Strip-Tease se déshabille

Marco Lamensch est l'un des fondateurs de « Strip-tease » une série culte de documentaires de société. Il rassemble ici des informations de coulisses, des anecdotes, des résumés d'épisodes, des photos, … Un livre ressource qui ravira les amateurs et les nostalgiques, un livre dont la modestie et la bienveillance donnera des remords aux détracteurs. Lisez et regardez !

En 1985, Marco Lamensch et Jean Libon lançaient « Strip-tease », le magazine qui a déshabillé la société belge avant de s'élargir à la France. « Strip-tease », ce sont des centaines de capsules d'une quinzaine de minutes, chacune présentant une personne, ou une famille, ou un groupe de collègues ou d'amis. Mises bout à bout, ces capsules donnent une image kaléidoscopique unique de la société.

« Strip-tease » ne pouvait naître qu'en Belgique. Car c'est dans l'esprit des belges de ne pas chercher à se mettre en avant et la spécificité innovante de « Strip-Tease », c'est d'avoir proposé des films sans présentateur, sans journaliste, sans commentaire. On montre des gens et on laisse le spectateur se faire son interprétation.

Ces documentaires n'ont laissé personne indifférent. Certains, j'en fait partie, les ont accueillis avec enthousiasme, tandis que d'autres ont couvert les producteurs et les réalisateurs d'une couche d'injures que le capitaine Haddock n'aurait pu imaginer !

La musique du générique mettait le spectateur dans un esprit joyeux qui le poussait à rire ou à sourire envoyant les gens que le petit film mettait en scène. Les détracteurs de l'émission étaient outrés que l'on puisse ainsi se moquer de pauvres personnes. Mais l'intention de Marco Lamensch et Jean Libon n'était pas de se moquer, ni d'exhiber le ridicule. Cela ressort clairement de ce livre. Ceux que l'on voit dans « Strip-tease », ce sont des gens qui font partie de la société, à côté de nous. le tournage d'un film prenait du temps, suffisamment de temps pour que la caméra se fasse oublier et que les gens se montrent dans leur naturel. Si le spectateur rit ou sourit en les voyant, c'est souvent parce qu'ils sont simplement différents de lui, par leur statut social, par leurs opinions, par leurs centres d'intérêt. On peut aussi sourire en voyant des aspects inattendus de personnages ordinaires; je pense par exemple à ce petit film montrant un curé qui va dans un magasin spécialisé se choisir une aube ou de la décoration pour son église. Ben oui, dans le fond, faut que ça se fasse !

« Strip-tease », ce n'était pas un projet pour amener de l'audience à une chaîne commerciale. « Strip-tease » ne pouvait naître que dans une chaîne publique.

J'ai appris dans ce livre que Marco Lamensch et Jean Libon étaient parvenus à créer un style, des lignes de conduites qui ont fait l'homogénéité de la série, alors que les films ont été dirigé par plus d'une centaine de réalisateurs ! Réalisateurs qui venaient frapper à la porte de l'émission avec leurs sujets, que l'équipe sélectionnaient, pour ensuite guider les réalisateurs sélectionnés.

Ce livre est une mine d'informations: les intentions des fondateurs, la mise en place du projet, les collaborateurs principaux, les thèmes, et puis une foule d'anecdotes et des résumés de sujets qui donnent l'envie d'aller les visionner (ils sont disponibles sur Internet). On pourrait regretter que l'ouvrage ne soit pas mieux structuré. Mais non, c'est bien mieux ainsi pour se mettre en osmose avec l'émission: Marco Lamensch présente « Strip-tease » par petites touches, exactement comme « Strip-tease » présentait la société.

Donc bref, c'est un livre compagnon de l'émission: d'un côté, on ne peut saisir l'intérêt du livre sans avoir vu au moins quelques numéros de l'émissions; d'un autre côté, le livre aide à sélectionner les films à (re)voir et à mieux en comprendre la valeur.

J'ai déjà mentionné la musique du générique, tout aussi culte que l'émission elle-même. Pour terminer, je ne peux oublier de mentionner les quatrains qui terminaient l'émission, portés par la voix à la voix espiègle de la regrettée Martine Matagne. On en trouvera quelques uns, éparpillés tout au long du livre, pour le plus grand bonheur des nostalgiques.

Quand un quidam plein de raison
Vous dit que Strip-tease c'est con
Aidez-le à s'apercevoir
Que Strip-tease n'est qu'un miroir