Je tenais tout d'abord à remercier chaleureusement les Editions du 38 ainsi que la plateforme SimplementPro pour l'envoi de ce service presse numérique.
Je ressors de cette lecture avec un avis en demi-teinte même si ce roman a énormément de qualités ! Il avait d'ailleurs pas mal d'atouts pour me plaire…Malheureusement, la sauce n'a pas aussi bien pris avec moi que je l'espérais.
J'ai adoré le postulat de départ : une citadelle coupée en deux mondes bien distincts, celui d'en Haut et celui d'en Bas. En Haut, les habitants vivent dans l'opulence matérielle : diamants, or et argent coulent à flots. Ils possèdent de magnifiques ailes ainsi que des titres de noblesse ronflants. La plupart sont également sorciers. C'est un monde coloré, foisonnant, proche du ciel, qui incarne le Paradis pour les gens d'en Bas et gouverné depuis plusieurs siècles par le Roi de Saphir. Toutefois, tout n'est pas aussi rose qu'il n'y parait, l'altitude à laquelle ils logent ne leur permet pas, par exemple, de cultiver la terre (vu qu'il n'y en a pas à proprement parlé). La nourriture se fait donc rare et représente la véritable richesse. de plus, vu l'étroitesse du royaume, tous ses habitants vivent les uns sur les autres ; c'est une sorte de grande famille où complots, trahisons et assassinats sont monnaie courante. D'autant que suite à son forfait, le meurtrier hérite légalement des biens et des titres de sa victime…C'est dans cet univers étriqué et chatoyant qu'a grandi Crépusculine, une des filles du Roi de Saphir, qui, contrairement à ses compatriotes ne rêve que d'en Bas.
Le monde d'en Bas, beaucoup plus vaste, ressemble davantage au nôtre : il y a des jardins, des ports, de vastes villes, des champs cultivables,…Ici, pas d'aile ni de noblesse mais une Loge, composée de devins chargés de diriger cette partie de la Citadelle. Si la Loge est la tête pensante, la Chevalerie est le bras armé de ce monde d'en Bas. Les chevaliers gardent, entre autre, la tour de la Monte, seul point d'accès aux Hauteurs tant convoitées. Ici-bas, en effet, les gens n'aspirent qu'à s'élever vers les sommets, promesses de richesses et d'opulence. C'est de cette ville qu'est issu Tienn, fils de voleur et héros principal de cette histoire !
Entre le Haut et le Bas, existe une tension, une guerre latente qui, pour le moment, se maintient en une sorte de statut quo. Pour autant, des échanges ont régulièrement lieu : des gens montent et d'autres descendent. Malgré tout, ce sont deux univers très différents, que tout semble opposer. La rencontre improbable entre Crépusculine et Tienn pourrait toutefois changer la donne. « Mais un amour vertical est-il seulement possible ? »
Voilà en quelques lignes un petit aperçu de l'univers très riche de ce récit. Il y a encore de nombreuses autres subtilités dont je ne vous ai pas parlé. Je vous laisse le soin de les découvrir si l'envie vous en dit ! Il existe notamment un monde des Morts que je n'ai pas évoqué…
Si mon immersion dans l'univers de ce roman a donc été un franc succès, je suis plus mitigée concernant la plume de l'auteur. le début m'a semblé très inégal, comme si elle se cherchait encore (ou que moi je la cherchais, c'est à voir…). C'est une plume poétique, douce et fluide mais qui ne collait pas toujours à certains passages (de mon point de vue). La poésie arrivait alors comme un cheveu sur la soupe, avant de repartir et de revenir ensuite. Plus j'avançais dans l'histoire, cependant, plus elle était présente et plus je l'appréciais. Au final, je ne peux que saluer le talent de l'auteur à manier la langue française. C'est joli et envoûtant. Un point positif donc malgré un début plutôt compliqué. Ce qui m'a moins convaincue, c'est la narration, tantôt à la première personne du singulier pour Tienn, tantôt à la troisième personne du singulier pour les autres personnages. Si j'ai fini par m'y habituer, j'ai trouvé que cela n'apportait pas grand-chose au récit. Au contraire, ce procédé m'a à plusieurs reprises embrouillée.
Là où le bas a davantage blessé, par contre, c'est au niveau de l'intrigue et des personnages (en partie du moins). Je vais commencer par ces derniers : s'ils m'ont plu dans leur ensemble, j'ai parfois eu du mal à suivre leur évolution. La Reine Noire notamment et ses multiples visages m'a un peu perdue. Crépusculine et Tienn aussi m'ont plus d'une fois posé question, tout comme Alyse, Chéram ou encore Rakenn. Ce sont tous, à plus ou moins grande échelle, des personnages atypiques qui ne laissent certes pas indifférents. Toutefois, j'ai encore du mal à me positionner vis-à-vis de chacun d'eux…
Quant à l'intrigue, je l'ai trouvée un peu trop onirique à mon goût et inégale au niveau du rythme. J'ai parfois eu l'impression de passer rapidement sur certains événements qui auraient mérité plus d'attention (de mon point de vue) et, au contraire, de m'arrêter longuement sur d'autres. Je me suis ennuyée par moments, et pourtant, le récit ne manque ni de rebondissements, ni d'actions. de plus, si certaines scènes collent parfaitement au côté onirique de la narration (comme celles sur la lune, qui m'ont rappelé l'ambiance que j'avais apprécié dans « La mécanique du Coeur » avec cet amour impossible et pourtant si pur et si beau). D'autres, par contre, m'ont semblé moins adapté. En résumé, l'intrigue de ce titre ne m'a pas autant embarquée que son univers. C'est dommage parce que j'aurais aimé m'y perdre aux côtés des personnages...
Petit plus : ce roman soulève pas mal de questions autour de la possibilité pour deux mondes différents, aux coutumes et habitudes souvent opposées, de vivre en harmonie, de se comprendre et d'échanger… Une thématique intéressante qui renvoi, par ailleurs, à notre propre réalité.
En bref, si je reconnais les nombreuses qualités de ce titre, notamment la richesse de son univers et la poésie qui se dégage de la plume de l'auteur, cela n'a pas totalement fonctionné avec moi. L'intrigue m'a semblé longue par moments et les personnages trop changeants. Pour autant, l'auteur propose de chouettes thématiques et le côté poétique plaira sûrement à plus d'un lecteur. Je remarque pour ma part de plus en plus que, concernant les récits aux accents oniriques, soit je suis totalement conquise et mon ressenti est proche du coup de coeur, soit ça ne prend pas et je passe en partie à côté de l'histoire…Malheureusement, ce roman se classe dans le second cas de figure…Cependant, je suis d'ors et déjà sûre que ça ne sera pas le cas pour tout le monde !
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