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EAN : 9782715809949
206 pages
Balland (26/03/2006)
3.76/5   31 notes
Résumé :
À 17 ans, Bianca Lamblin se prend de passion pour son professeur de philosophie, Simone de Beauvoir. Amitié amoureuse à laquelle s'ajouta bientôt une liaison avec Jean-Paul Sartre. Puis, à la défaite de 1940, c'est la rupture : Bianca est brutalement abandonnée, exclue du «trio amoureux» auquel elle a cru, au moment même où son origine juive inaugure pour elle une vie de périls, d'angoisses et de deuils.
Mais ce n'est qu'un demi-siècle plus tard, en lisant le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bianca Lamblin c'est Louise Védrine dans le journal de Simone de Beauvoir et dans ses lettres à Sartre. Elle fut élève de Simone, tomba amoureuse d'elle et devint sa maîtresse. Beauvoir la présenta à Sartre qui devint son amant. Ainsi fut formé un trio qui éclata rapidement car Simone était jalouse de la relation qui liait Sartre et Védrine. Cette dernière s'efforça et réussit d'ailleurs à mettre un terme à cette liaison puis rejeta à son tour Védrine alors que -juive en 1940 dans un Paris occupé-elle aurait dû l'aider. Védrine perdit contact avec Simone de Beauvoir pendant quelques années. Mais, dans les années 50, elle renoua avec Simone et durant 40 ans, elles se virent régulièrement. Jusqu'à la parution des "Lettres à Sartre", Védrine ignora la responsabilité de son amie dans sa rupture avec Sartre; elle ignorait les véritables sentiments que cette femme lui portait. La sortie des Lettres fut une terrible révélation d'où cet ouvrage où Bianca règle ses comptes.
Elle décrit Sartre et Beauvoir comme des égoïstes, des mufles, des menteurs... Sartre, surtout, est dépeint comme un intellectuel aveugle au contexte historique, léger dans ses relations avec les femmes, profondément égoïste. Elle évoque un moment précis, celui où de retour à Paris, Sartre voulut se lancer dans la résistance mais le groupe qu'il forma brilla plus par son inconscience que par son efficacité! "Nous avons appris la création de "Socialisme et liberté", ce pseudo groupe de résistance, par nos amis, mais ce qu'ils nous en disaient était de nature à nous en éloigner. Prétention, irresponsabilité, inefficacité, l'"action" de Sartre et de son entourage nous révoltait ", écrit Védrine. Elle a beaucoup plus de mépris pour Satrtre que pour Beauvoir. Même si elle lui en veut, on sent qu'elle a du mal à l'admettre vraiment, elle garde un fond d'amour pour cette femme qui a marqué toute sa vie. le livre vaut pour l'éclairage sur le couple Sartre -Beauvoir, qui en sort éreinté il faut bien le dire.
15/20
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La première qualité de ce témoignage est évidemment de faire apparaître au grand jour les deux personnages assez dégueulasses que furent Sartre et Beauvoir. Et comme tous les prédateurs de leur genre, le fameux couple a bien su déceler la fragilité psychologique de Bianca Lamblin. Une fragilité qui ne l'a jamais vraiment quitté puisque l'on découvre à la fin du récit que Lamblin s'est faite psychanalysée par ce grand tartufe de Jacques Lacan qui, bien entendu, en bon freudien, n'a trouvé d'autre explication à lui fournir que celle d'une relation pseudo-incestueuse avec Sartre et Beauvoir puisqu'elle avait "comme tous les humains inconsciemment souhaité, dans sa petite enfance, des rapports charnels avec ses parents" (!). Ne pas rire car, hélas, c'est là que l'on comprend qu'après s'être faite dupée par Sartre et Beauvoir, Bianca n'est sauvée que par une psychanalyse de bas étage qui rajoute une couche de brouillard dans son esprit. C'est bien triste.
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Je ne répète pas le long commentaire de "Eroblin", dont je partage l'analyse. Juste une remarque supplémentaire: l'histoire de la fin de la vie de Sartre et de Simone de Beauvoir, non plus que celle des Temps Modernes, ne sont pas encore tout à fait écrites. Bianca Lamblin ne dit rien en particulier, sinon au détour d'une phrase, du rôle de Claude Lanzmann. Elle ne le peut évidemment pas, il est vivant et en pleine forme en 1993. Gallimard vient de mettre un terme , après son décès seulement, à la publication des TP. Elle fait aussi pour les mêmes raisons l'ellipse sur les noms (que je connais) de ceux qui fournissaient de l'alcool à Sartre derrière le dos de Simone de Beauvoir, si bien que SdB , ou des amis mandatés, s'efforçaient de se déplacer chaque soir pour "couper" les bouteilles de 3/4 d'eau. Tristesse... de chaque côté bien sûr on avait ses raisons, mais la moins bonne était de lui faire dire ou signer n'importe quoi.
Pour répondre à Eroblin mais aussi à +Bianca Lamblin, je pense pour ma part avec le recul de 35/40 ans (j'étais très jeune à l'époque) que SdB s'est créé très tôt un rôle de composition et qu'elle n'en a pas dérogé mais qu'elle n'a certainement pas été très heureuse, sauf sans doute avec Nelson Algren. Un paradoxe: le deuxième sexe, en effet...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Un peu plus tard, à la fin du printemps, la concierge nous avertit qu’un
gendarme était venu pour moi et avait laissé une convocation. S’agissait-il
d’une dénonciation ? d’une simple question administrative ? En général,
pour arrêter les gens on ne s’y prenait pas de cette façon. Je ne me suis pas
rendue à la convocation et n’ai jamais su le fin mot de cette affaire, mais
nous avons compris l’avertissement : nous nous sommes préparés à quitter
Paris pour rejoindre mes parents à Villard-de-Lans.
C’était le début de l’été de 1942. Yvonne Picard venait d’être arrêtée, le
18 juin, dans des conditions scandaleuses et se trouvait détenue au Dépôt.
Tous ses amis étaient bouleversés68. Les menaces du général von
Stulpnagel, les exécutions d’otages, l’inauguration de l’exposition « Le Juif
contre la France » suivie de « Le Bolchevisme contre l’Europe »,
l’ouverture du procès de Riom et tant d’autres faits de sinistre augure nous
avaient convaincus qu’il était grand temps de gagner la zone libre.
Bernard, en tant qu’étudiant français, n’avait aucune difficulté à prendre
tout simplement le train. Pour moi, les choses étaient bien plus dangereuses.
Il me fallait trouver un passeur. C’est le père de Raoul Lévy qui me
conseilla de recourir au député de la Nièvre, dont je ne me rappelle plus le
nom : il devait, selon notre arrangement, m’emmener avec lui en train
jusqu’à Nevers. Là, il m’assurait un passage sans problème, en voiture. Je
lui payai d’avance une assez forte somme et je pris le train en sa
compagnie. Arrivés à Nevers, il me laissa dans un petit hôtel, m’affirmant
qu’un passeur viendrait m’y prendre dans la soirée. J’ai attendu en vain,
tenaillée par la peur : je n’avais sur moi que mon livret de famille, ayant
judicieusement décidé de laisser à Paris la carte d’identité sur laquelle
figurait le tampon « Juif ». La zone frontalière étant particulièrement
surveillée par l’armée allemande, je risquais ma vie. L’hôtel n’avait aucune
chambre à me donner ; je dormis sur un fauteuil, encore heureuse qu’on ne
m’ait pas mise dehors. Le lendemain matin, très en colère, je me suis
présentée à l’hôtel particulier qu’habitait le député et j’ai entrepris de faire
sur le perron un scandale, à tel point que, pris de peur, il est venu en
personne tenter de me calmer. Il me jura que le soir même quelqu’un
viendrait me chercher : un homme est arrivé enfin et m’a conduite au point
de rassemblement ; je me suis aperçue alors qu’une douzaine de personnes
au moins, en majorité juives, participaient à l’opération, parmi lesquelles
plusieurs vieilles femmes marchant mal et incapables de se taire : elles
n’arrêtaient pas de geindre à voix haute, nous mettant tous en danger. Je
rageais. Ce que je vivais n’avait rien à voir avec les promesses du député.
La nuit était tombée, nous avancions depuis longtemps le long d’une route.
Finalement, on nous a fait entrer dans un champ en nous recommandant le
plus grand silence, car tout près la petite route constituant la frontière était
constamment parcourue par des patrouilles allemandes. Le passeur partit en
reconnaissance et nous avons attendu un long moment, intrigués et fort
inquiets à cause de bruits bizarres : cela semblait être des bruits de pas et en
même temps c’était différent. Finalement, nous avons aperçu dans le champ
obscur la silhouette de plusieurs vaches : nous avions pris leur rumination
régulière pour le craquement de lourdes chaussures. Le passeur est revenu,
nous a fait traverser la route en courant, puis nous avons dégringolé un talus
jusqu’à la Nièvre, une barque nous a mis sur l’autre rive : enfin nous étions
en zone libre !
Mais nous n’étions pas libres. Nous avons dormi quelques heures dans
une auberge, tassés les uns contre les autres. Au matin, nous avons eu la très
mauvaise surprise de trouver des gendarmes qui nous attendaient dans la
salle du bas pour nous interroger. C’était la grosse tuile. Lorsque ce fut mon
tour, je montrai mon livret de famille, où il était inscrit que j’étais née à
Lublin en avril 1921. Les noms de mon père et de ma mère sonneraient sans
aucun doute de façon si étrange aux oreilles d’un gendarme français que je
me suis crue perdue. Il demanda : « Vous êtes juive ? » Sans hésiter et avec
véhémence, je niai et expliquai que mon père, d’origine alsacienne, était
diplomate et que j’étais née en Pologne pendant une de ses missions. Il
balança un imperceptible instant et me rendit mon livret de famille. Ma vie
avait tenu dans ce bref flottement entre son devoir et sa compassion. Il avait
parfaitement compris que j’étais juive, mais, par mon mensonge, je lui avais
donné le prétexte qu’il attendait pour fermer les yeux, sinon j’aurais été
mise en prison puis envoyée dans un camp, comme celui de Gurs, pour
ensuite être livrée aux autorités allemandes de zone occupée.
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C’est après avoir par miracle échappé à l’arrestation, en juin 1941, que
mon père accepta enfin de partir. Une vérification d’identité avait eu lieu à
la station de métro Cadet, station où il descendait tous les jours pour aller à
son bureau. La police interpellait tous les voyageurs, vérifiait leurs papiers
et embarquait ceux qui lui paraissaient juifs. Par bonheur, ce jour-là, il avait
rendez-vous avec un ami, et il s’était arrêté à la station précédente. Cette
fois, il eut vraiment peur et se résigna à quitter ses affaires. Il partit pour
Villard-de-Lans, avec ma mère et ma sœur, rejoindre une de mes tantes qui
s’y trouvait déjà.
Bernard et moi restions seuls à Paris, enfin pas vraiment seuls puisque les
parents de Bernard continuaient d’habiter Neuilly, et que mes grands-
parents maternels ainsi que ma tante Cécile, la mère de Georges Perec,
vivaient pauvrement à Belleville. Ma grand-mère y tenait toujours sa
minuscule épicerie juive, mon grand-père marmonnait dans sa barbe en
allant à la synagogue et discutait en yiddish avec ses amis, selon son
habitude. Cécile avait dû abandonner son activité de coiffeuse, faute de
clientes, pour travailler dans l’usine Jaz de Suresnes. Une fois installée à
Villard-de-Lans, ma mère offrit à sa belle-sœur de faire venir le petit
Georges à la montagne et de veiller sur lui. Ma mère était très attachée à
Georges, fils de son jeune frère dont elle s’était beaucoup occupée. Ma tante
hésita longtemps ; elle était très affectée par la mort de son mari, engagé
volontaire dans un régiment étranger, tué sur le front quelques jours avant
l’armistice. Se séparer de son fils lui paraissait impossible à envisager.
Finalement elle accepta, pour sauver l’enfant, car les menaces,
particulièrement dans ce quartier de Belleville, se faisaient plus précises.
Un soir de novembre 1941, Cécile et moi avons conduit Georges à la gare
de Lyon ; il avait cinq ans et demi et ne se rendait pas bien compte de ce qui
se passait. Sa mère lui avait acheté un magazine de Charlot, auquel il fait
allusion dans W ou le Souvenir d’enfance67 ; il portait autour du cou une
pancarte sur laquelle étaient inscrits son nom et sa destination. Les dames
de la Croix-Rouge convoyaient ces enfants qui étaient tous, en principe,
« fils de tués ». Au terme du voyage, ma mère devait attendre Georges à
Grenoble et le prendre en charge.
Lorsque Cécile se trouva seule, sans son fils, très déprimée par ce départ,
elle vint nous voir souvent, en fin de semaine. Elle nous apportait parfois un
morceau de viande acheté au marché noir. Nous parlions de Georges, dont
on avait de bonnes nouvelles, puis d’elle et de ses conditions de vie très
difficiles. Elle se levait à 5 heures du matin, prenait le métro et le train pour
se rendre de Belleville à Suresnes, travaillait pendant neuf heures. A tout
moment, elle risquait d’être interpellée en route et surtout d’être prise dans
une rafle à Belleville même. Plus d’une fois nous lui avons conseillé de se
chercher une petite chambre à Suresnes. Munie de sa carte de veuve de
guerre au nom de Cécile Perec, elle aurait été à l’abri. Mais Cécile était une
femme timide et douce qui avait besoin de se retrouver le soir parmi les
siens à Belleville. Elle refusa de nous écouter. Elle et toute sa famille, ainsi
que mon grand-père, furent arrêtés au cours de la grande rafle qui eut lieu
dans l’est de Paris en juillet 1942, quelques semaines après que Bernard et
moi ayons quitté la capitale. Cécile (Cyrla Perec) a été déportée à
Auschwitz par le convoi n° 47 du 11 février 1943. Grand-père a fait partie
du convoi n° 49 du 2 mars 1943. D’après ce que ma mère a pu savoir
ultérieurement, il ne serait jamais arrivé à Auschwitz : vieux et frêle, il
serait mort dans le wagon plombé qui l’emmenait. Grand-mère, qui se
trouvait dans un autre quartier au moment de la rafle, y échappa de justesse,
puis se cacha grâce à des amis et, enfin, partit rejoindre mes parents : elle
passa le restant de la guerre à Lans.
La vie pendant l’Occupation était faite de toutes sortes de sentiments,
d’émotions : l’angoisse, l’oubli, l’horreur, le comique, le burlesque, tout se
mélangeait. Un jour où nous nous promenions, Bernard et moi, sur les
Grands Boulevards, nous regardions une vitrine lorsque tout à coup
quelqu’un frappa sur l’épaule de Bernard : nous nous retournâmes pour
nous trouver face à Simone Kamenker, une de ses amies, celle qui
deviendra plus tard Simone Signoret. Voyant que je n’avais pas d’étoile sur
ma veste (elle non plus d’ailleurs !), elle s’exclama à voix haute : « Mais tu
ne devrais pas te promener comme cela, c’est très dangereux, très risqué ! »
Nous lui avons fait signe de se taire et rapidement avons pris la fuite. Il eût
suffi qu’un milicien, un simple dénonciateur (il n’en manquait pas alors) ou
un Allemand zélé se soit trouvé là pour que je finisse ma vie dans un camp.
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Tout en elle respirait l’énergie. L’intelligence de son regard d’un bleu lumineux nous frappa dès le début (...) A seize ans, on est facilement éblouie.
Celui qui était le plus laid, le plus sale, mais aussi le plus gentil et suprêmement intelligent, c’était Sartre (...) Je sus immédiatement qu’il était l’amour de sa vie.
(...)
Entre nous, lui a-t-il dit, il s’agit d’un amour nécessaire: il convient que nous connaissions des amours contingentes.
(...)
Simone de Beauvoir puisait dans ses classes de jeunes filles une chair fraîche à laquelle elle goûtait avant de la refiler, ou faut-il dire plus grossièrement encore, de la rabattre sur Sartre.
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En vérité, les Allemands avaient préparé leur offensive générale dès
avant le 14 Juillet. Les responsables du Vercors le savaient et n’arrêtaient
pas d’envoyer des messages de détresse, mais, s’il ne fallait que quelques
secondes pour que ces messages traversent les airs, il fallait ensuite de
longues heures, voire des jours, pour qu’ils traversent un couloir dans un
immeuble d’Alger. La bureaucratie détraquait tout le fonctionnement de la
machine de guerre.
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