Demain, la Commune !

Voici une anthologie précieuse qui assemble des textes (1872-1899) d'anticipations sur La Commune de Paris en 1871. La préface éclairante de Jean-Guillaume Lanuque est érudite : « La Commune de Paris, son mythe plus exactement, en tout cas toujours vivace aujourd'hui, dépassant assez largement les efforts des historiens pour cerner au mieux l'évènement, son déroulement le plus factuel, mais aussi les coulisses les moins éclairées. Elle est le creuset au coeur duquel la lame émoussée et refroidie du rêve peut se retremper à la flamme de l'utopie. »
Jean-Guillaume Lanuque décortique les diktats, offre dans cette anthologie ses connaissances extrêmes sur La Commune. D'emblée on pressent un livre de renom, la somme littéraire d'une Commune dans toutes ses visions possibles.
Les textes assemblés par Philippe Éthuin sont choisis avec pertinence. Ce dernier s'efface pour nous laisser tout le champ possible d'une lecture objective. C'est une gageure réussie. Dans cet écrin inestimable :
« Les escargots sympathiques » d'Alphonse Allais, « Un mariage en 1886 »de Jules Bailly, La Commune de Malenpis » d'André Léo, « Au bout du fossé !! La Commune de l'an 2073 » de René de Maricourt, « Elle n'est pas morte » d'Eugène Pottier, « Histoire de la décadence d'un peuple (1872-1900) » d'Émile Second, « La Cité de l'Égalité » de Olivier Souëttre, « le Triomphe de la Révolution » de Michel Zévaco.
Ces extraits sont un kaléidoscope varié et rare. La somme des textes est le souffle révolutionnaire. Ce qui résiste, surpasse et assigne à L Histoire. La littérature ici prend sens et raison. «
« Et je cru voir planer, France aux clartés nouvelles,
Ton éclatant Génie ouvrant ses grandes ailes. » (Jules Bailly).
Chant polyphonique au coeur de ce recueil fédérateur, vivifiant, résistant et immortel.
« Demain, La Commune ! » est un sablier qui défie notre contemporanéité. Les auteurs s'effacent. Les traces persistent et assignent à la révolte, aux formidables pouvoirs d'expressions langagières. La société fragmentée, les textes sont fronton, mémoire, superbement vifs et affirmés. Différents et pourtant tous rassemblent les voix d'une Commune plurielle. Écoutez la chanson d'Émile Pottier :
« Aux survivants de la semaine sanglante »
« Qu'la Commune n'est pas morte !
Qu'Marianne a la peau brune,
Du chien dans l'ventre et qu'il est temps
D'crier : vive la Commune ! »
Cette anthologie est une prouesse honorable et vertueuse.
« La pensée a brisé le glaive : Salut à la fraternité. » Olivier Souëtte.
« Demain, La Commune ! » est le reflet de ce qui perdure. Les fondements de notre société. On ne peut s'échapper de la Commune. Ce recueil est vigoureux et regain. Historiquement le sceau implacable des maîtres du mot, des engagés, le front haut et le coeur colombe. « Demain, La Commune ! » se mérite. Lire le plus doucement possible ces voix qui réveillent. Ce recueil qui assemble l'épars le plus sérieusement possible. Il est adressé en hommage aux humanistes, aux lecteurs attentifs à notre France, aux historiens, étudiants (tes) et à ceux qui cherchent le lien entre le passé et notre présent. Rare et incontournable il signe une page inoubliable de l'Histoire de France. Publié par les majeures Éditions Publie.Net et Archéosf.

La science-fiction et l'uchronie ne sont pas des genres récents. En France, le « merveilleux scientifique » et l'anticipation se portaient déjà bien au XIXe siècle. Avec Demain, la Commune !, ArcheoSF et Publie.net le prouve une fois de plus. À l'occasion des cent cinquante ans de la Commune de Paris et de sa répression sanglante, cette anthologie rassemble huit textes écrits dans les années qui ont suivi les événements et qui imaginent tous le monde d'après si la Commune avait plus ou moins réussi. Certains le sont par des communards et des anarchistes, d'autres par des anticommunards et d'autres encore par des gens plus modérés et moins impliqués politiquement. En revanche, tous peuvent sembler étranges à l'amateur de SF moderne en raison de leurs structures, mais ils ont tous un intérêt certain pour qui aime la littérature ou l'histoire de cette période.
Le premier texte, Les escargots sympathiques d'Alphonse Allais est une nouvelle loufoque sur une expérience scientifique de communication imaginée lors de la Commune.
Jules Bailly (Un Mariage en 1886) et René de Maricourt (Au bout du fossé ! La commune de l'an 2073) livrent tous deux leurs angoisses liées à la réussite de la Commune : l'un sous la forme d'une courte pièce de théâtre pompeuse, l'autre sous forme d'une dystopie finalement assez proche des plus récents Hunger Games ou Divergente qui ont la côte dans les rayons Young Adult. Et qui figure parmi les textes les plus modernes de l'ouvrage.
Eugène Pottier met lui ses rêves en chansons avec Elle n'est pas morte et Olivier Souëtre avec La Cité de l'Égalité en imagine un tableau détaillé et précis de ce que pourrait être un Paris où l'anarcho-syndicalisme est le principe de fonctionnement à 50 ans d'écart. Tandis que Michel Zévaco dresse un compte-rendu aux règlementations près d'une réussite dans le Triomphe de la Révolution enlevé, mais hélas marqué par un relent antisémite que je ne soupçonnais pas chez l'auteur de la série des Pardaillan.
Très équilibré et très orienté histoire alternative, Émile Second imagine dans Histoire de la Décadence d'un Peuple les conséquences à partir des événements réels d'un Adolphe Thiers se maintenant indéfiniment au pouvoir, après avoir écrasé dans le sang la révolte, en flattant toutes les forces en présence.
Mon texte préféré du recueil est de l'autrice André Léo (pseudonyme de Victoire Léodile Béra) : La Commune de Malenpis. C'est un joli conte expliquant que les bienfaits d'une révolution ne sont jamais acquis et qu'il est très facile de replonger dans les travers de l'autoritarisme et du fanatisme par paresse intellectuelle et appât du gain.
Au final, Demain, la Commune ! Rassemble des textes assez déroutants pour le lecteur actuel, car d'un genre peu lu, même à l'école et dans un style qui n'a pas, ou peu, été modernisé, mais il apporte des éclairages intéressants, y compris sur notre époque actuelle. Il est chaudement recommandé à quiconque s'intéresse à cette période de l'histoire de France ou aux différentes formes de créations littéraires dans l'imaginaire.
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Voilà encore une belle anthologie que nous livre Philippe Ethuin! A coté de l'avalanche de livres célébrant Napoléon, le 150 ème anniversaire de la Commune a été quelque peu négligée! Les textes qu'il nous fait découvrir sont des utopies ou des uchronies rédigés dans les trente années d'années qui ont suivis la Semaine Sanglante. On y trouve des dystopies ( surtout venant d'auteurs anti-communards) et d'autres provenant du camp d'en face.
le texte de Alphonse Allais détonne dans cet ensemble mais sa cocasserie masque mal une indulgence pour les communards. Un des meilleurs moments du recueil.
André Léo se laisse conduire par une poésie aux rives de l'utopie dans" La Commune de Malenpis"; Une vraie découverte que cette auteure communarde dont on guettera les réeditions d'autres oeuvres et qui nous rappelle le rôle primordial des femmes durant cette période.
Jules Bailly étale sa haine de la Commune dans une pièce de théâtre qui mieux qu'une longue étude permet de comprendre l'état d'esprit des versaillais .
René de Maricourt nous offre une dystopie anti-communarde qui n'est pas sans évoquer certains textes actuels comme ceux de Alain Damasio mais vu par l'autre bout de la lorgnette.
La chanson d'Eugène Pottier n'est plus à présenter. Libre à vous d'écouter (par exemple) Francesca Solleville nous en offrir sa version.
Émile Second nous décrit dans une nouvelle effrayante, les dérives du pouvoir monarchique. Un texte très républicain et un miroir inversé à celui de René de Maricourt.
Olivier Souëtre s'essaye à conter les conséquences de la victoire de la Commune tandis que Michel Zévaco gâche sa nouvelle "le triomphe de la Révolution" par quelques lignes fleurant l'anti-sémitisme. En résumé d'excellents textes qui dans un style "d'époque" nous donnent un tableau parfois inattendu sur la façon dont la Commune était perçue à la fin du
dix-neuvième siècle. On rapprochera cet anthologie du très beau et exaltant roman de Frédéric Cuillerier-Desroches,"La Victoire de la Commune". Décidément, la Commune n' pas fini de nous interpeller....