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EAN : 9791023612318
137 pages
Publishroom (31/05/2019)
4.5/5   10 notes
Résumé :
Suivez Gloria Lanéry sur ses routes lointaines — en Chine, en Inde, en Sibérie, en Afrique —, où les rencontres et les événements forment un tableau saisissant de notre monde.Dans la quête géographique du point d’équilibre nécessaire à la marche entre le merveilleux et l’odieux, le monde, pas plus qu’il n’est plat sous nos semelles, n’est un objet étale de contemplation. Il est trop divers, trop complexe, trop brutal à l’autre bout d’un sourire accueillant pour ne l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
C'est peu de dire que Gloria Lanéry n'est pas une touriste lambda. Voyageuse manifestement aguerrie, elle a exploré certains des recoins les plus reculés de la planète, de la Sibérie à l'Antarctique, à la rencontre de leurs habitants et de leurs paysages. Dans ce livre, elle relate sept histoires, sept récits ou épisodes de voyage, dans lesquels elle veut montrer le monde tel qu'il est (tel qu'elle le voit), c'est-à-dire pas forcément beau et enchanteur.
Parmi ces sept récits, autant le dire franchement (puisque l'auteure ne se prive pas non plus d'afficher haut et fort ses opinions – cf plus loin), ceux sur la Chine et l'Inde m'ont ennuyée avec leurs longues descriptions ou anecdotes, dont l'intérêt m'a échappé. Les autres chapitres m'ont captivée davantage. Celui sur la Sibérie pour son côté romanesque et sa peinture de la bureaucratie post-soviétique mais toujours kafkaïenne. le chapitre Sinaï 1 donne à voir un exemple fascinant de "non-charité" chrétienne revancharde et mesquine, et l'épisode antarctique m'a mis la larme à l'oeil avec son manchot orphelin. Quant au voyage dans la Libye de Kadhafi, il illustre la place et le sort des femmes dans la culture et la religion de ce pays. Et à propos de sort des femmes, l'auteure "se lâche" dans le texte Sinaï 2, où elle expose sans filtre son point de vue sur l'excision et la condition féminine en général, quitte à choquer ses deux interlocutrices. Elle pense, en substance, que si les femmes ont, de tout temps, été opprimées par les hommes, c'est parce qu'elles ne se révoltent pas contre leur sort. Opinion tranchée, qu'on approuve ou pas, mais qui a le mérite d'avoir été exprimée.
Dans sa conclusion, l'auteure oppose voyage et tourisme, déplorant les effets pervers de ce dernier depuis qu'il est massif et globalisé et qu'il bouscule irréversiblement les équilibres naturels et culturels de lieux autrefois préservés. Selon elle, le touriste, contrairement au voyageur, refuse l'immersion totale (donc forcément éprouvante) dans les lieux qu'il vise et qu'il ne fait que défigurer.
Ce livre est globalement intéressant et montre l'étendue de la culture et du vocabulaire de l'auteure (personnellement, je préfère les écritures un brin plus sobres). Il se termine par une phrase à laquelle j'adhère (même si je n'ai pas encore fait tous les voyages que je voulais) : "Je peux dire, cependant, que j'ai fait tous [les voyages] que je voulais faire, découvrant en chemin qu'on peut toujours aller plus loin quand l'espace est en soi".

En partenariat avec les Editions Publishroom via Netgalley.
#TriangulationOuDesGoÛtsDuVoyage #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Voyages aux confins du monde dans des régions parfois hostiles où l'homme est complètement impuissant face à la nature comme en Sibérie profonde , en Yakoutie plus précisément au pays des Sakhas au grand coeur ou encore plus loin en Antarctique où comme le dit l'auteur l'escapade est interdite , où l'homme est soumis à des températures négatives inhumaines et pourtant de tout temps l'homme a essayé de découvrir chaque parcelle inconnue de la terre .
L'auteur nous emmène également dans la Lybie de Kadhafi , en Chine , dans le Sinaï , en Inde ,à chaque fois son récit est haut en couleurs , plein d'anecdotes intéressantes.
On sent la passionnée , la voyageuse sans peur qui n'utilise pas la langue de bois c'est le moins qu'on puisse dire .
Le chapitre intitulé Sinaï 2 en est la preuve irréfutable , la passionnée d'aventures commence une conversation à haut risques avec deux jeunes femmes rencontrées lors de son excursion vers les montagnes du monastère Sainte Catherine ,Kasey l'américaine qui fait partie d'une ONG et Salma , l'égyptienne de Suez , elle ose donner son avis au risque de choquer , ce paragraphe m'a fait penser au magnifique roman de Christelle Angano Les fleurs du lac qui donnent une version beaucoup plus nuancée sur la problématique de l'excision, qui sommes nous pour juger de toute façon .
Voilà effectivement où le bât blesse pour moi dans ce récit , l'auteur prend des positions tranchées qui ne sont pas toujours bien accueillies par les habitants du coin et auxquelles je n'adhère pas moi - même .
Mes chapitres préférés sont la Yakoutie que j'ai déjà découver dans d'autres récits notamment sur les implacables récits des goulags sibériens mais aussi le Sinaï 1 , cette rencontre avec un groupe de chrétiens.
Une très belle écriture, un récit dépaysant , hors des sentiers battus .
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Récit de voyages qui semble au premier abord dans la lignée stricte des classiques du genre, l'ouvrage de Gloria Lanéry prend finalement au fil des pages une teinte de plus en plus surprenante, principalement en raison de la plume remarquable de son auteure. En effet, que l'on la suive en Chine, en Inde, en Sibérie, en Lybie, au Sinaï, ou encore en Antarctique, force est de constater qu'elle parvient à nous décrire avec un regard singulier, éminemment poétique et empli parfois de délicatesse, parfois d'humour, les lieux qui l'entourent ; les rencontres, houleuses ou au contraire émouvantes, qui y sont faites ; les réflexions et discussions qu'elles entraînent : sur la place et le rôle de la femme dans le monde, sur la religion, centrale pour une bonne partie du globe… le récit de voyages devient alors présentation d'une conception du monde, tout aussi singulière, transfigurant par exemple, Bénarès, capitale spirituelle de l'Inde, et ses rites funéraires sur les rives du Gange, en une paradoxale procession en apparence sordide, finalement magnifiée, aux accents parfois baudelairiens, permettant de donner un autre sens au voyage.

Le voyage n'a pas en effet, pour Gloria Lanéry, le rôle que beaucoup lui donnent actuellement, comme elle l'explique avec beaucoup de pertinence dans son avant-propos et sa conclusion. A contre-courant des clichés de cartes postales et de la photographie Instagram qu'il faut faire à tout prix pour considérer avoir visité un pays, notre voyageuse – même si elle reconnaît, avec beaucoup de dérision, avoir fait elle-même partie du milieu du tourisme pendant de nombreuses années – fait le choix d'entrer de plain-pied dans ses voyages, dans la rencontre et la discussion, parfois la confrontation, avec l'autre, à la manière des Humanistes au XVIème siècle : plutôt que de rester en dehors du zoo, « faire partie de la ménagerie et inverser le point de vue ».

Triangulation ou des goûts du voyage est en somme une lecture que j'ai franchement appréciée, notamment parce que le récit qui y relaté correspond plutôt à ma propre conception du voyage, même si je n'ai, malheureusement, pas eu la chance de parcourir toutes ces destinations, qui plus est à une époque où le tourisme de masse n'était pas encore d'actualité dans ces lieux. Alors, quand ce récit est également bien écrit, et que l'on sent à travers ses lignes à quel point son auteure est passionnée par le voyage, que demander de plus ?

Je remercie Netgalley et Publishroom Factory de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.
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Ce qui frappe dès les premières lignes de l'avant-propos, c'est la beauté du style, la précision du mot et la puissance d'évocation, et cela jusqu'aux derniers mots de la conclusion.
En six destinations on a l'impression d'avoir fait le tour du monde et de n'avoir jamais autant voyagé ni aussi loin dans un livre. On découvre des destinations inconnues ou on en redécouvre d'autres sous un tout autre regard, celui extrêmement original de Gloria Lanéry, à travers des descriptions qui parfois saisissent le lecteur par leur poésie. Qu'il s'agisse des dunes en libye, des montagnes désertiques du Sinaï, « cette matière frugale et pure (…) où le son d'un pipeau au loin éveille en soi la nostalgie fugace de souvenirs qu'on n'a pas eus » ; qu'elle décrive des saules au-dessus d'un plan d'eau à Pékin, la déambulation à la fois envoûtante et sordide sur les berges du Gange à Bénarès, etc., à chaque fois elle vous emporte et vous surprend. Sa description de Petra et du ciel nocturne en Antarctique sont des moment d'anthologie.
Avec une étonnante maîtrise de la digression, sans jamais perdre le fil, elle parvient à nous raconter des histoires dans l'histoire où elle nous fait voyager au gré de ses réflexions et d'une vision assez singulière du monde, loin des postures convenues des récits de voyage habituels.
Alors qu'on sent chez elle à chaque page un souci universel et profondément humaniste des autres par-delà les frontières, entremêlé à ses superbes évocations son regard sur le monde est parfois assez sombre, ce que traduit bien à l'oreille l'ambiguïté du titre.
Au fil des pages, des accidents de la route et des rencontres elle aborde des questions essentielles et surtout la religion et la condition féminine vue par une femme voyageuse.
Elle décortique d'une façon inimitable nos idées reçues, par exemple le sens réel du yin et du yang dans un intérieur chinois et fait « du petit bois », pour employer sa formule, de bien de nos confortables certitudes.
Le chapitre intitulé Sinaï II en est le meilleur exemple. Une conversation entre l'auteure et deux femmes travaillant pour une ONG, rencontrées dans une école de montagne où toutes les petites filles sont excisées s'élargit sur une vue globale et sans concession de la condition féminine. Ce chapitre m'a dérangée, mais l'honnêteté m'oblige à reconnaître que les arguments de l'auteure, très bien développés, sont comme pour la pauvre Kasey, difficiles à réfuter.
Le très beau chapitre Sinaï I, axé sur le thème de la religion, pourra aussi heurter certains, car le moins qu'on puisse dire, Gloria Lanéry n'y va pas de main morte, mais elle parvient à le faire sans aucune provocation, avec une sincérité de ton, un humour, une poésie et toujours cette écriture qui sauvent le propos.
#TriangulationOuDesGoûtsDuVoyage est une somme offrant des surprises à chaque page. C'est un livre que je reprendrai pour en relire certains certains passages, pour la beauté de la langue, pour ses idées fortes et pour voyager tout simplement.
J'espère vraiment que ce livre trouvera un large lectorat et j'attends avec impatience le prochain ouvrage de cette auteure.
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Quel livre étonnant, et quel voyage ! La couverture m'avait intrigué et l'avant-propos m'avait captivé. La nuit même, j'ai lu Triangulation ou Des goûts du voyage d'une traite. Trois mois après, je l'avais encore en tête. J'ai cédé à l'envie de m'y replonger et comme à la première lecture, il garde tout son impact.

Quelle écriture et quel regard !
Ouvrez le livre au hasard et vous serez immédiatement accroché(e)s. La narration est à la fois puissante et fluide, imagée et immédiate, poétique et mordante, passionnée et pas toujours tendre (parce que le monde n'est pas toujours tendre). Gloria Lanéry manie tous les registres et passe de l'un à l'autre avec une aisance confondante. Dans un style qui vous prend à bras le corps, elle parvient à vous entraîner irrésistiblement dans son sillage, mieux, à ses côtés, à travers des paysages et des lieux au rendu fulgurant. de la Sibérie arctique à l'Antarctique, de la Libye à la Chine, des rencontres inattendues surgissent au hasard de ses explorations et donnent progressivement matière à des observations et des réflexions pénétrantes sur le monde et vous bousculent. Son regard de femme donne à voir ce que les hommes dans la littérature de voyage ignorent presque toujours ; et son regard d'exploratrice met en relief ce que le touriste en général ne voit pas ou ne veut pas voir. J'en prends pour exemple le saisissant chapitre sur Bénarès « où l'oeil ne se repose jamais de la vue… », où, dit-elle, « Il faut … entendre des harmonies dans la fange pour aimer Bénarès et s'associer à sa ferveur ». J'ai revu dans Triangulation ce dont sur place je m'étais détourné. Avec ses mots à elle, elle a révélé mon malaise.

Dans une langue admirable, Gloria Lanéry dit et décrit les choses au scalpel d'un chirurgien peintre et poète. Elle a des idées contrastées, mais toujours originales et qui interpellent, qui invitent à la réflexion. Elle aborde les sujets « sensibles » avec une franchise parfois crue, toutefois sans jamais perdre le fil qui sous-tend tout son livre. C'est-à-dire une véritable ambition humaniste, mais qui est plus combative que compassionnelle, qui s'insurge et proteste contre l'inertie des sociétés. Cette approche peut en amener certains et certaines à confondre le respect dû à l'autre avec « la sensiblerie bien-pensante » qui nous gouverne aujourd'hui et à préférer la pensée complaisante, certes plus confortable, au questionnement.

Cela étant dit, ce livre est avant tout un hymne au voyage. Celui d'une conteuse née. Chaque chapitre est une évasion à part entière et un dépaysement total. Vous prenez un aller pour un tour du monde sensationnel et jubilatoire, et vous regardez avec appréhension fondre les pages qui vous restent avant d'en toucher la fin.

Triangulation ou Des goûts du voyage est déjà pour moi un incontournable du récit de voyage et un modèle littéraire.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
L'histoire du XXe siècle montre combien la culture est impuissante à dompter notre essence primitive. Elle est un greffon amovible, et les grands idéaux qui nous font avancer n'ont pas assez de muscle pour empêcher que l'on régresse. La barbarie est le bruit de fond de la civilisation. L'enfer c'est les autres, mais la bête c'est nous. Sans les armes de mort et l'usure du temps, les résistances, les glaviots rebelles ne font pas le poids contre l'immuable agglutinat et l'euphorie de la haine.
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Ce qui me lie à mes voyages, ce sont des visages, des attitudes, un moment ; des gens à qui parfois je n'ai même pas parlé, qui par leur présence, dans leur silence, m'ont raconté une histoire, que j'ai tenté de traduire, sur l'infinie noblesse d'être et la tristesse parfois infinie d'être humain.
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L’art est , je crois , ce que rapporte un rêveur d’un lointain voyage dans l’Inutile .
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Mais où est l'intérêt de voyager si l'on se promène à l'étranger comme dans un zoo ? Autant faire partie de la ménagerie et inverser le point de vue.
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( La Yakoutie ...) , c’est la terre des hommes et des femmes extraordinaires , d’histoires inhumaines et humaines invraisemblables et toutes authentiques.
C’est ´ la prison sans grilles ´ ´ le pays de la mort blanche ´ , celui des pires camps que la Russie a connus .
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