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Quelle fresque impressionnante ! Quelle histoire riche et pleine d'enseignements, profondément humaine !
Nadeije Laneyrie-Dagen, pour écrire L'étoile brisée et couvrir une période allant de 1472 à 1525, a fait preuve d'un talent impressionnant à la fois de conteuse et d'historienne car nous sommes en pleine Renaissance, au moment des découvertes du Nouveau monde, découvertes rarement bénéfiques pour celles et ceux qui vivaient tranquilles de l'autre côté de l'océan qu'on appellera Atlantique.
Tout débute à Santoña, petit port de Cantabrie, dans le royaume de Castille, au moment où se déchaîne une haine féroce contre les juifs. Si certains se convertissent pour garder leurs biens, ce n'est pas le choix de la famille Cocia dont le grand-père était rabbin. Son fils, Shimon est barbier. Avec Alika, ils ont deux garçons aux prénoms empruntés à l'hébreu : Yehohanan (Yehia) et Yehoyakim. Si le second est apprenti cordonnier, Yehia rêve d'être marin.
Pour qu'ils échappent à cette folie meurtrière dont notre espèce, dite humaine, est coutumière, avec un courage immense, leurs parents leur demandent de partir le plus loin possible et de cesser d'être frères ! Yehoyakim devient Joaquím et Yehohanan, Juán. Leur mère leur donne de l'argent et leur confie « qu'elle avait dissimulé dans les doublures un minuscule objet : un triangle en cuivre doré, la moitié d'un sceau de Salomon, la figure en étoile qui formait le symbole des juifs. » C'est la fameuse étoile brisée, titre de cet extraordinaire roman historique remarquablement construit.
Après le prologue, les histoires se mêlent et s'entremêlent, réparties en quatre grandes parties complétées par un épilogue comprenant six lettres révélant encore des éléments essentiels à la vie des principaux personnages. D'ailleurs, au début de chaque partie, comme pour une pièce de théâtre, Nadeije Laneyrie-Dagen a pris la peine de rappeler leurs noms pour permettre au lecteur de garder le fil. de nombreux chapitres rythment chaque partie. Ils ont tous un titre et sont précisément situés dans l'espace et dans le temps. de plus, régulièrement, sans avoir l'air d'y toucher, l'autrice glisse des rappels si judicieusement tournés qu'ils n'ont en aucun cas l'air de redites. C'est magistral !
Laissant chacun des deux frères fuir l'intolérance et la folie anti-juive, j'ai été plongé sans ménagement dans Florence, en mai 1498, au moment où Girolamo Savonarole va être supplicié. Guido Liuciardi a quatorze ans et il se trouve dans le palais de la famille Vespucci pour y assister. C'est là qu'il remarque une fillette d'à peine huit ans qui pleure : Lisandra.
L'action se déplace ensuite à Séville, en Andalousie, où commencent les rencontres prestigieuses avec Cristobal Colón et Amerigo Vespucci, tous les deux passionnés par la recherche de nouvelles terres.
Ainsi, d'Italie en Espagne puis d'Allemagne en Angleterre, sans oublier la France mais aussi les Canaries, l'Algérie et le nouveau monde, l'autrice m'a fait beaucoup voyager et appris quantité d'informations sur les découvertes de l'époque. Son roman est très documenté sans être jamais lassant ou didactique.
Si violence et haine, esclavage, intolérance religieuse et cupidité ont bien leur place, l'amour et les femmes jouent un rôle prépondérant, même si les hommes les manipulent, les violent et leur dénient les droits les plus essentiels.
J'ai déjà cité Lisandra mais il faut parler aussi de Doucine, de Laurette, de Maria Concepción dont les enfants, Ulisse et surtout Silvana excitent beaucoup la curiosité. Les hommes aiment les femmes mais des hommes aiment des hommes et des femmes aiment des femmes, en évitant que cela se sache… Au passage, Nadeije Laneyrie-Dagen gratifie son lecteur de plusieurs scènes d'amour très érotiques, superbement écrites. de plus, elle sait ne pas occulter les gestes et les moments les plus intimes de la vie quotidienne, instants que certains livres évitent trop systématiquement alors qu'ils constituent la base de nos vies, qu'ils soient plaisants ou désagréables.
Si l'un des frères Cocia est devenu médecin en Allemagne et nous permet de fréquenter Martin Luther, l'autre, passionné par la mer, devient un cartographe essentiel pour Amerigo Vespucci. C'est à lui, Juan de la Cosa, qu'est attribuée la plus ancienne carte du Nouveau Monde. Datée de l'an 1500, elle est reproduite au début du livre.
Tous ces destins se croisent, s'entrecroisent. La maladie, la vieillesse jouent leur rôle mais les sentiments, les amours, les jalousies, le poids des religions, leurs batailles pour influencer le peuple et accaparer pouvoir et richesses, tout cela est bien réel comme L'étoile brisée le démontre brillamment.
Grâce à Babelio (masse critique) et aux éditions Gallimard que je remercie, j'ai pu lire et me régaler avec un beau et passionnant roman.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Santoña, Cantabrie, royaume de Castille, septembre 1472. À la veille de régner Isabel de Castille a commencé à détester les Juifs (qu'elle appelle les assassins de Dieu). Désormais ces derniers sont obligés de quitter le pays pour échapper au massacre qui s'annonce. Les frères Cocia, poussés par leurs parents qui veulent les sauver, fuient alors l'Espagne. L'un va devenir en Allemagne le médecin d'un certain Martin Luther. Quant à l'autre, désormais marin et cartographe, c'est au Florentin Amerigo Vespucci qu'il va distiller ses précieux conseils.

Situé à une époque charnière : à la fin du Moyen-âge et au début de la Renaissance française — une époque annonciatrice du monde moderne avec les Italiens qui étendent leur culture sur le monde — au moment entre autre de la fin de la Reconquista avec la prise de Grenade par le royaume de Castille, du partage du monde entre l'Espagne et le Portugal avec le traité de Tordesillas en 1494, de la découverte de l'Amérique (plus généralement des grandes découvertes marquant l'amorce d'une mondialisation), et de la Réforme de Luther qui initie le protestantisme, L'étoile brisée est un roman historique ambitieux capable d'allier avec fluidité une trame romanesque riche à une juste vérité historique. C'est une grande qualité qu'on aimerait retrouver plus souvent dans ce type d'ouvrage et que la normalienne professeur d'histoire de l'art et spécialiste de la Renaissance, Nadeije Laneyrie-Dagen, réussit sans jamais lasser malgré sept cents et quelques pages...

Merci à Babelio et aux Éditions Gallimard
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Ouvrage reçu lors d'une opération Masse Critique Privilégiée, je tiens tout d'abord à remercier babelio et les éditions Gallimard pour l'envoi de cet ouvrage. Certes, l'on nous avait informés qu'en s'inscrivant à cette opération, on s'engageait pour une lecture d'un pavé de 750 pages mais ce n'était pas cela qui m'effrayait, mais plutôt que ledit ouvrage me déplusse et que j'abandonnasse ma lecture ou pire, que je sois contrainte et forcée d'aller jusqu'au bout. Non, là au contraire, c'est tout l'inverse qui se'est produit et je regrette même que ce dernier, au final, ne fasse que 750 pages car j'avoue que je suis restée un peu sur ma faim.

Ici, e lecteur s'embarque dans une véritable épopée historique de 1472 à 1525, voguant à travers l'Italie, l'Espagne, le nouveau Monde (soit dit erreur de Christophe Colomb à savoir non pas les Indes mais bel et bien l'Amérique, mais aussi l'Angleterre, l'Allemagne et j'en passe. Au départ, j'avoue qu'il faut un peu s'accrocher car lorsque l'on passe du premier au second chapitre, l'on se demande où l'auteure veut nous mener mais si vous persistez dans votre lecture, je vous garantis que vous ne serez pas déçus du voyage (et voyages, c'est le cas de le dire) : si au tout début de cette intrigue, nous découvrons deux frères juifs dont que les parents, décident de se séparer, pour leur propre sécurité, ils leur recommandent également d'oublier toute leur enfance, de rompre les liens qu'ils avaient entre eux et surtout d'oublier leurs origines. le premier, l'aîné, s'engagera vers la médecine tandis que l'autre prendra les voiles. Ils ne se sont plus jamais adressé la parole et le lecteur a tendance à les oublier puisqu'ils ont également changé de nom.

Viennent par la suite la famille Vespucci, dont vous connaissez au moins le nom du père, Amerigo, puis celle qui deviendra sa femme, Maria Conception, rebaptisée par la suite ainsi puisque au départ, celle-ci n'est que la jeune esclave du maître, une esclave venue d'ailleurs, d'îles lointaines dont elle ne se souviendra que des années plus tard. Là n'est qu'une partie du décor ainsi que de quelques-uns des nombreux personnages qui constituent cette remarquable fresque historique, admirablement bien romancée par Nadije Laneyrie-Dagen et qui donne au lecteur la soif d'apprendre et de réviser ses cours d'histoire pour démêler le vrai du faux. Or, ici, hormis les intrigues amoureuses et la descendance ds personnages, la trame historique est entièrement vraie. Il suffit juste au lecteur de bien suivre dans les différents noms de rois et reines évoqués et surtout de distinguer ceux qui ont prise de pouvoir en France de ceux qui règnent en Angleterre.

Enfin, un dernier nom que je ne pouvais pas ne pas évoquer ici est celui de Martin Luther, qui va obligatoirement vous parler et dont il est largement question ici. Ce dernier, avec ses idées allant parfois à l'encontre des idées religieuses de l'époque, bien qu'il appartienne au clergé lui-même ne va pas se faire que des amis...

Pour résumer, je dirais que le point commun qui relie toutes ces figures entre elles, est que chacune à sa manière, va apporter à L Histoire (ou les histoires) sa petite dose de révolution, qui plus tard en deviendront des grandes, que ce soit du point de vue théologique, médicales, commerciales et non pas des moindres, de la cartographie maritime ou terrestre !

Une lecture captivante donc qu je ne peux, encore une fois que vous recommander et pour un premier roman, je tire ma révérence à l'auteure !
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Charme, érudition, histoire et romanesque. Quelle joie de posséder un tel ouvrage ! C'est Babelio qui m'a insufflé l'idée d'en faire l'acquisition.
Nadeije Laneyrie-Dagen a choisi l'Autoportrait de Filippino Lippi pour la couverture d'après le Crucifiement de saint-Pierre et la dispute avec Simon le Magicien, en chapelle Brancacci ce qui n'enlève rien au prestige de l'histoire qui partant de Cantabrie nous amène aussi ici, à Florence.
C'est suite à un fait anodin, jugé impie que deux enfants de Santona devront quitter le quartier juif. Les juifs étant considérés par Isabel de Castille comme les assassins du Christ. Shimon dit à ses fils : « Sortez de Castille et évitez l'Aragon. Un massacre va se produire. Partez ensemble, mais ensuite, vous poursuivrez seuls et cesserez d'être frères. Oubliez-nous ! Soyez non-juifs ! Toi Joaquín, et toi Juan, serez, vous changerez le nom de Cocia que je vous ai donné et trouverez un nom chrétien ».
Nous suivrons ainsi le destin des deux frères en parcourant le monde et en traversant l'histoire.
Á Séville, en juin 1498, nous retrouverons le moine Savonarole, lequel fut ennemi des Médicis et vivement opposé à la vie dispendieuse des gens d'église, voire de la papauté. Nous assisterons à la mise à mort de Girolamo et à la mauvaise liesse.
Tandis que Joaquín sera médecin selon le voeu de feu sa mère, Juan, lui, sera cartographe et parcourra les océans. Il sera fait allusion à Colomb puis Léonard de Vinci, Louis XII, François Ier et les châteaux de la Loire et puis Luther pour ce qui est des religions.
Je suis étonnée de la facilité avec laquelle j'ai parcouru ces quelque 700 pages tellement ce fut passionnant et délicieusement ordonné. Je ne dirai rien sur l'étoile brisée ; à chacun de trouver la sienne.
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A travers le destin de 2 enfants juifs ayant dû fuir l'Espagne en 1472, juste avant l'avènement de la Reine Isabelle la Catholique et avant un massacre juif annoncé dans leur petit port de Cantabrie en Castille, l'autrice nous fait vivre une partie de l'Histoire de la Renaissance et c'est une merveille.

Les frères Cocia partent donc seuls et à pied avec l'ordre de leur père de se séparer et d'oublier leur religion afin d'être protégés de la persécution qui les menace.
Seule, leur mère leur demande de ne pas oublier leurs origines et pour cela leur donne à chacun un triangle qui, une fois reconstitué, forme l'étoile de David.

L'un deviendra Joakim Kossa, médecin en Saxe, le second, attiré depuis toujours par la mer sera Juan de la Cosa, un brillant cartographe (Il a réellement existé).

Avec l'étoile briséeNadeije Laneyrie-Dagen nous présente une fresque historique passionnante sur 742 pages pendant lesquelles on ne s'ennuie jamais, on ne se perd jamais.

L'autrice nous fait voyager en Europe, notamment en Italie, Espagne, Allemagne mais aussi en France et en Angleterre, en Afrique du Nord et bien sûr vers le Nouveau Monde.

Juan de la Cosa devient l'ami d'Amerigo Vespucci, Joakim, le médecin de Martin Luther.
L'autrice nous fait rencontrer, outre ces 2 grands hommes, le moine Savonarole, les Médicis, Louis XII, François 1er... On entend parler de Christophe Colomb, Leonard de Vinci, Boticelli...

Vous l'aurez compris, ce roman est extrêmement riche, d'une grande Culture, et ces pages d'Histoire énormément documentées.
L'autrice, qui est professeur d'histoire de l'Art a su allier sensibilité et érudition pour écrire un roman captivant.

Nous assistons à la découverte du Nouveau Monde auquel Amerigo Vespucci a donné son nom, mais aussi à l'esclavage, la colonisation, le commerce, la cartogaphie.
En Europe, c'est l'inquisition, l'Espagne de la Reconquista, le début du protestantisme avec Martin Luther qui se révèle être un homme dur, le fanatisme mais aussi la médecine et ses tabous.

Des personnages très attachants comme Sylvana, la fille d'Amerigo Vespucci ou Ursula, l'épouse de Joachim, et bien d'autres, apportent un plus dans ce roman très prenant où les femmes ont leur rôle à jouer. le livre se termine d'ailleurs sur une riche correspondance entre elles qui montre qu'elles avaient tout compris du monde qui les entoure.

A la fois historique et romanesque, un roman à ne pas manquer pour les amoureux du genre !


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Ce pavé historique prend sa source en 1472 pour dérouler sa fresque sur près d'un demi-siècle.

Dire que je sors de ma zone de confort relève de l'euphémisme.
Je fais habituellement dans l'hystérique, rarement dans l'historique.
Un fabuleux souvenir des piliers de la terre et c'est empli d'une confiance inébranlable que j'attaquais cette étoile brisée par la branche Nord.

Difficile de résumer un tel récit tant il foisonne.
S'articulant autour de quelques personnages majeurs qui furent autant de marqueurs historiques, l'auteure de retracer (Nadeije Laneyrie-Dagen est multi casquette à savoir professeure d'histoire de l'art et spécialiste de la Renaissance donc confiance absolue en la véracité de son travail archi documenté) leur parcours révolutionnaire et précurseur d'innombrables avancées en matière de théologie, de cartographie, de j'en passe et des meilleurs.

Martin Luther et les frères Vespucci en tête de gondole, moult seconds rôles viendront prêter main forte à ces ténors légendaires afin de servir de fil conducteur, de liant et d'enrichir une trame déjà fourmillante.

Si l'aspect historique aura trouvé un large écho, le rythme m'aura beaucoup moins enthousiasmé.
Clinique, froide, l'écriture de l'auteure enchaine les tableaux sans réellement procurer d'engouement notoire.
Il m'aura manqué un brin de romanesque et d'exaltation pour pleinement apprécier cette étoile parfois un brin éteinte.

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour cette agréable leçon d'Histoire.
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"Mais L'Amérique, l'Amérique, je veux l'avoir et je l'aurai
L'Amérique, l'Amérique, si c'est un rêve, je le saurai
Tous les sifflets de trains, toutes les sirènes de bateaux

M'ont chanté cent fois la chanson de l'Eldorado
De l'Amérique"
.
Ce livre harmonise, à mon avis, trois histoires, très bien liées par les personnages secondaires, comme la bonne sauce rehausse le plat !
Car comme dans les romans historiques de Robert Merle, Nadeije Laneyrie-Dagen sait très bien mêler aux vrais figures historiques des personnages romancés, humains, trop humains ...
.
1 ) Il y a d'abord l'hommage (et la biographie ) rendu à Amerigo Vespucci.
Hommage, car justice est faite : c'est Colomb qui est connu et reconnu, célébré, mais il n'a découvert que quelques îles caraïbes, et encore, en pensant que c'était l'Inde ou le Japon !
Amerigo Vespucci, lui, a pénétré plus avant, découvrant l'Amérique du sud, et, contrairement à Colomb, il maintenait qu'il y avait un "mur terrestre" qui empêchait d'atteindre l'Asie :
il a découvert le 4ème continent, le Nouveau monde, qu'on a baptisé "l'Amérique" en son honneur.
.
2 ) il y a ensuite le semi hommage ( et biographie ) fait à Martin Luther ;
je dis semi-hommage, car j'ai l'impression que l'auteure approuve la révolte du moins quand, après son pèlerinage à Rome, le moine constate que le pape a la main mise financière sur le monde catholique, en particulier sur le Saint-Empire romain germanique : les indulgences, ou grâces, avec les impôts perçus, permettent aux papes de construire des oeuvres d'art ( Vatican, chapelle Sixtine ) qui coutent des fortunes. Pour Luther, l'argent n'a rien à faire avec la relation à Dieu !
.
Cependant, on sent que l'auteure est réticente quand elle évoque les provocations de Luther qui cherche, avec ses paysans de Saxe, la guerre contre le pape, et surtout contre la puissante armée de Charles Quint !
.
3 ) Et puis il y a les deux frères, Yehoyakim et Yehohanan Cocia, juifs, qui sont obligés, de par l'avènement de la reine Isabelle la Catholique, de s'expatrier d'Espagne.
Par l'étoile brisée, étoile de David dont leur mère, Alika, confie un morceau à chacun d'eux, l'auteure justifie le titre du livre, mais aussi rend hommage aux populations juives, méprisées, et toujours obligées de fuir, obligées de porter un signe distinctif, déjà bien avant Hitler : la rouelle et/ou le bonnet pointu.
Les frères se séparent en pays basque, et changent d'identité.
L'aîné, après avoir fréquenté la faculté de médecine de Montpellier, va se fixer en Saxe, où, s'appelant Herr Doctor Joachim Kossa, il soigne et recueille Martin Luder.
Le cadet devient le marin José Cosa qu'il a toujours rêvé d'être, et navigue avec Colomb et Vespucci.
Les personnages qui les entourent sont truculents, notamment une petite Silvana, autiste, qui m'a beaucoup touché.
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Les deux frères se reverront-ils ?
L'étoile brisée se reconstituera-t-elle ?
Tout ce la semble improbable, tant les intérêts de la grande Histoire ( Louis XII, François 1er, Henry VIII et Charles Quint, l'esclavage, Khizir Khayr ad-Dîn, dit Barbe Rouge ou Rousse ) et les événements qui affectent les personnages romancés poussent à l'éloignement et à la séparation !... Et, pensant à ma propre famille, cela m'a rendu triste.
.
Mais c'est un superbe roman, basé sur des appuis historiques solides, il me semble !
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PS : Louise de Savoie ne pensait surtout pas à un futur chanteur de variétés quand elle a voulu le mariage Claude-François :)
.
Je remercie Babelio pour cet envoi gracieux !

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Septembre 1472, tout semble calme voire paradisiaque dans le petit port de pêche de Santona, comme un paysage de carte postale. Hélas, la situation économique devient précaire et il faut bien trouver un bouc émissaire. Alors, l'antisémitisme gronde de plus en plus dans le royaume de Castille et il faut choisir : se convertir ou l'exil. Shimon Cocia (qui signifie ceinture en hébreu) exige de ses fils Yehia et Yehoyaim de partir et de se convertir au christianisme, de se séparer et continuer chacun la route de son côté sans jamais évoquer leurs racines, ni leur vie d'avant.

Leur mère leur demande quand même de ne jamais oublier qui ils sont et leur confie un morceau de fer en forme de triangle, comme porte-bonheur. Tout à fait insignifiant pour quiconque le trouverait, il s'agit en fait d'une étoile coupée en deux.

L'un s'engage sur un bateau en partance pour ce qu'on appellera plus tard le Nouveau Monde et deviendra cartographe, sous le nom de Juan Cosa, l'autre s'en va à pied sur les route, le plus loin possible, fermement décidé à devenir chirurgien et deviendra Joachim Kossa.

On va suivre le destin des deux frères, dans cette Europe qui brille sous les feux de la Renaissance et dont le destin change, en Espagne pour l'un en Allemagne pour l'autre et revivre toute l'Histoire de l'époque, les avancées géographiques, et scientifiques…

C'est l'époque où Christophe Colomb s'apprête à partir avec ses trois caravelles pour rejoindre l'Inde par l'Ouest, donc on fait la connaissance d'Amerigo Vespucci, qui a dû quitter Venise pour fuir une paternité dérangeante, liée à son côté Don Juan qui papillonne : la mère décède et Lisandra, la petite fille sera confiée à l'adoption à son frère Antonio et son épouse qui ne peuvent pas avoir d'enfant. Amerigo vivra loin, veillera plus ou moins bien sur sa « nièce ».

Mais, à Venise sévit un moine intégriste, Savonarole qui fait régner la terreur, et la famille Vespucci assiste, sur le balcon d'une famille amie, les Liuciardi, à l'exécution. Les Vespucci sont riches, et leurs amis tout autant, ils ont « pignon sur rue » et on va suivre l'évolution des deux familles en parallèle avec la découverte des Canaries, avec Ténériffe, la Hispaniola qui deviendra plus tard Saint Domingue puis de nos jours Haïti. Partout, les habitants vont être massacrés ou vendus comme esclaves.

Parmi les esclaves, il y a une jolie jeune femme surnommée la Guanche qui habitait avec sa famille aux Canaries et Amerigo va la prendre sous son aile et dans son lit pour fonder une famille. Elle sera convertie au catholicisme pour qu'il puisse l'épouser et il conviendra toujours de garder le secret.

L'autre frère, devenu Joachim Kossa, fait des études et devient chirurgien comme il le désirait, et épouse Ursula, la fille de son mentor. Il va côtoyer celui qui deviendra Martin Luther et à travers son histoire, on assiste à la naissance des théories de celui qui n'est encore qu'un moine. Celui-ci deviendra un familier de la maison. Joachim rencontrera aussi un médecin venu de Pologne, le pays de Copernic, avec lequel il aura des échanges savoureux tans sur le plan de la médecine que celui de l'astronomie ou la religion.

On parcourt l'Italie, la Renaissance et ses chefs-d'oeuvre, le développement extraordinaire du commerce, la soie, et sur les traces de l'époux de Lisandra, Blois et sa richesse à l'époque glorieuse de François, poussant jusqu'à l'Angleterre pour faire des affaires. C'est aussi le moment où se développe le commerce du tabac, cacao ou encore betteraves sucrières.

L'épopée des deux frères nous permet de suivre toute une période de l'Histoire, de dresser les première cartes du monde car chacun d'eux évolue dans une sphère qui va chambouler l'époque et la différence, l'opposition même qui existe entre les balbutiements de ce qui deviendra le Protestantisme, avec sa rigueur, les prêches orientés de Martin qui fustigent les excès de l'église catholique, son attachement immense à l'argent et le point de non-retour est atteint devant l'affaire des indulgences : payer pour recevoir absolution et bénédiction.

En Allemagne, on baigne dans l'austérité, le devoir, alors qu'en Italie et ailleurs en Europe, tout est axé sur le matérialisme ou le plaisir mais où l'art occupe une grande place.

L'antisémitisme de l'époque est bien étudié par l'auteure et on voit bien que rien n'a changé depuis l'époque, dès que survient une crise ou une épidémie, tout de suite on a besoin d'un coupable et les Juifs sont immédiatement accusés. Ils doivent sans arrêt cacher leur croyance, ce qui peut attirer l'attention de la circoncision au repos du samedi (il faut cuisiner la veille, un plat qui se réchauffe sans problème, quand on a des invités…

J'ai beaucoup aimé suivre cette famille, dans leur vie de tous les jours, dans leur évolution et cette lecture est en tous points passionnantes. On a des étoiles plein les yeux, on apprend des choses sur le commerce de l'époque, des routes d'approvisionnement, sur l'évolution de e la géographie, car dessiner les cartes irritait l'Église au plus haut point, alors qu'elle voulait garder la mainmise sur tout… c'était déjà terrible pour elle d'admettre que le soleil était au centre du monde et non la Terre, il fallait alors prendre des pincettes…

Nadeije Laneyrie-Dagen raconte au passage les difficultés de la médecine de l'époque, la manière dont il fallait tricher pour pouvoir faire des dissections pour étudier le corps humain…

Elle nous propose également un chapitre où l'on visite le camp qui deviendra Camp du drap d'or où aura lieu une célèbre entrevue.

« Dans le bivouac et aux alentours de ce qu'on appelait le Camp d'or ou le Camp du drap d'or, tout le monde parlait politique. La petite histoire et la grande se mêlaient : celle des coucheries royales et celles des alliances qui faisaient le destin des pays. »

L'auteure a découpé son récit en plusieurs périodes (pour suivre la chronologie des évènements historiques de l'époque) qui s'étendent de 1472 à 1525 et dans chacune, on alterne le récit allemand et le récit espagnol-italien-français) permettant d'approfondir ce que l'on veut (la Hispaniola par exemple ou Bartolomé de Las Casas par exemple) et il n'y a pas de préférence accordée à l'un ou à l'autre par l'auteure. le récit n'est jamais fastidieux même l'exécution de Savonarole…

L'auteure nous propose à la fin des lettres échangées par certains protagonistes dans le plus pur style de l'époque…

Il manque juste un petit quelque chose pour que ce roman ne soit pas un vrai coup de coeur : j'aurais aimé que Nadeije Laneyrie-Dagen laisse une place plus importante à l'Histoire, donne plus de détails sur l'Europe politique, économique de l'époque, les familles régnantes… les vrais pouvoirs, mais je suis bien consciente qu'il aurait fallu 150 ou 200pages de plus alors que ce livre en contient déjà… 742 !

Ce livre m'a beaucoup fait penser à mon livre préféré (saga paraît insuffisant quand il s'agit de cette oeuvre !) : Les Rois Maudits, le chef d'oeuvre de Maurice Druon, lu et relu et qui est toujours à portée de mains… d'où peut-être ce petit bémol.

Si vous aimez l'Histoire, la Renaissance, la cartographie, l'art, les moeurs de l'époque, le statut des femmes, et la manière dont elles l'utilisaient, il ne faut pas hésiter une seconde, il est tellement passionnant, et bien écrit, qu'une fois immergée dans le récit, on ne peut plus le reposer. Les 742 pages s'avalent, au propre comme au figuré, au début, je dévorais et ensuite je voyais les pages restantes diminuer beaucoup trop vite et comme je n'avais pas envie que cela finisse, j'ai fait durer au maximum malgré la date de 30 jours pour rendre ma copie.

De plus, ce livre est très beau, jolie couverture, belle écriture, donc malgré son poids, je l'ai emporté partout avec moi…

Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallimard, qui m'ont permis de découvrir ce beau roman et son auteure dont je vais suivre les publications…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Á travers ce roman foisonnant, Nadeije Laneyrie-Dagen nous entraîne dans une saga historique très bien documentée sans que jamais cela soit pesant ou ennuyeux pour le lecteur. Elle sait mêler avec subtilité la vérité historique à la fiction et ses personnages, forts nombreux, sont bien campés et tout à fait en adéquation avec leur époque.

L'histoire débute en 1472 avec deux frères, les Cocia, qui fuient le massacre des juifs ordonné par Isabel de Castille. Leurs routes vont diverger. L'aîné deviendra médecin et, devenu catholique, se fixera en Allemagne où il suivra le parcours du frère augustin Martin Luther. Celui-ci, qui prône la réforme de l'église et de ses richesses, s'oppose à la vente des indulgences, deviendra peu à peu antisémite. C'est l'occasion de découvrir la toute puissance de l'église catholique et ses tromperies et enrichissement autour des indulgences et des reliques.
Le plus jeune Cocia va aussi dissimuler ses origines juives. Il navigue comme pilote sur les navires de commerce, épouse une catholique et devient cartographe.
Le destin des deux frères est prétexte à nous faire découvrir ce monde en pleine mutation, nous sommes en train de basculer du moyen-âge vers la renaissance, époque charnière où les arts, la science et la médecine avancent à grandes enjambées tandis que les échanges avec les Amériques qui viennent d'être découvertes par Christophe Colomb s'organisent à grande échelle. On cherche aussi à évangéliser tous ces « sauvages » tout en les réduisant à l'esclavage. C'est aussi l'époque où l'on apprend que la terre est ronde et tourne sur elle-même tandis que les médecins découvrent l'anatomie et le fonctionnement du corps humain en disséquant des cadavres malgré l'interdiction.
J'ai trouvé passionnante cette approche historique par le biais de personnages très différents. On se rend ainsi compte de l'intolérance au sujet de la religion et plus particulièrement les juifs qui devaient porter la rouelle et vivre dans des quartiers réservés comme le ghetto de Venise. Ceux qui reniaient leur religion et changeaient leur nom tremblaient d'être démasqués. La condition féminine est aussi bien décrite au travers du destin de Laurette, Doucine ou Lisandra, qui connaitront le mariage arrangé, la tromperie ou encore l'avortement. La vie était difficile pour les femmes qui se devaient de mettre au monde des enfants et surtout un garçon attendu par la famille pour perpétuer le nom et les affaires.
Les mondes, l'ancien et le nouveau se côtoient et créent des situations nouvelles comme le destin de Maria Cana, l'esclave originaire des Canari et du peuple Tupinambas qui, après avoir donné le jour à des jumeaux, deviendra l'épouse d'un riche marchand : Amerigo Vespucci.

Le roman se divise en 4 parties plus le prologue et l'épilogue. Au début de chacune des parties on retrouve la liste des protagonistes et les liens qui les unissent, ce qui permet de ne pas se perdre dans la foule importante des personnages.
Cette grande saga historique de plus de 700 pages se lit avec plaisir et curiosité pour qui aime l'histoire et je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour cette découverte.

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Un grand merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour ce masse critique privilégiée.
Malgré le nombre de pages, je n'ai pu résister à l'autoportrait de Filippino Lippi, artiste de la Renaissance.
Nadeije Laneyrie-Dagen nous promène de part le monde de 1472 à 1525. de nombreux personnages connus ou inconnus sont du voyage. Tout démarre avec deux petits juifs chassés de leur pays par les évènements, ce sont les tueurs du Christ pour la reine Catherine.
Tous deux seront des fugitifs leur vie entière, loin de leur pays, de leur famille, de leur culture. le plus grand deviendra médecin, le deuxième cartographe.
À partir de cette histoire, d'autres personnages vont graviter autour d'eux : Amerigo Vespucci et sa famille, Luther, des commerçants italiens, des demoiselles d'honneur de la cour de France.
L'étoile brisée sert de prétexte à une vue de la Renaissance après la découverte du Nouveau Monde. L'Europe va s'en retrouver changée, le commerce et les routes maritimes vont modifier l'urbanisme et la vie des hommes, l'esclavage devient monnaie courante. Les intrigues de cour et les guerres perdurent. le protestantisme débute.
Dans ce livre, j'ai eu l'impression que l'autrice privilégiait le côté obscur des personnages. Pas de héros à encenser. Et puis quelques scènes d'alcôve plutôt dérangeantes. Un peu trop de réalisme à mon goût quant aux maladies, ce qui explique ma note.
Une belle vue d'ensemble
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