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Critique de Aelinel


Les ombres d'Esver de Katia Lanero Zamora m'a été proposé dans le cadre d'un nouveau partenariat entre les éditions Actus SF et mon blog. Et à ce titre, je remercie Jérôme Vincent pour me l'avoir envoyé. En effet, je l'ai choisi parmi les nouveautés de la maison d'édition pour deux raisons. Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que le genre du roman gothique fait régulièrement partie de mes lectures (Willow Hall de Mina M. et de Cécile Guillot ou Nouvelles extraordinaires et Histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe, etc…) et de mes films favoris (Crimson Peak de Guillermo del Toro ou My cousin Rachel de Roger Michell). de plus, la magnifique couverture signée Alexandra V. Bach a tout de suite attiré mon regard et j'avais déjà adoré ses dessins dans son artbook, le cabinet des curiosités.

Résumé : Amaryllis est une jeune fille de seize ans cloîtrée depuis une dizaine d'années, dans le manoir familial avec sa mère Gersande. Ses mornes journées ne sont rythmées que par les tâches ménagères et l'étude. En effet, dans l'ancienne salle à manger du manoir, a été aménagée une immense serre regroupant de nombreuses espèces de plantes. Non seulement ces dernières servent de matières premières pour Gersande dans l'élaboration de ses soins mais elles ont également pour principal objectif de fournir une base d'étude à Amaryllis. Gersande poursuit un vieux rêve à travers sa fille : la faire travailler assidûment pour la préparer au concours d'entrée au prestigieux Institut Théophraste d'Erésos à Paris. Mais la jeune fille, quant à elle, possède d'autres projets…

Les Ombres d'Esver est un roman gothique qui reprend de manière classique les codes du genre. le décor se déroule dans un manoir isolé, en ruine et abandonné, bien loin de ses fastes d'antan. Et la vieille bâtisse abrite en ses murs des phénomènes paranormaux et un secret familial qu'une jeune fille ingénue, ici Amaryllis, se doit de découvrir afin de pouvoir s'en libérer. Dans le roman, le secret réside dans une salle à manger laissée en l'état après «ce jour-là » avec les restes d'un repas manifestement interrompu de manière brutale et transformé en un immense jardin d'hiver. On se doute que ce « jour-là » a été annonciateur d'une tragédie comme toujours dans les romans gothiques. Si je n'ai pas été vraiment surprise par la trame, plusieurs éléments au contraire ont éveillé mon intérêt.

En effet, Les Ombres d'Esver est un véritable manifeste en faveur des femmes et de leurs droits.
– le roman dénonce tout d'abord le mariage arrangée et le fait que les femmes ne pouvaient pas choisir leur destin et devaient se marier avant tout. C'est en effet ce qui est arrivé à la mère d'Amaryllis, Gersande lorsque sa famille d'origine noble mais désargentée l'a marié à un entrepreneur Aurélien qui possédait les subsides. Lorsqu'Amaryllis a seize ans, son père veut à son tour la marier à l'un de ses associés.
– le roman dénonce aussi la violence conjugale dont Gersande est victime. Cette dernière subit violence psychologique (Aurélien la dénigre régulièrement, l'insulte et divulgue de fausses rumeurs sur elle pour la discréditer aux yeux de sa famille) et physique (il n'hésite pas à lever la main sur elle).
– Au contraire, le roman met en valeur l'indépendance des femmes au travers des études. En effet, Gersande souhaite le meilleur pour sa fille et ne veut pas qu'elle subisse ce qui lui est arrivé. Elle lui enseigne donc tout ce qui lui est possible afin qu'Amaryllis puisse intégrer un jour l'Institut Théophraste d'Eresos à Paris et lui assurer une carrière en même temps qu'un avenir.

Enfin, si j'ai beaucoup aimé l'atmosphère du récit, l'intrigue, le dévoilement du fameux secret familial (dont j'ai lu avidement les deux chapitres qui le traitait), la force des deux femmes luttant pour s'assurer un avenir, j'ai été en revanche déçue par la dimension fantastique. En effet, tout au long du récit, Amaryllis est confrontée à des ombres ou à un bestiaire surnaturel comme un Bucentaure, une Gorgone ou une Vouivre, etc… qui peuplent le manoir et ses extérieurs. L'auteure Katia Lanero Zamora naviguent alors entre une explication fantastique qui m'a fait penser à l'univers de Narnia (un monde magique en proie au mal cherche un Élu pour se libérer) et une autre plus rationnelle et psychologique à la Térabithia (des enfants imaginent un décor fantastique afin de s'échapper d'une réalité difficile). Et c'est là où le bât blesse car l'auteure n'arrive jamais à choisir entre les deux, passant de l'un à l'autre en laissant son lecteur dans le flou. Pour ma part, cela m'a laissé perplexe.

En conclusion, Les Ombres d'Esver est un roman qui s'inscrit de manière classique dans le genre gothique. Toutefois, les problématiques qu'il aborde comme la place des femmes dans la société, la dénonciation des abus dont elles sont victimes ou leur volonté de rester indépendantes, lui donnent un fond résolument moderne. Dommage toutefois que l'auteure n'arrive jamais vraiment à choisir entre explication fantastique ou psychologique au récit. Pour ma part, je préfère la seconde à la première car cela permet de donner davantage d'épaisseur au récit et lui attribuer un double niveau de lecture.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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