L'idée d'une race supérieure n'est pas l'apanage des nazis, mais les abominations perpétrées par leur parti politique ont durement impacté l'inconscient collectif. Et Julien, comme les autres Rônin, s'est intéressé de près aux travaux de l'Ahnenerbe. Du moins à leur finalité. Existait-il un peuple primitif, une caste des ténèbres à l'origine de l'humanité ?
Tout comme lui, le jeune garçon appartenait à une famille de Adi Dravida, la caste répertoriée Intouchable la plus peuplée du Tamil Nadu. Aînés de leurs fratries, ils occupaient leurs journées à mendier, sébile à la main. Parqués dans des bidonvilles en périphérie de la ville, ils devaient remonter les ruelles en direction des quartiers des Brahmanes, membres des plus hautes castes de la tradition hindoue.
Parvenus en ville, ils marchaient jusqu'au coucher du soleil pour espérer grappiller quelques roupies. La plupart du temps, ils ne récoltaient que brimades et regards noirs. Surtout ne jamais répondre, ne jamais relever le menton, sous peine de graves représailles. Comme eux, des centaines de millions d'Intouchables foulaient chaque jour le sol indien.
Les Impurs. Relégués au plus bas de l'échelle des causes du système hindou, le sort de ces individus était scellé avant même leur venue au monde.
Ici comme ailleurs, leur vie ne signifiait rien.
Nous vivons dans un monde où nos gouvernements affirment que la question du climat est une menace existentielle tout en consacrant des subventions massives aux industries de combustibles fossiles.
Il est facile d'endoctriner les masses. Pour peu que suffisamment de fous soient prêts à entendre le message.
- Je ne suis pas fou. J'ai simplement conscience d'une autre réalité.
La bête sommeillait en lui, une tumeur ancrée au plus profond de son être. La mort de sa petite amie l'a fait exploser en plein vol, brisant au passage les chaînes de ses pires démons.
Pour son professeur de fac, chaque être humain faisait partie intégrante d'une sous-culture. Qu'elle soit musicale, cinématographique, sportive, voire sexuelle, nous aspirions tous à développer un sentiment d'appartenance. Il estimait que l'homme possédait deux identités distinctes: la première, due au lien familial, était innée. Une filiation immuable et définitive, gravée dans notre ADN. Venait la seconde identité ou l'empreinte de l'âme. Plus ou moins marquée, celle-ci variait en fonction des croyances et des sensibilités, si bien que les subcultures étaient en évolution permanente. Ce besoin d'adhérer à un clan devenait si prégnant pour certains que le rejet de la norme était synonyme de liberté.
Quelle autre espèce d'animale que l'homme était capable de s'autodétruire avec autant d'acharnement ?
Il est des trajets qui ne s'oubliaient pas.
Qui, par leur puissance évocatrice, rameutaient les souvenirs pour les plaquer de force sur les rétines. Accéléraient le pouls jusqu'à en avoir mal au coeur et provoquaient une explosion au creux de l'estomac, une cascade d'émotions qui dégringolaient, fourmillaient sous la peau.
Leur intouchabilité les condamnait de toute manière à une existence vide de sens.
Que pouvaient-ils craindre de plus ?
Même la mort s'envisageait comme une bénédiction. Une délivrance.