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EAN : 9782825146392
70 pages
L'Age d'Homme (05/08/2016)
4.5/5   3 notes
Résumé :
« Elle divague, ivre, elle s'épuise, elle se multiplie en vagues, en houles, en geysers, s'élève à la millième puissance jusqu'à devenir cette équation fluviale où toutes les eaux se tressent et courent vers la mer. » Charline Lambert est née en 1989 en Belgique. Après Chanvre et lierre (éditions Le Taillis Pré), Sous dialyses est son second recueil poétique.
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Tout d'abord, je remercie vivement Babelio et les éditions l'Age d'homme qui m'ont permis de découvrir ce recueil de poèmes via l'opération masse critique. Il ne me sera pas aisé d'en faire une critique car la poésie est un art particulier et tellement personnel qu'il est difficile d'en cerner la quintessence.

Sous-dialyses est le second recueil de poèmes de Charline Lambert après « Chanvre et lierre ». La couverture noire et blanche, un collage de David Delruelle, évoque une personne (féminine) qui flotte bras tendus vers l'arrière comme si quelque chose la retenait ou l'attirait vers le fond. Est-elle « noyée » ou « libérée » ?

Le titre « sous-dialyses » renvoi à un terme médical qui définit le procédé thérapeutique temporaire ou définitif qui permet d'éliminer les toxines et l'eau qui sont contenues en trop grande quantité dans le sang, lorsque les reins ne sont plus en mesure d'assurer leur fonctions de maintien de l'organisme dans un équilibre en eau, sodium, potassium aussi parfait que possible. En bref, un procédé médical qui pallie à l'insuffisance rénale. La dialyse permet de filtrer le sang de ses déchets.

Il me semble que les poèmes nous renvoient donc aux éléments tels que l'air, l'eau. C'est une histoire de « Elle » et « Lui ». Elle est l'air, elle est l'eau qui bouillonne, tourbillonne, qui coule, qui s'écoule lentement ou vivement. Elle est libre de toute entrave, de toutes limites, aérienne. Lui, c'est le désir, celui qui « alourdi » le « Elle », qui délimite des frontières, ce corps qui est « concret ».

C'est donc à mon sens, une histoire de contraintes des corps contre la liberté de l'esprit. Une lutte permanente où l'issue n'est jamais gagnée d'avance. L'eau, l'air, le sang, l'oxygène s'affrontent, s'exposent et explosent pour mieux renaitre après.

Vivre sous dialyses c'est vivre sous assistance, être dépendant.
Elle renvoie donc au fait d'être « prisonnier » d'une dépendance à la fois contraignante, réductive mais libératrice. Réductive et contraignante puisqu'elle « attache » et ramène irrémédiablement au concret, libératrice puisqu'elle permet l'évasion, la « guérison », la régénérescence.

La poésie de Charline Lambert est telle une grande bouffée d'air, tonique, toute en verve, volubile, explosive, en mouvement perpétuel, déferlante et sensuelle parfois même brutale; le style est épuré, dépouillé voire minimaliste. Elle décrit une ouverture à l'autre, au monde. C'est une ode à la renaissance, à la vitalité et à l'infini.

C'est un recueil que je garderai à portée de main, pas loin, sur ma table de chevet afin d'y revenir, souvent, de m'y noyer, m'y purifier et m'y régénérer.

J'espère ne pas avoir trop trahi les intentions de l'auteure avec mes interprétations personnelles qui sont bien sûr très subjectives et tout à fait modestes en matière de poésie.
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Je préfère vous prévenir, ardu sera pour moi la critique de poésies ! Si la lecture de poèmes a toujours été un plaisir immense, en parler est d'autant plus difficile. Je remercie donc Babelio et les éditions L'Âge d'Homme pour l'exercice, toujours très enrichissant.

« Sous Dialyses » est l'histoire d'une lutte, d'une fuite hors du corps. C'est, pour être exact, le dépassement de toutes les frontières réelles pour mieux les appréhender. C'est l'histoire d'une explosion.
Les mots coulent, limpides, porteurs d'un sens lourd. Ils sonnent, caressent, tabassent et brillent. Ils se déploient pour faire toucher au lecteur, du bout des doigts, l'essence même de la vitalité. On comprend vite la nécessité d'une récurrence : le vocable médical, asséné et distillé au milieu de fleuves d'une poésie miraculeuse, devient poétique. On le fuit tout autant qu'on l'appréhende : les poumons deviennent des outils merveilleux, qui crachent une souffrance comme naît un ouragan. le foie, organe pharmacocinétique s'il en est, est la cible d'une quête, qui ramène les songes dans les artères élémentaires de la narratrice.
Est-ce le désir ou la souffrance qui malmène « Elle » ? Peu importe, car aux confins de son être, cela éclate, virevolte, perd son sens et se réorganise. Ce recueil de poésie est une suite de morts et de renaissance, en attendant ce jour où elle ne sera plus qu'éther.
L'obsession est là, harnachée : la falaise, les vagues, déluges de tendons rongés par les enzymes, vaste mécanisme passant pour un leitmotiv. Seul moyen peut-être pour trouver un sens après les assauts rudement mené sur la fragilité d'un corps.

Et nous, d'être porté par cette poésie fulgurante et essentielle. L'affreuse réalité du corps est transcendée, et les phrases nous font prendre une tournure holistique illimitée : la somme ne cesse jamais de s'allonger mais n'atteint jamais l'infini des constellations où se noie la narratrice. Je me trompais peut-être : ce n'est pas l'histoire d'une fuite, mais celle d'un combat acharné et flamboyant contre toutes les limites imposées par un carcan d'os et de muscles qui soudain, défaille.

Les reins, enfin, carrefour de tous les flux, à la fois origine et conséquence de cette poésie ultra-dynamique, toujours pleine de mouvement. Les fluides sont à l'honneur, que ce soit l'air ou l'eau, l'oxygène ou le sang. Tout se réunit pour foncer le long d'un chemin terriblement sensitif, qui n'oubliera pas de lessiver le lecteur au passage.

« Sous Dialyses » est, ne nous cachons pas, fait d'une poésie sublime, merveilleusement sensorielle et grave. le lecteur n'est pas épargné, et renaît au gré des pages. Vous comprendre bien évidemment, qu'il meurt tout aussi bien au gré des pages.
Charline Lambert sait créer la parfaite alchimie.
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Sous dialyses est le second recueil de poésie de Charline Lambert. Elle a reçu le prix Georges Lockem de l'Académie royale pour son premier recueil Chanvre et Lièvre.
En amoureuse de la poésie que je suis, je n'ai pu résister lorsque Babelio l'a proposé dans l'opération Masse Critique. Merci à eux et aux éditions L'Âge d'Homme.

Difficile de vous résumer son contenu, il faut le lire pour le vivre. Ici, Charline Lambert mêle le désir au corps, à la nature. Comme une imbrication, un parallèle évident. La mer, le foie, les vagues, les poumons, le volcan, le sang. Tous ces éléments de la terre et du corps qui composent l'essence vitale. La photo de couverture démontre d'ailleurs parfaitement cette fusion avec cette femme allongée sur les rochers comme pour ne faire qu'un.
Ce recueil vous prend aux tripes, fait palpiter le coeur. On y sent dans ces vers de la souffrance, du tiraillement et du désir qui cohabitent, qui s'accordent pour révéler ensemble les contours du paisible.
A chaque verset, on reprend son souffle. Les vers sont courts et pourtant on se sent manquer d'air, on sent la chaleur de la lave, on entend le bruit de la houle. Nous sommes nous aussi sous dialyses.

Dans cette lecture intense, chaque page est incroyable, incroyablement bien écrite, incroyablement bien pensée. Charline Lambert revient à l'essentiel, à la substantifique moelle pour offrir au lecteur une expérience unique. Ainsi, par une écriture épurée, sensuelle et éprouvante (dans le bon sens du terme évidemment), l'auteure nous offre une poésie totalement rassérénante.
Lien : http://livresselitteraire.bl..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tantôt terre, tantôt frontière, elle n'indique aucune position, aucune localisation géographique précise.
Elle fluctue, libère ses contours, trace des lignes de partage dans les sables mouvants.
Aucune propriété, sinon celle de tous les éléments chimiques dont elle réalise la synthèse.
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Depuis le temps, en elle, tout est si naturellement désencombré qu'un jour il ne lui restera que cette gravité d'hélium, cette matière plus ardente que les mots.
Seulement à ce moment, on pourra dire sans mentir qu'elle est là.
D'ici là, elle s'occupe, elle passe le temps à tabac, elle en fait des fumerolles.
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Face aux infinis, elle creuse le vers. Elle le creuse, elle le creuse, en prolonge encore l'écho, elle y fore un puits, puis sa tombe.
Et elle rejailli en lui, incandescente, et jetant le poème par-dessus bord.
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Elle sait peu de lui: il la hurle, elle n'en est que l'écho, le prlongement.
Elle incarne son excès.
Son langage.
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