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EAN : 9782884749671
448 pages
Infolio (24/08/2017)
3/5   2 notes
Résumé :
Dans Le consulat de la mer, à la fois roman et mémoires, l’auteur raconte deux vies parallèles, la sienne et celle d’un Genevois de l’époque napoléonienne, Menu de Minutoli. Les deux récits sont composés de séquences montées par association ou en miroir, comme dans un puzzle. La vie de l’auteur et celle de son double rêvé se croisent, se chevauchent, se font écho, que ce soit autour du thème militaire – leur passion – de leurs déplacements, de leurs affections, comm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Jean-Jacques Langendorf est un auteur abondant en langue française et allemande, un éditeur et un homme d'aventures et d'amitiés. Ses Mémoires, qui tirent leur titre d'un essai de codification du droit maritime paru en 1494, vont au-delà du récit de vie et englobent une époque, des lieux (Genève et les pays traversés par l'auteur), et surtout une galerie de portraits d'hommes peu communs, rebelles, inadaptés aux règles sociales, des anarchistes de gauche comme de droite, que l'auteur collectionne avec gourmandise. On est frappé par la conjonction de passions parfois opposées : l'horreur de l'école et l'amour inconditionnel de l'érudition ; le rejet des théories politiques raisonnables et le goût des extrémismes ; un profond intérêt pour la guerre, son art et son histoire, incarné par l'alter ego du mémorialiste, un général prussien du début du XIX°s, blessé en 1792 et reconverti dans l'archéologie et la recherche érudite, activités paisibles : l'armée prussienne de 1800 accordait autant de valeur au savoir et à l'enseignement (que l'auteur abhorre) qu'aux vertus guerrières. le mémorialiste-romancier alterne les récits concernant son personnage ancien, et sa propre vie, et tisse des analogies entre les deux existences et les deux trajectoires : Langendorf, lui aussi, s'est beaucoup occupé de la guerre et de ses théories.

Son non-conformisme le conduit naturellement aux antipodes de la pensée de gauche, figure moderne de l'idéologie obligatoire. Sa vie intellectuelle et politique (dont ces Mémoires sont l'histoire) commence sous le signe de l'anarchisme actif de l'extrême-gauche, et se rapproche progressivement de la pensée réactionnaire contemporaine. Mais cette pensée réactionnaire est justement une réaction, un rejet du progressisme : or se révolter contre quelque chose, c'est en admettre implicitement la valeur et en adopter inconsciemment les méthodes. La page sur Carl Schmidt (pp. 379-380) résume bien la faiblesse de la Nouvelle Droite, incarnée en France par Alain de Benoist, qui s'inspire de la gauche libertaire où Langendorf, lui aussi, a ses racines. L'auteur n'est nullement conscient de cela, pas plus qu'il ne semble comprendre sa solidarité profonde avec ses ennemis idéologiques, ni avec leur langage et leurs valeurs.

Restent une extraordinaire galerie de portraits (Ernest Ansermet), un récit prussien des années 1800 qui aurait gagné à être plus étoffé, d'obèses digressions qu'on lira sans peine en diagonale, quelques bourdes çà et là, et de belles pages. le style se détache difficilement de la conversation à bâtons rompus, par moments il est relâché, plein de chevilles, et trahit un certain manque de soin. Rien de tel que l'admirable fonction "citation" de Babelio pour sentir vraiment, à la copie, ce qu'une page écrite a "dans le ventre".
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ce rude périple dans les hautes vallées de l'Hindou-Kouch m'amène à me poser des questions, et aussi à donner des précisions, sur un point particulier. Depuis quelques années, un concept littéraire a fait son apparition, celui des "écrivains voyageurs" ... A partir de quand un écrivain commence-t-il à être "voyageur" ? Xavier de Maistre, qui voyage autour de sa chambre, l'est-il ? Ramuz, qui se rend à Paris, l'est-il ? Et pour ceux qui ne voyagent pas du tout, parce qu'ils ont horreur de ça, le fait d'aller tous les jours acheter un paquet de Gitanes au tabac du coin fait-il d'eux des "écrivains tabagistes"? En réalité, l'écrivain voyageur est un homme du spleen, un homme qui entend mettre de l'âme, et surtout du vague à l'âme, dans ses voyages et des voyages dans son âme qui, peut-être, le conduiront sinon sur la voie de l'absolu, du moins sur celle de l'apaisement ou, alors - c'est une possibilité - sur celle de la déchéance. A la recherche du sublime ou du sordide, il est avant tout, à travers ses impressions, à la recherche de lui-même. Nicolas Bouvier en est l'exemple parfait. La plupart de ceux qui voyagent de cette manière ont finalement pour dessein de nous donner un beau récit, pétri à partir des douleurs de l'âme. Tous, plus ou moins, sont dans l'antichambre de l'esthétisme ou carrément de plain-pied dans ce dernier.

Il existe toutefois un autre type de voyageurs, et ceux que j'ai mentionnés font partie de cette catégorie. La finalité de leur voyage ne relève pas de la flatulence psychologique, mais d'un objectif matériel. Thomas-Joseph Arnaud veut atteindre Ma'rib pour en dresser le plan, Eduard Glaser parcourt le Yémen pour en relever les inscriptions, Sir Thomas Holdich les confins septentrionaux des Indes pour les délimiter, Wilhem Wassmuss est sur le Golfe Persique pour soulever les Tangistanis, Emin Pacha en Afrique pour administrer une région et en éradiquer l'esclavage, Werner Otto von Hentig en Afghanistan pour porter un coup mortel aux Britanniques, etc. Qu'ils soient géographes, géologues, ethnologues, zoologues, administrateurs, chasseurs, artistes, archéologues - que sais-je encore ? - et bien que la plupart d'entre eux aient beaucoup écrit, ils n'entrent pas dans cette catégorie d'"écrivains voyageurs". D'un côté, Ella Maillart, de l'autre, Sven Hendin. On mesurera l'abîme.

pp. 257-258
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L'orchestre faisait ce qu'il pouvait, et il ne pouvait que peu, sous la baguette d'un chef italien visiblement dépassé accompagnant une pianiste locale qui s'embrouillait dans un concerto de Beethoven, et qui tapait sur les touches comme s'il s'agissait pour elle d'asséner le coup de grâce à son pire ennemi. ... Ces imperfections n'étaient-elles pas courantes aux XVIII° et XIX°s, qui n'attachaient qu'une relative importance au monstrueux perfectionnisme de notre époque ?

p. 98
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