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EAN : 9782877755351
257 pages
Publications de l'Université de Rouen et du Havre (04/08/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
"Quand on sait, on se tait ! " : cette injonction paradoxale, que l'on peut aujourd'hui encore entendre dans une salle de classe, montre le rapport ambigu qu'entretient le couple parole et savoir au sein du système éducatif français. Cet ouvrage éclaire la question de l'oralité scolaire, point aveugle de la recherche en éducation, à travers l'histoire des idées éducatives. En soulevant la question de l'héritage républicain et plus largement, en mettant à jour un rés... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici un ouvrage passionnant qui rappelle l'histoire de l'apprentissage par l'oralité, en France, du côté des enseignants comme des enseignés. Si l'instruction est déclarée obligatoire pour tous à la fin du 19e siècle et que les hommes ont été déclarés égaux en droit et notamment celui d'être éduqués et instruits, cela a induit le postulat que tout individu était éducable. Cette réflexion a donc impliqué le choix de valeurs et de contenus à transmettre mais aussi l'élaboration de différentes stratégies pédagogiques pour y parvenir, dont l'oral. Mais hélas, cette massification de l'enseignement va mener à l'avènement de l'écriture qui va favoriser une parole élitiste car la lettre fixe tout en désincarnant le savoir. L'oral passera vite comme un choix pédagogique secondaire, souvent dévalorisé car considéré par les pédagogues, les enseignants, les parents, voire les élèves eux-mêmes comme une simple distraction, un moment sympathique en classe et qui permet d'apporter facilement de bonnes notes. L'écrit, lui, reste l'outil « sérieux » : "L'école française, construite sur les bases d'une pensée humaniste a, dès la Renaissance, posé les fondations d'une école tournée vers la culture des élites, c'est-à-dire, une culture essentiellement livresque, signe distinctif du savoir savant. […] La parole, l'image et l'écrit semblent aujourd'hui si naturels que l'on en oublie presque qu'il y eut un temps où certains modes de communication n'existaient pas. L'histoire nous montre qu'entre l'apparition de la parole et de l'écrit, se sont écoulés pas moins de trente mille ans".
L'auteur nous explique que peu d'études se préoccupent du lien entre oralité et éducation, même si depuis les années 2000 une réflexion institutionnelle semble s'amorcer au niveau du discours éducatif. Depuis l'école de Jules Ferry, l'écriture était prépondérante sur l'oral afin de réaliser l'unité linguistique de la nation. En effet, il s'agissait de faire en sorte que chacun écrive le français et s'exprime dans la langue nationale et non plus grâce aux différents patois et dialectes.
En ce qui concerne les enseignants, l'auteur rappelle que ceux-ci utilisent la parole pour transmettre et échanger et à cet égard, cite Paul Ricoeur dans un article de la revue Esprit : « Qu'est-ce que je fais quand j'enseigne ? Je parle… Dès lors il est une seule chose qu'une réforme de l'enseignement ne peut se proposer d'atteindre : la fin du règne de la parole dans l'enseignement ! ». C'est par la voix des enseignants que passe le plus souvent le contact avec les élèves. Malheureusement, cet outil, la voix, est oubliée, négligée par l'institution scolaire. Elle devrait être préservée, éduquée et à cet endroit aussi, il y a une réelle tension entre l'oral et l'écrit puisque l'écrit est privilégié dans les concours des enseignants.
L'auteur rappelle que la parole et la voix sont les premiers vecteurs de connaissance et de communication avec ce qui entoure le sujet et ce, dès l'origine de l'humanité.
En effet, dès l'Antiquité, le savoir se transmet par la philosophie (l'art de raisonner), à voix haute. Dans le Banquet, Platon dénonce les dangers de l'écriture, notamment celui de se substituer à la mémoire et revendique le caractère fécond de l'usage de la parole dans la transmission. Platon va donc développer une pratique pédagogique par le dialogue (maïeutique). Aristote définit la voix comme « le signe des passions de l'esprit ». La voix est perçue du côté des passions donc « animal » alors que la parole est définie du point de vue de la raison et de la logique. C'est la personne tout entière qui se révèle dans la sonorité de sa voix. La parole, quant à elle, est du côté de la culture sociale, visant l'échange et la communication. Aristote en dissociant la parole de la voix, crée une première rupture importante. Il rompt avec une représentation esthétique de la voix et en fait un outil lié à la connaissance. Cicéron, quant à lui estime que l'esthétisme est primordial puisque l'orateur doit séduire, charmer et recherche la perfection par l'effet produit. Aussi, Cicéron nous rappelle que « parler » nécessite une véritable formation et un entraînement vocal qui fait appel au corps tout entier, tel un entraînement sportif (mimiques, gestuelle).

Je vous recommande vivement cet essai truffé de références littéraires et philosophiques. Une mine d'or pour qui s'intéresse à ce sujet.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'école française, construite sur les bases d'une pensée humaniste a, dès la Renaissance, posé les fondations d'une école tournée vers la culture des élites, c'est-à-dire, une culture essentiellement livresque, signe distinctif du savoir savant. […]
La parole, l'image et l'écrit semblent aujourd'hui si naturels que l'on en oublie presque qu'il y eut un temps où certains modes de communication n'existaient pas. L'histoire nous montre qu'entre l'apparition de la parole et de l'écrit, se sont écoulés pas moins de trente mille ans.
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