesse et d'intelligence que ce que j'ai pu apprécier.
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Querelle de Roberval ou bien querelle à Roberval, une histoire de syndicalisme sur fond de baise effrénée.
Décembre : la scierie de Roberval au Lac Saint-Jean est en grève; sa vingtaine d'employés font le piquet dans le froid et la neige. Il y a Judith la comptable et sa soeur Jézabel, Bernard, Kathleen, l'électricienne, Christian Charlish, l'écorceur, Pierre Larouche, Abel Dallaire, Jimmie Boisvert et Querelle. Tout un personnage, ce Querelle, sorte de Bonhomme Sept Heures, ogre dévoreur de garçons. Il affiche ses préférences masculines avec aplomb, déployant une virilité de façade dans un physique avantageux. Qu'ossa donne les unions, disait Yvon Deschamps. C'est la question posée par tous dans ce roman-fable aux accents gore. Une prose sans pitié, parfois trash, l'auteur y allant sans retenue dans des scènes apocalyptiques : pornographie, profanation de cadavre, cannibalisme. Ça fesse!
Kevin Lambert a composé un roman au propos percutant mais j'ai moins apprécié son côté Tarantino, tartiné épais à certains moments.
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Après avoir découvert Nelly Arcan et Mélanie Michaud et passage à Paris, j'étais entré dans l'excellente Librairie du Québec en demandant conseil pour d'autres lectures du style. Je me souviens avoir demandé qqch de « trash ».

J'ai été bien conseillé !

Une histoire qui mélange la violence des ouvriers d'une scierie en grève, les jeunes homo qui baisent sous crack, le climat du Nord pas toujours accueillant, la grève qui se prolonge, le cynisme des patrons qui en profitent pour écouler les stocks, un zeste d'homophobie, l'opinion publique qui change, les bûcherons qui souhaitent continuer à bosser… Et là, au milieu, Querelle qui aime les jeunes, les très jeunes à la peau douce.

Une lecture pas pour tout le monde, un livre qui met des claques.

Et même si j'ai oscillé tout long, ne sachant si j'aimais ou si je détestais… Oui, j'en veux encore !
Lien : https://www.noid.ch/querelle/
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C'est une surprise, c'est aussi une sacrée gifle. La jeunesse de l'auteur lui autorise un ton très décapant. C'est crû, c'est violent, il n'y a pas de vernis littéraire. Une écriture et un style d'écorché vif, qui n'a pas peur de bousculer les codes. Violent, indécent, poétique, dramatique, choquant, Querelle de Roberval n'est pas un roman à mettre dans toutes les mains. Il fera fuir ceux qui sont à la recherche d'une écriture propre et distinguée.

Querelle de Roberval a été adapté pour les lecteurs français !Probablement pour élargir le nombre de lecteurs potentiels. Personnellement, je trouve que c'est une hérésie. Certes, le lecteur français risque d'être largué par les expressions québécoises, par son argot ainsi que par les nombreux anglicismes qui parsèment le roman. Néanmoins, c'est tel quel qu'il faut le lire. Je l'ai donc lu dans son édition originale. Et j'ai d'ailleurs été surpris des nombreuses passerelles linguistiques entre mon patois régional (le charentais) et le dialecte québécois. La côte atlantique a des liens forts avec les premiers colons canadiens français.

Kevin Lambert raconte l'histoire d'une grève qui va mal tourner. Nous sommes dans un petit village (Roberval), près d'un lac. Tout le monde se connaît. Querelle est un jeune homme fraîchement arrivé. Il a trouvé du travail dans la scierie du coin. Pour obtenir de meilleures conditions de travail, le personnel se met en grève afin de faire pression sur le directeur. Mais celui-ci ne va rien vouloir entendre et va laisser la grève s'enliser.

C'est l'occasion pour l'auteur de nous décrire ce village et nous parler de ses habitants, des grévistes, du patron et de sa famille, de la jeunesse désoeuvrée qui n'a guère d'avenir. Sans compter les problèmes et les tares des uns et des autres : Querelle est un beau gosse, un jeune homme séduisant mais il n'est pas hétéro. Il vit son homosexualité sans contrainte ni tabou. Et ça en agace plus d'un dans le village. Et puis il y a les jalousies, les haines. L'histoire sombre inexorablement dans le drame.

Kevin Lambert nomme chaque partie de son roman en se référant à la tragédie grecque et en utilisant des mots sibyllins: Prologue, Parodos, Stasimon, Kommos, Exodos, Epilogue. Ses chapitres ont des titres qui ont tous un rapport avec la vie de l'entreprise et de ses travailleurs même si le rapport est parfois ténu. Il y a du second degré chez ce jeune auteur !

En résumé, un livre à recommander, mais pas à n'importe qui!
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Ce roman décortique les effets d'une grève dans une petite scierie tout en faisant beaucoup de place à la vie homosexuelle du protagoniste principal. D'emblée cette insistance m'a dérangé: si je veux lire de la littérature érotique, j'en choisirai carrément plutôt que me taper ad nauseam des scènes d'enculage dans un roman qui n'a rien à voir.

Ceci étant dit j'ai aimé la façon irrévérencieuse de traiter autant le coté patronal que syndical; ses propos sont crus, clairement formulés et les lecteurs de toutes les allégeances y trouveront bien leur compte. Les comportements de ses personnages sont poussés sont poussés à l'extrême au point tel que de semblables situations ne peuvent que faire sourire tellement elles deviennent irréalistes. Les impacts d'une grève qui se prolonge indument sont aussi bien exposés, autant dans leurs dimensions psychologiques que sociologiques. L'écriture est solide dans tous ses aspects. Un auteur à suivre en autant qu'il ne transporte pas systématiquement son obsession pour les pratiques sexuelles des “tapettes” comme il l'écrit lui-même.
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Ici, la veine sociale n'est qu'un prétexte. Les patrons se comportent certes comme des enfoirés prêts à tous les coups fourrés pour briser la grève mais les travailleurs ne sont pas aussi unis qu'ils en ont l'air. Sous les postures de façade se cachent des vérités pas forcément très avouables. Chacun est guidé par des intérêts individuels, chacun possède un point de vue différent de ses camarades et chacun n'hésite pas à cracher dans le dos de l'autre dès qu'il se retourne.
Un roman totalement provocateur, totalement transgressif. Kevin Lambert ne s'interdit rien, même d'intervenir dans son texte pour exprimer ses (vraies-fausses) convictions : « Je – Kevin Lambert, auteur de cette bien modeste fantaisie – prends ici même, en page 149, position sans ambigüité pour le patronat et contre la bassesse des grévistes, que je me suis efforcé de décrire le plus fidèlement dans les pages précédentes et dans celles qui suivent ». Au-delà de cette petite facétie, il mène de main de maître un récit traversé par une violence et une sexualité incandescentes. Ça cogne fort, ça baise fort et on ne se cache pas derrière son petit doigt pour le le crier sur tous les toits. le résultat est forcément troublant, cru, dérangeant.

Lien : https://litterature-a-blog.b..
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« Querelle » est un prénom, celui du personnage principal, le petit nouveau venu de Québec qui débarque à la scierie du Lac de Roberval, en pleine grève. Même si le syndicalisme ne l'intéresse absolument pas, il s'ajoute aux grévistes de la scierie.
Querelle, c'est aussi un beau jeune homme, musclé, belle gueule, qui rend dingues tous les autres garçons de la région, qu'il fait défiler dans son lit, sans aucun sentiment.

Querelle observe de ses yeux l'étrange culture et le comportement des hétérosexuels, qui peuplent ce petit village reculé du Canada et représentent le monde en deux : les hommes et les femmes, le bien et le mal, les pauvres et les riches, le bleu et le rose. Tout cela sur fond d'exploitation ouvrière, d'affrontement entre les travailleurs et les patrons. Cette lutte ouvrière et puissante débouchera sur une bataille à coups de batte de baseball sur un terrain de sport.

"Querelle" de Kevin Lambert est présenté comme une « fiction syndicale », ce qui peut faire peur au premier abord. Mais l'auteur traite d'un sujet connu dans le monde, "le syndicalisme' d'un manière novatrice : sur fond de grève, l'auteur met en scène des histoires individuelles, sans pour autant en faire un roman choral, qui bousculent les discours de la normalisation, du capitaliste et du chauvinisme qui régentent les normes sociales du monde. On se laisse vite happer par le récit des différents personnages, attachants, drôles et authentiques.

Le texte est cru, brutal, bouleversant. Il y a une sorte d'oralité très puissante car l'auteur écrit son livre comme s'il nous le contait à voix haute, jusque dans les fautes d'orthographe des revendications des grévistes, et surtout dans le vocabulaire canadien.

Un roman ultra puissant et d'actualité, qui ne laisse pas indifférent. Un roman choc tel un ovni dans cette rentrée littéraire !
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